Le miracle oublié de Moissac
Entre 1939 et 1943, environ 500 jeunes juifs sont passés par la maison des enfants, à Moissac.
Non seulement ils y furent nourris, instruits et aimés mais, chose incroyable, ils purent vivre leur judaïsme au grand jour, sous la protection de la population. Un fait historique peu connu. Une grandeur collective peu reconnue.
Il faut imaginer des rues pavées de carte postale en noir et blanc. Les petites maisons de Moissac, les allées bordées de platanes centenaires, le pont Napoléon sous lequel coule le Tarn.
Il faut imaginer une poignée d’enfants en culotte de laine, chaussettes remontées jusqu’au genou, souliers lacés à la cheville, qui cheminent en chantant Lève la tête, peuple d’Israël.
Et, autour, les passants qui vaquent ; le facteur qui distribue ; la boulangère qui fait sa vitrine. C’est un vendredi après-midi comme les autres, les bambins se rendent aux bains-douches se faire beaux pour shabbat.
« Lève la tête, peuple d’Israël / Et que ton chant de fête / Monte jusqu’au ciel… »
Ces enfants, ces petits juifs, marchent et chantent à gorge déployée dans ces rues pavées de carte postale en noir et blanc. Il faut imaginer qu’on est en 1942. Et alors, seulement, on peut commencer d’entrevoir ce qu’a été le miracle de Moissac.
L’histoire est peu connue ; pourtant, comme dit l’adage, elle dépasse la fiction.
Entre 1939 et 1943, la « maison des enfants », sise 18, quai du Port, à Moissac – une petite ville à 30 km de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne -, a abrité environ 500 jeunes juifs. Certains étaient encore en couches-culottes ; d’autres, déjà adultes. Ils y passèrent quelques semaines, ou plusieurs années. Et non seulement ces juifs y furent nourris, instruits et aimés, mais le plus incroyable peut-être est qu’ils trouvèrent en Moissac un asile où ils n’eurent même pas à taire leur identité.
Oh, il y avait bien les faux papiers, pour donner le change face aux autorités. Mais, dans la ville, leur judaïsme n’était pas caché. Shabbat, bar-mitsva, fêtes juives…, tout y était célébré au grand jour.
Shatta et Bouli Simon, le couple d’éclaireurs israélites de France qui dirigea l’endroit pendant ces quatre années, avaient fait le pari du rite comme amarre face aux abysses du chagrin. En plein régime de Vichy, ils ont entrepris de conjurer l’Histoire, d’exorciser la tragédie par le culte, et l’angoisse par la tradition.
Quand ils arrivent, les enfants sont accueillis par Shatta, son éternelle jupe plissée et son chandail sombre. « Ici, on parle français », leur explique-t-elle.
Rien de cela n’eût été possible, bien sûr, sans la complicité taiseuse, bienveillante – et, à la fin, très active – d’une ville tout entière : Moissac. « Je crois qu’on a du mal à imaginer : c’était quelque chose, oui, de miraculeux, ces chants, ces fêtes célébrées au vu et au su des habitants qui ne trouvaient rien à y redire », insiste aujourd’hui Jean-Claude Simon, en remontant la rue de la République, qui mène à la magnifique abbaye romane de Moissac.
Celui qui nous fait ainsi visiter les lieux de son enfance et partager ses souvenirs de shabbat en chansons est un ancien de la maison des enfants. Il est également l’un des deux fils de Shatta et Bouli Simon. Avec sa femme, Denise, ils animent l’association Moissac, ville de justes oubliée, et organisent des colloques pour faire connaître l’histoire de ce sauvetage collectif (1).
Car, contrairement au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, où des enfants juifs furent aussi sauvés par centaines, la ville de Moissac n’a pas été honorée de la médaille « collective » des justes parmi les nations (2) par le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem. Une aberration. Sur les 500 jeunes qui trouvèrent refuge au 18, quai du Port, et dans ses annexes entre 1939 et 1943, sur les 500 juifs soufflés là depuis les quatre coins de l’Europe persécutrice, aucun ne fut dénoncé. Aucun ne fut déporté. Tous ont survécu. Voici l’histoire d’un miracle oublié.
Moissac, 1942 : le miracle oublié
Elle commence à l’automne 1939. Face à l’afflux de réfugiés fuyant les pogroms et l’hitlérisme, le chef du mouvement scout des Eclaireurs israélites de France, Robert Gamzon, dit « Castor », décide d’ouvrir des maisons d’enfants, afin d’y accueillir ceux qui ont perdu leurs parents ou qui sont parqués dans des camps d’accueil.
Avec la guerre qui éclate, l’idée vient également d’y abriter de jeunes juifs français qui ne sont plus en sécurité dans les villes. « Castor » mandate plusieurs de ses lieutenants pour visiter des bâtiments. L’un d’eux, Sarlota – dite « Shatta » – Simon, une jeune femme arrivée quelques années plus tôt de Transylvanie , jette son dévolu sur le 18, quai du Port, à Moissac.
Cheveux bruns et ondulés ramenés en arrière, Shatta est tout en pommettes. On la décrit combattante, autoritaire, charismatique, habitée. Son mari, Edouard, dit « Bouli » – « Rhinocéros mal léché » est son totem scout, mais tout le monde l’appelle « Bouli » -, est issu, lui, d’une famille aisée de Français israélites. Avec ses bonnes manières, son look de bourgeois dégingandé aux lunettes cerclées en écaille, il a les codes pour négocier avec l’administration, et l’énergie de mettre en musique tout ce qui jaillit en roulements de r transylvaniens du cerveau têtu et inventif de Shatta. A eux deux, ils forment un couple en fusion. Une force que rien ne soumet.
Le 18, quai du Port, à Moissac, est une bâtisse de deux étages aux grandes fenêtres à carreaux blancs serties de volets bleu-gris. Quand ils arrivent, les enfants – environ un tiers de Français, deux tiers d’étrangers, dont beaucoup de réfugiés allemands – sont accueillis par Shatta, son éternelle jupe plissée et son chandail sombre. « Ici, on parle français » (3), explique-t-elle aux nouveaux venus, qui ravalent parfois un sanglot devant cette inflexibilité lexicale. A la maison des enfants, l’ambiance joyeuse et chaleureuse se déploie dans un cadre discipliné, empreint de scoutisme et de judaïsme. Parmi les impératifs édictés figure, donc, la pratique immédiate et exclusive du français. C’est à la fois un principe, une perspective et un nouvel ancrage. Mais aussi une précaution face à la certitude que le pire peut arriver : les rafles, les contrôles, la nécessité vitale d’avoir un jour à se fondre et à se cacher.
Si beaucoup d’éducateurs de la maison des enfants sont de jeunes Français juifs stoppés dans leurs études par le numerus clausus instauré par Vichy, le 18 compte aussi son lot de Moissagais, comme Mme Deschamps, surnommée « la mère Desche », l’économe de la maisonnée.
« Elle ponctuait chaque fin d’office du shabbat par un tonitruant « Les nouilles ! », car c’était le moment où elle devait mettre ses pâtes à cuire, s’amuse encore avec tendresse Jean-Claude Simon. Pour tous les anciens, aucun shabbat digne de ce nom ne peut se conclure sans « les nouilles ! » en guise d’amen. »
L’histoire a retenu les sauvetages collectifs de Chambon-sur-Lignon, de Dieulefit, mais semble avoir oublié le cas de Moissac.
De 1939 à 1943, la vie des enfants s’entremêle avec celles des habitants de Moissac. Les plus jeunes vont à la communale, les plus âgés sont apprentis chez M. Chauderon, le serrurier, M. Dreuil, l’ébéniste, M. Roger, marchand de légumes, ou encore suivent des cours de dactylo à l’école Genyer – une institution tenue par des religieuses de la congrégation des sœurs de la Miséricorde (4).
Les deux maires qui se succèdent à l’époque, Roger Delthil et Louis Moles, en plus d’être des protecteurs administratifs précieux, officient tour à tour comme médecins attitrés de la maison. Avec l’aide de son assistante, Alice Pelous, le secrétaire de mairie, Manuel Darrac, s’occupe, lui, de fournir les tampons officiels pour les faux papiers.
Robert Gamzon, le chef des Eclaireurs israélites (les « EI », prononcez « les zéï »), est très sensible à la philosophie du moment, qui préconise que les juifs doivent cesser de se vouer aux métiers intellectuels pour apprendre aussi le travail manuel. C’est ainsi que beaucoup d’adolescents sont envoyés en apprentissage chez les artisans de la ville.
D’autres fondent des fermes écoles, comme celle de Charry, sur les hauts coteaux de Moissac, où une quinzaine de jeunes, filles et garçons, consacrent leur vie à l’agriculture sous le haut patronage d’Isaac Pougatch, dit « Poug » (un juif russe réfugié), et sa femme. La ferme de Charry : une dizaine d’hectares jusque-là en friche, travaillés avec cœur par « un groupe rural qui a pour but de créer un nouveau type de paysan juif régénéré par le travail de la terre » (5). Une préfiguration du kibboutz.
Ecoliers, apprentis, aspirants paysans, tous se retrouvent le vendredi soir pour shabbat. Sur la façade du 18, Shatta fait plisser des draps blancs aux fins liserés brodés. Quand le temps est clément, on dresse la table dans la petite cour devant la maison, sous les trois arbres feuillus.
« Les badauds passaient sans s’émouvoir : le spectacle leur était familier, évoque Jean-Claude Simon. Ils nous regardaient avec sympathie, et même pour certains avec envie : il y avait beaucoup d’orphelins à l’époque. Tous n’avaient pas notre chance d’avoir la gaieté malgré tout. »
La gaieté, malgré tout. Les chants, malgré tout. Les rites, malgré le danger. La vie, malgré la mort. « La force intérieure que l’on met dans un enfant pour vaincre, c’est la force la plus importante », a dit Shatta Simon à Catherine Lewertowski, auteur du livre référence sur la maison des enfants (3).
« Parmi les anciens, peu sont devenus vraiment religieux, nous a confié, pour sa part, Jean-Claude Simon. Mais je peux vous assurer que tous dressent une belle nappe blanche le vendredi soir. »
En 1943, cependant, les rafles se multiplient. Les jeunes du 18, quai du Port, et de ses annexes ont déjà échappé à plusieurs d’entre elles – sûrement grâce à des fuites administratives bienveillantes. Il serait désormais suicidaire de ne pas disperser les enfants. Fin novembre, la maison est « dissoute ».
Commence ce que les cadres des EI – constitués en un réseau de résistance baptisé « la Sixième » – appellent le « planquing » : il faut cacher les enfants. Chez les Moissagais ou dans des familles alentour. Dans les monastères, ou dans les écoles religieuses des environs, comme le collège Sainte-Foye-la-Grande, à Castres. Pour ceux qui parlent encore mal le français – ou avec un accent qui peut les mettre en danger -, des filières sont organisées vers la Suisse ou vers la Palestine via l’Espagne.
Les adultes qui accompagnent les petits fugitifs prennent tous les risques. Certains le paient de leur vie, comme Marianne Cohn, cheftaine d’origine juive allemande, pionnière de Moissac, faite prisonnière à Annemasse alors qu’elle encadre un groupe de 28 enfants pour passer en Suisse. Elle meurt en héroïne, refusant de s’évader, de peur que les Allemands ne se vengent sur les enfants. Elle fut exécutée. Eux survivront.
« La ville doit faire son devoir »
Tous les jeunes du 18 survivront (6). En 1943, juste avant que la maison ne fût dissoute, au moment de disperser les locataires, Shatta et Bouli avaient réuni ceux qui étaient encore là. « Rendez-vous ici, pour le premier shabbat d’après la Libération », leur avaient-ils intimé sans trembler. « Et nous y étions, souffle Jean-Claude Simon. Nous y étions tous. »
L’Histoire a retenu les sauvetages collectifs du Chambon-sur-Lignon, de Dieulefit (Drôme), du Danemark (où la quasi-totalité des juifs du royaume furent exfiltrés en une nuit sur des bateaux pour la Suède), mais semble avoir oublié le cas de ce bourg de Tarn-et-Garonne.
Plusieurs Moissagais ont été décorés justes parmi les nations, à titre individuel (lire ci-dessous). Mais la ville qui – signe étymologique incroyable ! – tire son nom de Moïse, l’enfant sauvé des eaux par la fille de Pharaon, n’a pas été distinguée. Le miracle, pourtant, y eut bien lieu.
Pourquoi là ? Impossible de le dire. Les prises de position de certains édiles et religieux locaux ont probablement joué un grand rôle.
Dès 1939, le sénateur-maire, Roger Delthil, disait compter sur la générosité de la population moissagaise envers les réfugiés, quels qu’ils soient, « parce que, en 1930 [année de la catastrophique crue du Tarn], le malheur ayant fondu sur notre ville, la France entière, dans un admirable mouvement de solidarité, lui a envoyé des millions et des millions. Nous avons une dette à payer ; nous la paierons. […] La ville doit faire son devoir, elle le fera », a-t-il écrit dans une missive envoyée à tous les habitants.
Le 26 août 1942, l’évêque de Montauban, Mgr Pierre-Marie Théas, lui, a ciselé une lettre paroissiale magnifique dans laquelle il fait « entendre la protestation indignée de la conscience chrétienne» et proclame que «tous les hommes, quelles que soient leur race ou leur religion ont droit au respect des individus et des Etats ». Avant de conclure : « Que Dieu console et fortifie ceux qui sont iniquement persécutés ! Qu’il accorde au monde la paix véritable et durable, fondée sur la justice et la charité. »
En bas du document figure la mention : « A lire sans commentaire à toutes les messes dans toutes les églises et chapelles du diocèse, le dimanche 30 août 1942. »
Quelques mois plus tard, le 21 novembre 1942, le même évêque – il fut fait juste parmi les nations, tout comme son ami et frère d’humanité l’archevêque de Toulouse, Mgr Saliège – adressera une lettre circulaire encore plus explicite, enjoignant à tous les établissements religieux du diocèse d’accueillir les juifs expulsés des départements limitrophes.
Soixante-dix ans plus tard, les enfants de Moissac forment une amicale solide, qui se retrouve lors des colloques, des grandes occasions, joyeuses ou tristes.
Certains anciens sont devenus célèbres, comme l’auteur et homme de théâtre Jean-Claude Grumberg, ou feu Marcel Mangel (le mime Marceau). On se donne des nouvelles, on désigne encore les uns et les autres par leur totem – « Tu sais que « Moineau » est professeur à Yale ? » -, on se taquine – « Non mais elle, elle a toujours enquiquiné le monde. Ça fait soixante-dix ans qu’elle est « chouchou ». A Moissac déjà, elle était chouchou de Shatta… »
A chaque rencontre, c’est comme si on s’était quitté au dernier shabbat.
Parfois (mais cela se fait rare), certains tombent aussi sur d’anciens sauveurs, aux visages oubliés. Un jour qu’il fait le marché à Moissac, Jean-Claude Simon, dit « Cookie », remarque ainsi une vieille dame, qui le dévisage longuement. « Mais je vous reconnais : vous êtes le petit aux Simon ! » lui lance-t-elle enfin. La surprise passée d’être interpellé ainsi à 70 ans révolus, il opine. Oui, il est bien le fils de Shatta et Bouli.
« Je suis la boulangère, vous savez : mon mari vous livrait le pain. On a fait tout ce qu’on a pu pour aider vos parents. » Après quelques minutes à évoquer le temps passé, le vieux petit garçon lui demande si elle a songé à faire les démarches pour être reconnue juste parmi les nations. « Oh, non ! décline-t-elle, comme beaucoup le firent avant elle. C’était normal. On a fait ça pour les enfants. »
En mars 2012, la mairie de Moissac a reçu un curieux coup de téléphone.
« Bonjour, mademoiselle. Vous savez, j’ai caché des petits juifs pendant la guerre », a entamé une dame, en faisant rouler quelques vieux cailloux dans son filet de voix d’ancêtre.
Devant le silence de son interlocutrice un peu surprise, la femme a poursuivi: « J’appelle parce que je viens de voir ce qui s’était passé à l’école de Toulouse, où les enfants juifs se sont fait assassiner [c’était juste après la tuerie de Mohamed Merah]. Eh bien, je voulais juste vous dire : je suis encore là s’il y a besoin. Je suis encore là. »
Elle ne s’est pas étendue plus longtemps, la vieille dame. On n’a jamais su son nom. Où était-elle ? Qui avait-elle caché ? Elle demeure une grandeur anonyme. Une spécialité locale.
Notes
(1) Le dernier colloque a eu lieu les 27, 28 et 29 avril. www.des-villes-et-des-justes.com
(2) C’est ainsi que l’on désigne les personnes non juives ayant sauvé des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
(3) Les Enfants de Moissac, 1939-1945, de Catherine Lewertowski, Champs-Histoire, 286 p., 8 €.
(4) Moissac 1939-1945, résistants, justes et juifs, de François Boulet, Ampelos, 166 p., 15 €.
(5) «Rapport sur le groupe rural de Charry», reproduit par François Boulet, op. cit.
(6) Certaines familles juives cachées individuellement à Moissac furent, elles, déportées : 14 personnes en tout, selon l’historien François Boulet. Dont 12 ne sont pas revenues des camps.
Ils ont été faits justes
1. Sous-secrétaire de mairie, Alice Pelous aide Manuel Darrac à fournir les cachets officiels pour les faux papiers des enfants. Une fois la maison dispersée, fin 1943, elle prête son identité à Shatta Simon. Faite juste le 24 juin 1990.
2. Secrétaire de mairie à Moissac, Manuel Darrac contribue à doter chaque enfant de faux papiers sur lesquels il appose d’authentiques cachets.
Il fournit aussi des cartes d’alimentation ainsi que des cartes de séjour pour les éducateurs. En 1944, il transmet aux Simon des adresses où cacher les enfants. Fait juste le 24 juin 1990.
3. Employée de mairie, Henriette Ducom participe elle aussi à la fabrication de faux papiers. Après l’arrivée des Allemands, elle se charge également de trouver des cachettes pour les enfants dans la ville et aux alentours. Faite juste le 16 mai 1989.
4. Le marchand de charbon Jean Gainard approvisionne la maison des enfants de 1939 à 1943. Ensuite, il donne tous ses papiers (jusqu’à son certificat de baptême !) à Henri Wahl, l’un des éclaireurs israélites passés à la Résistance, pour qu’il puisse circuler en sécurité. Fait juste le 1er mai 1989.
5. Avec sa femme Ernestine, Albini Ginisty a caché chez eux une grande partie du matériel de faussaire destiné aux identités d’emprunt. Le couple a aussi caché Jean-Claude Simon. Faits justes le 15 octobre 2013.
6. Alida et Pierre Bourel ainsi que Renée et Henri Bourel ont caché toute la famille Simon. Faits justes le 1er avril 2014.
7. Evêque de Montauban, Pierre-Marie Théas n’est pas moissagais. Mais sa lettre enjoignant à ses paroissiens de faire acte d’hospitalité, de charité et d’humanité vis-à-vis des juifs a joué un grand rôle. Fait juste le 8 juillet 1969.
Source : Mémorial de Yad Vashem.
Histoire, mémoire et piété
Serge Klarsfeld poursuit sans tapage mais sans relâche son œuvre de mémoire fondée sur un rigoureux travail historique. Avec l’association qu’il a créée, Les Filles et Fils des déportés juifs de France, il avait établi et publié il y a quarante ans, sans aide officielle, la liste, convoi par convoi, des 75 721 déportés juifs sous l’Occupation dans le Mémorial de la déportation des juifs de France (1978). Ce travail pionnier et la somme de documents administratifs français et allemands qu’il avait retrouvés et présentés dans Vichy-Auschwitz. Le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France (1983) constituèrent les matériaux de départ de nombre de travaux historiques et de procédures judiciaires.
Cette œuvre essentielle accomplie, Serge Klarsfeld a ensuite publié en 1994 le Mémorial des enfants juifs déportés de France (traduit en anglais en 1996). Ce volume de 1 600 pages donnait une identité à une partie des 11 400 enfants juifs (la plupart de nationalité française) déportés de France et disparus dans les camps nazis d’extermination. A la suite de longues recherches avec les militants de son association, il avait réussi à rassembler pour 1 533 de ces enfants ce qu’il reste de leurs traces : état civil, adresse, éléments de leur parcours tragique, sort de leur famille. Et des photos de leurs jeunes visages souriant à la vie. Depuis ce premier travail colossal diffusé dans le monde entier, des informations relatives à plusieurs centaines d’autres enfants ont été portées à la connaissance de Serge Klarsfeld qui peut publier, vingt-deux ans après, un second tome de cet ouvrage sacré. C’est désormais 4 700 de ces enfants martyrs qui ont retrouvé un visage.
Le Mémorial des enfants juifs déportés de France, de Serge Klarsfeld, t. 2, 1 872 p.
Disponible auprès de l’association Les Filles et Fils de déportés juifs de France,
32, rue La Boétie, 75008 Paris.
Tél. : 01 45 61 18 78.
Par Anne Rosencher
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