Histoire des peuples

Le voyage des vaisseaux de Salomon jusqu’au fleuve des Amazones

Les Hébreux et les Phéniciens connaissaient l'Amérique !

Avant de donner les preuves que les vaisseaux de Salomon et d’Hiram firent plusieurs voyages au fleuve des Amazones, il est indispensable de démontrer d’abord que les peuples de l’antiquité la plus reculée ont connu l’Amérique.

La Bible nous dit bien que les Phéniciens connaissaient toutes les mers; mais ce peuple est très-postérieur aux Atlantes, qui furent leurs aînés dans l’art de la navigation et qui possédèrent de nombreuses flottes dans l’Océan atlantique.

A côté des faits historiques qui nous ont été transmis par les auteurs anciens et que nous résumerons dans cet article, nous ferons voir combien la philologie est utile à l’histoire et à la géographie, puisqu’au moyen de ce précieux auxiliaire, nous sommes parvenus à découvrir les traces de la navigation des Phéniciens et des Hébreux de l’époque de Salomon, et à déterminer les positions géographiques de Parvaïm, d’Ophir et de Tarschisch.

Nous avons dans les dialogues de Timée et de Critias, par Platon, des traditions égyptiennes antérieures au cataclysme de l’Atlantide ; elles remontent à l’invasion des peuples atlantes sur notre continent. Les prêtres égyptiens auprès desquels Solon s’instruisait, racontèrent à celui-ci, avec de nombreux détails, tout ce qui se rapportait à la puissance maritime des Atlantes, à leur invasion et à leur destruction.

Critias était l’aïeul de Platon, et il écrivit ses dialogues après avoir puisé à plusieurs sources authentiques. C’est ainsi que par Solon et Gritias, Platon indique d’abord la position de la grande île Atlantide dans l’Océan, en face du détroit de Gadès ou d’Hercule ; puis il signale en arrière de cette île, les nombreuses îles que nous nommons les Antilles ; derrière celles-ci, dit-il, est la grande terre ferme :

«Ce qui vient d’être désigné comme terre ferme, dit Critias, est un vrai continent.

Voilà donc l’Amérique ! et, pour qu’on n’en puisse douter, Platon ajoute que derrière cette terre ferme est la grande mer, c’est bien le grand Océan. Il résulte de ces traditions, qu’avant les Phéniciens, les deux océans et l’Amérique étaient connus des Atlantes et des Egyptiens.

A cette antiquité se rattache celle des Phrygiens, seul peuple auquel les Égyptiens reconnaissaient une ancienneté capable de rivaliser avec la leur. Or, d’après Aelianus (Hist. 3), Théopompe, poète et historien grec, raconte que Silène apprend à Midas, roi de Phrygie, qu’au delà et loin de l’Asie, de l’Europe et de la Lybie (Afrique), qui sont, dit-il, à proprement parler des îles, existe un véritable et unique continent d’une immense étendue et habité par les Méropiens. Théopompe appelle ce quatrième continent Mêropis. Il est gouverné dit-il, pâr Mérope, fille d’Atlas, roi de Lybie. Il y a 3210 ans que celui-ci régnait, et sa fille était, il y a 3129 ans, contemporaine d’Hercule, de Thésée et de Laomédon, c’est-à-dire environ 50 ans avant la prise de Troie.

La langue Kichua ou des Antis de l’Amérique équatoriale nous procure l’étymologie de Mérope: Marop est le génitif de maro «terre » ; elle est de la terre des Méropiens, ou «née de la terre, » c’est-à-dire autochthone, expression qui correspond au grec ghé – ghénès. La reine Mérope tira donc son nom ou son sobriquet du pays qu’on nommait Méropis.

Atlas, nom égypto-lybique, a sa racine dans l’égyptien atl «pays, » accompagnée de la particule égypto-kichua as, qui est affirmative et marque la stabilité. Atlas signifie donc «du pays, » c’est-à-dire indigène, né dans le pays, bien qu’il fût descendant des Atlantes, ainsi que ses sujets établis en Lybie. Ils étaient originaires du pays d’Atlantis, nom rapporté par les Grecs de chez les Egyptiens ; or, dans la langue de ces derniers, anti signifie «les hautes vallées », Atl-antis «pays des hautes vallées. Anti est précisément le nom des Andes de l’Amérique équatoriale, et leurs populations portent encore le nom d’Antis.

Silène, en donnant la description du vaste continent gouverné par Mérope, parle des grands animaux qu’on y voit, des grandes villes, des moeurs et des lois de ses habitants, et il ajoute qu’ils possèdent beaucoup d’or et d’argent. Une pareille narration ne peut se rapporter qu’à l’Amérique.

Une partie de la langue des Antis se retrouve dans les hiéroglyphes des monuments égyptiens, ainsi que dans le grec ancien. Indépendamment des preuves philologiques que nous possédons et qui démontrent les relations des peuples des deux grands continents, dans la plus haute antiquité, nous ferons observer que les anciens Egyptiens se représentaient toujours dans leurs peintures murales, comme étant de la race rouge et imberbe : or, les Américains indigènes sont les seuls peuples qui soient imberbes et de couleur rouge , et leur type se trouve être précisément celui qu’on remarque dans les sculptures les plus anciennes de l’Egypte.

Rapprochant ce fait ethnographique des preuves philologiques et de la communauté d’idiome, il devient évident que l’élément principal de la grande invasion des Atlantes, qui se fit à la fois en Lybie jusqu’en Egypte, et en Europe jusqu’à la Tyrrhénie, jusqu’en Grèce même, a été fourni par les habitants des hautes vallées de l’Amérique équatoriale, coalisés avec ceux de l’ile Atlantide.

Critias raconte que les Athéniens résistèrent à une multitude infinie d’ennemis armés, partis de la mer Atlantique. Il constate aussi la coalition des rois du vaste empire des Atlantes, y compris ceux de la partie de la terre ferme (d’Amérique) soumise à leur domination.

D’après Platon, l’armée navale des Atlantes aurait été de plusieurs milliers de navires ; en tenant compte de l’exagération, nous avons, dans les narrations que nous venons de rapporter, les preuves de la navigation de l’Océan par les peuples dont l’antiquité remonte au delà du cataclysme de l’Atlantide, et nous avons la certitude que les peuples des deux grands continents se connurent parfaitement avant l’époque phénicienne.

Les anciens Egyptiens et les Pélasges n’étaient en réalité que des Atlanto-Américains.

Nous avons donné en quelques mots la clef des origines de l’histoire, pour la faire sortir de son obscurité; en nous plaçant à un point de vue tout nouveau , il sera facile de faire apprécier et comprendre la succession des faits dans leur ordre naturel ; et les mouvements des populations d’une époque relativement primitive à travers les mers et les continents intéressent aussi la géographie considérée sous ses divers aspects.

R. Festus Avienus, qui, dans le quatrième siècle, traduisit plusieurs ouvrages grecs, constate qu’au delà de l’Océan, il y a des terres et les rivages d’un autre monde. Diodore de Sicile, 45 ans avant l’ère chrétienne écrivit un grand nombre de livres sur les divers peuples du monde; dans ses écrits, il nous dépeint clairement l’Amérique sous le nom d’île, parce qu’il en ignorait l’étendue et la configuration : cette expression d’île était souvent employée par les écrivains de l’antiquité pour désigner un territoire quelconque : c’est ainsi que nous avons vu plus haut que Silène appelle l’Europe, l’Asie et l’Afrique des îles. Dans la narration de Diodore, il n’y a pas moyen de s’y méprendre lorsqu’il décrit l’île dont nous parlons.

«Elle est éloignée de la Lybie, dit-il, de plusieurs journées de navigation et située à l’Occident Son sol est fertile, d’une grande beauté et arrosé par des fleuves navigables. »

Cette circonstance de fleuves navigables ne peut s’appliquer qu’à un continent, car aucune île de l’Océan n’a des fleuves navigables. Diodore continue en disant :

«On y voit des maisons somptueusement construites ; »

Or, nous savons que l’Amérique possède de beaux édifices en ruine et de la plus haute antiquité.

«La région montagneuse est couverte de bois épais et d’arbres fruitiers de toutes espèces. La chasse fournit aux habitants nombre d’animaux divers ; enfin l’air y est si tempéré, que les fruits des arbres et d’autres productions y viennent en abondance pendant presque toute l’année. »

Cette peinture du pays et du climat par Diodore se rapporte en tout point à l’Amérique équatoriale. Cet historien raconte ensuite comment les Phéniciens découvrirent cette contrée.

«Les Phéniciens , dit-il, avaient mis à la voile pour explorer le littoral situé au delà des Colonnes d’Hercule, et pendant qu’ils longeaient la côte de la Lybie, ils furent jetés par des vents violents fort loin dans l’Océan. Battus par la tempête pendant beaucoup de jours, ils abordèrent enfin dans l’île dont nous avons parlé. Ayant pris connaissance de la richesse du sol , ils communiquèrent leur découverte à tout le monde. C’est pourquoi les Tyrrhéniens, puissants en mer, voulurent aussi y envoyer une colonie , mais ils en furent empêchés par les Carthaginois, qui craignaient qu’un trop grand nombre de leurs concitoyens, attirés par la beauté de cette île, ne désertassent leur patrie. »

Dans un écrit d’Aristote, celui-ci dit que ce fut la crainte de voir les colons secouer le joug de la métropole carthaginoise et nuire au commerce de la mère-patrie qui engagea le sénat de Carthage à décréter la peine de mort contre quiconque tenterait de naviguer vers cette île.


Aristote décrit aussi une région fertile, abondamment arrosée et couverte de forêts, qui avait été découverte par les Carthaginois au delà de l’Atlantique.

Les Tyriens avaient fondé Carthage 250 avant Salomon ; or, Strabon nous dit que cette colonie phénicienne ferma le détroit de Gadès aux Grecs pour les empêcher de naviguer dans l’Océan. Mais les colonies phéniciennes en Numidie et le long de la côte africaine remontent à 1490 ans avant notre ère.

Les Cananéens expulsés par Josué, s’embarquaient pour la Mauritanie, dont les côtes sont baignées par la Méditerranée et l’Océan. Tingis (Tanger) était un de leurs points de débarquement; car Procope rapporte que de son temps on voyait encore près de cette ville deux colonnes, dont les inscriptions gravées marquaient que là étaient les peuples que l’usurpateur Josué, fils de Navé (Nun), avait chassés de leur pays.

Salluste, dans Jugurtha, dit qu’il a tiré des archives des rois de Numidie le renseignement suivant:

«Que des Phéniciens, chassés de leur pays, étaient venus, peu de temps après Hercule, établir des colonies sur les côtes d’Afrique, où ils bâtirent des villes.»

A l’imitation des Phéniciens, les Carthaginois fondèrent aussi plusieurs villes sur les rivages de la Lybie, dû côté de l’Océan. Hannon, amiral carthaginois, fit un voyage depuis le détroit de Gadès jusqu’à l’entrée du golfe Arabique, en contournant l’Afrique. il embarqua sur soixante navires 30,000 personnes des deux sexes pour servir à la fondation de ces villes et colonies carthaginoises. La flotte de Carthage était de deux cents navires, et à l’époque de la première guerre punique elle s’élevait à cinq cents vaisseaux.

L’histoire est pleine de récits qui prouvent que les Phéniciens et les Carthaginois fréquentaient l’Océan.

D. P. F. de Cabrera, de Guatemala, très-versé dans les faits de l’antiquité, assure que les Carthaginois fondèrent en Amérique une colonie pendant la première guerre punique.

En lisant d’ailleurs les narrations des divers chroniqueurs du temps de la conquête et des découvertes en Amérique, on acquiert la certitude qu’à diverses époques de l’antiquité ce continent avait été visité et envahi même par des populations étrangères qui venaient de l’ancien continent. Indépendamment des traditions, les monuments portant des inscriptions et des sculptures dans la pierre la plus dure, sont la preuve que des instruments de fer et d’acier ont servi à les faire; .or, dans aucune portion de l’Amérique on n’a pu trouver de traces de la fabrication du fer ; le cuivre seul y était en usage.

Des artistes et des ouvriers étrangers , particulièrement les Cares, signalés en Amérique, y auraient donc contribué à la construction et à l’ornement des édifices qu’on y admire. Il y a au moins 8500 ans que les Cariens ou Cares étaient établis dans les Cyclades et dans d’autres îles de la Méditerranée, d’où ils partaient pour naviguer dans l’Océan ; et c’est avec raison que Diodore dit que les Carthaginois suivirent dans la navigation les traces des Cares dans les mers de l’Ouest. Les Cares portaient des plumes à la façon des Américains; ils ont d’ailleurs laissé dans la plus grande partie de l’Amérique leur nom et de nombreux souvenirs archéologiques ; ils établirent même une dynastie de leur race qui régnait à Quito, capitale de l’Equateur.

Plutarque, dans le Traité des taches dans l’orbe lunaire, raconte, en embrassant tout l’Occident au delà des Colonnes d’Hercule, que le continent où régnait Mêrope fut visité par Hercule dans une expédition qu’il fît vers l’Ouest, et que ses compagnons y épurèrent la langue grecque qui commençait à s’abâtardir. Or, nos études de philologie comparée nous ont fait découvrir que la langue kichua ou des Antis de l’Amérique équàtoriale et méridionale contient des centaines de mots grecs. Ce fait confirme le voyage d’Hercule en Amérique.

Dans un mémoire à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres par M. E. Renan, (t. 23, lecture du 9 Octobre 1857), ce savant «n’admet pas que la Grèce ait fait aux Phéniciens des emprunts pour les cultes les plus anciens de la Grèce, particulièrement pour ceux qui paraissent avoir les racines les plus profondes dans le sol pélasgique. Ces mythes, dit-il, figurent dans Hésiode et Homère, comme de vieilles traditions dont l’origine est inconnue. »

Or nous avons découvert que les divinités pélasgiques, grecques et romaines ont leurs noms ou leurs étymologies exactes dans la langue kichua, d’où il résulte qu’elles ont été importées de l’Amérique équatoriale sur notre continent : nous en avons consigné les exemples nombreux dans un Mémoire spécial; et ce sont autant de preuves de plus des rapports qui s’étaient établis entre l’Ancien et le Nouveau-Monde.

Nous pourrions par des exemples tirés de l’histoire, démontrer le contact évident qu’ont eu entre eux les peuples des deux grands continents. Ainsi la généalogie mythique nous apprend qu’Inacchus, qui alla fonder une colonie en Grèce, était fils de l’Océan, c’est-à-dire qu’il était venu à travers l’Océan. D’après l’histoire, Belus, qui alla établir une colonie à Babylone et le sacerdoce à l’instar des Egyptiens, était issu de Lybie et de Neptune, c’est-à-dire qu’il était fils d’une Africaine et d’un habitant venu à travers l’Océan. Le culte de Bélus, Bel ou Baal, était dans le principe identifié avec celui du dieu Soleil : or, en Amérique ce même culte existait, et de même qu’à Babylone, Bélus fut adoré, au Pérou on adorait Tlnca comme le descendant du Soleil.

Le nouveau et l’ancien continents possèdent également des pyramides, des tumuli et des constructions cyclopéennes ; et des deux côtés de l’Océan on a les traditions des géants et des Amazones ; les idées mythologiques et l’étude des astres étaient identiques en Asie, en Egypte et en Amérique.

Pour ce qui regarde les Hébreux plus particulièrement, on a observé un grand nombre de leurs coutumes chez les peuples américains.

Les costumes et les attributs sacerdotaux de ceux-ci étaient identiques à ceux qu’on remarque dans les monuments égyptiens. La circoncision existait pareillement en Egypte, en Amérique et chez les Hébreux. Et, ce qui est particulier, c’est que ces derniers pratiquaient cette opération avec une pierre tranchante, tout à fait comme les Indiens de l’Amérique équatoriale, bien que la loi ne leur imposait pas le choix de l’instrument.

Lorsque le roi du Portugal, Alphonse V, autorisa en 1461 l’établissement des colons aux îles des Açores, on trouva dans celle de Cuervo, la plus éloignée vers l’Ouest, une statue représentant un cavalier qui de la main droite montrait l’Occident, la direction de l’Amérique. Sur le même roc où était taillée cette statue, existait une inscription en caractères inconnus aux Portugais. Cette statue, qu’on nomme Cadès ou Catès, tire sans doute son nom du kichua cati, «suivre » : elle servait d’indication aux marins.

Enfin , n’oublions pas de faire remarquer la proximité des îles du Gap-Vert de la côte du Brésil , et l’existence des courants équatoriaux opposés, qui facilitent la traversée entre les deux grands continents, pour l’aller et le retour : ce fait est aujourd’hui parfaitement constaté, et on peut le vérifier sur la carte des courants de l’Océan. Ainsi, nos citations prouvent que dans l’antiquité, jusqu’à la chute de Carthage, 146 ans avant J.-C., l’Océan avait presque toujours été fréquenté, et que l’Amérique était connue des peuples navigateurs; en dernier lieu, que la facilité des communications a toujours existé entre les deux grands continents par les vents alisés et les courants équatoriaux dont les marins phéniciens avaient l’expérience.

On comprend désormais pourquoi Salomon demanda des marins à Hiram pour envoyer ses vaisseaux à Ophir et à Tarschisch ; et nous allons démontrer que ces lieux célèbres de la Bible, ainsi que Parvaïm, se trouvaient dans l’intérieur du fleuve des Amazones.

La chronologie suivante, du cataclysme de l’Atlantide à Salomon, peut être consultée avec fruit: aux dates antérieures à l’ère chrétienne nous ajoutons celle de 1870 depuis JC.

Le cataclysme eut lieu il y a 5178 ans, au temps d’Ogygès. La ville de Sidon, surnommée la ville des pêcheurs, existait il y a 4800 ans. En adoptant la date d’Eférodote, Tyr, que la Bible appelle la Fille de Sidon, fut fondée il y a 4620 ans. Le règne de Belus remonte à 4000 ans. Le déluge qui eut lieu au temps de Phoronée et d’Inacchus, roi d’Argos, remonte à 8700 ans: ce roi pélasgique était venu, d’après l’histoire, à travers l’Atlantique jusqu’en Grèce. Il y a 3399 ans qu’eut lieu le déluge de Deucalion, d’après les marbres de Paros. La date de Cécrops II et d’Atlas II, roi de Mauritanie, remonte à 3210 ans.

Le règne de Mérope en Amérique et l’expédition d’Hercule sur ce continent à travers les mers de lOuest, ont la date de 3129 ans. Selon Appien d’Alexandrie, il y a 3130 ans que Carthage fut fondée. La prise de Troie remonte à 3079 ans, suivant les marbres de Paros. Enfin, il y a 2880 ans que le temple de Salomon fut fondé et que régnait Hiram, roi de Tyr ; et ce serait peu après cette même époque, d’après les travaux de Gosselin, que l’amiral carthaginois Hannon accomplit son voyage autour de l’Afrique.

Une résidence de douze années dans l’Amérique équatoriale et méridionale, m’a procuré l’occasion d’une étude approfondie des territoires du Pérou et de l’Equateur et d’y faire, dans diverses expéditions, des explorations et des opérations géométriques pour en lever la carte. Celle de l’Amérique équatoriale, que j’ai publiée à Paris en même temps qu’un volume sous le même titre, est la plus complète qui existe, tandis que mes fragments de celle du Pérou sont encore inédits.

Mes découvertes historiques ont été facilitées par l’étude de la langue kichua, parlée dans les Andes du Pérou et de l’Equateur; j’en ai fait le vocabulaire dans mes excursions. Les philologues feront bien de se procurer le vocabulaire kichua de Tschudi, qui m’a paru être le plus complet de ceux qui ont été imprimés jusqu’à ce jour, bien qu’il puisse être augmenté. Tschudi a publié en même temps à Vienne, la grammaire kichua et un volume d’ethnographie. Nous profitons de cette occasion pour faire connaître aux philologues que le kichua contient une grande partie des langues mortes de l’Asie, de l’Egypte et de la Grèce. Cette découverte est due à mes persévérants travaux, et je signale ce fait aux philologues pour qu’ils entrent comme moi dans une voie nouvelle pour leurs recherches historiques et de linguistique : ils arriveront à des résultats auxquels ils sont loin de s’attendre.

David, en mourant, laissa à Salomon, pour la construction du temple, 7,000 talents d’argent et 3,000 talents d’or d’Ophir.

Le vieux roi n’avait aucun vaisseau naviguant dans les mers extérieures; il recevait donc l’or d’Ophir du trafic des Phéniciens qui, suivant la Bible, connaissaient toutes les mers. Salomon, pour mettre à exécution ses grands projets qui exigeaient des trésors immenses, eut recours à Hiram; il parvint à l’intéresser à ses entreprises et à contracter avec lui une alliance solide. La crainte d’exciter la jalouse susceptibilité des populations maritimes de la Méditerranée, fut sans doute le motif qui décida Salomon à faire construire à Esion.Gaber (Eilat), dans la mer Rouge, les vaisseaux qu’il destinait aux voyages d’Ophir. Hiram lui envoya des marins expérimentés, et, comme on s’en convaincra plus loin, la flotte d’Ophir ne rentra jamais dans la mer Rouge; elle doubla le cap africain, pour se joindre dans l’Océan Atlantique à la flotte d’Hiram, qui sortit de la Méditerranée.

La découverte que nous avons faite de la route que suivaient les vaisseaux de Salomon et du roi de Tyr, à travers l’Océan, il y a 2880 ans, pour se rendre en Amérique, sera, dans cet article démontrée d’une façon irréfutable.

Les conjectures ni les raisonnements plus ou moins spécieux de quelques savants n’ont pu jusqu’à ce jour, arracher le voile qui couvrait la route inconnue que prenaient les flottes de ces rois, et aucun d’eux n’a pu préciser les lieux qu’occupaient Ophir, Parvaïm et Tarschisch. Cette question, qui fut souvent controversée, ne fut jamais résolue par les hommes les plus érudits qui la traitèrent, parce que leur argumentation, loin d’avoir une base solide, ne s’appuyait guère que sur des hypothèses, et que d’ailleurs elle se trouvait enchaînée par des croyances erronées sur la navigation des anciens.

Leurs recherches sur tous les points de l’ancien continent n’ayant amené aucune solution vraisemblable, nous avons suivi une marche inverse, et c’est en Amérique même et dans sa partie la plus ignorée que nous avons découvert les lieux célèbres d’Ophir, de Parvaïm et de Tarschisch; sur ces mêmes points existent encore diverses localités qui ont conservé des noms hébreux, tandis que les noms des objets qu’en rapportaient les vaisseaux de Salo¬mon et de son allié le roi de Tyr, appartiennent précisément à la langue des indigènes de la région que fréquentaient ces vaisseaux : or, ces noms, de l’aveu des plus grands philologues, appartenaient à une autre langue qu’à l’hébraïque.

Nos travaux ayant abouti à la réunion de nombreuses preuves et circonstances évidentes, accumulées sur les lieux désignés, nous pouvons indiquer la provenance des objets importés à Jérusalem, ainsi que leurs noms qui ont été pris dans la langue Kichua ou des Antis, et que l’on parle encore dans le bassin supérieur du fleuve des Amazones : nous en ferons d’ailleurs connaître les significations et les étymologies exactes ; quant aux localités mentionnées dans ce Mémoire, nous engageons nos lecteurs à voir leur situation sur la carte que nous avons faite pour que notre démonstration soit mieux comprise.

Commençons par faire connaître Parvaïm.

L’examen de ce mot est important; il est, à lui seul, toute une révélation. Dans le livre II des Paralipomènes, chap, in, vol. 6, il est dit que «Salomon orna sa maison de belles pierres précieuses et que l’or était de Parvaïm. ». Ce roi se procurait donc de l’or ailleurs qu’à Ophir et à Tarschisch seulement.

Parvaïm est une prononciation altérée de Paruim, par suite de ce que l’ancien alphabet latin confondait le v et u, et de ce que Yod, qui est la voyelle i , est souvent lue avec la prononciation en hébreu. Mais dans le texte hébreu l’or de Paruim est écrit Zahav~Paruim. Dans le texte grec des Septante on lit également Paruim , et sa version nous donne ici complètement raison. La terminaison im  indique le pluriel hébreu, elle est ajoutée à Paru, parce qu’il existe dans le bassin supérieur des Amazones, sur le territoire oriental du Pérou, deux rivière asurifères, l’une du nom de Paru, l’autre de Âpu-Paru «le Riche-Paru, » et qui unissent leurs eaux, vers les 10° 30′ de latitude méridionale, pour les confondre ensuite dans l’U-cayali, qui est un des grands affluents des Amazones, Or, deux rivières du nom de Paru, font précisément un pluriel et donnent le Paru-im des Hébreux.

Voici donc un des lieux bibliques parfaitement indiqué et découvert par nous. Nous ferons sur Parvaïm les observations suivantes : c’est que les deux rivières Paru et Apu-Paru descendent de la province de Carabaya, qui est la plus aurifère du Pérou. La seconde observation, c’est que l’on ne doit point croire, malgré le rapprochement de noms, que Pérou vienne de Paru. L’empire des Incas portait le nom de Tahuan-tin suyu, c’est-à-dire «les quatre pays unis, » Le nom de Pérou est moderne.

Pizarro, abordant pour la première fois cette partie du nouveau mondé, arriva au cap Biru, situé sur le pacifique, entre le 8e et le 9e degré de latitude méridionale; il donna au pays qu’il venait de découvrir le nom de Biru, et on en fit Piru ; ces noms figurent dans les manuscrits et les imprimés des deux premiers siècles qui suivirent la conquête du Pérou.

Montésinos, l’un des chroniqueurs espagnols, à cause de l’abondance de l’or qu’on retirait du Pérou, supposa que le Pérou pouvait être l’Ophir de la Bible. Mais nous ferons remarquer d’abord que le nom d’Ophir n’a rien de commun avec celui de Paruim ou Parvaïm ; et, en second lieu que Ophir n’est pas sur le territoire du Pérou, mais dans les possessions brésiliennes et colombiennes.

Les rivières Paru et Apu-Paru, limitent au Sud et à l’Ouest un ancien empire du nom de Inin et qui est aujourd’hui à l’état légendaire : il est signalé sur les cartes de quelques missionnaires, parmi lesquelles la plus détaillée est celle du P. Sobréviéla.  Inin est un nom hébreu dérivant de inini ou inêni «qui est convaincu. » Ces termes hébreux se rapportent au Kichua inin «il a la foi, il est croyant. » Ainsi, l’empire d’Inin est bien «l’empire du Croyant ou de la foi. » Voici donc en Amérique un nom dont le cachet est tout oriental.

Cet empire est encore borné au Sud par le rio Beni et à l’Est par le rio Cayari. qu’on appelle aujourd’hui du nom portugais «Madeira. » Beni est un nom hébreu et arabe, qui a pour signification «fils, gens de secte ou de tribu. » Caiari est formé de l’hébreu ca «courage, résolution, » et de iari «ri vière, » — «la rivière de la Résolution. » Parmi les rivières qui descendent du Sud au Nord et traversent l’empire de Inin se trouve le Hutaî ou Jutahi ; or, le terme hébreu huta  signifie «prévaricateur » ; hi, î ou y est un terme indigène qui signifie «eau , rivière » : Hutaî «rivière du prévaricateur. » Ce nom, comme on le voit, cadre bien par son contraste, avec l’empire du croyant. Le Hutaî a pour affluent une rivière du nom de Omara : n’est-ce pas le nom juif ou arabe de Omar, le prévaricateur peut-être?

Mais voici le couronnement de tant de coïncidences se rapportant à l’empire « de Inin : c’est que le fleuve des Amazones, depuis l’embouchure de l’Ucayali jusqu’à celle du rio Negro, porte encore le nom de Solimoes ou de Solimoens; ce n’est ni plus, ni moins que le nom corrompu de Salomon donné au fleuve des Amazones par la flotte du grand roi qui en prit possession : en hébreu Solima, et en arabe Soliman.

Or, les chroniqueurs de la conquête du fleuve des Amazones rapportent, qu’à l’Ouest de là province de Para existait une grande tribu du nom de Soliman, nom que portait le fleuve ; car en Amérique les cours d’eau prennent les noms des tribus qui les habitent. Les Portugais en ont fait aussi Solimao parce qu’ils ont la coutume de remplacer le n final par la voyelle o.

Ne devient-il pas de plus en plus évident que la flotte de Salomon régnait en souveraine dans les eaux des Amazones, et que c’est elle qui fonda l’Empire des Croyants ou de Inin, dans les limites que nous avons désignées ?

Cette colonie hébraïco-phénicienne eut une durée temporaire assez longue ; car les voyages triennaux des vaisseaux de Salomon et d’Hiram se renouvelèrent plusieurs fois ; elle ne fut probablement abandonnée à son sort que sous le règne de Josaphat roi de Juda, époque où les Carthaginois tout-puissants, ne permettaient à aucune autre nation de sortir de la Méditerranée. C’est pourquoi Josaphat voulut faire partir de la mer Rouge pour ces mêmes parages une flotte équipée conjointement avec Ochosias, roi d’Israël ; mais une tempête effroyable la détruisit complètement.

Passons à Ophir, lieu si vanté pour ses richesses.

Nous devons rappeler que des philologues ont cru pouvoir faire prévaloir le nom de Abiria, pour avoir été l’Ophir de la Bible. Mais nous porterons notre attention sur les faits suivants. D’abord le nom de Abiria est la traduction latine du nom grec Sabéiria lotfieipïa, pris dans la géographie de Ptolémée, Liv-VII, chap. I. La licence du traducteur est aussi grande que blâmable ; en second lieu, Sabéiria se trouvait située dans la partie occidentale de l’Inde qu’on nommait Indo-Scythia. Mais il est reconnu que l’Inde, particulièrement sa partie occidentale, ne produisit jamais de l’or au commerce; tandis qu’au contraire les Egyptiens et les Arabes y apportaient leur or, pour l’échanger contre des tissus de laine et de coton. Ainsi l’hypothèse que Sabéiria fut l’Ophir de la Bible tombe d’elle-même.

M. Etienne Quatremère, dans son Mémoire sur le pays d’Ophir dit que le nom d’Ophir est resté inconnu aux écrivains grecs et latins ; il réfute les hypothèses des divers savants et géographes qui ont traité cette question; il n’admet point qu’Ophir ait été placé dans le Golfe Arabique, dans l’Arabie Heureuse ou dans quelque partie de l’Inde ; il n’admet pas même qu’il pût être à Ceylan, à Sumatra, à Bornéo, ou sur d’autre point de l’extrême Orient, par la raison toute simple, dit-il, que les vaisseaux de Salomon et d’Hiram mettaient trois années à chaque voyage.

Mais M. Quatremère tombe lui-même dans l’erreur de ceux qu’il combat, puisqu’il place Ophir à Sofalah sur la côte orientale de l’Afrique. On ne saurait admettre que la navigation des flottes partant de la mer Rouge ou de la Méditerranée pour Sofalah, aurait été plus grande que celle des îles de l’extrême Orient ; les voyages à Sofalah n’expliqueraient donc pas les trois ans de chaque absence des vaisseaux des deux rois. Cependant, à l’appui de son hypothèse M. Quatremère n’hésite point sur les moyens : c’est ainsi que ne trouvant pas les paons en Afrique, il veut que les oiseaux nommés tukiim dans la Bible, soient des perruches ou des pintades. L’argumentation de M. Quatremère est donc faible et ses hypothèses sans fondement ne donnent aucune vraisemblance à l’existence d’Ophir dans la contrée de Sofalah.

Pour se rendre compte de ce qu’était Ophir, il faut rechercher la signification de ce nom ; mais, avant tout, il est nécessaire de s’assurer comment il est écrit en caractères hébreux. Dans le chap, x du livre I, des rois, v. 11, il se trouve écrit en langue hébraïque de deux manières, אפּיר apir et אופּיר opir.

Dans le chap, ix des Rois, v. 28, ce nom est écrit אופּירה : cette dernière forme accusative de Ophir est devenue un nominatif; mais aypira (ophira) n’est que le nom mal prononcé de Yapura , grand affluent des Amazones ou du rio Soliman, par suite d’une transposition de lettres, comme par exemple le kichua yura «feuillage, » fait en basque urya un vase, en kichua, kiràu , en chaldéen kiura; malpropre, en kichua millay , en hindoustani maila; marmite, en kichua paila, en persan, piala , etc. • il en est de même des changements de voyelles, comme en kichua l’air, huayra, fait en lapon huira, en géorgien haïri, en chaldéen haiar, en syriaque oyar, en grec et en latin aer; le nom de nombre un, en kichua hue, en hindoustani hec, en bulgare hic, en télugu hac; langue, en kichua lialu, en mongol hélé, en sibérien kil, en finnois kiéli ; un enfant, en kichua churi yet en vieil égyptien chiru, et en égypto-copte chiri.

Ainsi, les exemples de permutations et de substitutions de voyelles n’altèrent point la signification des mots, et rien ne s’oppose à ce que l’Aypira  (Ophira) de la Bible ne soit venu du nom de rivière Yapura. Ce dernier nom est composé de Y qui signifie «eau», et de Apura qui est le nom de Apira ou Apir, a eau ou rivière d’Apir ou d’Ophir. » Ce lieu célèbre est donc trouvé et clairement désigné, et, malgré une distance de 2880 ans, ce nom n’a souffert que l’altération d’une voyelle, Yapura au lieu-de Yapira , et cela au milieu de peuplades sauvages qui ne parlent point aujourd’hui le kichua des Antis… Dans son «Voyage au Brésil et aux Amazones » M. Agassiz écrit Hy apura.

Nous avons dit plus haut que dans le chap, x des Hois, liv. I, Ophir en hébreu est Apir. Or, ce terme appartient à la langue kichua, et les travailleurs de mines de toute la cordillère des Andes et du bassin supérieur des Amazones portent le nom d ‘Apir ou d « Apiti et dans quelques lieux Yapiri. Voilà donc l’origine de l’Apir hébreu, ou de l’Ophir du texte latin. Apir ou Apiri se rapporte aux mineurs et aux localités qu’ils fouillent, tandis que Aypir, Aypira ou Yapura indiquent qu’ils travaillent dans l’eau où s’opère le lavage de l’or.

Pour préciser davantage le district même d’Ophir, revenons à la rivière de Yapura. Sur sa rive gauche est indiquée une montagne; elle est aussi sur la carte du P. Fritz, autrefois missionnaire dans ces parages. M. de Lacondamine se servit de cette carte dans son voyage des Amazones, et, dans sa Relation, il dit, en parlant de cette montagne, qu’elle contient une prodigieuse quantité d’or. Il en sort la rivière rio del oro, dont le nom indigène est ikiari ; ce nom est contracté de l’hébreu ikir « précieuse », et iari «rivière»; «La rivière, précieuse. »

Elle court du Sud au Nord et se rend dans le lac de Yuma-guari; or, yuma «l’or natif » est un terme indigène, uni aux deux termes hébreux gu « centre » , et ari  « cavité. » Le lac de Yumaguari a donc pour nom «Cavité centre de l’or natif. » Le Yapura descend lui-même des riches montagnes du Popayan, province de la Colombie; et l’un de ses affluents aurifères porte le nom de Masaî ou Masahi. Masaî est encore un nom dérivé de l’hébreu masar «riche, » auquel le terme indigène î «eau » est ajouté. Cette rivière porte donc le nom de «l’Eau-Riche ».

Les hébreux donnaient le nom de masaroth aux trésors consacrés. Sur le cours du Yapura on rencontre une chute d’eau, nommée par les Espagnols «el salto grande; » mais son véritable nom, conservé chez les indigènes, est Uacari ou Acari, expression qu’ils appliquent ordinairement aux endroits de cette rivière où il y a un exhaussement abrupte du sol. Or, en hébreu uacarit ou Acarit signifie «exhaussé, relevé.

«Voici donc une série de termes et de noms hébreux, qui fortifient nos preuves sur la région d’Ophir, et elle est bien celle que traverse le rio Yapura. Plusieurs autres noms des plus significatifs confirment encore notre opinion : ainsi, on y voit la rivière de Catuaiari, du kichua catu «marché,» et de l’hébreu aiari «rivière, » «La rivière du marché » le nom de lieu Macapiri, des termes kichuas maca «plat, » apiri «des mineurs » ; on y trouve encore les noms des tribus Apanos a les porteurs, » Ma-rukéuinis «les briseurs ou broyeurs de terre, » les Apapuris «les porte-voyageurs. »

Comme nous l’avons déjà dit, les indigènes du Yapura qui se sont transmis ces noms, ne connaissent ni le kichua ni l’hébreu; c’est une preuve de plus que dans l’antiquité, sur le bord du Yapura, les populations Antis se sont rencontrées avec les Hébreux et les Phéniciens.

En présence d’un si grand nombre de coïncidences significatives, de ces noms hébreux parmi lesquels se trouvent Apiri ou Ophir et le nom de Y-Apura «la rivière d’Ophir, et de la prodigieuse richesse aurifère constatée par M. de Lacondaminer dans le voisinage du fleuve de Salomon et de l’empire de Inin, ou du Croyant, nous pouvons déterminer les limites de la région d’Ophir :

Ophir est située sur le territoire colombien et brésilien, dans un triangle formé, d’un côté,   montagnes colombiennes de Popayan et de Cundinamarca jusqu’au lac de Yumaguari dont les eaux alimentent un des affluents de l’Orénoque ; de l’autre, par le rio Ikiari jusqu’à la montagne aurifère d’où descend cette rivière ; et par le rio Yapura.

La disparition des flottes de Salomon et d’Hiram pendant trois ans, à chaque voyage qu’elles faisaient, se trouve à présent expliquée, puisqu’elles stationnaient dans le fleuve qui portait le nom du grand roi. Si ces longs stationnements, plusieurs fois répétés, avaient eu lieu sur quelque point de l’ancien continent, la tradition ou l’histoire n’aurait pas manqué de le transmettre.

Les divers voyages triennaux, excepté un seul ne se rapportent point à Ophir, car tous se firent à Tarschisch.

David recevait par les Phéniciens l’or d’Ophir, et la flotte construite sous Salomon pour la même destination, sortit de la mer Rouge, mais elle n’y rentra jamais. Elle fit sa jonction dans l’Atlantique avec celle d’Hiram qui sortit de la Méditerranée, et elles prirent, après l’unique voyage qu’elles firent conjointement à Ophir, le nom de flotte de Tarschisch, selon le texte hébreu, et le nom de flotte d’Afrique, selon le texte chaldéen.

Diverses causes semblent avoir motivé l’abandon d’Ophir. Il suffit de jeter les yeux sur la carte pour y voir que le rio Yapura a plusieurs embouchures mal définies et s’encombrant facilement par le charriage des bois : ce qui devait être pour les navigateurs une cause de difficultés et de confusions pour ceux qui s’engageaient dans ce labyrinthe. Secondement les Espagnols et les Portugais ont reconnu que le séjour du Yapura était très-malsain. Troisièmement, en explorant plus à l’Ouest le fleuve des Amazones, les Hébreux et les Phéniciens y trouvèrent l’or fin en très grande abondance et d’une exploitation plus facile qu’à Ophir. Quatrièmement, en amont du fleuve, il avaient un bon climat et une navigation plus commode. Cinquièmement, en se rapprochant du voisinage des Antis, peuple à demi-civilisé et laborieux, ils en pouvaient tirer un parti utile et des approvisionnements pour leurs navires. Enfin, dans cette région supérieure du bassin des Amazones, ils trouvaient de l’argent et les autres objets que les flottes rapportaient à Joppé (Jaffa), pour Jérusalem; leurs noms qui sont dans le texte hébreu de la Bible, appartenaient à la langue des Antis, comme on le verra plus loin.

Nous venons de dire qu’en se rapprochant des Antis, l’or fin était très-abondant; en effet, les Espagnols y ont, pendant deux siècles environ, fait opérer dans la Haute-Amazone, le lavage des sables aurifères, et leur richesse ne semble point avoir diminué ; car aujourd’hui, un Indien, avec un plat de bois, peut recueillir jusqu’à soixante francs d’or fin dans une heure. C’est évidemment cette région qui au temps de Salomon reçut le nom de Tarschisch תרשיש : car l’étymologie de ce nom est prise dans la langue kichua, qui est celle des Antis. Tar-shisch vient de tari «découvrir, » chichiy «recueillir l’or menu. » Tarschisch est donc le lieu où l’on découvre et recueille l’or menu.

L’abandon d’Ophir, le voisi¬nage de Parvaïm qu’on dut abandonner aussi, puisqu’il fallait s’interner considérablement; les facilités offertes par les nouvelles découvertes, et l’étymologie de Tarschisch, sont un concours de circonstances qui fixent la région où se trouvait Tarschisch. Enfin, disons que ce nom n’a point son étymologie dans aucune autre langue que dans le kichua.

Pour se rendre à Tarschisch la Bible nous dit que le prophète Jonas s’embarqua à Joppé : ainsi c’était pour entreprendre la navigation de l’Atlantique ; car dans le cas contraire il se serait embarqué dans la mer Rouge. Voici ce que dit le verset 22 du chap, x des 1 lois :

«En mer, il y avait pour Salomon une flotte de Tarschisch , avec la flotte d’Hiram. Une fois , chaque trois ans, venaient les vaisseaux de Tarschisch , apportant de l’or, de l’argent , de l’ivoire , des singes et des paons. »

Les Paralipomènes confirment ces voyages triennaux, en disant, liv. II, ch. ix, v. 21 ••

«Les vaisseaux allaient à Tarschisch pour le roi , avec les serviteurs d’Hiram : une fois, chaque trois ans, venaient les vaisseaux de Tarschisch. »

Nous avons vu les rapports des officiers delà marine péruvienne, qui constatent la vérité de cette assertion et qui précisent, en les nommant, ces lieux si riches où les expériences ont été faites sous leurs yeux.

Nous ferons remarquer que le voyage d’Ophir, sous Salomon, ne lui rapporta que 420 talents d’or, d’après le chap, ix du liv. I des Rois, et que les Paralipomènes , liv. II, chap, ix, v. 10, complètent ce récit en disant :

«Les serviteurs d’Hiram et de Salomon , qui apportèrent l’or d’Ophir, apportèrent des algum et des pierres précieuses. »

Les bois nommés algum durent nécessairement être débarqués à Joppé , qui est plus proche de Jérusalem. Le chap, x, v. 11 du liv. I des Rois dit :

«Et aussi la flotte d’Hiram qui apporta l’or d’Ophir, importa une grande quantité d’arbres Almug et des pierres précieuses.

Nous ferons observer que dans ce voyage les flottes alliées rapportèrent d’Ophir deux sortes de bois , les algum et les almug , mais qu’il n’est plus question de bois dans les voyages à Tarschisch dont l’or et l’argent furent le principal mobile.

Si l’on résume ce qu’ont dit les commentateurs du nom de Tarschisch, il y en a qui ont supposé que ce nom signifiait la mer ; d’autres ont cru que ce pouvait être Tarsus, ville de la Cilicie-, les uns ont désigné Carthage et les autres Qadès; mais tous ces lieux indiqués ne produisaient pas d’or, pas d’argent ni de pierres précieuses, pas plus que des paons et des singes. Il y en a qui ont soutenu que Tarschisch ne pouvait être que sur la côte des Indes orientales, ce qui est visiblement impossible, puisque Jonas , pour s’y rendre, loin de s’embarquer dans la mer Rouge, alla s’embarquer à Joppé, et que d’ailleurs la flotte d’Hiram sortait de la Méditerranée.

Enfin, d’autres commentateurs ont dit que Tarschisch pouvait être un port de la côte occidentale de l’Afrique ; mais l’Afrique n’a pas de paons ; et les plus hardis ont admis que ce pouvait être une île de l’Océan. Ces derniers ont approché un peu plus de la vérité, mais ils n’ont pas osé faire traverser complètement l’Océan à des flottes bien équipées, qui sortaient cependant pour accomplir des voyages de trois années.

Indépendamment des preuves de navigation que nous avons données dans l’introduction de ce Mémoire, nous profitons de cette occasion pour rappeler â tous ceux qui sont sous l’influence d’une idée aussi erronée sur la traversée de l’Océan, qu’en 1867, des Américains l’ont franchi dans sa plus grande largeur, les uns avec un canot et d’autres sur un radeau, depuis New-York. Or, il suffit de jeter les yeux sur un planisphère pour se convaincre que du Cap-Vert au Brésil la distance est moitié de celle qui existe entre New-York et les îles Britanniques.

L’ensemble des faits qui se rapportent à Tarschisch le placent, autant que son nom même, dans le voisinage des Antis, à l’Ouest d’Ophir et dans la partie la plus riche du bassin des Amazones. Ainsi , la région de Tarschisch se trouve là où nous l’avons indiquée sur notre carte,

Examinons maintenant quelques-uns des noms des objets que rapportaient les vaisseaux de Salo¬mon et d’Hiram de leurs voyages triennaux; car, excepté l’or, l’argent et les pierres précieuses, connus des Hébreux avant ces voyages, les autres articles importés à Jérusalem y arrivaient avec des noms appartenant à une langue étrangère; et ces noms étrangers étaient évidemment du lieu de la provenance des articles importés.

Parlons d’abord des bois précieux et odoriférants qu’on a cru être le sandal. Dans le livre I des Rbis, chap, x, v. 11, il est ‘dit que les navires d’Hiram apportèrent de l’or d’Ophir et une grande quantité d’arbres d’almug, nom dont le pluriel est almughim אלמגים. Almug peut avoir sa dérivation du terme hébreu ala bois dur ou bois consacré » , et du terme kichua mucki «odorant » , «odeur » , et dont le verbe est muka «sentir » ; ou bien son étymologie est dans « les deux mots kichua alli «bon, excellent » , et mucki «odorant ou odeur ». Almug est donc le bois de bonne odeur », et ce fut de ce bois, suivant la Bible, que Salomon fit faire les colonnes du temple de Jérusalem.

Il paraît que les navires tyriens furent les seuls qui apportèrent de ce bois; si c’est le sândal, nous pouvons affirmer qu’il y en a beaucoup dans la Haute-Amazone. Dans le livre des Paralipomènes , chap, ix , v. 10, on lit : «Les serviteurs d’Hiram et de Salomon, qui apportèrent l’or d’Ophir , apportèrent des algum et des pierres précieuses, » d’où il résulte que cette dernière sorte de bois fut apportée par les deux flottes.

Dans le texte hébreu, on dit au pluriel algu-mim et ce nom n’ayant pas été compris par les commentateurs, ils l’ont traduit en latin par ligna hebeni , ligna thyina et ligna coralliorum. Son étymologie est dans l’hébreu ala «bois » et dans le kichua kumu «courbe » ; ou bien dans les termes kichua alli «bon » , foimu «courbe » » : les algum ou algumim sont donc «les bois courbés » ou «les bonnes courbes. » L’emploi des almug pour les piliers nous explique celui des algum pour les arceaux entre ces piliers et pour les voûtes du temple.

Le célèbre philologue Max Muller dit qu’un des nombreux noms donnés au sandal , en sanscrit , est valguka. Ce valgûka, dit-il, est clairement le nom que les marchands juifs et phéniciens ont corrompu en algum et que les Hébreux ont changé en almug. S’il en eût été ainsi, le texte hébreu ne lui aurait donné que la nom adopté par les Hébreux. En rapprochant ce terme sanscrit des étymologies vraies et expressives d ‘almug et d’algum, tirées du kichua al-mucki et al-humu, le valguka de Max Muller n’est pas admissible et n’a pas reçu les deux transformations qu’il suppose; d’ailleurs, malgré sa science sanscrite, il ne pourra jamais trouver Ophir ni l’or d’Ophir à Malabar, cette partie de l’Inde qu’il indique,-notre démonstration l’a déjà prouvé.


La flotte de Tarschisch portait aussi à Salomon des oiseaux nommés tuki, au pluriel tukiim תוכיים : c’est ce nom qu’on a généralement traduit par paon. Nous ferons remarquer d’abord que l’Amérique équatoriale possède plusieurs variétés de paons et de dindons; ils en sont originaires et ils y sont à l’état sauvage., Nous nommons ici ces deux sortes d’oiseaux, parce que les uns et les autres ont la même façon d’être, qu’ils se gonflent avec orgueil , étalent leur plumage et font la roue.

Quiconque a vu les dindons faire la roue, sait qu’en ce moment tuh (touk) est un bruit un peu étouffé et tout particulier que font ces oiseaux pour se faire admirer. Eh bien ! ce tuh est précisément l’origine de tulci , terme kichua , qui signifie «gonflé d’orgueil , orgueilleux ». Les dindons et les paons sont les oiseaux orgueilleux , ou simplement tukiim «les orgùeilleux » comme les appelle la Bible. Parmi les variétés de paons de l’Equateur et de la Guyane se trouve celle que dans ces pays l’on nomme ocko ; or, par un rapprochement singulier dans l’épithète d’orguêilleux tirée de tuki, nous trouvons semblablement que le grec ogkos «orgueilleux » , est aussi tiré du paon américain ocko. Ce petit détail n’est pas sans intérêt, car nous avons dit dans l’introduction de ce Mémoire que la langue grecque a une partie de ses origines en Amérique, particulièrement dans la langue kichua.

En présence de la vérité de notre étymologie, puisque le tuki biblique est un terme kichua, nous placerons celles de certains philologues que Max Muller a fait valoir; car ils ont supposé que tuki était dérivé de tôgei «ce qui pend » , terme appartenant à la langue tamoule , et ils ont encore supposé le mot sigi , qui s’éloigne davantage de tuki , et qu’ils ont essayé de faire dériver du sanscrit sikkin «crête ». Pour comble de l’invraisemblance, le docteur Gundert, qui s’est livré à l’étude des langues dravidiennes, s’applique à faire dériver tôgéi de to ou tu , et il ajoute arbitrairement pour seconde base gnu, afin d’arriver à former tongu, d’où il fait dériver tongal , mot tamoul qui signifierait «une queue de paon ». Que d’efforts, de combinaisons ingénieuses et de transitions forcées ! Des philologues de réputation peuvent seuls se les permettre. Nous n’aurons jamais la hardiesse de donner de pareilles étymologies : heureusement que la netteté , la précision du kichua nous préservent d’un pareil écueil.

Dans ses Lectures sur la science du langage, le philologue Max Muller nous dit que les singes apportés à Salomon étaient appelés par les Hébreux koph , au pluriel kophim : il aurait pu lire kop et kopim  ; et il ajoute que ce nom n’appartenait pas à leur langue et qu’il n’a son étymologie dans aucune langue sémitique. Nous ferons remarquer que kop ne s’écrit qu’avec deux consonnes k p et qu’au lieu d’y intercaler la voyelle o s’il avait intercalé  a ,«, il aurait eu kap et au pluriel kapim , ce qui est la véritable prononciation, il aurait alors trouvé en présence de ces-mots le sanscrit kapis «singe ». Toutefois, les Hébreux n’ont pas été demander au sanscrit le nom des singes qui arrivaient de Tarschisch. Kap et kapim ont leur étymologie dans le kichua kapi «saisir fortement avec la main » , action toute particulière que commet le singe à la façon de l’homme et qui l’impressionne surtout.

Cette origine de kapim est de toute évidence américaine. Une pointe de l’île de Sainte-Catherine, près de la côte du Brésil . porte le nom de Kapi ; dans l’intérieur des Amazones, un de ses affluents qui débouche près de Para s’appelle Rio Kapim (rivière des Singes) , et en remontant le fleuve on trouve l’île de Kapim ; on voit que la forme hébraïque s’est encore conservée dans ces noms. Quant à la rencontre du terme kapis dans le sanscrit, elle s’explique, puisque nous avons relevé cinq cents mots de la langue hindoustani dans le kichua et qu’ils ont dans ces deux langues les mêmes significations. Nous n’avons pas lieu d’entrer ici dans aucune explication sur la présence du kichua dans les Indes orientales ; nous nous contenterons de dire que nous faisons en ce moment un travail dans lequel, à l’étonnement général, il sera démontré que les Arias et leur langue sanscrite ont leur berceau en Amérique : nous en avons les preuves philologiques’ ethnographiques et historiques.

Parmi les objets précieux que les flottes de Salomon et d’Hiram rapportèrent se trouve l’ivoire, qui est désigné dans la Bible sous les deux noms de Schan-abim de Karnôt-shan. Max Muller fait encore observer que abim est sans dérivation de l’hébreu; mais il suppose que ce mot pourrait être une corruption du sanscrit ibha précédé de l’article sémitique ; et avec cette hypothèse il pense que abîm doit avoir, comme ibha, la signification d’éléphant. On emploie en effet dans l’hébreu le mot schan pour «dent ». Mais son origine est américaine, c’est ce que nous voyons dans le bassin des Amazones, où dans la langue tupi, qui est la langue générale du Brésil , «dent » s’exprime par schan, shaina, shène et sahn; chez les Panos, on dit schaina et schaila; en dialecte puri  on dit scheh et isché ; en botocudo, schoun et dschoun. (en hébreu shinaim les dents).


Mais si schan est réellement hébreu, sa présence chez les peuplades des Amazones, qui l’ont conservé, serait une preuve de plus que Tarschisch était dans ce fleuve et que les Hébreux y recherchaient l’ivoire qui s’y trouve à l’état fossile : or, l’ivoire fossile est le plus communément employé dans les arts. On a déjà découvert en Amérique six variétés d’éléphants fossiles, mais nous ignorons si ces pachydermes ont tous été anéantis dans un cataclysme ou s’il en existait encore au temps de Salomon ; en tout cas, l’ivoire fossile était dans un meilleur état de conservation il y a 2880 ou 3000 ans. Quant à abim, ce n’est point une corruption du sanscrit ïbha : c’est le mot égyptien ab «éléphant » , mis au pluriel par les Hébreux ; il y a corrélation entre l’égyptien ab, àba et le kichua apa «porter », apac  le porteur » : en égyptien abàh ou apah, et en kichua apa , signifient «fardeau ». Le nom de l’éléphant, qui est l’animal porteur par excellence, peut avoir son origine autant dans le kichua que dans l’égyptien : d’ailleurs, nous avons déjà annoncé qu’un grand nombre de termes kichua sont dans l’ancienne langue hiéroglyphique des Egyptiens et que, par les Atlantes, ils ont une communauté d’origine.

Nous avons dit ci-dessus que, dans la Bible, l’ivoire est aussi nommé karnotschan «cornes de dents ». Une telle pauvreté d’expression donne à croire que le kichua joue encore ici le premier rôle. En effet, nous ferons remarquer que sous la première lettre hébraïque de karnotschan , on a placé un kamets, signe massoréthique qui  donne au K (koph hébreu) le son de la voyelle a; or, comme il nous est permis de rejeter ce signe de convention qui n’existe point dans l’ancien hébreu, nous avons la liberté de substituer l’i à l’a. Dès lors, au lieu de karnotschan nous obtenons kirnotschan. Dans ce cas nous divisons ce terme de la façon suivante kir-notschan, dérivé du kichua kiru «dent » notchischan et par contraction notschan «qui est pointue » : kirnotschan «la dent pointue». Ainsi, pour désigner l’ivoire, il n’est pas certain qu’aucun terme hébreu ait été employé. Les Hébreux purent voir à l’époque de leur servitude en Egypte et à Babylone des éléphants ; mais, dans la Judée, on en vit seulement 165 ans avant J.C. : nous faisons allusion aux éléphants appartenant à Antiochus Epiphane, roi de Syrie, quand il vint livrer bataille au peuple juif, et dans laquelle le vaillant Eléazar, l’un des frères de Judas Machabée, périt sous l’éléphant du roi.

En résumé, après nous être appuyé des historiens, pour démontrer que les peuples de l’antiquité naviguaient dans l’Océan et qu’ils connaissaient l’Amérique, nous venons de faire voir que les termes étrangers mêlés au texte de la Bible et qui désignent les objets rapportés par les flottes des deux rois, ont été pris dans la langue kichua ou des Antis de l’Amérique équatoriale et méridionale.

Nous avons encore fait connaître que des termes hébreux , transportés dans cette partie de l’Amérique, se sont mêlés aux dialectes des indigènes, ou bien qu’ils s’y sont conservés intacts. Cet échange de termes entre des nations des deux continents est la preuve que les Hébreux et les Phéniciens allaient au fleuve, des Amazones, qui reçut de ces navigateurs le nom de Salomon.

L’empire de Inin ou du Croyant, les positions indiquées de Parvaïm, Ophir et Tarschish, les noms et les particularités qui s’attachent à plusieurs localités et rivières, forment une série et un tel ensemble de faits, groupés dans une seule région, que l’évidence de notre découverte est palpable, incontestable. Nous devons donc à la langue kichua d’avoir retrouvé la route que suivaient, il y a 2880 ans, les flottes d’Hiram et de Salomon : c’est elle qui trahit le mystère de leur navigation et qui nous donne l’explication de leurs absences de trois années, par chaque voyage, en nous faisant connaître qu’elles stationnaient paisiblement dans les eaux des Amazones.


Pour la satisfaction de nos lecteurs, nous ajouterons en terminant quelques observations sur les Antis et leur langue. La migration de ce peuple d’Asie en Amérique est antérieure au déluge de quelques siècles, puisqu’ils ont participé à l’invasion des Atlantes avant le cataclysme; en outre, les Antis, au lieu d’écriture, se servaient, sous les Incas, de quipos ou de cordelettes à nœuds , usage qui existait chez les Tibétains et les Chinois jusqu’au temps de l’empereur Fohi, 600 ans avant le déluge. Ces faits prouvent la haute antiquité de l’établissement des Antis dans les cordillères de l’Amérique équatoriale et méridionale et dans le bassin supérieur des Amazones.


Cette nation primitive a été préservée contre les invasions, de toute destruction, par l’altitude considérable et l’âpreté du territoire qu’elle habite, par mille lieues de forêts vierges qui. la séparent de l’Atlantique, et, du côté de l’Occident, par de formidables montagnes et l’immensité du grand Océan.

La langue kichua parlée encore par trois millions d’indigènes, ne s’écrit qu’avec quatorze lettres : on voit donc que son cachet tout primitif a subi peu d’altérations. Le sanscrit, au~ contraire, s’écrivant avec 39 caractères, nous fait supposer qu’il s’est approprié en se perfectionnant, beaucoup de racines étrangères qui n’y existaient pas dans le principe et dont il a fallu conserver la prononciation : quoi qu’il en soit, une langue primitive ne peut avoir 39 caractères.

Sous les Incas, la langue, kichua a été parlée depuis le deuxième degré de latitude Nord jusqu’au trente-cinquième degré de latitude Sud ; et en largeur, c’est-à-dire depuis le Pacifique vers l’Orient, on ne la parlait guère au delà de cinq cents kilomètres ; tandis que, dans les temps plus anciens, elle a été en usage le long du fleuve des Amazones jusqu’à douze cents et quinze cents kilomètres du Pacifique.

Finissons par une dernière observation : Humboldt et Klaproth ont donné fort mal à propos la dénomination de quichéenne à la langue kichua ; en effet, un des dialectes du Mexique, qui porte le nom de quichê, n’a aucun rapport, avec la langue des Antis ; et c’est au quiché mexicain, comme on le comprend bien, auquel devait être applicable l’expression de quichéenne.

Note: Les Phéniciens et les Hébreux parlaient la même langue.

M. Onffroy de Thoron


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