Histoire des peuples

Les Phéniciens: une identité volontairement occultée

Il n’y a pas, dira-t-on aujourd’hui, d’objectivité absolue à l’Histoire. Les Historiens nous montrent une réalité sous un angle précis, le plus large possible, tout en étant conscient qu’il existe d’autres facettes de la chose.

Bref, sans remettre en question leurs convictions, les historiens sont naturellement prêts à admettre que l’écriture de l’Histoire n’est jamais achevée. Elle connaît des améliorations, des perfectionnements. Ceux-ci dépendent des nouvelles découvertes archéologiques qui se greffent sur une solide base de connaissances, le fruit du travail de centaines d’historiens.

Et pourtant cette assurance sereine est loin de refléter une quelconque fidélité à la vérité historique. Prenons un exemple bien connu, celui des « Phéniciens » et leurs descendants « Carthaginois ».

Les « Etudes phéniciennes » sont un département académique où s’écrivent de nombreuses thèses d’Université, a priori sérieuses et étayées. Néanmoins, ces « Etudes phéniciennes » sont plutôt problématiques : le terme même de « Phénicie », son origine, son étymologie, sa signification, sont eux-mêmes sujets à polémique.

D’où vient donc cette appellation de Phénicie – adoptée à l’unanimité par l’Historiographie scientifique, et même, comble de l’absurde, par sa branche israélienne !, et qui est désormais devenu un consensus général et incontestable?

Et les « Phéniciens » eux-mêmes? Se nommaient-ils « Phéniciens »?

D’ailleurs, cette dénomination qui est non seulement un anachronisme grossier, mais un péjoratif dans la bouche des Grecs qui les nommèrent de la sorte, est véritablement une offense à leur égard ! Pire ! Une trahison de la part des ‘Historiens’ modernes qui se targuent d’objectivité scientifique et qui persistent à en faire usage.

Il y eut d’autres cas de « trahisons sémantiques » sur lesquels nous ne nous étendrons pas. Mais nous mentionnerons brièvement deux exemples de ces cas :

1. « Palestine » : L’usage général de ce terme est l’apanage de tous les auto-intronisés « Nouveaux Historiens ». Au point où certains d’entre eux particulièrement sans vergogne vont même jusqu’à parler de « Jésus le palestinien », alors que le terme de Palestine n’apparaît pas une seule fois dans les Evangiles, mais Judée, Samarie, Galilée et Israël sont mentionnés des dizaines de fois. Dire « Jésus le palestinien » est en fait bien plus qu’un anachronisme débile. C’est véritablement une odieuse manipulation propagandiste de la part de ces « Nouveaux Historiens ».

Quelle est donc l’étymologie de ce « nom propre » qui n’en est pas un?

En fait « palestine » est un substantif au masculin-pluriel formé à partir d’une racine verbale hébraïque qui signifie « envahisseurs », « occupants », « intrus », qualificatif par lequel les Hébreux d’antan nommaient des envahisseurs venus des îles de la Mer Egée, et particulièrement de la Crête, les fameux « philistins » de la Bible.

L’usage du mot ‘Palestine’ ne se répandit qu’après l’écrasement de la révolte des Hébreux judéens et samaritains par l’occupant romain (en 135 après J.-C) afin d’effacer toute trace de l’identité véritable du peuple indigène et de sa patrie. Faire usage du terme abject « Palestine » revient donc à perpétuer l’insulte faite aux Hébreux en 135 après J.-C !

2. « Amérique » ou pire « Amérindien » : On peut lire dans les manuels scolaires que « il y a mille ans, les indiens d’Amérique étaient organisés en clans ». La formule est tellement banale que l’aberration n’interpelle plus personne. Et pourtant, l’anachronisme saute aux yeux, puisque, il y a mille ans, personne ne répondait à l’appellation ‘d’indiens d’Amérique’. De plus, l’expression ‘indiens d’Amérique’ est lourde de connotations. En effet, ‘indien’ vient d’une confusion de la part de Christophe Colomb. Quant à ‘Amérique’, il vient du prénom d’Amerigo Vespucci, rendu tristement célèbre par les massacres « d’indigènes » qu’il organisa.

Nommer les autochtones de ce continent « Indiens d’Amérique » (on lui préféra le terme Abya Yala, voir Les droits des peuples premiers ) est donc ici plus qu’une trahison. Elle impose aux victimes l’identité que leurs bourreaux ont forgée pour eux. Exactement comme le mot « Palestine ».

Peut-on, pour cette fois encore, plaider l’ignorance des faits, ou même un manque de sensibilité vis-à-vis du « vaincu de l’histoire » ? On est en droit d’en douter. Les Historiens modernes se rangeraient-ils systématiquement du côté des vainqueurs, pour adhérer à leurs idées, et même à leur manière de déconsidérer le vaincu?

L’exemple le plus probant de cet état de fait est sans doute celui des « Phéniciens », ce peuple qui a été triplement vaincu de l’Histoire : militairement par les Romains, culturellement par le judaïsme, et physiquement par les hordes conquérantes arabo-musulmanes. C’est ce qui rend tout particulièrement tenace les idées reçues à leur sujet.

I. Un peuple de marchands?

Monnaie « phénicienne », portant une inscription en paléo-hébreu mentionnant la ville de Tyr (çor en hébreu).

Le négoce, c’est l’association immédiate qui vient à l’esprit quand on entend ‘Phénicien’. D’origine grecque, ce mot poïniké signifierait le pourpre (extrait du Murex Brandaris), ou bien une épice rouge (comme le paprika), ou encore le fruit du palmier-dattier. Mais cette acception qui les prive de toute dimension de peuple pour les réduire à une guilde de marchands, est une grave erreur de compréhension ou le fruit d’un terrible malentendu linguistique.

En effet, le dénominateur commun des choses désignées par le terme grec pïoniké (le pourpre, le paprika ou la datte) est leur couleur rougeâtre. Or, en hébreu (et donc en phénicien), adom signifie à la fois rouge, homme, terre (ce qui n’a rien d’étonnant dans un pays recouvert de terra rossa). Le terme grec poïniké ne serait donc pas un qualificatif dénonçant un mercantilisme forcené autant que méprisable, mais bien la traduction en grec de l’hébreu ‘adam’, c’est-à-dire l’homme.

Les Phéniciens ne sont d’ailleurs pas les seuls à répondre à cette appellation. D’autres peuplades hébreues, de la rive est du Jourdain, les Edomites ou Iduméens (Edoumim en hébreu), se définissaient exactement de la même façon.

Mais à côté des « nobles » préoccupations politiques des Grecs ou des Romains (celles qui visaient à faire main-basse sur d’autres peuples et surtout sur leurs biens), il fallait bien faire de leurs concurrents Hébreux-Phéniciens de vils marchands. Déjà, Homère pestait contre « ces gens de Phénicie, ces marins rapaces, qui dans leur noir vaisseau, ont mille camelotes. » (note : Odyssée, 15, 415). Il fut suivi par une longue tradition ‘d’Historiens’ qui diffusèrent et amplifièrent la diffamation.

Or, ces Hommes-Phéniciens (et leurs descendants Carthaginois), n’étaient pas que des « marins rapaces ». Ils étaient également les pionniers dans un très grand nombre de domaines.

Depuis le travail des métaux jusqu’aux principes de navigation maritime, en passant par les constructions navales (les fameuses trirèmes puniques) et terrestres (les architectes carthaginois construisaient des immeubles de six étages habitables). En fait, ils étaient bien plus avancés que les Grecs et les Romains. Ceux-ci, d’ailleurs, ne tarissaient pas d’éloges devant l’ouvrage d’agronomie de Magon le Carthaginois.


Ils étaient des explorateurs intrépides, les premiers à avoir franchi la « passe de Melqart » (le détroit de Gibraltar). Le récit du ‘périple de Hannon’ décrit une exploration poussée de la côte atlantique de l’Afrique.

Mais il y a ‘pire’ encore. Les Phéniciens ont aussi largement exploré l’Europe tout entière, depuis la vallée du Rhône jusqu’aux côtes de Bretagne et même d’Ecosse. Le terme Europe lui-même est tiré de la racine hébraïque ‘ERV, qui signifie « le coucher de soleil », c’est-à-dire l’ouest, l’occident, donc l’Europe (note : la raison pour laquelle Europa est, dans les médaillons antiques, représentée par un saule en devient clair : le saule en hébreu se dit arava, donc le féminin de ‘erev. (Voir Adyah Horon. Gourevitch ; Erev veKedem, Ed Dvir, 2000).

Ainsi, les Phéniciens ont développé des relations étroites avec de nombreux peuples d’Europe, depuis l’Ibérie au sud (en deçà et au-delà du fleuve Ebre, – on retrouve encore une fois la racine hébraïque ‘ebr’ = Hébreu, dans Ibérie et Ebre), jusqu’aux Hébrides et à l’Eire (noms également dérivés de la racine ‘ebr selon Adyah Horon qui fait la remarque que certains celtes nommaient jadis leur pays Evrin, qui s’est ultérieurement transformé en Eire). De même, sur la côte méditerranéenne nord (comprenant aujourd’hui l’Italie, la Corse, la Sardaigne, la Yougoslavie, la Grèce, le sud et l’est de la Turquie), on retrouve des traces de ces Phéniciens. sous formes d’inscriptions en hébreu, de noms de villes, de rivières et de montagnes.

Dans ces relations, il n’est nullement question de conquête ou de guerre dévastatrice, mais, dans la plupart des cas, de rapports pacifiques, véritables ‘échanges culturels et de civilisation’. Même pour les auteurs de ‘l’Univers phénicien’ (note : op. cit., p. 240), « Les phéniciens n’ont été en aucun moment des colonisateurs, et c’est peut-être cette raison qui explique la stabilité de leur présence en Méditerranée. ».

Cet apport civilisateur s’est étendu à toutes les contrées où les amenait leur curiosité, et surtout en Afrique du nord, et tout particulièrement en Tunisie où ils ne se contentèrent pas d’établir des comptoirs portuaires, mais nouèrent des relations stables avec les autochtones Berbères et les Numides. C’est là qu’ils développèrent une civilisation remarquable (qui dépassa et de loin celles qui l’ont supplantée), et en premier lieu la République de Carthage, la première république démocratique au monde !.

Ces Hébreux-Phéniciens qui ne se sont eux-mêmes jamais appelés « Phéniciens » et qui se dénommaient naturellement « Fils d’Adam », « Adaméens », ou encore « Qadméens », de la racine QDM, ce qui en hébreu signifie ‘le Levant’, auraient voulu que l’on reconnaisse ce qu’ils ont apporté à l’humanité, et à l’Europe en premier chef.

D’ailleurs, selon Hérodote, Qadmos est le « frère aîné de Europa, et c’est lui « qui introduisit en Grèce l’Alphabet » (duquel descend aussi l’alphabet latin !).

Ce qui en dit long sur l’ascendant culturel des Phéniciens sur les Grecs et les Romains. Tout cela est bien loin de l’image calomnieuse de parasites, d’obscurs et avides trafiquants.

Mais sous la plume de Louis Siret, les Phéniciens sont des « parasites qui n’ont jamais eu un art propre. » (note : cité par M Gras, P Rouillard et J Teixidor, L’Univers Phénicien, Paris, Arthaud, 1989). Les Phéniciens y sont dépeints dans la posture de camelots ambulants, sillonnant la Méditerranée, fourbes d’esprit, aussi âpres au gain que dénués de tout sentiment ‘national’. On aura reconnu ici les thèmes majeurs de la haine racialiste contre les ‘Juifs’.

De ce point de vue, les Phéniciens font figure d’ultime boutoir. Ils représentent le chaînon manquant, qui aurait (prétendument) disparu de « bonne grâce ». Ce qui est bien pratique pour ceux qui ont tout fait pour faire « disparaître » un peuple aussi « vil avec sa manie quasi-obsessionnelle du lucre ».

Certains de ces ‘Historiens’ comme Vacher de Lapouge, se sont alors demandés comment était-il possible que Dieu ait choisi les Israélites comme « peuple élu » alors qu’ils sont si « semblables aux odieux Phéniciens » ? Son explication est cinglante : le peuple d’Israël aurait été victime d’une « phénicisation » progressive : « … le peuple d’Israël était profondément phénicisé…. Des phéniciens, voilà ce qu’il faut voir dans la majorité des juifs de race pure… » (note : G Vacher de Lapouge, les Sélections sociales, p. 136-137, Fontemoing, Paris, 1896).

Bref, les Phéniciens furent non seulement délégitimisés en tant que peuple, mais encore démonisés avec la (pseudo) « abominable pratique de sacrifices humains perpétrée au Tophet de Carthage et dans toutes les comptoirs phéniciens ».

Cette horreur feinte de la part des ennemis des Phéniciens qui ont colporté l’ignoble calomnie, ne cacherait-elle pas en filigrane une sorte de ‘justification’ de la destruction de Carthage par les Romains ? On est en droit de le penser, parce que cette calomnie fut à l’origine propagée par ces mêmes Romains.

Or une telle accusation a de quoi révolter.

Tout d’abord parce qu’à cette époque, ce sont les Romains qui pratiquaient couramment des sacrifices humains. Les riches notables de Rome ne manquaient pas, lors de la construction d’une nouvelle bâtisse, de sacrifier un esclave (acheté spécialement pour la circonstance) et de répandre son sang sur les fondations. Sans évoquer les distractions morbides que constituaient les sanguinaires combats de gladiateurs.

Mais lorsqu’on évoque la « grandeur de Rome », cette accusation d’avoir pratiqué des sacrifices humains est soigneusement cachée, et ce pour mieux la faire retomber sur les Carthaginois ! On préfère glorifier le ‘génie militaire’, les institutions, le sénat, et la grande ‘piété’ du peuple Romain, mais non pas mentionner ses abominations.

Par contre, à l’égard des Carthaginois, point d’amnésie consciente ! La calomnie, encore et toujours ! Au point où cette accusation s’est métamorphosée en une vérité historique indubitable, de la part d’Historiens malveillants et jusques romanciers, comme Flaubert et sa mise en scène macabre d’un Moloch ogre d’enfants dans son célèbre roman ‘Salammbô’.

Cette image d’Epinal s’est également nourrie des descriptions bibliques sur une cérémonie d’initiation par le feu célébrée par des Hébreux polythéistes (décriée par le ‘prophète’ monothéiste Jérémie – Voir Jérémie VII, 31-31 et XIX, 6), et mal comprise ou mal interprétée.

D’ailleurs les tout récents travaux sur les cendres d’os, ainsi que les dédicaces, trouvées sur les nécropoles de Carthage, les fameux ‘Tophet’, infirment la calomnie. ‘Tophet’ n’est pas du tout un terme énigmatique et menaçant, comme certains le prétendent. Il désigne simplement un site où se pratiquait l’incinération des os des défunts, et en particulier l’incinération des avortons, des bébés mort-nés ainsi que des nourrissons non-sevrés et décédés en bas-âge (note : Sabatino Moscati, 1987, Il sacrificio punico dei fanciulli : realta o invenzione ? Rendiconti dell’Accad. Dei Lincei, 261, p.3-7).

Pourtant, les découvertes archéologiques n’étaient pas indispensables pour réfuter la calomnie à l’encontre des Carthaginois, puisque le ‘prophète’ Amos parle déjà de cette coutume d’incinération: « Et son oncle, chargé de l’incinération, emportera ses os » (Amos, 6, 10). S’il s’agissait de sacrifices humains, il est impensable que le ‘prophète’ monothéiste Amos ne se soit pas indigné et n’ait point condamné une telle pratique au lieu de l’encenser.

En effet, en hébreu (la langue des Phéniciens et des Carthaginois faut-il le rappeler), tophet vient de la racine tuwf = incinération, brûlement. Les malheureux parents immolaient souvent une bête de substitution, à côté de l’enfant défunt, probablement pour s’assurer la promesse d’une nouvelle descendance. C’est la promiscuité des os d’enfants et d’agneaux incinérés qui est à l’origine de cette légende diffamatoire qui persiste autant dans l’imaginaire populaire que dans les écrits des « spécialistes » de Carthage.

Le dénigrement systématique des Carthaginois, jusqu’à leur refuser un statut de peuple, cache des intérêts bien plus sordides. Les Carthaginois représentaient tout simplement une dangereuse concurrence pour l’activité maritime des Grecs et des Romains. Il fallait donc s’en débarrasser !

Le plus désolant est que même l’extraordinaire apport culturel des Phéniciens et des Carthaginois se trouva exploité par l’entreprise de leur délégitime générale : censés avoir eu un rôle civilisateur à jouer dans l’Histoire, leur existence serait ensuite devenue « inutile ».

On retrouve ici la thématique généralement appliquée au peuple Juif (on devrait dire pour être plus précis ‘peuple Hébreu’), considéré comme un véritable ‘fossile vivant’ qui refuse d’accepter le ‘verdict de l’Histoire’ (c’est-à-dire celui des vainqueurs).

Il est cependant question ici de la version ‘positive’. Contrairement aux « emmerdeurs Juifs’ » les Phéniciens auraient su ‘élégamment disparaître’ de la scène de l’Histoire, et même sans laisser de traces.

Voici comment Gumplowicz formule cette idée (note : L. Gumplowicz, La lutte des races, p. 212, Trad. Guillaumin, Paris, 1893) :

« Guidés par des instincts absolument égoïstes, tendant au gain matériel par la ruse et la fourberie, ils rendirent cependant les plus grands services à la civilisation et à l’humanité, et en particulier à l’Europe. L’Europe, sans les phéniciens, ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui…Peuple habile, les phéniciens surent disparaître opportunément. Doués d’un sentiment cosmopolite exact, ils n’estimèrent pas que leur civilisation ‘nationale’ valût la haine et l’hostilité universelle. Ils s’évanouirent dans les peuples au milieu desquels ils habitaient ; et, de la sorte, ils remplirent plus fidèlement et exactement, si l’on peut s’exprimer ainsi, les intentions du processus naturel historique, que s’ils avaient sauvegardé avec une ténacité inopportune et antinaturelle, pendant de long siècles, leur nationalité à laquelle ils survivaient… ».

Le lecteur appréciera la ‘valeur scientifique’ de l’idée d’holocauste collectif d’un peuple (qui après tout, n’est qu’un « ramassis de marchands ») ayant renoncer à son identité culturelle et ethnique « pour le bien des civilisations supérieures ».

C’est ainsi faire fi de la résistance héroïque des Carthaginois devant l’occupant romain, au travers plus de 3 ans d’un siège dont l’issue leur fut fatale, ou bien celle des Tyriens qui résistèrent à un siège de plus de 13 ans de leur ville (et dont la Bible se fait l’écho tragique, voir Ezéchiel, chap 26-27), ce qui est probablement un record dans le genre.

Mais ces clichés venus du XIXième siècle ont la vie dure, puisqu’ils sont récupérés tels quels (en y ôtant, modernisme gauchiste oblige, les connotations racialistes) dans les ouvrages récents sur la question. Par exemple, on peut lire la prose suivante dans ‘Carthage’ (note : S Lancel, Carthage, Paris, Fayard, 1992, p. 325). « Au risque – pour nous bien évidemment perceptible – d’altérer très vite la culture orientale et sémitique dont elle était porteuse….Ce risque de pénétration et, à la limite, de perte d’identité, était d’autant plus grand que la culture phénicienne d’origine se caractérisait déjà par une grande porosité. » (Sic !)

II. La propagande dissimulée sous l’usage de « langue phénicienne » ou « langue punique »

Les Phéniciens et les Carthaginois parlaient l’hébreu. Sur ce point, s’accordent même leurs détracteurs les plus acharnés. Du moins jusqu’au XIXième siècle : l’hébreu biblique ne diffère que de l’épaisseur d’un cheveu d’un patois du dialecte phénicien de Tyr et de Carthage….» (note : G Vacher de Lapouge, les Sélections sociales, p. 136-137, Fontemoing, Paris, 1896).

Par contre, les « Nouveaux Historiens » parlent tout autrement. Selon Serge Lancel (note: L’Univers phénicien, op. cit. p.369), « Les phéniciens parlaient … le punique, une langue ouest-sémitique ».

Cette « langue de bois » sur le ‘punique’ ne peut occulter le fait que d’après ce même Serge Lancel « Le phénicien et l’hébreu sont deux langues cananéennes très proches l’une de l’autre. » (note : op. cit., p.30).

Certes, « très proches » ne signifierait pas pour autant identiques, mais simplement appartenant à la même ‘famille linguistique’. Néanmoins que Mr Lancel nous dise en quoi l’hébreu et le phénicien (ou le punique) diffèrent ?

Et que s’est-il passé entre le XIXième siècle et le XXème siècle pour que ces deux langues se séparent?

Réponse : rien ! Ou plutôt, si ! Quelque chose s’est passée : la propagande palestiniste et l’usage systématique de la langue de bois avec la terminologie langue ouest-sémitique afin de ne pas dire langue hébraïque, expression qui semble brûler les lèvres des panarabistes palestinistes et leurs affidés gauchos-bobos européens.

Malheureusement pour eux, les inscriptions en paléo-hébreu trouvées dans les fouilles archéologiques à Carthage ont toujours confirmé la parfaite identité entre l’hébreu et le phénicien ou punique.

Alors ces « Nouveaux Historiens » en viennent à justifier cette distinction de la manière suivante : « il existe des différences lexicales et grammaticales. Le a du sémitique commun est prononcé a en hébreu mais devient o en phénicien ».

S’appuyant sur des vétilles de cette sorte, il faudrait décomposer le français en une « famille de dialectes proches », comme par exemple la langue des Parisiens, des Marseillais, des Lyonnais, des Toulousains, et même celle des habitants de Maubeuge !
La chose est d’autant plus grotesque que les voyelles ne s’écrivent pas en hébreu ! Et ni non plus en phénicien ou en punique ! Si bien qu’il est impossible de décider comment s’y prononçait le a.

Alors, de quoi s’agit-il? A qui peut donc bénéficier la séparation fictive (et sa pseudo caution ‘scientifique’) entre l’hébreu et le phénicien ou le punique? Le déterminer nous aidera- t-il à comprendre les causes de ces aberrations historiques?

En effet, les Historiens qui se respectent confirment que les « Phéniciens étaient un peuple indigène en Canaan », affirmation reposant sur l’archéologie et l’identification des premières traces historiques de ces Phéniciens, datant de près de 6000 ans ! Or si Phéniciens et Hébreux ne sont en fait qu’un seul et même peuple parlant une seule et même langue, cela signifie que les Hébreux étaient aussi des autochtones au « Pays de Canaan » !

Ce qui contredit à la fois la Bible judaïque et sa propagande monothéiste, mais aussi la propagande panarabiste palestiniste ! Faire des Phéniciens un peuple à part simplifie donc bien des choses, à la fois pour la propagande judaïque monothéiste que pour la propagande panarabiste palestiniste !

Propagandistes de tout horizon théologique et idéologique, unissez-vous ! », devrait-on dire !

Le ‘hic’ est qu’il est plus facile de trafiquer l’Histoire que de violer une langue.

Or la langue hébraïque (donc phénicienne, donc punique) a conservé jusqu’aujourd’hui les traces de son indigénisme au Pays de Canaan. Par le biais des quatre points cardinaux.

En effet, si en égyptien antique, la Méditerranée est nommée la ‘mer septentrionale’, donc la mer du nord (ce qui est logique, puisque la Méditerranée se trouve effectivement au nord de l’Egypte), en hébreu (comme en phénicien et en punique) par contre, la Méditerranée s’appelle la « la mer de l’ouest », ce qui correspond exactement à l’expression hébraïque ‘hayam haaharon’ (voir par exemple Deut. 54, 2), qui désigne la Méditerranée comme la ‘mer derrière moi’.

Et cela, par rapport à l’est (le levant) qui se dit Qedem, donc ‘ce qui est devant moi’, au nord qui se dit ‘ma gauche’ (smol), et au sud, qui se dit ‘ma droite’ (yamin, ce qui correspond aujourd’hui au Yémen) (voir par exemple Genèse 13, 9).

Ces repères d’orientation des points cardinaux conviennent uniquement à un peuple habitant la côte est de la Méditerranée, et prenant le lever de soleil comme référence (en hébreu, citoyen se dit ezrah, c’est-à-dire ‘celui qui se réfère au soleil levant’).
Mais cela ne convient à aucun autre peuple du bassin méditerranéen !!!

Et surtout pas à la légende biblique d’Abraham le pseudo « ancêtre des Hébreux » arrivant en Canaan sous l’injonction divine à partir de la Mésopotamie (Voir l’article Le patriarche Abraham a-t-il existé ?). Parce que, dans ce cas, la Méditerranée se trouve devant Abraham, le sud à sa gauche, le nord à sa droite, et l’est derrière lui ! Tout le contraire de ce que dit la langue hébraïque, à moins de supposer qu’Abraham ait fait son pèlerinage à reculons !…

Ce n’est pas là la seule indication de l’identité ethnique, culturelle et linguistique commune entre les Hébreux et les Phéniciens et leurs descendants Carthaginois.

Les Phéniciens qui fondèrent Carthage nommèrent le sol sur lequel ils débarquèrent Taenosh (qui donnera plus tard ‘Tunis’). Or Taenosh signifie en paléo-hébreu « terre des hommes ». Le nom de Carthage lui-même vient de l’hébreu ‘qarta hadashat’, qui signifie ‘cité nouvelle’. Qarta, était une des villes du pays d’origine des Phéniciens, et en fait la ‘ville refuge’ de la tribu nordique de Zebulon, une des principales tribus de la confédération israélite nommé « Israël » (ou selon la prononciation en hébreu nordique « Ishraël »).

Dans la Bible, il est dit de cette tribu : « Zebulon, peuple téméraire qui défie la mort » (Juges, 5, 18), ou encore « Soit heureux Zebulon … grâce à l’opulence des mers et aux trésors cachés dans le sable » (Deutéronome, 33, 18).

Et pour dissiper tous les doutes quant à la ‘parenté ethnique’ de cette tribu israélite avec les Phéniciens (et les Carthaginois), il est dit dans le Pentateuque (Genèse 49, 18) : « Zébulon réside sur le littoral des mers, il offre des ports aux vaisseaux, et sa plage côtoie Sidon » .

Le parallèle absolu entre les Zébuloniens et ce que l’on sait des Phéniciens et des Carthaginois ne peut laisser indifférent.

Le nom de Zébulon (« Bneï Zboulon » en hébreu signifie « Fils de Zeboul », le Dieu de la fertilité, encore appelé Ba’al Zeboul, et devenu en français le démoniaque « Belzebuth ») se retrouve dans celui de la reine Yzebel (transcrit en français Jezabel et dont dérive le prénom Isabelle). Et d’ailleurs, Yzebel, la fille d’EthBa’al le roi de Tyr et de Sidon, épousa Achab le Roi d’Israël, et leur fille ‘Atalyah devint reine d’Israël.

Les raisons profondes de l’occultation de l’identité ethnique originelle des Phéniciens et de leurs descendants Carthaginois commencent à se dessiner :

D’une part, le judaïsme se prétendant l’héritier exclusif du patrimoine hébraïque, est vivement intéressé à faire disparaître de la scène de l’Histoire ces Hébreux polythéistes !

Les Phéniciens n’ont d’ailleurs pas été les seules victimes. Non seulement les Hébreux-Cananéens polythéistes mais aussi les autres Hébreux polythéistes vivant au sud et à l’est du Jourdain (Amalécites, Midyanites, Ammonites, Moabites etc…) se virent déshéritées de leur identité hébraïque. Et cela, parce qu’ils refusèrent de se soumettre au monothéisme judaïque.

D’autre part, l’évocation de la présence hébreue-phénicienne en Afrique du Nord risquait de « blesser la susceptibilité et l’orgueil des arabo-musulmans ». Il fallait donc la taire ! Là encore, les « Nouveaux Historiens » se sont faits les chaouchs et les porte-voix de cette grossière prédation, non sans y rajouter le prétendu ‘label de l’objectivité scientifique’.

D’autant plus que les arabo-musulmans sont des conquérants étrangers en Afrique du Nord, et que la plupart des Juifs d’Afrique du Nord, et surtout des Juifs de Tunisie ne sont rien d’autre que les descendants des Carthaginois ! Ils étaient donc en Tunisie, plus de 1500 ans avant les conquérants arabo-musulmans.

Seuls les autochtones berbères pouvaient se targuer d’une présence plus ancienne. Et si les Hébreux juifs de Tunisie sont des descendants des Hébreux-Carthaginois, cela signifie que les Hébreux-Phéniciens de la mère-patrie en Israël de jadis, y vivaient plus de 3000 ans avant la conquête arabo-musulmane au VIIème siècle après J.-C. !

Cette discordance avec le mythe d’un « peuple palestinien arabo-musulman indigène en Palestine » risquait de réduire en poussière la propagande panarabiste. Il fallait donc à tout prix faire disparaître des livres d’Histoire le lien ethnique entre Hébreux et Phéniciens et leurs descendants Carthaginois. Même la toponymie des sites antiques en Tunisie est à présent affiliée à l’arabe et non plus à l’hébreu. (note : Pour Serge Lancel ‘Carthage’ p. 112, « tous les toponymes débutant par le radical sémitique « rus » – c’est l’arabe ras, cap, tête »).


Et pourtant, les noms de ces sites antiques en Tunisie ont tous leurs homonymes en Israël, et ne trouvent leur signification véritable qu’en leur langue originelle : l’hébreu.

Par exemple, Roshgun signifie La tête du jardin. Roshpina, La tête d’angle, Russicade, signifie La tête de jarre. Et pour prendre des exemples plus connus : Uttique (‘Atiq) signifie L’ancienne (c’est-à-dire avant Carthage), Jericho (Yeriho) signifie La lunaison.
Dans tous ces exemples, la référence à l’arabe au lieu de l’hébreu vide les termes de leur sens.

De même, les noms propres chers à nos livres scolaires, tels Hannibal (en hébreu, Hani Ba’al « le Dieu Ba’al a eu pitié »), Asdrubal (en hébreu, Azar Ba’al « le Dieu Ba’al a aidé »), Hamilcar (en hébreu, ‘Amil Qart « le créateur de la cité ») etc… sont tous des noms hébreux.

L’illustre archéologue Nahum Schlouz fit le relevé de plus de 200 toponymes, tous en hébreu ! Et aucun en arabe !

Mais dans cette entreprise de ‘naturalisation’ de la conquête arabo-musulmane, il était impossible d’occulter totalement l’origine ethnique hébraïque des Phéniciens. Il ne restait plus qu’une solution : voir en eux non pas des Hébreux mais des « Sémites », fourre-tout bien utile pour y inclure les ‘Arabes’, eux qui semèrent ruine et désolation en Afrique du Nord.

Cette ‘récupération’ est patente dans les ouvrages « d’Histoire des Phéniciens ».


Ainsi un Serge Lancel, dans son ‘Carthage’ (note : op. cit. p. 457) ose affirmer : « La fin du monde antique en Afrique du Nord a favorisé la constitution d’isolats culturels : gageons que des poches de punicophones subsistaient encore quand 150 ans plus tard, d’autres sémites venus d’Arabie implantèrent dans ce qui s’appela le Maghreb un Islam encore tout neuf. Et il ne manque pas de bons esprits pour penser que cet Islam et son environnement culturel y trouvèrent un terreau tout préparé. ».

Bien entendu, il n’est dans tout le torchon-ouvrage de Mr Lancel jamais fait mention des communautés juives d’Afrique du Nord qui se sont en fait constituées de Carthaginois judaïsés. Dans le contexte géopolitique de notre époque, il est bien plus ‘political-correct’ de parler de « punicophones », et d’y voir des précurseurs de l’invasion arabe.
En plus, cette filiation artificielle permet de repousser de 1500 ans en arrière la mainmise et la conquête arabo-musulmane sur l’Afrique du Nord, ce qui ne la justifie que davantage.

De la même manière, le ‘flou artistique’ entretenu au sujet d’autres descendants des Hébreux-Phéniciens, comme les Libanais (principalement les chrétiens), n’est pas une simple lacune ou maladresse de la part de ces Historiens affidés au panarabisme islamique.

Il n’est pas non plus le fruit d’une ignorance, mais de la pure manipulation propagandiste! Le moyen le plus sûr pour délégitimer la revendication identitaire originelle de ces Libanais en tant qu’Hébreux qui ont subi le drame de l’invasion arabo-musulmane de leur patrie ancestrale !

De telles manipulations propagandistes sont une insulte à la rigueur scientifique exigée des Historiens.


Ceux-ci ne peuvent pas ignorer les travaux de leurs prédécesseurs, ni même les découvertes de l’archéologie, attestant de l’hébraité des Phéniciens et de leurs descendants Carthaginois. Il s’agit plutôt d’aberrations délibérées, qui font de certains de ces Historiens des collabos du panarabisme islamique. Et c’est justement pourquoi ils persistent à nier ce qui était une évidence au XIXième siècle : les Phéniciens et de leurs descendants Carthaginois, étaient des Hébreux !


Les descendants des Hébreux-Phéniciens-Carthaginois sont donc les victimes de cette ignoble occultation.

Ils partagent ce sort avec les innombrables victimes de l’Histoire, de celle écrite par les vainqueurs et qui aujourd’hui crée les nouvelles victimes des ‘Nouveaux Historiens’. Un jour viendra où ces pseudo Historiens seront mis au pilori pour être juger par la vérité historique qu’ils ont tant œuvré à dissimuler et à détruire.

Il ne nous reste plus qu’à relever le défi. Ecoutons en cela l’appel de Patrick Girard, l’auteur de « Hasdrubal, Les bûchers de Megara » ( note : Edition 1, Paris, 2000) :

« Une nouvelle Carthage renaîtra. Ce ne serait que justice car ce nom ne peut disparaître de la mémoire des hommes. Et les meilleurs d’entre eux feront en sorte de se proclamer nos héritiers et nos continuateurs. Même si cela déplaît à ceux qui les gouverneront. »

Cet article est un hommage à Adyah Horon (1907-1972), qui oeuvra sur le site d’Ougarit avec le célèbre archéologue Charles Virolleaud. Philologue visionnaire, il fut le pionnier de la redécouverte de la véritable identité hébreue des ‘Phéniciens’.

David A. Belhassen
https://davidbelhassen.blogspot.com/


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