Histoire des peuples

L’exclusion des Juifs des pays arabes aux sources du conflit – 10

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Sur les routes de l’émigration

Les 900 000 Juifs qui quittèrent le monde arabe se dispersèrent dans tous les pays occidentaux. La destination première fut l’État d’Israël que choisirent 600 000 d’entre eux.

Vînt ensuite la France où avaient immigré déjà dans les années 1950-1960 une partie des Juifs d’Égypte et où s’installa la quasi-totalité du judaïsme algérien (120 000 Juifs environ) en 1962 et une grande partie du judaïsme tunisien, une portion (infiniment) plus faible de la communauté marocaine. Cette dernière émigra massivement en Israël (260 000) mais trouva également un havre au Québec et accessoirement dans quelques pays d’Amérique latine ou certaines régions des États-Unis. La communauté libyenne se répartit entre Israël (surtout) et l’Italie qui avait été une puissance occupante en Cyrénaïque. Les Syriens, quant à eux, comme les Iraniens, outre Israël, s’installèrent aux États-Unis et en Amérique latine, les Irakiens et une partie des Égyptiens, en Grande Bretagne.

Une nouvelle diaspora sépharade s’est ainsi construite avec comme centre de gravité l’État d’Israël où se récapitule aujourd’hui l’ensemble du destin, des ressources démographiques et des énergies du monde sépharade, qui perd, de ce fait, de plus en plus sa lingua franca qu’était la langue française, augurant de nouvelles recompositions identitaires, encore inédites.

Les Ma’abarot et les efforts d’Israël pour intégrer les nouveaux immigrants des pays arabes

par Yehuda Dominitz

Les Ma’abarot.

Le mot « ma’abara » figure à plusieurs reprises dans la Bible (dans les livres d’Isaïe et de Jérémie) et sa signification est en général celle d’un pont au-dessus d’une rivière, d’eaux profondes ou entre des montagnes. Le mot a acquis son nouveau sens – celui d’un « camp de transit pour nouveaux immigrants » – en 1950.

C’est lors d’une réunion de la direction de l’Agence juive en mars de cette année que Levi Eshkol, qui occupait alors les fonctions de trésorier de l’Agence juive et de directeur du département de l’implantation, présenta une proposition de création de « ma’abarot » comme solution aux problèmes d’intégration initiale des immigrants en termes de logement et d’emploi.

Levi Eshkol

Au cours des discussions qui eurent lieu pendant la réunion, il rapporta que les camps pour immigrants – système d’intégration des immigrants qui précédait les ma’abarot – abritaient 100 000 nouveaux immigrants à cette date. Ces immigrants dépendaient entièrement de l’Agence juive et ils mangeaient le « pain de miséricorde ».

La nouveauté de la proposition d’Eshkol consistait dans le fait que les immigrants vivant dans les ma’abarot devraient subvenir à leurs besoins par leur propre travail.

Ce principe déterminait aussi l’emplacement des ma’abarot : elles étaient construites à proximité des grandes villes dans lesquelles on pouvait trouver du travail.

Afin de comprendre la signification de cette proposition, il est nécessaire de rappeler le contexte historique de cette période et en particulier les dimensions et le rythme de l’aliyah [immigration] massive à cette époque.

Les discussions à l’Agence juive avaient été précédées par deux années d’aliyah massive (à partir de mai 1948) et par presque deux années de guerre d’indépendance, du 29 novembre 1947 à juillet 1949.

Pendant ces deux années d’aliyah massive, entre la mi-mai 1948 et mars 1950, environ 400 000 immigrants arrivèrent en Israël. La décision de permettre la libre immigration fut prise par le Conseil d’État lors de la signature de la Déclaration d’indépendance le 14 mai 1948 et de l’annonce concomitante par David Ben Gourion de l’annulation des lois du Livre blanc qui avaient limité l’entrée des Juifs en Israël et la vente de terres aux Juifs. Cette décision réalisa l’objectif de la création de l’État juif et sa raison d’être.

Bien qu’il y ait eu, à cette époque, des discussions au sein du gouvernement et de l’Agence juive concernant la régulation de l’immigration et le contrôle du rythme d’entrée des immigrants dans le pays – afin de réduire les problèmes du logement provisoire et définitif et d’alléger la charge imposée aux services sociaux et de santé – et bien que l’éventualité eût même été soulevée à certaines périodes d’établir un système équivalent à des quotas mensuels, le principe demeura celui de l’immigration libre et d’une politique d’ouverture.

Juifs yéménites lors d’une célébration de Tu Bishvat , Ma’abarat Rosh HaAyin , 1950

Pour comprendre la signification du fardeau que représentait l’intégration de 400 000 immigrants en deux ans, il est nécessaire de comparer l’importance de l’aliyah en Israël à celle de l’immigration dans d’autres pays ayant connu des expériences similaires d’immigration-intégration.

Pour effectuer cette comparaison, j’ai choisi les chiffres records d’immigration dans l’histoire des migrations :

1852 fut l’année record pour l’immigration en Australie et le ratio était de 130 immigrants pour 1 000 habitants ;

1907 fut l’année record pour l’immigration aux États-Unis et le ratio était de 15 immigrants pour 1 000 habitants ;

1913 fut l’année record pour l’immigration au Canada et le ratio était de 130 immigrants pour 1 000 habitants.

En 1949, le ratio en Israël était de 266 immigrants pour 1 000 habitants et le rythme demeura inchangé pendant plusieurs années.

Aucun pays n’aurait pu résoudre le problème de trouver un abri pour une vague d’immigration arrivant à ce rythme et de cette importance.

En Israël, une population de 700 000 personnes a doublé en trois ans, parmi lesquels deux années de guerre. Il était donc indispensable de trouver des solutions de logement provisoires et la solution provisoire qui précéda les ma’abarot fut celle des camps d’immigrants.


Lorsque Eshkol fit sa proposition de créer les ma’abarot, il y avait 100 000 nouveaux immigrants dans les camps de transit. La vie dans les camps présentait de nombreux aspects négatifs : démoralisation, impossibilité de préserver une vie de famille, vie et conditions sanitaires très difficiles… Les résidents des camps étaient nourris par l’Agence juive. En sus du fardeau que cela représentait pour le public, cette situation impliquait bien entendu une très grande démoralisation.

L’écrivain et historien Tom Segev écrit au sujet des camps, soulignant l’ironie de l’histoire, que les Juifs qui avaient été victimes des camps avaient à présent créé d’autres camps pour leurs frères juifs. Cette comparaison doit bien sûr être rejetée, même si elle provient simplement des associations liées au mot « camp ». Il est cependant indéniable que la vie oisive dans les camps de transit était source d’ennui et de démoralisation et qu’elle engendra un cycle d’oisiveté et de vie sur le compte des allocations de l’État.

C’est dans ce contexte que l’adoption de l’idée des ma’abarot doit être appréciée. Ce concept supprima les deux principaux caractères malsains de la vie des immigrants dans les camps : le fait de vivre aux frais du public et celui de vivre sans emploi. Il est clair néanmoins que les ma’abarot ne supprimèrent pas toutes les conséquences négatives des camps.

Ma’abarat Beit Lid , près de Pardesiyya , en 1950

La première ma’abara fut créée en mai 1950, moins de deux mois après que Levi Eshkol en eut fait la proposition et en l’espace de six mois – à la fin 1950 – 43 000 immigrants avaient été transférés dans les ma’abarot (ceci s’ajoutant aux 90 000 immigrants qui habitaient dans les hôtels et camps d’immigrants).

1951 fut l’année d’une importante vague d’immigration, venant principalement d’Irak et de Roumanie et, à la fin de l’année, on comptait 180 000 nouveaux immigrants dans les ma’abarot et la population des camps de transit avait quelque peu diminué. C’était la troisième année consécutive d’immigration massive et il fallait trouver une solution immédiate au problème du logement des immigrants, des logements permanents ne pouvant être créés dans un délai rapide.

Si nous avions été un peuple comme tous les autres peuples et un pays comme tous les autres pays, l’aliyah en Israël pendant ces années aurait été comme toute autre vague d’immigration, pendant laquelle les dirigeants du pays d’accueil auraient dû, ou à tout le moins auraient pu, choisir entre une immigration illimitée et non planifiée vers le « pays des camps et des ma’abarot » d’une part, et entre une décision d’étaler l’immigration de 700 000 Juifs sur une période de dix ans au lieu de trois, d’autre part.

Mais dans la plupart des pays où le réservoir d’immigrants vivait, le choix entre les deux options – émigrer maintenant, ou courir le risque de perdre la possibilité de partir et d’émigrer pour toujours – n’était que trop évident. Les immigrants potentiels étant confrontés à cette alternative, la décision fut prise de permettre une aliyah illimitée, en particulier depuis les pays communistes et les pays arabes, où la permanence de la possibilité d’émigrer était incertaine. L’autorisation de quitter l’Irak ne fut accordée que pendant un délai d’un an et, même si ce délai fut prolongé, ce ne fut que pour une brève période.

La politique d’acceptation d’une immigration illimitée fut décidée par Ben Gourion.

Lors d’un débat à la Knesset concernant l’immigration illimitée, il répondit aux critiques selon lesquelles Israël n’était pas préparé à l’intégrer en s’adressant à ses détracteurs dans les termes suivants : « Je n’ai jamais entendu que Moïse ait conditionné l’exode des Juifs d’Égypte par la création de sources d’emploi et la construction de maisons en terre d’Israël. »

Dans la pratique, il n’y avait pas d’autre choix que de rechercher le meilleur moyen – ou le moins mauvais – de résoudre les problèmes d’intégration provisoire des olim [immigrants]. La ma’abara était, dans ces circonstances, un choix avisé.

En 1952, les dimensions de la vague d’immigration diminuèrent et 25 000 olim seulement gagnèrent Israël. Les camps de transit furent presque totalement démantelés, mais la population totale des ma’abarot avait atteint son point culminant de 200 000 personnes. Le concept des ma’abarot était fondé sur l’idée selon laquelle les olim devaient partir chercher du travail, pour mettre fin à leur oisiveté et commencer à assumer la responsabilité de gagner leur vie.

Ma’abara près de Nahariya , 1952

En 1952, les ma’abarot étaient remplies par les vagues d’aliyah de 1951 et 1952, constituées principalement d’olim d’Irak et de Roumanie.

Enfants et nounous à Ma’abarat Kiryat Ono

La population des ma’abarot se répartissait comme suit : plus des deux tiers étaient des immigrants venus de pays islamiques – Iran, Iraq et Afrique du Nord – y compris la Libye et les restes du judaïsme yéménite. Les autres étaient européens. Les olim venus des camps de Chypre et les survivants de l’Holocauste arrivés en Israël au début de l’aliyah massive, dans les années 1949-1950, avaient déjà pour la plupart quitté les différentes institutions de transit et intégré des habitations permanentes.

Dans la mémoire individuelle et collective des habitants des ma’abarot et des Israéliens de cette période, le séjour dans les ma’abarot reste associé à tous leurs aspects négatifs, dont les principaux étaient les conditions physiques et l’environnement difficiles, l’ébranlement du statut des chefs de famille, la remise en cause de leur échelle de valeurs et les fréquentes humiliations.

Le jugement que l’histoire retiendra de la période des ma’abarot sera, à mon avis, positif.

Ce fut une période au cours de laquelle s’exprima le meilleur de la solidarité juive, du souci pour l’autre et de la volonté du Yishouv de partager les difficultés rencontrées par les nouveaux olim. Cependant les aspects négatifs seront également retenus, de même que les phénomènes qui ont accompagné le processus d’intégration dans les ma’abarot, dont certains étaient inévitables et d’autres auraient pu être empêchés ou atténués.

Il y eut le phénomène de condescendance envers les immigrants de la part du Yishouv et de ses institutions. Il y eut l’attitude exprimant le sentiment que « tout ce que vous savez, je le sais mieux ». Cette situation conduisit les olim à développer une dépendance vis-à-vis de l’establishment dans tous les domaines : emploi, éducation et logement. Lorsque l’establishment exploitait cette dépendance, la porte était ouverte à la corruption, politique notamment.

La première crise gouvernementale israélienne se produisit ainsi, dans le contexte des problèmes d’éducation que rencontraient les enfants des nouveaux immigrants.

Les partis religieux affirmèrent que les enfants étaient transférés dans des écoles non religieuses, sous l’influence de politiciens agissant à l’intérieur des camps de transit et des ma’abarot.

La diminution significative du nombre des olim en 1952, 1953 et plus tard rendit possible le début du démantèlement des ma’abarot et l’emménagement des olim dans des logements permanents. Ce transfert dans des logements permanents ne fut pas facile dans tous les cas et c’est un problème qui a laissé des traces jusqu’à ce jour.

Le processus de démantèlement des ma’abarot s’accéléra et, au milieu de l’année 1955, c’est-à-dire trois ans après avoir atteint le point culminant de 200 000 personnes, il ne restait plus que 90 000 immigrants dans les ma’abarot. La poursuite de l’évacuation des ma’abarot fut ralentie, pour des raisons qui doivent être analysées en profondeur.

Les efforts d’intégration d’Israël

Je commencerai par examiner brièvement les problèmes démographiques et sociaux liés à l’intégration des olim des pays arabes. Je traiterai ensuite de manière détaillée des efforts financiers qui furent entrepris par l’État et par le peuple d’Israël pour intégrer ce grand nombre d’immigrants, en me fondant sur une étude que j’ai réalisée il y a quinze ans (en 1986). Il n’y a guère eu de changement depuis cette date, sinon la valeur en dollars des investissements.

L’ampleur de l’immigration massive au cours des premières années de l’État en fit un phénomène exceptionnel dans l’histoire moderne.

Le fait qu’elle se produisit à un moment où Israël était assiégé et se battait pour son existence même lui confère une importance encore plus grande.

Si cette vague d’immigration a pu être considérée comme un miracle, alors celle en provenance des pays arabes était un miracle au sein du miracle. Cela est dû à trois facteurs. L’aspect le plus remarquable est celui des méthodes inhabituelles de départ et d’immigration que les Juifs furent contraints d’employer.

L’exode de la Libye indépendante, du Yémen des imams, de l’Irak antisioniste et des pays d’Afrique du Nord sous domination française aux populations arabes hostiles fut le résultat de « pressions réciproques » : celles des gouvernements et des populations hostiles aux Juifs, d’une part ; celles exercées par les Juifs à l’intérieur et à l’extérieur sur ces gouvernements, d’autre part.

Si le terme de « réfugié » est utilisé pour faire référence à une personne privée de maison ou de refuge, alors c’est à juste titre qu’on attribue à l’État d’Israël le mérite d’avoir aboli ce terme du vocabulaire historique juif, grâce à sa politique d’immigration libre et à la promulgation de la Loi du Retour.

Si toutefois le terme de « réfugié » est considéré comme incluant aussi une personne qui doit surmonter des obstacles pour quitter un pays où elle est persécutée, subit une discrimination officielle ou non officielle, ou dont les droits religieux, politiques, sociaux ou économiques sont limités, alors le concept de « réfugié » inclut tous les immigrants juifs des pays arabes et la majorité de ceux venant d’Europe orientale, dont le départ impliquait des risques personnels et la privation des droits civils et des biens.

La seconde raison qui confère un caractère exceptionnel à l’immigration massive des pays arabes est le fait que l’absorption et l’intégration des nouveaux arrivants entraînèrent un bouleversement démographique, social, culturel et économique, tant au sein de la population d’accueil que parmi les immigrants eux-mêmes.

En troisième lieu, un effort économique gigantesque fut nécessaire pour intégrer un nombre aussi important d’immigrants dans le besoin, auquel s’ajoutait l’effort intellectuel et affectif exigé de la part des populations intégrantes et intégrées pendant plusieurs générations. Les ressources étaient toujours insuffisantes et les circonstances ne permirent jamais de résoudre à un rythme convenable tous les problèmes qui surgissaient.

Dans les parties qui suivent, je passerai en revue ces problèmes et j’aborderai brièvement le coût de l’intégration des Juifs en provenance des pays arabes. Afin d’évaluer les dépenses et les investissements consacrés à cette entreprise, certaines clarifications sont nécessaires.

Il est relativement facile d’identifier les fonds publics directement consacrés aux besoins de l’immigration et de l’intégration. Il est plus difficile d’identifier le financement public indirectement lié à l’intégration dans les domaines du logement, de l’éducation, de l’aide sociale, de la santé et de l’emploi. Il est encore plus malaisé de localiser les investissements qui découlent des besoins de l’intégration ou sont destinés à faciliter l’intégration par la création ou l’agrandissement d’infrastructures, le développement de services et de succursales d’usines et la création d’emplois. Dans un pays où la croissance économique dépend principalement de l’immigration, la quasi-totalité des crédits budgétaires de développement peuvent être définis comme des crédits budgétaires d’intégration.

Notre examen s’est fondé sur des matériaux d’archives originaux et sur diverses études concernant des secteurs spécifiques à différentes périodes.

L’approche employée est donc la suivante : en l’absence de données claires sur les fonds consacrés aux immigrants des pays arabes, les dépenses allouées ont été calculées en se fondant sur leur proportion par rapport à l’immigration en général ; nous avons déterminé lorsque c’était possible la fraction des postes de budget spécifiquement consacrée aux immigrants des pays arabes, comme les dépenses pour l’éducation résultant de l’augmentation du nombre des élèves ou les investissements dans les communes rurales (en raison de la proportion relativement importante d’immigrants).

Lors de la création de l’État d’Israël en 1948, 85 % de la population étaient d’origine européenne et américaine, tandis que 15 % venaient d’Asie et d’Afrique.

En conséquence de l’immigration entre 1948 et 1951, de celle des années 1960 et 1970, de la différence d’âge et du taux de natalité plus élevé chez les immigrants d’Asie et d’Afrique, 47 % seulement de la population israélienne étaient d’origine européenne ou américaine dans les années 1980, tandis que 53 % venaient d’Asie ou d’Afrique. Cette tendance s’est renversée dans les années 1990 en raison de l’immigration russe.

Ce changement démographique a constitué un défi multiple dans les domaines social, culturel et économique. Il a contraint les institutions publiques à prendre des mesures – qui n’ont pas toujours été couronnées de succès – pour résoudre les tensions sociales qui en résultèrent, en consacrant des ressources à la fois financières et humaines et en imaginant des solutions.

L’un des changements les plus significatifs résultant de l’immigration se produisit dans la structure professionnelle de cette population.

Pour une partie considérable des immigrants venus des pays arabes, l’installation en Israël impliquait le passage d’une profession à une autre et souvent d’un domaine d’activité à un autre.

Dans la plupart des pays de la diaspora, les Juifs trouvaient du travail dans les métiers de services, le commerce ou les professions libérales. Les populations au milieu desquelles ils vivaient autorisaient – et contraignaient parfois – les Juifs à exercer certaines professions, mais lorsqu’ils arrivèrent en Israël, ils durent se répartir de façon plus homogène dans les différents secteurs économiques.

Pour les immigrants des pays arabes et d’Irak en particulier, cela représentait une véritable révolution.

En Irak notamment, deux tiers des apporteurs de revenu étaient commerçants ou employés de bureau. Il y avait aussi un pourcentage élevé de commerçants, et surtout de petits commerçants, parmi les immigrants d’autres pays arabes. En Israël, ils ne furent pas en mesure de gagner leur vie dans ces domaines et on estime que presque 80 % des anciens commerçants durent trouver un autre métier.

Pendant la période initiale qui suivit leur installation en Israël, les immigrants travaillèrent comme ouvriers non qualifiés ou comme ouvriers spécialisés dans l’industrie, le bâtiment et l’agriculture. En conséquence des ressources durent être affectées aux travaux publics, aux aides sociales et à la formation professionnelle.

Entre 1949 et 1951, le gouvernement israélien affecta aux travaux publics 400 millions de dollars (valeur de 1986) sur le budget du développement. Ces projets eurent des conséquences économiques diverses, tant positives que négatives, mais ils atteignirent leur principal objectif : l’emploi pour les immigrants, et notamment pour ceux qui passaient d’une vie subventionnée par l’Agence juive à la vie dans les ma’abarot où ils subvenaient à leurs propres besoins.

Nous pouvons supposer qu’au moins 75 % des immigrants employés dans les travaux publics étaient originaires des pays arabes. Ainsi 300 millions de dollars sur un total de 400 millions de dollars furent sans doute dépensés pour ce groupe.

Du point de vue social, ce passage à des professions non qualifiées ou d’ouvriers spécialisés eut de nombreuses implications à court et long terme, qui seront abordées plus loin.

La répartition des immigrants par âge et par niveau d’instruction est une autre caractéristique démographique qu’il convient de mentionner. Dans le groupe d’âge 15-60 ans les différences entre immigrants des différents continents sont moins significatives. Les différences de niveau d’instruction sont beaucoup plus importantes, comme en témoigne une enquête de 1954.

En résumé, les caractéristiques démographiques sont les suivantes :

La croissance sans précédent de la population, qui a doublé en trois ans.

Le changement de composition de la population par pays d’origine.

Le pourcentage élevé d’immigrants de pays asiatiques et africains – près de 40 % du total – presque tous originaires des pays arabes.

L’augmentation significative de la proportion d’enfants dans la population et l’accroissement du taux de natalité, en conséquence du pourcentage élevé d’immigrants des pays arabes.

La disparité de niveau d’instruction des différents groupes d’immigrants, nécessitant un effort accru pour réduire l’écart et pour empêcher qu’il ne s’accroisse.

Dépenses d’intégration directe et immédiate

La charge du financement de l’immigration et de l’intégration incombait principalement à l’Agence juive. Jusqu’à la création de l’État d’Israël, l’Agence juive fonctionnait comme un « embryon d’État » et menait une activité politique destinée à développer et à consolider le foyer national juif en Palestine.

Avec l’indépendance, la plupart de ces tâches furent transférées au gouvernement israélien. L’Agence juive continua cependant d’exister et conserva la responsabilité de l’organisation et du financement de l’immigration et de l’intégration, ainsi que des activités d’implantation.

Dans les premières années qui suivirent l’indépendance, les budgets de l’Agence juive reflétaient donc les ressources importantes nécessaires au transport des immigrants en Israël et à la prestation des services essentiels dès leur arrivée, notamment le logement provisoire. Il n’est pas surprenant que l’immigration et l’implantation aient représenté 95,6 % du budget de l’Agence juive pendant la première année qui suivit l’indépendance, contre moins de la moitié juste avant la proclamation de l’État.

Il convient néanmoins de souligner le fait que les postes du budget de l’Agence juive n’indiquent pas le coût total de l’intégration à long terme. Dans certains domaines, ils ne montrent même pas les dépenses immédiatement nécessaires après l’arrivée des immigrants et ils ne reflètent certainement pas la portée économique des préparatifs de l’économie israélienne pour intégrer les nouveaux arrivants.

Alors que les Juifs des pays arabes constituaient 40 % du total de 700 000 immigrants, nous pouvons supposer que leur proportion des dépenses totales était d’au moins 66 %.

1. Un poste de budget essentiel était celui de la construction, de l’entretien et de l’approvisionnement des camps d’immigrants.

En février 1950 – milieu de la période étudiée – 70 % des habitants des camps provenaient des pays arabes. Leur proportion augmenta régulièrement et, à la fin 1952, ils représentaient 90 % des habitants des camps d’immigrants et des ma’abarot.

Plusieurs raisons expliquent ce développement. En premier lieu, les Juifs des pays arabes qui arrivèrent en 1950-1951 quittèrent les camps de transit pour mener une vie indépendante à un rythme moins rapide que d’autres. En outre, le grand nombre d’enfants et la nécessité de recevoir une formation professionnelle ralentirent le départ des immigrants des pays arabes des camps, qui étaient entretenus aux frais de l’État.

2. Malgré leur proximité géographique, le transport des immigrants des pays arabes en Israël impliqua des accords financiers qui dépassaient les frais de transport moyens par immigrant.

3. Il convient de mentionner également les revenus de l’Agence juive.

Les 462 millions de dollars nécessaires pour financer l’immigration, l’intégration et l’implantation furent réunis en trois ans par les Juifs du monde libre au moyen de donations, d’achat de bons du Trésor israélien et d’emprunts qu’ils s’engagèrent à rembourser par des contributions volontaires.

4. Il est aussi important de remarquer que tous les gouvernements israéliens et dirigeants de l’Agence juive s’étaient fixé pour politique de ne jamais limiter l’immigration des Juifs persécutés pour des raisons budgétaires.

Au cours de la première année qui suivit l’indépendance, comme il a été indiqué, il y eut de nombreux débats sur la question de savoir si l’immigration devait être régulée et ajustée à la capacité d’absorption de nouveaux arrivants du pays.

Toutefois, même au cours de ces débats, tous furent d’accord pour dire qu’aucune limite ne devait être imposée au sauvetage des Juifs des pays arabes, ni d’aucun pays où le gouvernement portait atteinte aux droits des Juifs. Israël accepterait d’accueillir tout Juif et pourvoirait à ses besoins élémentaires avec l’aide du peuple juif.

Cette tradition de solidarité juive profondément enracinée s’est manifestée par la mobilisation du peuple juif en Israël et dans la diaspora pour toutes les missions de sauvetage et d’intégration, même lorsque cela impliquait l’acceptation d’emprunts et l’octroi de garanties pour le paiement des intérêts.

C’est pourquoi des instances amies et des organisations internationales ont également contribué au financement de cette entreprise.

L’immigration des pays arabes après la période d’immigration massive

L’année 1952 vit une brusque diminution de l’immigration en Israël, avec moins de 25 000 arrivées.

La période d’immigration massive était révolue.

En 1953, le nombre des immigrants diminua encore pour atteindre 11 326. Dans les années qui suivirent il remonta à plusieurs dizaines de milliers par an, mais le niveau d’immigration massive des années 1948-1951 ne fut plus atteint jusqu’à la récente vague d’immigration venant d’Union soviétique.

Toutefois, même pendant les années de faible immigration, les pays arabes représentaient une proportion importante du nombre total des immigrants.

La période après 1951 vit par contre une augmentation de l’immigration en provenance d’Afrique du Nord, et du Maroc en particulier.

Les Juifs vivant au milieu des Arabes sous domination française prévoyaient l’imminence de l’indépendance nationale. Le Maroc et la Tunisie allaient bientôt devenir membres de la Ligue arabe, où des pressions seraient exercées pour qu’ils se joignent au chœur arabe anti-israélien et antijuif.

À la fin des années 1950, les Juifs algériens comprirent également que leur pays allait bientôt rompre ses liens avec la France et que le nouveau régime arabe serait encore plus hostile que ceux de Tunisie et du Maroc. Leurs appréhensions furent plus tardives que celles de leurs compatriotes, car ils se considéraient comme français et avaient du mal à croire que de Gaulle allait céder une partie de la France aux Arabes autochtones.

Avec la sécession de l’Algérie et la formation d’un gouvernement arabe algérien, la totalité des 130 000 Juifs quittèrent le pays. Du fait que la communauté se considérait comme française, environ 10 % de ses membres seulement immigrèrent en Israël pendant cette période, tandis que les autres se rendirent en France.

En 1967 une vague d’hostilité envers Israël balaya les pays arabes dans le sillage de la guerre des Six Jours. L’insécurité et la peur, l’incitation à la violence, les campagnes de boycott économique et les violations de leurs droits civils entraînèrent une fuite renouvelée des Juifs.

Cette fois-ci, les immigrants ne se comptèrent que par milliers, au lieu de dizaines de milliers, car il ne restait plus qu’une petite communauté juive au Maroc.

La communauté juive d’Égypte fut soumise à des fluctuations similaires. L’émigration – accompagnée par les arrestations, la détention dans des camps, la confiscation des biens et l’expulsion – s’intensifia après la guerre du Sinaï en 1956 et à nouveau après la guerre des Six Jours en 1967.

En tout et pour tout, 30 000 immigrants arrivèrent en trois vagues : après la guerre d’Indépendance, la guerre du Sinaï et la guerre des Six Jours. Un nombre à peu près équivalent d’étrangers (principalement des Italiens, des Anglais et des Français) fuirent les persécutions et les lois restrictives sur les biens en Égypte pour gagner d’autres pays.

Problèmes de logement des immigrants

Le concept de « logement des immigrants » était perçu par le public en général comme synonyme d’intégration. Cependant, tous les éléments de l’intégration des immigrants au sein de la société israélienne – emploi, éducation, santé, protection sociale, culture, etc. – étaient importants. Le logement n’avait la priorité qu’en raison de son urgence : un immigrant a besoin d’un abri le jour où il arrive, qu’il soit temporaire ou permanent.

Bat yam, immeuble construit en 1950

La politique d’immigration libre du gouvernement israélien et de l’Agence juive a toujours pris en compte l’obligation de résoudre le problème de logement des immigrants.

Les solutions apportées ont cependant varié selon les périodes et n’ont jamais répondu entièrement aux attentes individuelles ou à celles du public.

Il peut y avoir des divergences concernant le degré d’implication raisonnable du gouvernement dans la résolution des problèmes de logement de la population, mais étant donné les circonstances et l’ampleur de l’immigration entre 1948 et 1951 – période au cours de laquelle la population a doublé – aucune solution n’était concevable sans une implication presque totale du gouvernement.

Deux périodes principales doivent être distinguées : celle de l’aliyah massive jusqu’en 1952-1953 et celle des années qui suivirent.

Les immigrants des pays arabes étaient bénéficiaires de logements sociaux comme tous les autres immigrants, mais leur représentation dans certains types de logement était proportionnellement plus élevée.

Lorsque des dizaines de milliers d’immigrants arrivèrent des pays arabes (Libye, Yémen, Irak et Maghreb), ils furent pratiquement tous dirigés vers des camps d’immigrants, et plus tard vers des ma’abarot. Il n’y avait plus aucune solution immédiate de logement permanent, aussi des efforts furent entrepris simultanément pour commencer à fournir à la fois des logements provisoires et permanents.

La proportion des arrivées en provenance des pays arabes dans les deux types de camps était beaucoup plus élevée que leur proportion de la population totale des immigrants. En 1952 ils constituaient moins de la moitié du total des immigrants, mais représentaient près de 90 % des habitants des ma’abarot.

Vers la fin de la période d’immigration massive et de l’immigration en provenance d’Irak, à la fin 1951, la population hébergée dans toutes les formes de logement temporaire – ma’abarot, hôtels pour immigrants, chantiers de travail et camps de transit – atteignait 256 000 personnes, dont pratiquement 90 % venaient de pays arabes.

Logement permanent

Des projets de construction de grande envergure furent lancés pour répondre aux besoins croissants des immigrants qui s’entassaient dans les ma’abarot et des nouveaux arrivants qui continuaient d’affluer, en nombre bien plus réduit toutefois.

Jusqu’en 1955, les projets de logement étaient ainsi destinés à résoudre les problèmes de ceux qui étaient arrivés pendant la période d’immigration massive.

Les budgets de l’État pour les années 1949-1954 (jusqu’en avril 1955) prévoyaient la construction de 69 275 unités de logement pour les immigrants ; 61 000 furent achevées le 31 mars 1955. Cet effort énorme nécessita la mobilisation de ressources humaines, de capitaux, de savoir-faire technique et la capacité de planifier et de mettre en œuvre la politique.

Si les différentes étapes n’avaient pas été entreprises – le remplacement des camps d’immigrants par des ma’abarot et celui des ma’abarot par des logements permanents – le mode de vie oisif des camps d’immigrants existerait toujours, mode de vie dénué de toute motivation pour travailler et créer, et conduisant à la dégénérescence et au crime. Des centaines de milliers d’immigrants auraient été au chômage pendant plusieurs générations.

L’expérience des pays voisins d’Israël montre que ces craintes n’étaient pas dénuées de fondement. L’expérience israélienne, par contre, enseigne l’importance d’intégrer une politique de logement permanent à la politique économique et sociale générale du pays.
Dépenses publiques liées au logement des immigrants

Il est très difficile de déterminer le montant exact des sommes dépensées par le gouvernement pour le logement des immigrants des pays arabes. L’aide publique était essentielle dans plusieurs circonstances : tout d’abord, pour le logement provisoire dans les ma’abarot, puis pour des habitations minimales de 24 mètres carrés et enfin pour subventionner des prêts hypothécaires permettant d’agrandir les appartements existants.

Au fil des ans, les changements de taille, de qualité et d’emplacement des appartements ont rendu difficile la détermination du montant dépensé pour résoudre les problèmes de logement des immigrants. En outre, les fonds alloués à la réhabilitation physique en vertu du Projet Renouveau peuvent aussi être considérés dans une certaine mesure comme des dépenses de logement des immigrants, dont la plupart venaient des pays arabes.

S’il est possible d’additionner tous les fonds publics dépensés pour le logement des immigrants depuis mai 1948, il est difficile d’analyser ces chiffres et de calculer la dépense moyenne par personne en prix réels. Une étude des rapports de différentes périodes montre des fluctuations importantes.

En prenant en considération l’ensemble des facteurs concernés, notamment les fluctuations de taille, de standards de logement et de prix et les subventions publiques croissantes d’une part, et la participation accrue des immigrants eux-mêmes d’autre part, nous pouvons conclure que le coût moyen par personne du logement était de 5 000 dollars.

En multipliant cette somme par le nombre d’immigrants des pays arabes, on parvient à un montant total dépensé par le peuple juif pour les solutions de logement dépassant 3 milliards de dollars.
Intégration des immigrants au sein de l’économie israélienne

Le principal défi du processus d’intégration consistait à intégrer les nouveaux arrivants au sein de l’économie israélienne.

Le développement de l’économie et l’absorption de centaines de milliers d’immigrants eurent lieu simultanément. L’immigration massive ne fut pas intégrée au sein d’une économie existante, possédant une infrastructure établie et définitive. Les immigrants eux-mêmes durent édifier l’économie et s’y intégrer, tout en jouant un rôle actif dans son développement.

L’économie israélienne dut traiter les problèmes d’intégration en dépit des graves difficultés rencontrées dans l’importation des capitaux nécessaires au développement et à la croissance de l’agriculture et de l’industrie. Des changements significatifs étaient intervenus dans ce domaine après la création de l’État.

Sous le Mandat britannique, les importations privées représentaient entre 75 et 80 % des flux de capitaux entrant dans le pays. Avec la proclamation de l’État, de telles importations cessèrent d’accompagner le processus d’immigration. L’immigration venait principalement des pays arabes, d’Europe centrale et orientale, alors que les capitaux venaient d’Amérique du Nord.

Parmi les défis que représentait l’absorption économique des nouveaux arrivants, les immigrants des pays arabes constituaient un cas à part.

À leur égard, l’intégration économique était une véritable révolution : changement de profession entraînant un changement de situation personnelle et transformation du mode de vie et des normes précédemment acceptées (comme l’attitude envers les femmes qui travaillent et envers le travail physique).

La transformation économique et professionnelle la plus marquante se produisit chez les immigrants irakiens. En Irak la répartition professionnelle de la population juive était la suivante : 70 % de commerçants ; 15 % de paysans, d’artisans et d’ouvriers agricoles ; 10 % d’employés et de professions libérales ; et environ 5 % de propriétaires fonciers.

La structure de la communauté juive au Maroc était similaire, bien que le pourcentage d’artisans fût plus élevé. La moitié des immigrants marocains étaient d’anciens commerçants et seulement 2 % environ étaient des ouvriers de l’industrie. Le passage des professions traditionnelles à de nouvelles professions était au cœur des crises sociales qui se firent jour à une date ultérieure, mais il fut aussi à la base de la solution apportée à ces crises.

Il est important de remarquer que l’économie israélienne releva le défi de l’emploi des immigrants en introduisant un régime de stricte austérité dans le pays, traduisant la volonté de toute la population de partager le fardeau de l’absorption des immigrants.

Le plein emploi obtenu grâce à des budgets publics importants, dirigés principalement vers des secteurs qui n’encourageaient ni la production ni les exportations, aurait dû stimuler la demande et générer de l’inflation.

Au lieu de cela, au cours de la seconde année suivant l’indépendance (1949-1950), le coût de la vie baissa de 15 %. Les économistes expliquent ce phénomène par l’instauration du régime d’austérité, qui permit de maîtriser la demande et de contrôler les prix.

Pendant les trente-huit années d’intégration (1948-1986), l’importance du travail temporaire diminua progressivement après la période d’immigration massive, tandis que la contribution du travail productif augmentait.

Environ 10 000 familles d’immigrants originaires des pays arabes trouvèrent un emploi dans les villages ruraux. Le reste, c’est-à-dire la majorité, furent intégrés dans l’industrie et les autres secteurs, comme les services et le commerce.

Selon une étude de 1958, l’investissement moyen par employé en 1958 était de 8 000 lires israéliennes (11 700 dollars selon les prix de 1986). En multipliant le taux d’emploi chez les immigrants par l’investissement moyen en capital (en arrondissant les chiffres vers le bas), nous constatons que l’économie israélienne a fourni 200 000 emplois pour près d’un tiers des nouveaux arrivants venus des pays arabes et que 2,5 milliards de dollars environ ont été investis dans ce but.

Communes rurales

L’une des plus grandes réussites d’Israël est l’intégration des immigrants dans des villages ruraux.

Kfar Hittim , qui a été fondée en 1924, a été le premier moshav shitufi à être établi en Palestine mandataire par le Yishouv

Celle-ci englobait tous les facteurs et problèmes de l’intégration. La vie rurale était une révolution pour des milliers de familles originaires des pays arabes, car elle représentait non seulement un gagne-pain, mais aussi un mode de vie. Le passage à une vie agricole impliquait l’apprentissage d’une nouvelle profession. Cela nécessitait à la fois une formation et un changement d’attitude envers le travail manuel en général et envers le travail aux champs en particulier.

Au cours des dix premières années de l’État, 282 moshavim (villages coopératifs) furent créés, entièrement peuplés de nouveaux immigrants.

Parmi eux, 164 étaient peuplés en majorité d’immigrants d’origine afro-asiatique. En mettant de côté les villages créés par des immigrants venus d’Iran et d’Inde, on arrive au nombre de 145 villages créés pour les nouveaux arrivants des pays arabes. Il est important de remarquer le nombre considérable de villages (88) créés par des immigrants d’Afrique du Nord et les 31 moshavim créés par des immigrants du Yémen.

De toutes les formes d’installation en Israël, le moshav convenait le mieux à ce groupe d’immigrants. Si le mouvement kibboutzique intégrait également des immigrants d’Afrique du Nord, d’Irak et de Syrie, il s’agissait de membres des mouvements pionniers dans leurs pays d’origine et ils n’étaient que quelques centaines au total. En revanche, quelque 10 000 familles (environ 50 000 personnes) se tournèrent vers les moshavim pour trouver un nouveau foyer et un gagne-pain.

Un monde nouveau s’ouvrait aux immigrants qui rejoignaient le mouvement de retour à la terre et notamment à ceux des pays arabes : la gestion d’une ferme dans le cadre israélien normal, un système de garanties, de droits et d’obligations mutuelles, les organismes de commercialisation existants et le concept de coopération.

L’influence du facteur ethnique sur le développement des villages en Israël est facilement observable, puisque les moshavim de nouveaux immigrants étaient habituellement créés sur une base ethnique.

Au commencement de l’État on rêvait illusoirement de créer une société dans laquelle les différents groupes ethniques et les nouveaux arrivants de différents pays se fondraient au sein d’un prototype national composite. Mais il devint rapidement évident que le concept du « melting-pot » n’était pas valable ici et qu’il empêchait en réalité l’intégration des immigrants.

C’est pourquoi tous les villages furent créés chacun par un seul groupe ethnique. Cela contribua à réduire les problèmes inhérents à l’expérience du retour à la terre et participa à la consolidation sociale et à l’intégration de la seconde génération.

Les institutions en charge de l’intégration définissaient l’intégration productive comme un processus qui transformait les immigrants en travailleurs indépendants au sein de secteurs économiques contribuant à la prospérité du pays.

L’installation de 10 000 familles d’immigrants des pays arabes en milieu rural impliquait un investissement public de 400 millions de dollars, en sus des investissements des immigrants eux-mêmes, estimés à quelque 125 milliards de dollars. Il convient de noter ici l’une des conclusions de l’étude réalisée par Weitz [1].

Cette étude a examiné le niveau d’investissement dans les différents villages en fonction du pays d’origine des villageois et a observé que le taux moyen d’investissement dans les villages d’immigrants (en prenant en compte le pourcentage moyen d’investissement par famille) variait très peu, s’élevant à 100 tant pour la période 1948-1958 que pour celle de 1959-1963.

Celui des villages d’origine nord-africaine s’élevait à 95 pour la période 1948-1958, contre 104 pour les villages d’origine asiatique et 79 pour ceux d’origine occidentale. Les chiffres pour ces trois dernières catégories étaient de 122, 101 et 79 respectivement pour la période 1959-1963.

En d’autres termes, l’investissement dans les villages d’immigrants des pays arabes était généralement supérieur à la moyenne. Cela s’expliquait par plusieurs facteurs, parmi lesquels les conditions objectives comme la pauvreté du sol et la carence en eau.

Paran est le moshav le plus au sud d’Israël

Instruction et études

Le niveau d’instruction et d’études est un des facteurs les plus importants qui déterminent la qualité et la force d’une société et il comporte de nombreuses implications culturelles, scientifiques, économiques et militaires.

J’ai mentionné brièvement l’écart de niveau d’instruction engendré par l’immigration massive en provenance des pays arabes. La perpétuation de cet écart ou son élargissement auraient entraîné la création de deux populations distinctes et auraient rapidement accru les tensions sociales jusqu’à un point critique. Même si une telle situation ne conduisait pas à une explosion sociale, l’État d’Israël ne pouvait se permettre de fonder l’égalité en matière d’enseignement sur un dénominateur peu élevé.

Pour l’avenir d’Israël, pour son développement culturel et économique et pour maintenir une supériorité qualitative, il était essentiel de garantir non seulement l’égalité de l’enseignement et de réduire les différences de niveau d’instruction, mais aussi d’élever la qualité de l’enseignement.

L’arrivée de nouveaux arrivants des pays arabes imposa une triple tâche à Israël.

Premièrement, il fallait assurer l’enseignement élémentaire de dizaines de milliers d’enfants d’immigrants. La structure d’âge de la population immigrante et le taux de natalité élevé chez les familles originaires des pays arabes entraînèrent une augmentation de 300 % du nombre des écoliers dans les années 1950.

Deuxièmement, il fallait assurer l’enseignement pour les groupes n’ayant pas eu la possibilité d’aller à l’école dans leur pays d’origine, et faire en sorte qu’ils atteignent le niveau d’instruction de la population établie de plus longue date.

Troisièmement, des programmes éducatifs étaient nécessaires non seulement pour les enfants en âge de fréquenter l’école élémentaire, mais également pour les plus jeunes (à partir de 3 ans).

L’immigration des pays arabes entraîna une augmentation considérable du taux d’illettrisme dans le pays.

Jusqu’en 1948, 6,3 % de la population étaient analphabètes ; en 1954, ce chiffre passa à 15 %. Ce pourcentage élevé était constitué principalement de femmes qui, conformément à l’usage oriental, n’avaient reçu aucune instruction et ne savaient donc ni lire ni écrire. C’est pourquoi l’un des principaux objectifs du processus d’intégration fut de réduire les différences de niveau d’instruction existantes, d’empêcher la création de nouveaux écarts et de permettre à tous les enfants israéliens de commencer leur scolarité au même âge.

Pour atteindre ce but, la Loi sur l’Enseignement obligatoire et gratuit pour les enfants de 5 à 14 ans fut adoptée en 1949.

Quelques années plus tard, l’enseignement obligatoire fut prolongé jusqu’à l’âge de 16 ans et l’enseignement gratuit fut prolongé jusqu’à 18 ans.

Les efforts consacrés à l’éducation donnèrent des résultats impressionnants. Alors que jusqu’en 1965 36 % de la population des immigrants d’origine afro-asiatique n’avaient pas plus de quatre années d’études, cette proportion tomba à 25 % en 1986. Cette forte diminution résultait non seulement des changements du système éducatif israélien, mais également des progrès de l’instruction dans les pays d’origine.

En d’autres termes, les immigrants venant d’Asie et d’Afrique, arrivés en Israël après 1965, étaient plus instruits que ceux qui étaient arrivés dans les premières années de l’État. Il est plus significatif encore de constater que 1,5 % seulement des enfant israéliens nés de parents d’origine afro-asiatique avaient entre zéro et quatre années d’études. Manifestement, la Loi sur l’Enseignement obligatoire était efficace et aucun enfant de l’immigration n’était privé d’enseignement élémentaire.

Certaines hypothèses doivent être faites et certaines moyennes utilisées pour estimer le coût de l’enseignement offert aux enfants immigrants, y compris celui de l’allongement de la journée d’études, de l’amélioration des études, de l’école maternelle dès l’âge de trois ans, etc. On peut bien entendu soutenir que les dépenses spéciales d’éducation pour les enfants immigrants s’étendent sur toute une génération et que quatre années d’études (ou même huit ou douze années) sont insuffisantes ; l’égalité doit être étendue jusqu’au niveau de l’université.

En 1957, une étude tenta d’estimer les dépenses totales nécessaires pour égaliser le niveau d’instruction des immigrants [2].

L’étude et les estimations sur lesquelles elle se fondait prenaient en compte les multiples disparités de niveau d’instruction des immigrants, classés par sexe, âge, pays d’origine et année d’immigration. On constata que, pendant certaines périodes, le niveau d’études moyen des immigrants d’Europe orientale était plus élevé que celui des Israéliens de naissance.

L’importance de l’année d’immigration dans le cas des nouveaux arrivants venus des pays arabes a déjà été remarquée. Ceux qui arrivèrent dans les années 1960 ou plus tard avaient un niveau d’études proche de celui des Israéliens de naissance. Dans les premières années de l’État, il y avait un écart énorme entre les immigrants hommes et femmes originaires des pays arabes.

En tenant compte de tous ces facteurs, une estimation a été faite de l’investissement nécessaire pour égaliser le niveau d’instruction de 100 000 immigrants et celui des vétérans.

Le calcul était fondé sur le nombre moyen d’années d’école pour chaque groupe d’âge et incluait les dépenses directes et indirectes, mais pas les investissements réalisés dans les immeubles ou équipements rendus indispensables par le développement du système éducatif.

Selon cette étude, le coût du rattrapage de l’écart de niveau d’instruction était de 475 millions de lires en prix de 1957, équivalant à 750 millions de lires en prix de 1964 et à 750 millions de dollars en prix de 1986. Étant donné qu’il y avait 600 000 olim venus des pays arabes, l’investissement total était de 4,5 milliards de dollars.

Il convient de souligner le fait que cette estimation était fondée sur le niveau d’instruction moyen des immigrants (d’Europe comme d’Asie-Afrique), ainsi que sur les normes et objectifs de la fin des années 1950. Le niveau d’instruction des immigrants a augmenté depuis lors et les normes et attentes également.

En outre, il ne faut pas oublier que l’âge de certains des nouveaux arrivants a empêché de rattraper entièrement le retard : le manque d’instruction des adultes et des personnes âgées ne peut généralement pas être corrigé.

Bien que le montant réel des dépenses engagées pour augmenter le niveau d’instruction des immigrants ne soit pas clairement connu, il est indéniable que beaucoup a été accompli. La situation des enfants d’immigrants originaires des pays arabes au sein du système d’enseignement élémentaire et secondaire est aujourd’hui pratiquement identique à celle des Israéliens de souche. Au sein de l’université l’écart commence également à être réduit.

Dépenses médicales et sociales

L’afflux de nouveaux arrivants des pays arabes, en particulier pendant les années d’aliyah massive, rendit nécessaire le développement des services médicaux en Israël.

La politique d’immigration illimitée appliquée aux communautés juives en détresse explique pourquoi les immigrants ont plus recours aux services médicaux que l’Israélien moyen. Le nombre relativement élevé de personnes malades parmi les nouveaux arrivants pendant la période d’aliyah massive amena les services de santé au bord de l’effondrement.

Les représentants des services sanitaires étaient principalement préoccupés par les maladies requérant une attention immédiate pour empêcher leur propagation. À cette époque, l’ensemble de la population des pays d’origine des immigrants – en Afrique du Nord notamment – y compris les Juifs, souffrait de maladies comme la teigne et le trachome. La tuberculose était encore très répandue également.

Le risque que ces maladies atteignent les proportions d’une épidémie incita les autorités sanitaires à envisager la limitation de l’immigration et la fixation de critères de santé et d’âge. Ces limitations, désignées par le terme d’« immigration sélective », ne furent toutefois jamais appliquées.

Bien au contraire, une politique d’immigration sans limite des Juifs en danger ou en détresse fut adoptée.

C’est ainsi que tous les Juifs des pays arabes ou ceux qui avaient réussi à traverser le rideau de fer furent autorisés à entrer en Israël. Pendant une courte période seulement, la priorité fut donnée dans plusieurs pays d’Afrique du Nord à ceux des immigrants potentiels qui étaient en bonne santé et capables de subvenir à leurs propres besoins.

Certaines questions autrefois considérées comme des problèmes sociaux ou humanitaires sont aujourd’hui définies comme relevant des services sociaux et classées par période, par sujet et par institution responsable. Pendant la période initiale d’intégration, le nouvel immigrant relève de l’Agence juive.

Les personnes faibles et vulnérables (désignées dans le passé comme des cas sociaux) sont prises en charge par le département des services sociaux (aujourd’hui appelé département de la protection sociale) du service de l’immigration et de l’intégration au sein de l’Agence juive. Cette période initiale dure entre trois et cinq ans, après quoi les immigrants s’installent dans leur logement permanent et relèvent de la responsabilité des autorités locales. Pendant cette seconde période, l’immigrant relève des autorités locales et des organismes gouvernementaux, comme le ministère de la Protection sociale et la Sécurité sociale.

Les principaux domaines d’aide sociale sont les suivants :

Soins offerts aux éléments les plus faibles au sein de la population des immigrants : personnes âgées, malades, handicapés et membres de familles désunies ou monoparentales. Dans la plupart des cas il s’agit de problèmes de moyens de subsistance et parfois de réadaptation ou de stress.

Soins aux enfants privés d’un milieu familial stable, pour assurer leur développement convenable.

Soins aux jeunes défavorisés, notamment les jeunes délinquants et les attardés mentaux.

De manière générale, les immigrants ont affronté des problèmes psychologiques ou sociaux en conséquence du traumatisme accompagnant toute immigration et du processus d’intégration dans un nouveau pays.

Ceux qui venaient des pays arabes, arrivant en Israël dans le cadre d’une communauté tout entière, étaient encore plus vulnérables à ces problèmes que la moyenne des nouveaux immigrants.


Le petit nombre d’apporteurs de revenu dans la famille, l’état de santé, le choc culturel, le caractère compétitif de la société israélienne, le retard de niveau d’instruction, l’ébranlement de la structure familiale hiérarchisée et l’affaiblissement des valeurs traditionnelles ; tout cela contribua à reléguer les immigrants en marge de la société et créa le besoin d’une attention particulière à leur égard.

La société d’accueil essaya d’empêcher que les immigrants ne deviennent des cas sociaux, mais les mesures prises ne furent apparemment pas suffisantes et certaines furent sans doute erronées. L’attitude envers les immigrants des pays arabes ne favorisait pas une image de soi positive parmi eux. Au contraire, l’image de soi négative, qui résultait initialement d’un complexe d’infériorité et de la rupture des cadres traditionnels, finit par nourrir le ressentiment, la révolte et le désir de se venger de la société qui avait engendré une telle aliénation. Il semble donc que des causes objectives – santé, éducation, taille de la famille et structure d’âge – ainsi que des problèmes subjectifs aient contribué au pourcentage disproportionné d’immigrants des pays arabes au sein de la population bénéficiant des services sociaux en Israël.

Les succès

La manière dont l’intégration en général a été traitée par les autorités et les institutions publiques, et dans le cas des immigrants des pays arabes en particulier, peut certainement être critiquée. Les plans et les méthodes n’étaient peut-être pas toujours appropriés et les ressources allouées pas toujours suffisantes pour répondre aux besoins. Cependant, personne ne peut contester le fait que la politique générale visait à atteindre une intégration efficace et rapide, ainsi qu’une diminution des disparités socio-économiques et éducatives.

Cette politique consistait à rendre le nouvel immigrant indépendant financièrement, à l’égal des vétérans et des immigrants qui l’avaient précédé, avec la même perspective d’améliorer son sort. Cela explique les efforts entrepris pour offrir un logement permanent, créer des opportunités d’emploi et assurer l’éducation, la mobilité sociale et la possibilité de promotion.

Il convient d’observer que les Israéliens jouissant d’un niveau de vie relativement élevé dénombrés lors des recensements de 1970 et 1981 incluaient une proportion importante d’enfants d’immigrants des pays arabes arrivés dans les premières années de l’État.

En d’autres termes, l’écart a été réduit de manière significative à la seconde génération.

L’immigration et l’intégration de plus de 600 000 personnes venant des pays arabes fait partie de l’histoire générale de l’immigration depuis la création de l’État d’Israël en 1948.
Un nouvel immigrant prépare un trou pour planter un arbre dans les montagnes de Jérusalem, 1952

Cette immigration a modifié de manière significative la carte de la diaspora.

Des communautés juives anciennes – comme celles d’Irak, du Yémen, de Libye, d’Égypte, de Syrie et d’Algérie – ont pratiquement disparu, tandis que d’autres communautés au Maroc et en Tunisie ont été réduites à une fraction infime de ce qu’elles étaient auparavant.

L’expérience même de la migration, le choc du passage d’une culture à une autre et l’ampleur des changements démographiques liés à l’intégration des immigrants engendrèrent des tensions sociales et la nécessité d’affronter des problèmes nombreux et variés.

Des efforts sincères furent accomplis pour résoudre ces problèmes – pour empêcher les écarts sociaux et réduire les écarts existants – même s’il apparaît rétrospectivement que des erreurs furent commises. Les moyens investis étaient considérables, bien que parfois insuffisants et les résultats furent impressionnants dans presque tous les domaines, même si la réussite ne fut pas totale.

L’opinion de base qui guida les autorités en charge de l’intégration mérite d’être soulignée : il s’agissait de permettre à l’immigrant de devenir un membre productif et créateur de la société aussi rapidement que possible, et d’être responsable de sa situation, de son travail et de son avenir.


Des centaines de milliers de Juifs privés du droit de déterminer leur destin dans leurs pays d’origine furent acceptés par la société israélienne sur un pied d’égalité avec la population des vétérans, constituée en majorité d’anciens immigrants.


La solidarité juive s’exprima par la mobilisation des efforts et des ressources en faveur de l’immigration et de l’intégration de centaines de milliers de personnes venant de pays dans lesquels elles étaient persécutées.

La population juive en Israël accomplit un double effort, en allouant les moyens nécessaires à l’intégration économique des immigrants et en s’efforçant de les intégrer socialement. Le peuple juif dans la diaspora assuma la responsabilité des problèmes urgents de l’intégration matérielle, en fournissant des services immédiats tels que le logement temporaire, les moyens de subsistance, les services médicaux de première nécessité, etc.

Au total, ce sont près de 11 milliards de dollars de fonds publics qui furent investis pour l’immigration et l’intégration des Juifs des pays arabes.

Comme il a été mentionné ci-dessus, certains aspects du sujet ont été examinés ailleurs et la présente étude se fonde sur le grand nombre d’articles parus auquel je me suis référé [3].

Notes
  • [1] R. Weitz, « The mass immigration and the rural settlement projects », T’lamim, décembre 1968, et R. Weitz et A. Rokach, Idan, novembre 1987.
  • [2] M. Kurtz, A Collection of Immigration and Absorption Problems (Jérusalem, Falk Institute, Université hébraïque), 1964.
  • [3] D. Horowitz, Israel’s Economy, Tel Aviv, Massada, 1954 ; C. Dreen-Drabkin, Housing and Absorption in Israel, Tel Aviv, Gadish Books, 1955 ; M. Sikron, in Idan, n° 8, Ben Zvi Memorial, in 1987, publications du Bureau central des statistiques israélien ; étude de O. Cohen (inédite) pour le département de la Recherche, ministère de l’Intégration.

Traduction de l’anglais par Pierre Lurçat.
Copyright © Continuum Books.

A suivre…

Lire tous les articles de cette saga sur l’exclusion des juifs des pays arabes


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