FeaturedHistoire des peuples

De la race qui précéda les Sémites en Chaldée et en Susiane

D’après certains assyriologues, ce ne sont pas les Sémites qui auraient été les inventeurs de l’écriture cunéiforme, mais un peuple appelé Accadien ou Sumérien, déjà antérieurement établi en Chaldée lors de l’apparition des Babyloniens, et qui aurait parlé une langue non-sémitique.

Mais suivant d’autres assyriologues non moins éminents, l’existence d’un peuple plus ancien que les Sémites ne serait nullement prouvée, et ils s’en tiennent toujours à la théorie classique qui considère les Sémites comme les premiers occupants du sol.

Cette question sumérienne, comme la question aryenne, a soulevé de vives controverses et a provoqué de nombreuses publications dont voici les auteurs, avec leur opinion respective :

1° Suméristes. — Hincks, Rawlinson, Oppert, Lenormant, G. Smith, Norris, Sayce, Menant, Schrader, Delitzsch, Hommel, Pinches, Haupt, Hilprecht, Bezold, Amiaud, Jensen, Zimmern, Winckler, Lehmann, Geltzer, Babelon, Eduard Meyer, G. -P. Tiele. Non- Suméristes. — Halevy, M. Grûnwald, Deecke, Guyard, Pognon, Mac Curdy et S. Karppe.

Entre ces deux opinions se place celle de Bertin, qui admettait que les Sémites étaient les inventeurs de l’écriture cunéiforme; qu’ils occupaient déjà la Mésopotamie avant l’arrivée des Accadiens, mais que ceux-ci, après les avoir soumis, auraient adopté leur mode d’écriture.

Enfin, à la liste des Suméristes il faut ajouter le nom de M. Fossey qui, dans une communication à l’Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 20 octobre 1901), conclut à l’existence de la langue dite sumérienne.

On voit que les non-suméristes sont bien moins nombreux que les suméristes, et à propos de ces derniers il faut signaler les opinions successives de M. Delitzsch, professeur d’assyriologie à l’Université de Leipzig, qui,après avoir enseigné l’accadien et le sumérien, devint subitement anti- sumériste, puis revint de nouveau au sumérisme.

M. Maspero admet l’existence des Sumériens sans assurer qu’ils précédèrent les Sémites aux embouchures de l’Euphrate ‘.

Quoi qu’il en soit, cette question sumérienne, jusqu’à présent, a peu intéressé les anthropologistes, parce qu’elle est restée localisée dans le domaine de la linguistique, et qu’elle se basait principalement sur le déchiffrement des documents cunéiformes et sur l’étude comparative des dialectes.

Nous croyons cependant qu’elle doit nous préoccuper, car les assyriologues sumeristes disent positivement que les Accadiens ou Sumériens étaient d’une autre race que les Sémites.

Mais de quelle race s’agit-il?

Voici à ce sujet l’opinion de M. Oppert, l’éminent philologue et assyrio- logue français :

« A une époque que l’on peut évaluer à plusieurs milliers d’années « avant les pyramides d’Egypte, dit-il, un peuple descendait des hauteurs de l’Asie centrale pour s’acheminer lentement vers la Mésopotamie. « Nous ignorons le nom véritable de ces émigrants asiatiques, nous savons « seulement que pendant bien des siècles ils nous apparaissent sous le (nom de Sumer. Cette nation des inventeurs de l’écriture, dite cunéiforme, « appartient sûrement à l’une des branches les plus antiques de la race « assyrienne, dans laquelle se classent également toutes les peuplades du « nord de l’Asie et de l’Europe.

« On désigne cette grande division de l’humanité sous le nom de « tartaro-finnoise, d’ouralo-altaïque ou touranienne. Il est probable que ce peuple, dont le souvenir a disparu jusqu’au nom, apporta son système graphique en Mésopotamie; on peut le supposer, parce que dans « l’écriture, les hiéroglyphes désignant les animaux et les plantes du midi « font entièrement défaut. Nous n’avons pas un seul document écrit en « hiéroglyphes sumériens, mais nous avons encore des tablettes faites pour « l’instruction des Assyriens, et qui retracent quelques anciennes figures « avec l’interprétation en signes cunéiformes connus des peuples modernes  ».

D’après Homrnel, professeur d’assyriologie à l’Université de Munich, et d’après la plupart des philologues, cette langue fait partie de la classe des langues agglutinantes, et de là vient aussi qu’on a voulu la rapprocher des idiomes ouralo-altaïques et la retrouver chez des peuples de ce nom. M. Hommel, en particulier, trouve une grande analogie avec la langue turco-tatare3.

Certains auteurs se sont tournés du côté de l’Egypte pour y trouver l’origine du sumérien, par la raison que l’écriture cunéiforme provenait d’une écriture en hiéroglyphes; d’autres du côté de la Chine pour la même raison; d’autres enfin du côté de l’Afrique et même vers l’Amérique.

Pouvons-nous, au point de vue anthropologique, admettre l’origine touranienne de cette race antique qui occupa la Chaldée avant les Sémites?

Nous ne le croyons pas, pas plus qu’on ne peut admettre que les Ibères étaient des Touraniens, sous prétexte qu’ils parlaient le basque, c’est-à- dire une langue agglutinante.

11 y a bien eu une race antérieure à celle des Sémites, non-seulement en Chaldée, mais encore en Susiane, comme nous allons le démontrer, mais cette race ne pouvait être d’origine touranienne, car elle était trop anciennement établie dans le pays pour pouvoir admettre que les Finnois, ou d’autres peuples du nord comme les Turcs, aient déjà pu quitter leur séjour primitif à une époque si reculée.

« Si haut que nous fassent remonter les documents cunéiformes, dit « Lenormant, ils ne mentionnent nulle part une domination touranienne.

Rien non plus, dans le récit de Bérose, ne rappelle le souvenir d’une <<. occupation touranienne. Quand Justin, au IIe siècle de notre ère, parle « vaguement d’une domination des Scythes ou Touraniens sur l’Asie « antérieure, il ne précise point spécialement de quelle contrée il s’agit, et « il est peu vraisemblable que la Chaldée ait été comprise dans leur « empire. »

Cette race qui précéda les Sémites était une race noire, ainsi qu’il résulte de l’étude anthropologique que nous avons faite sur ce sujet, en dehors de la philologie proprement dite.

Il ne suffit pas de faire une étude comparative des deux langues, sumérienne et sémitique, il faut aussi tenir compte des renseignements, d’ordre anthropologique, que peuvent contenir les documents cunéiformes, comme l’ont fait déjà en partie Sir H. Rawlinson (1869) et G . Smith (1876) 2 qui sont arrivés ainsi à reconnaître qu’il existait en Chaldée deux races différentes par la couleur de la peau.

Tel n’est cependant pas l’avis des autres assyriologues; aussi devons- nous indiquer ici les termes employés à ce sujet par les Babyloniens, ainsi que la traduction qui est la même pour tous les assyriologues, l’interprétation seule étant différente avec les auteurs.

Les têtes noires des textes cunéiformes.

— On remarque d’abord, que dans leurs textes cunéiformes, les Babyloniens et les Assyriens insistent très souvent sur une race particulière appelée nisi zalmat ga-ggadu, c’est-à- dire peuple aux têtes noires.

Ainsi Sargon 1er de Babylone (3800 ans avant l’ère chrétienne) qui était déjà un roi sémite, se donnait le titre de souverain du peuple aux tètes noires, sans compter d’autres titres comme celui de roi d’Accad et de Sumir, etc.


Dans une tablette où il raconte sa vie, Sargon se vante d’avoir subjugué ce peuple noir :

Quand un roi qui me succédera dans l’avenir gouvernera (comme moi) les hommes à la tête noire

Sur une autre tablette l’on voit reparaître cette race noire à propos d’une offense qu’on avait faite au dieu Anou, et l’on y raconte que ce dieu pour se venger menaça le peuple de soulever contre lui la race aux tètes noires.

Trois mille ans après Sargon, un roi babylonien Merodak-Baladan II (721-710) s’intitula encore roi des têtes noires.

Puis Ashourbanipal, roi d’Assyrie au VIIe siècle, se nomme aussi le dominateur des têtes noires.

Un autre roi de Babylone, Nabukodonosor (604-561), en parlant de ce même peuple, souhaite que ses descendants puissent toujours gouverner les têtes noires.

Enfin Cyrus, le grand roi de Perse et d’Elam, soumit également les têtes noires, et le fait a été signalé sur un cylindre qui a été découvert il n’y a pas longtemps à Babylone (1879).

On voit que la soumission de cette race noire était très appréciée, non seulement par les rois babyloniens et les rois assyriens, mais encore par d’autres conquérants.

Mais qu’est-ce que l’on entendait par tètes noires?

Lenormant et la plupart des auteurs assyriologues cherchent à expliquer le sens de ces expressions en disant qu’elles s’appliquaient à l’humanité en général, sans spécifier une race particulière.

Mais voici un extrait des cunéiformes où il est encore question des tètes noires, non pas à propos d’un roi, mais à propos d’un dieu, et qui nous prouvera qu’il ne s’agissait nullement d’humanité en général.

Hymne au dieu Maroudouk, — «L’ensemble des hommes à la tète noire. « Tous les êtres vivants désignés par un nom, qui existent à la surface « de la terre.

« Les quatre régions dans leur totalité.

« Les archanges des régions du ciel et de la terre^ tous tant qu’ils sont.

« (te glorifient) toi. »

Ce texte ne peut certainement pas s’expliquer dans le sens d’humanité en général, puisque, outre les tètes noires, l’on y mentionne encore d’autres êtres vivants.

Hommel croit que tête noire se rapporte à la chevelure des Sémites qui la portaient longue, tandis que les Sumériens la rasaient complètement.

D’autres auteurs pensent que cela signifie simplement chevelure noire.

Mais tous les Sémites et tous les peuples non-sémites qui habitaient cette partie de l’Asie qui nous occupe, devaient avoir les cheveux noirs ou approchant, et ce n’est donc pas la couleur de la chevelure qui pouvait les distinguer les uns des autres.

L’interprétation la plus rationnelle, selon nous, est celle qui consiste à admettre que ce peuple représente une race spéciale ayant la peau noire, ou au moins très foncée, contrairement à celle des Sémites,, qui était blanche basanée.

D’autre part, Rawlinson et Smith ont observé que sur certaines tablettes cunéiformes la race noire était intitulée Adamu, tandis que la race blanche s’appelait Sarku.

Mais ce ne sont pas là les seuls renseignements concernant l’anthropologie, que contiennent les textes cunéiformes, car on y parle aussi d’individus clairs ; le terme usité pour ce dernier mot est namrulim, et il s’emploie à propos d’esclaves que l’on achetait au pays de Gouti et pour lesquels on rédigeait un contrat indiquant le prix d’achat de ces esclaves clairs.

Il est probable que ces esclaves, qui provenaient d’une région montagneuse, avaient la peau plus blanche que les Sémites et peut-être avaient- ils aussi les cheveux moins noirs, sans doute châtains.

Les types des monuments assyriens et babyloniens.

— Les personnages qui figurent sur les palais assyriens étaient peints de couleurs éclatantes: la barbe, les cheveux et le visage étaient coloriés. Il y avait aussi en Chaldée des sculptures en briques émaillées; ainsi on peut voir au British Museum un monument de ce genre sur lequel on remarque trois Babyloniens, dont l’un est blanc, l’autre noir et le troisième jaune. L’on ne peut rien en conclure au point de vue de la coloration réelle du tégument, parce que ces personnages étaient tous de la même race.

D’autre part, le seul type véritablement reconnaissable sur les bas- reliefs est le type sémitique.

On n’a pas encore découvert de véritables monuments datant de la période pré-sémitique, car l’on ne peut y faire rentrer les deux tètes de statues en porphyre cependant très anciennes, qui ont été trouvées par M. de Sarzec, à Tello, et qui sont conservées au Louvre.

M.Hommel croit que ce sont des têtes de Sumériens, mais il leur manque le nez à toutes les deux, et sans cet organe il n’est guère facile de se prononcer. Néanmoins il reste encore, sur l’une d’elles, la racine du nez, et l’on peut remarquer qu’elle est saillante et étroite; ce n’est donc pas une tète de touranien mongoloïde.

Les Assyriens, comme les Egyptiens, représentent fréquemment leurs prisonniers de guerre sur les stèles triomphales, mais les captifs portent presque tous le faciès sémitique des vainqueurs.

Sur certains bas-reliefs de Sargon II (722 ans av. J.G.) et d’Assourbanipal (668) l’on remarque des Elamites qu’on croit être une race semblable à celle de nos Suméro-Accadiens, et que certains auteurs regardent comme étant des Negritos. Mais ces Elamites n’ont pas le type négrito; ils ont d’ailleurs une barbe très fournie et une longue chevelure bouclée, et ceux que l’on considère comme tels ont plutôt le type grossier du la race sémitique.

L’on peut constater, en effet, d’après les sculptures, qu’il existait chez les Babyloniens deux variétés parentes, un type fin et un type grossier. Dans le type grossier, le nez, tout en étant busqué, comme chez tous les Sémites, est plus gros du bout et moins saillant; les lèvres sont épaisses et l’ensemble de la face paraît moins distingué que dans le type fin, mais les cheveux et la barbe, tout en paraissant plus courts, sont aussi abondants et aussi bouclés que dans le type fin, ce qui ne serait pas le cas des Negritos.

Les Kouschites des textes hébraïques

— D’autres peuples de l’antiquité ont également fait mention d’une race étrangère qui aurait précédé les Sémites en Mésopotamie.

Ainsi le chapitre X de la Genèse hébraïque, qui contient la généalogie des peuples de l’époque et que nous signalons exclusivement à titre de document historique et ethnographique, nous apprend que Nimrod, qui fut le fondateur de Babylone, d’Accad, de Ninive, etc., était fils de Kousch et par conséquent petit-fi!s de Cham.

Les termes légendaires employés par le rédacteur de la Genèse pour nous faire connaître cette tradition, démontrent bien que la fondation de Babylone était fort ancienne du temps des Hébreux et qu’elle se perdait déjà dans la nuit des temps; mais en considérant que Sem, Cham et Japhet sont des noms de peuples, nous pouvons conclure des indications fournies par ce chapitre X, que les fondateurs de Babylone n’étaient pas des Sémites mais des Kouschites.

Notons aussi que Nimrod s’est avancé du sud au nord et non du nord, au sud, puisqu’il a d’abord fondé Babylone, puis Ninive.

Cham est un nom qui a pour racine, en hébreu, un mot qui signifie brûlé, noir, ce qui indique déjà que les descendants de ce Cham devaient être de couleur plus ou moins foncée.

Maintenant nous devons chercher à savoir ce que l’on entendait par Kouschites dans l’antiquité.

Ni le livre de la Genèse, ni aucune autre partie du Pentateuque ne ne nous renseignent à ce sujet, mais le prophète Jérémie, qui vivait au VIIe siècle avant l’ère chrétienne, nous apprend, tout à fait par hasard, ce que pouvait être la coloration de la peau chez les Kouschites.

Dans son livre des Prophéties (Ch. xni, 23) se trouve une phrase dont voici la traduction :

Un Kouschite changerait-il sa peau, et un léopard ses taches ?

Ce verset n’a aucun rapport avec le transformisme, comme on pourrait le croire au premier abord, car Jérémie pensait à bien autre chose, mais c’est le Dieu d’Israël qui se montre irrité de l’impiété des Hébreux, et qui lui fait entendre que ces derniers seraient tout aussi incapables de revenir au culte de Jehovah que le Kouschite de changer sa peau et le léopard sa moucheture.

De ce rapprochement, entre la peau du Kouschite et les taches de la peau du léopard, l’on peut admettre que les Kouschites étaient bien des noirs, et non des blancs comme l’admettent encore aujourd’hui certains auteurs.

Du reste., la traduction grecque de la Bible par les Septante (iv° siècle de l’ère chrétienne) assimile toujours les Kouschites aux Ethiopiens, En conséquence les fondateurs de Babylone, qui étaient des Kouschites, appartenaient à une race noire ; et ainsi se trouve expliqué le sens des expressions, têtes noires, si souvent mentionnées sur les textes cunéiformes.

Voici encore au sujet de ces Kouschites d’autres renseignements utiles à connaître au point de vue anthropologique.

Moïse avait épousé une Kouschite (Nomb. xn, 4) et cela lui avait attiré, de la part de son frère Aaron et de sa sœur, de vifs reproches dont on n’indique pas la raison, mais qui peuvent se comprendre par ce fait que les Kouschites étaient considérés non seulement comme des étrangers, mais encore comme des individus qui différaient des Hébreux par la couleur de la peau, et en admettant qu’il s’agisse de Sephorah la Madianite (Éxod. ii, 46, 21) cela prouverait aussi que le pays de Madian, situé dans l’Arabie Pétrée, sur les bords de la mer Rouge, était occupé à l’époque par des Kouschites.  »

L’emplacement du Paradis terrestre dans le voisinage du pays de Kousch. — L’on sait que les Hébreux ont donné une description d’un paradis ou Éden (Gén. n) sur l’emplacement duquel les auteurs modernes ne sont pas d’accord, parce qu’on y disait que l’un des quatre fleuves qui formaient l’Eden, coulait tout autour du pays de Kousch.

Il en résulte, qu’au lieu de localiser ce paradis en Chaldée comme l’entendaient les Hébreux, certains assyriologues sont allés le chercher soit au Caucase indien, soit en Egypte, parce qu’ils croyaient qu’il n’y avait pas de Kouschites autre part.

Mais peut-on croire que les Hébreux aient eu l’idée de placer l’un des fleuves du paradis en Egypte?

Quant à PHindou-Koh, il devait leur être inconnu.

C’est donc en Babylonie que ce paradis (considéré comme un très beau parc) devait se trouver, comme l’a démontré M. Delitzch en s’appuyant sur la géographie ancienne de cette contrée.

Rappelons aussi que déjà, en 1691, Iluet, évèque d’Avranches, indiqua la Chaldée comme siège du paradis, et la Susiane comme étant le pays de Kousch.

Il est souvent question dans les premiers livres de la Bible de peuples géants appelés Réphaïm, parmi lesquels on rangeait les Émim, les Zouzummim, les Anakin, les Néphilim, les Horim (troglodytes), etc., et qui habitaient diverses régions de la Palestine.

Certains auteurs pensent que ce sont là les premiers occupants du sol, car il y avait, parmi ces géants, des habitants des cavernes (les Horim), mais à part leur grande taille, la Bible ne donne aucun autre caractère anthropologique à leur sujet, et elle ne les appelle pas non plus des Kouschites.

Quand les Hébreux envoyèrent des espions pour explorer le pays de Chanaan avant la conquête, ces derniers revinrent en disant :

« Les habitants sont tous des gens d’une hauteur extraordinaire; nous y avons vu des descendants de Hanak, de la race des géants, et nous ne paraissions auprès d’eux que comme des sauterelles (Nomb. xni, 33 et 34).

Mais jusqu’à présent nous ne connaissons les noirs pré-sémitiques que par la coloration de la peau et il ne serait pas inutile, je pense, d’être mieux renseigné sur cette race par quelque autre caractère anthropologique.

Les Ethiopiens d’Asie des auteurs grecs. — Précisément Hérodote nous apprend que la chevelure des Éthiopiens d’Asie était lisse au lieu d’être crépue comme celle des Éthiopiens d’Afrique.

Homère paraissait également connaître des Ethiopiens d’Asie puisqu’il divisait les Éthiopiens en deux parts dont l’une, disait-il, habitait le levant du soleil. (Peut-être aussi voulait-il parier des noirs de la Colchide également signalés par d’autres auteurs de l’antiquité.)

Le fameux héros de la mythologie grecque, Memnon, qui vint à Troie au secours de Priam, avec une armée d’Éthiopiens, ne provenait pas de l’Ethiopie africaine, mais de l’Ethiopie chaldéenne ou susiane. En effet, Diodore de Sicile raconte que c’est sous le règne d’un certain Teutamus, roi des Assyriens, qu’eut lieu, sous le commandement de Memnon, l’envoi d’une armée éthiopienne au secours de Priam.

Hérodote appelle Suse la ville de Memnon, et Strabon rapporte que ..Tilhon père de Memnon fut le fondateur de cette ville.

Les plus anciens Grecs employaient quelquefois une autre expression pour dénommer les Éthiopiens ; c’était celle de Képhènes ou CéVe siècle avant J. -G., signale des Céphènes sur le cours inférieur du Tigre et de l’Euphrate.

Mais plus tard, les Grecs donnèrent le nom de Chaldéens à ces mêmes indigènes du golfe Persique.

Il est aussi un autre nom que les Grecs employaient pour désigner certains peuples de l’Élam, c’est celui de Gissiens ou de Gosséens. Or, d’après Lenormant, ce nom ne serait autre que celui de Kousch, à peine déformé par l’euphonie grecque, et il paraîtrait aussi, selon cet auteur, que c’est ce même peuple qu’on trouve signalé dans les textes cunéiformes sous le nom de Kasshi.

Ainsi donc c’est non seulement par les Babyloniens, et les Assyriens mais encore par les Hébreux et les Grecs, que nous savons qu’il existait une race noire ou de couleur foncée, en Chaldée et en Susiane, et ce qui donne d’autant plus de valeur au sens des susdites tètes noires, c’est que nous apprenons en même temps qu’il ne s’agissait pas de race jaune touranienne ni de race blanche aryenne.

Quand aux mystérieux Suméro-Accadiens, ce ne sont pas eux qui représentaient cette race noire, car nous avons vu que certains rois de Babylone s’intitulaient roi de Sumir et d’Accad en même temps que vainqueur des tètes noires. Ils faisaient donc une distinction entre les uns et les autres.

Notons aussi que la Susiane s’appelle aujourd’hui Khouzistan, et l’on peut ainsi constater, dit Vivien de Saint-Martin, que ce nom modernisé conserve l’ineffaçable empreinte de celui des Kouschites.

Mais l’ancienne extension de cette race ne se bornait pas à la Chaldée et à la Susiane, car dans la région limitrophe à l’Est de la Susiane, c’est- à-dire en Perse, existait également une race brune qui faisait partie de l’ethnographie des livres sacrés iraniens où elle figure dans les récits mythologiques sous le nom de Païrika. Elle habitait principalement la partie méridionale de la Perse, près du littoral.

Puis à l’Est de la Perse, en Garmanie et en Gédrosie se rencontraient d’autres noirs, les Éthiopiens ichthyophages de la mer Erythrée, décrits par les auteurs grecs, et dont les descendants, appelés Brahouis, qui occupent actuellement encore le Béloutschistan, ont conservé des caractères nigritiques incontestables.

On voit que cette race noire occupait anciennement toute la région maritime qui s’étend depuis le Nord du golfe Persique jusque vers l’Indus.

D’ailleurs, même aux premières époques historiques, la couleur de là peau n’était pas uniformément semblable chez tous les Sémites. Ainsi les Phéniciens étaient rouges non pas de cheveux, mais de peau, comme l’attestent le nom grec de «êcuvIxsck, et le nom de Keftâ (rouge) par lequel les Egyptiens appelaient les Phéniciens. C’est pour cette raison aussi que les Chânanéens, dans le chapitre X de la Genèse, sont considérés comme descendants de Cham.

D’autre part, certains auteurs grecs,, comme Appien et Strabon fondaient le nom de Leuco-Syriens aux Syriens de la Cappadoce, par opposition à d’autres Syriens situés au sud de ce pays, qui avaient la peau brûlée, suivant l’expression de Strabon.

Mais peut-on, abstraction faite des documents historiques et des traditions, démontrer la présence d’une race de couleur, dans des pays, comme la Chaldée et la Susiane où il n’y a plus actuellement de traces bien manifestes de sang éthiopien?

Le bas-reliefs et les statues, comme nous l’avons vu, ne peuvent pas nous renseigner utilement sur ce sujet, parce que les types que l’on considère comme nigritiques, ou comme touraniens, n’en ont nullement l’aspect, et en ce qui concerne la fameuse frise polychrome des archers, découverte à Suse par M. Dieulafoy, l’on ne peut pas assurer que les archers à la face et aux mains noires représentent la race noire ancienne de l’Élam, car en dehors de la couleur, ces soldats ont un type absolument semblable aux soldats de la même frise, qui sont blancs. Ici, comme pour les peintures anciennes, on alternait les couleurs, sans doute pour mieux faire ressortir les personnages.

Les squelettes.

— Quant aux squelettes dont l’étude nous serait si utile pour cette question, ils sont souvent difficiles à recueillir vu leur ancienneté. Ainsi la plus grande partie de ceux que Layard et Sarzec ont découverts dans les anciennes sépultures de la Chaldée, tombait en poussière au moment des fouilles.

Layard a cependant trouvé dans le palais de Sardanapale un crâne intact qui est maintenant conservé au British Museum, et qui est sommairement décrit (avec deux dessins de face et de profil) dans l’ouvrage de Nott et Gliddon. L’indice céphalique est d’environ 0,70 en se servant des mesures du diamètre longitudinal et du diamètre transversal indiqués par ces auteurs. M. Khanikoff ayant également mesuré ce crâne trouve d’autres mesures qui donnent l’indice de 0,75. Quoi qu’il en soit, ce crâne n’a rien de nigritique et encore moins de touranien, et Nott et Gliddon leur trouvent une grande ressemblance avec certains crânes égyptiens.

Quelques autres crânes babyloniens ont été découverts, en 1881, par le Dr Huber qui fut chargé d’une mission scientifique en Arabie et qui de là vint séjourner quelque temps aux ruines de Babylone.

Ces crânes, au nombre de cinq, se trouvent maintenant au Muséum d’histoire naturelle et ont été décrits par le professeur Hamy. Ils sont en moyenne dolichocéphales, et franchement leptorrhiniens, deux caractères qui n’appartiennent pas à la race touranienne.

M. Houssay qui faisait partie de la mission Dieulafoy à Suse (1884-1885) a décrit, de son côté, cinq crânes anciens trouvés dans des nécropoles susiennes de l’époque parthe et il en conclut que ces crânes ont des caractères négritos ; mais les seuls éléments sur lesquels il s’appuie sont les suivants : 1° aspect pentagonal du crâne vu par la face postérieure ; 2° dépression de la fosse temporale qui remonte jusqu’à la ligne médiane et donne à la tête un aspect bilobé.

M. Houssay croit donc d’après cela que « la Susiane a été occupée par « une population noire, parente des noirs de l’Inde, que les peuples blancs « ont contrainte de se réfugier dans les districts montagneux et peu accessibles. Ces nègres, ajoute-t-il, étaient des Négritos, car ils étaient de « petite taille et de faible capacité crânienne. On en retrouve des traces « chez les habitants actuels de la contrée. »

Quant aux caractères physiques des Susiens actuels, cet auteur les résume de la manière suivante : Mésaticéphalie (78,35) — circonférence de la tète plus petite que chez les autres Persans — front très étroit et très bas. — • Nez court, gros et charnu, plus court et plus large que chez tous les autres peuples de la Perse. — Lèvres particulièrement grosses. (La coloration de la peau n’est pas signalée).

Les Susiens des VIIIe et IXe siècles et ceux du Xe siècle, décrits par l’Arabe Abû-Zeïd et le Persan Istachri, répondent mieux à l’idée que l’on peut se faire d’une race foncée plus ou moins modifiée avec le temps.

Les habitants du Khouzistan, dit Abû-Zeïd ont, en général, le teint cuivré, le corps maigre, la barbe rare, les cheveux touffus; l’embonpoint est chose inouïe chez eux, ils offrent, en un mot, le type des habitants des pays chauds.

D’après Istachri, les indigènes du pays sont jaunes, décharnés, leur barbe est peu fournie, et le système pileux est moins développé que chez les autres peuples.

Parlant des habitants de la contrée voisine (le Fars), Istachri ajoute que dans les régions chaudes ils sont maigres et ont la peau brune, et le système pileux très peu développé, tandis que dans les régions froides, ils sont très blancs, et ont une grande taille, et le système pileux beaucoup plus abondant.

L’examen des crânes phéniciens peut aussi avoir quelque intérêt pour la question qui nous occupe, car le premier peuplement de la Phénicie a pu se faire en même temps que celui de la Chaldée.

Jusqu’en 1891, l’anthropologie des Phéniciens se bornait à la description des squelettes trouvés dans les sépultures de leurs colonies, en Afrique, en Sardaigne, etc., mais à cette époque furent découvertes les nécropoles de Sidon, dans lesquelles on recueillit un squelette entier et 5 crânes qui ont été étudiés par M. Chantre.

L’un de ces crânes présente un léger prognathisme maxillaire qui se remarque également, à un plus haut degré, sur deux crânes phéniciens trouvés en Tunisie, et décrits par M. Collignon.

Un deuxième crâne de Sidon n’offre pas de prognathisme, mais la face manque sur les quatre autres crânes, de sorte qu’il a été impossible de savoir si ce caractère est plus fréquent chez les Phéniciens.

Les autres mesures crâniennes se rapprochent plus ou moins de celles que l’on peut rencontrer sur les têtes dites sémitiques.

Remarques iconographiques sur les monuments découverts à Suse par M. de Morgan. — Que nous apprend au point de vue anthropologique la remarquable collection de monuments figurés, de statuettes et de textes cunéiformes, trouvés par M. de Morgan en Susiane (deuxième campagne, 1897 à 1902), et qui est exposée au grand Palais? Nous voulons parler du type des personnages que l’on remarque sur les bas-reliefs et sur les diverses petites statuettes, car en fait de squelettes nous n’y avons vu qu’un seul crâne situé dans une vitrine où sont exposés des objets du xne ou v° siècle av. J.-G.

Notre impression personnelle est que la plupart des types, que l’on voit représentés sur les bas-reliefs, ont des caractères sémitiques semblables à ceux des Assyriens et des Babyloniens, et delà vient sans doute que Elam dans le chapitre X de la Genèse est compté comme fils de Sem.

Mais il n’est pas inutile de faire remarquer que parmi ces personnages se trouvent des rois babyloniens, tels que Naram-Sin (XXXIXe siècle environ) dont la stèle triomphale fut apportée de Chaldée en Susiane, et Khamourabi (XXe siècle).

J’ai donc demandé à M. de Morgan de vouloir bien me faire voir un souverain véritablement élamite et il m’a montré un fragment de calcaire bitumeux sur lequel se trouve un roi de cette nation.

Or, ce prince a le type sémitique pareil à celui des soldats élamites dont nous avons déjà parlé, et qui figurent comme prisonniers sur certains bas-reliefs assyriens, c’est-a-dire que le nez est arqué cl un peu gros du bout, mais cependant bien dessiné, que la barbe, bien fournie, est frisée, que la chevelure est longue et bouclée, c’est le type grossier sémitique.

Rien d’étonnant d’ailleurs que les deux types babyloniens et élamites se ressemblent — sauf cependant quelques variantes — puisque les deux pays se touchaient.

Sur les tètes de statuettes votives, qui représentent des divinités, le type sémitique est moins prononcé, car le nez n’est pas toujours busqué, mais i! reste toujours bien saillant, et aucune de ces tètes n’a un aspect mongolique ou nigritique,

Il y a aussi quelques statuettes d’hommes barbus, sur lesquelles le type sémitique est au contraire bien marqué.

Comment se fait-il cependant que la race noire qui existait encore au temps de Cyrus (Ve siècle) ne soit pas portée sur les stèles triomphales.

M. de Morgan croit la reconnaître sur la stèle de Naram-Sin, roi d’Agadé, où figurent des vainqueurs et des vaincus, et il en a donné une description détaillée, avec des dessins a l’appui, dans le premier volume des mémoires de la délégation en Perse (1900).

M. de Morgan pense que les gens d’Agadé ont le type négrito, mais, j’ai à plusieurs reprises différentes, bien examiné ces personnages, et je ne puis pas me convaincre de leur analogie avec les Negritos.

Quelques-unes de ces tètes ont le nez court, mais il n’est pas aplati comme chez les Negritos, d’autres ont le même nez et une longue barbe en pointe, qui n’est pas un caractère négrito. D’un autre côté il y a quelque ressemblance entre les vainqueurs et les vaincus.


Il existe aussi à l’Exposition de M. de Morgan, deux femmes élamites qui figurent sur un fragment de calcaire bitumeux; elles ont une chevelure longue, bouclée ou frisée, et le faciès plus ou moins sémitique.

Mais l’on peut aussi voir dans une autre partie de l’Exposition une stèle rupestre sur laquelle est représenté un personnage sans barbe, et dont le nez est droit et très saillant, mais très peu élevé en hauteur. Ce n’est pas un type de Sémite, mais ce n’est pas non plus un Touranien ni un Nigritien. Il appartient sans doute, comme d’autres personnages, plus ou moins semblables des autres monuments, à une variété locale produite par l’influence des milieux, car il est clair que les habitants de la montagne ne ressemblaient pas à ceux de la plaine ou à ceux des contrées marécageuses, ni les habitants des villes à ceux des campagnes, etc. : Les documents cunéiformes trouvés à Suse parlent-ils des têtes noires comme ceux de Babylone?

Le savant P. Scheil, professeur à l’Ecole des Hautes-Etudes, qui avait accompagné la mission de Morgan en qualité d’assyriologue, et qui a déchiffré et traduit les textes élamites-sémitiques et élamites-anzanites, a bien voulu me renseigner à ce sujet; il m’a montré à l’Exposition un monument en diorite, sur lequel le roi Khammourabi (de Babylone), célèbre le triomphe de ses armes et sa victoire sur les têtes noires.

Mais ce monument, comme celui de Naram-Sin, provenait également de Babylone d’où il avait été transporté à Suse.

Origine.

— A quelle variété de la race noire et à quelle contrée pouvait appartenir le peuple qui le premier vint s’établir en Chaldee et en Susiane, car l’on sait bien qu’il n’y a pas qu’une seule race noire?

Il ne faut pas songer aux Negritos, comme nous l’avons déjà plusieurs fois prouvé, et encore moins aux véritables nègres, mais à une race plus ou moins semblable à celle des Dravldiens par exemple.


Ce n’est cependant pas de l’Orient que sont sortis les noirs de la Susiane et de la Chaldée.

Ce n’est pas non plus du Nord ou du Nord-Est, car la civilisation pré-historique n’est pas arrivée de ces parages, ayant pris naissance en Chaldée. En effet, les Assyriens dont le pays était, situé au Nord de la Chaldée, n’ont rien inventé par eux-mêmes, car leur langue et leur écriture, leur religion, leur science et leur art leur sont venus de la Chaldée.

La civilisation a donc remonté le cours du Tigre et de l’Euphrate.

Enfin, ce n’est pas non plus à l’Ouest que l’on peut trouver le lieu d’origine des proto-Sémites.

Reste donc le Sud, et en effet, c’est du Sud, c’est-à-dire de l’Arabie, particulièrement de la région méridionale (Minaea),dont les premiers habitants étaient des Kouschites, que semble être issu le peuple primitif qui, de proche en proche, s’étendit vers le Nord pour occuper la Chaldée et la Susiane, et même la Phénicie.


G. Rawlinson pensait du reste que la langue suméro-accadienne, tout en étant touranienne dans beaucoup de points de sa structure grammaticale, était essentiellement kouschite ou éthiopienne dans son vocabulaire, et que parmi les langues modernes, dont elle se rapprochait le plus, se trouvaient le maha du Sud de l’Arabie et le galla d’Abyssinie.


Lenormant dit également que les dialectes arabiques, de la grande famille des langues sémitiques, ont peut-être plus d’affinités linguistiques qu’on ne le suppose généralement, avec la langue sumérienne ou accadienne de la Chaldée.

L’anthropologie vient confirmer ces prévisions, mais nous n’avons pas à démontrer ici que l’Arabie était primitivement habitée par des noirs. Il nous suffira de dire, pour le moment, que ces noirs étaient les Adites qui sont considérés comme les premiers habitants de l’Arabie; que les Hébreux, en parlant de ces pays, employaient souvent le nom de Kousch, et enfin que les Grecs appelaient Ethiopiens les indigènes du Sud de l’Arabie, auxquels ils donnaient aussi le nom d’Homérites.

Aujourd’hui encore, d’après M, de Maltzan qui en a fait une description particulière à la Société d’Anthropologie de Berlin, ces Arabes noirs, dénommés Himyarites occupent toujours la même contrée à côté d’autres Arabes véritablement sémitiques.

En somme, il existait anciennement, en Chaldée et en Susiane, ce que l’on voit encore actuellement en Arabie, c’est-à-dire deux races différentes, une race noire, ni nègre ni négrito, et une race blanche-basanée, dite sémitique, celle-là ayant précédé l’autre.

Bloch (Adolphe)

Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris  Année 1902  3  pp. 666-682


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