Un document a révélé que le général Franco a remis aux nazis une liste des Juifs espagnols

Francisco Franco, l’ancien dictateur fasciste d’Espagne, a donné aux nazis une liste de tous les Juifs de son pays afin de faciliter les efforts pour les localiser, les déporter et les détruire, selon un document trouvé en 2010 dans une archive espagnole et rapporté par le quotidien espagnol El Pais.

Le journal a déclaré qu’en 1941, l’Espagne avait préparé une liste des 6 000 Juifs de son territoire et l’avait remise à l’architecte de la solution finale des nazis, Heinrich Himmler. À l’époque, l’Espagne et l’Allemagne négociaient l’entrée de l’Espagne dans l’alliance de l’Axe.

En fin de compte, cependant, aucune alliance n’a été signée et l’Espagne est restée neutre tout au long de la Seconde Guerre mondiale.

Après la défaite des nazis en 1945, le gouvernement espagnol a tenté de détruire toute preuve de sa coopération avec les Allemands. Mais le document retrouvé dans une archive de la ville de Saragosse, dans le nord-est de l’Espagne, met en lumière ce que Franco cherchait à cacher.

Le document est un ordre officiel, daté du 13 mai 1941, émis par le chef de la sécurité de Franco, Jose Maria Finat y Escriva de Romani, à tous les gouverneurs de province. Il leur demande de dresser une liste de tous les Juifs de leur quartier, résidents locaux et étrangers, ainsi que des détails sur « leurs tendances personnelles et politiques, leurs moyens de subvenir à leurs besoins, leur activité commerciale, le niveau de menace qu’ils constituent et leur sécurité ».

Himmler a également demandé que la liste inclue les Juifs qui s’étaient convertis au christianisme.

Les gouverneurs de province ont été invités à faire des efforts particuliers pour localiser les Juifs séfarades, descendants de ceux qui ont été expulsés en 1492, car ils ont pu se cacher parmi la population locale en raison de leur capacité à parler le ladino, un dialecte juif largement basé sur Espagnol.

« Leur adaptation à notre environnement et leur tempérament similaire leur permettent de cacher plus facilement leur origine », explique l’ordre. « Ces gens ne se démarquent pas, et il est donc particulièrement difficile de déjouer leurs efforts de subversion. »

L’ordre fait référence aux Juifs comme « cette race infâme ».

Peu de temps avant la préparation de la liste, Romani et Himmler ont assisté ensemble à une corrida à Madrid. Après sa finalisation, Romani a été nommé ambassadeur d’Espagne en Allemagne, ce qui lui a permis de le remettre personnellement à Himmler.

Intervention de Churchill

En 1942, les Allemands ont envoyé des Juifs de France, de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas dans des camps de concentration à l’Est, pour y être tués. De nombreux juifs réussirent à fuir vers l’Espagne mais furent arrêtés par les autorités espagnoles qui avaient l’intention de les renvoyer en France. Cela aurait signifié pour eux une mort certaine. L’Espagne a été avertie que le sort de ces réfugiés aurait un impact majeur sur la politique alliée à l’égard de l’Espagne.

Martin Gilbert, « Churchill et les Juifs », 2007, p. 197, nous dit :

« … Le 7 avril, Churchill proteste contre la fermeture par le gouvernement espagnol de la frontière franco-espagnole dans les Pyrénées aux réfugiés juifs. Churchill a déclaré à l’ambassadeur [d’Espagne] « que si son gouvernement allait jusqu’à empêcher ces malheureux de chercher refuge contre les horreurs de la domination nazie, et s’ils allaient plus loin et commettaient le délit de les remettre aux autorités allemandes, cela était une chose qui ne serait jamais oubliée et empoisonnerait les relations entre les peuples espagnol et britannique.

 » Churchill a pu voir, à partir de télégrammes diplomatiques interceptés de l’ambassadeur d’Espagne à Londres à son gouvernement à Madrid, que le message avait été transmis. Il apprend également en quelques jours que les autorités espagnoles ont rouvert la frontière aux réfugiés juifs. « 

En avril 1943, l’Espagne a annoncé qu’elle admettrait des réfugiés,

« tant qu’une autre partie pourvoirait à leurs soins et que les réfugiés quitteraient le pays aussi vite qu’ils le pourraient. »

Le généralissime Francisco Franco (1892-1975) était un fervent catholique. Franco a peut-être eu une ascendance juive du côté de son père et de sa mère. Il y avait des rumeurs à cet effet, mais personne ne le sait avec certitude et il ne le savait peut-être pas. Il aurait été amical envers les Juifs du Maroc espagnol lorsqu’il y servait dans les années 1920.

Cependant, Franco parlait en général mal des Juifs et avait des préjugés contre eux.
Lors de son défilé de la victoire en mai 1939, Franco jura de rester attentif à « l’esprit juif qui permit l’alliance du grand capital avec le marxisme ». Quelques mois plus tard, il critiquait sévèrement l’Angleterre et la France et justifiait la persécution de «ces races marquées par le stigmate de leur cupidité et de leur intérêt personnel « .

Franco a dirigé l’Espagne de 1939 jusqu’à sa mort en 1975.

Après la Seconde Guerre mondiale, il a tenté de prétendre qu’il s’efforçait réellement de sauver les Juifs d’Espagne. Mais les historiens disent que l’Espagne fasciste n’est pas restée neutre en raison d’une opposition idéologique à l’adhésion à l’Axe, mais uniquement parce que la guerre civile espagnole de 1936 avait laissé le pays dans une très mauvaise situation économique.

Il est vrai que Franco n’a pas construit de camps de concentration sur le territoire espagnol, ni livré volontairement des Juifs à l’Allemagne. Cependant, il n’a pas non plus fait le genre d’efforts pour sauver les Juifs que la neutralité de l’Espagne aurait permis – et il a envoyé 18 000 volontaires espagnols pour combattre aux côtés des Allemands sur le front de l’Est de 1941 à 1943.

En revanche, les diplomates espagnols de toute l’Europe ont sauvé des milliers de Juifs.

Mais ils travaillaient seuls, au péril de leur vie, au mépris de la politique officielle de Franco. Ces diplomates ont accordé des visas de transit aux réfugiés juifs – la plupart d’entre eux d’origine espagnole – et ont également hébergé de nombreux Juifs dans les consulats et ambassades d’Espagne en Hongrie, en France, en Grèce, en Allemagne, en Bulgarie et en Roumanie.

En 1944, en Hongrie, le diplomate espagnol Angel Sanz Briz et, plus tard, Giorgio Perlasca, un Italien attaché à la légation espagnole, en délivrant des passeports, etc., ont sauvé environ 5 200 Juifs hongrois.

L’Espagne sous Franco n’a pas reconnu l’État d’Israël. Le gouvernement espagnol a affirmé qu’il y avait une conspiration internationale des Juifs et des francs-maçons contre l’Espagne.

« La plupart des opinions espagnoles considéraient les sionistes comme des outils à la fois de l’influence et du pouvoir communistes anglo-américains (protestants) et soviétiques. »

Après la guerre, en 1949, Israël a voté contre l’admission de l’Espagne à l’ONU. Abba Eban, l’ambassadeur d’Israël à l’ONU a déclaré que l’Espagne avait aidé et encouragé la persécution des Juifs par Hitler.

Néanmoins,

« Malgré l’absence de relations diplomatiques, le gouvernement franquiste a aidé l’émigration juive du Maroc dans les années 1960 et, pendant la guerre des Six jours en 1967, a délivré des laissez-passer aux juifs égyptiens, leur permettant d’émigrer. « 

Ce n’est qu’en janvier 1986 que l’Espagne a officiellement reconnu l’État d’Israël.

La haine des Juifs en Espagne est toujours endémique :

 » Selon le dernier rapport du Pew Research Center, près de la moitié des Espagnols ont désormais une opinion négative des Juifs contre 36 % des Polonais, 25 % en Allemagne, 20 % en France et seulement 7 % aux États-Unis. « 

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