Quand l’Ecosse était juive – 2ème partie
Une grande partie de l’héritage historique traditionnel de l’Écosse repose sur des erreurs d’interprétation fondamentales. Ce livre présente des preuves par l’ADN, l’archéologie, l’analyse des migrations et des archives publiques et familiales…
CHAPITRE I (suite)
The House of Canmore par Richard Oram
Du récit de Williams, nous passons maintenant à un ouvrage plus court de Richard Oram (2002), centré sur la famille régnante écossaise de première importance pour notre thèse.
La dynastie de Canmore a commencé en 1058 avec l’ascension de Malcolm Canmore au trône écossais et a duré jusqu’à la fin du règne d’Alexandre III en 1286.
Rois de la maison de Dunkeld
- 1034-1040 : Donnchad mac Crinain (Duncan Ier)
Le début de Canmore
- 1058-1093 : Máel Coluim mac Donnchada (Malcolm III)
- 1093-1094 : Domnall mac Donnchada (Donald III)
- 1094 : Donnchad mac Maíl Coluim (Duncan II)
- 1094-1097 : Domnall mac Donnchada (Donald III)
- 1097-1107 : Étgar mac Maíl Choluim (Edgar)
- 1107-1124 : Alaxandair mac Maíl Coluim (Alexandre Ier)
- 1124-1153 : Dabíd mac Maíl Choluim (David Ier)
- 1153-1165 : Máel Coluim mac Eanric (Malcolm IV)
- 1165-1214 : Uilliam mac Eanric (Guillaume Ier)
- 1214-1249 : Alaxandair mac Uilliam (Alexandre II)
- 1249-1286 : Alaxandair mac Alaxandair (Alexandre III)
- 1286-1290 : Maighread (Marguerite)
L’examen de la généalogie de Canmore donne une idée de la façon dont la famille royale écossaise est devenue européenne et méditerranéenne.
Le fils de Malcolm et Margaret, Alexandre I portait non seulement un prénom grec qui n’avait jamais été utilisé par la noblesse écossaise, mais il épousa aussi Sybilla, la fille illégitime du roi d’Angleterre Henry I. Le frère d’Alexandre, David I, qui régna de 1124 à 1153, épousa une noble française, Matilda de St Liz (Senlis, une ville de Normandie), petite-fille de Guillaume le Conquérant. Le prénom de ce roi, David, était également inconnu des lairds écossais.
Plus loin dans la généalogie de Canmore, nous trouvons d’autres épouses flamandes, néerlandaises et françaises qui entrent dans la maison royale, ainsi que des noms hébreux et méditerranéens tels que Ada, Isabel, et Yolande se joignant à l’utilisation continue d’Alexander et David. Le dernier descendant du roi Alexandre et de la reine Sybilla étaient Adam, un rebelle mort en 1186.
Commentaires d’Oram sur le ténor judaïque des Canmore:
David a projeté l’image d’un roi comme étant aussi un législateur. Or, des Codes de Loi attribués par tradition à David sont à la base du droit écossais médiéval et des fondements d’un système de shérifs pour l’administration locale. Mais David n’était pas une figure si éloignée…. Elred écrit à propos du roi assis devant la porte de sa salle, recevant les pétitions des plus humbles des gens….. Dans une certaine mesure, il s’agissait d’une image cultivée de David, que l’on peut voir très clairement dans la lettre initiale de la grande charte de son petit-fils Alexandre 1er, à Kelso Abbey.
Bien qu’il ait continué à fréquenter les ordres [religieux] établis, tels que les Benedictins et les Tironensians, et a fondé un autre monastère augustinien à Cambuskenneth, la plus grande partie de sa faveur était dirigée vers les nouveaux moines cisterciens encore plus austères…. En 1136…. il a amené une colonie de cisterciens de Rievaulx dans le Yorkshire de Melrose à Tweeddale [p. 46].
L’Ordre des cisterciens doit son considérable développement à Bernard de Clairvaux (1090-1153), homme d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels, de nombreuses sources tendent à prouver qu’il fut un élève de Rachi de Troyes (1040-1105). Son rayonnement et son prestige personnel en ont fait au XIIe siècle le plus célèbre des cisterciens. S’il n’en est pas le fondateur, il demeure le maître spirituel de l’ordre.
Comme nous le verrons plus loin, l’ordre cistercien semble, à bien des égards, s’inspirer des préceptes religieux judaïques.
L’entrée de l’imagerie religieuse juive dans la culture écossaise est également indiquée par l’étoile à six branches de David marquant la monnaie du roi Alexandre III (1249-1286).
The story of the Borders Reivers par Alistair Moffat (2002)
Le travail de Moffat se concentre sur la partie du sud de l’Écosse située directement au-dessus de la frontière anglaise.
Comme cette partie du pays était souvent un point de discorde entre l’Angleterre et l’Écosse, elle était souvent entachée de violence. Mais elle sert aussi de refuge aux personnes marginalisées qui cherchent à échapper à la persécution pour des raisons religieuses ou politiques. Des trajets rapides d’un côté à l’autre ont pu être faits par ceux qui cherchaient à éviter l’arrestation pour une variété d’infractions. Et comme le note Moffat, la région du sud était aussi celle qui fut la première à héberger des populations qui connaissaient bien la Méditerranée.
En 687 av. J.-C., les moines de Lindisfarne élevèrent un sanctuaire à l’un de leurs évêques, Cuthbert. Pour le commémorer, un texte spécial des quatre évangiles a été créé :
Un livre d’évangile d’une telle richesse n’était pas une petite entreprise… La palette d’Eadfrith pour les illustrations a parfois parcouru d’immenses distances, le lapis-lazuli venait d’Afghanistan, l’indigo de la Méditerranée, le kermès (rouge carmin) d’Afrique du Nord et le folium (rose) du sud de la France…. Bien que les autres évangiles célèbres de la période de Kells et Durrow en Irlande soient profondément celtiques dans leur aspect, Lindisfarne est beaucoup plus influencé par la Méditerranée… Les lettres romaines, la peinture byzantine et une peinture du Proche-Orient en style de décoration [p. 125].
Évidemment, l’Écosse des années 600 n’était pas un avant-poste isolé ; elle avait des liens commerciaux à travers la Méditerranée et le Moyen-Orient. Il existe de solides preuves archéologiques d’un commerce atlantique et méditerranéen vivant en Écosse entre la chute de Rome et la naissance du Saint Empire romain sous Charlemagne, bien que les historiens aient du mal à l’expliquer.
Les annales d’Iona, l’île sainte, sont pleines de références pour entrer en contact avec la Gaule.
La large diffusion de la poterie méditerranéenne des Ve et VIe siècles dans les îles britanniques est un casse-tête. « Il n’est pas possible, à partir des preuves archéologiques, d’estimer l’intensité et la durée de ce commerce avec la Méditerranée », écrit un expert sur la préhistoire de l’Europe. « La question est incapable d’être résolue. »
Le premier groupe d’importations semble provenir des côtes de l’Afrique du Nord, de la Turquie et de l’Égypte, via Carthage, le détroit de Gibraltar et les ports portugais dans les pays de l’estuaires du Tage et du Mondego (Cunliffe, pp. 477-79).
Cette connexion fut grandement améliorée, à partir de 1100, par l’entrée de commerçants, de marchands et de nobles de France, de Hongrie et des Pays-Bas sous le règne du roi David Ier.
A Selkirk, dans le sud de l’Écosse, David accorda des terres à un groupe de moines français.
Les nobles suivants ont signé la charte : « Robert De Bevis, Robert de Unfraville, Walter de Belebec, Robert de Painton, frère hospitalier de Dalfin, Hugh de Moreville, Pagano de Braiosa, Robert Corbet, Reginald de Muscamp, Walter de Lindsey, Robert de Burneville, Cospatric the Sheriff, Cospatric fils d’Aldeve, Uchtred fils d’Aldeve. Scot, Macchus, Colbanus, Gillemichael, Odardo Sheriff de Bamburgh, Lyulf fils de Uchtred, Radulph l’Anglais, Aimar le Gallovidien, Roger de Leceister et Adam. le Chambellan » (p. 147) – un composé de mixité, en effet !
D’autres familles nobles résidant le long de la frontière à cette époque provenaient également de l’Europe continentale. Ils comprenaient les Avenels, les Soules, Riddells, Baliols, et les pro-géniteur de la famille Stewart.
C’était une noblesse, comme l’observe Moffat, qui était multilingue, sophistiquée, qui avait bien voyagé et restait intensément endogames. Et de plus, nous proposons, qu’elle était d’affiliation religieuse juive.
Bien que l’Écosse soit souvent décrite comme étant un pays primitif et rural lors de la période de médiévale, cette évaluation repose sur une perception inexacte. Comme l’écrit Moffat :
Il est fort probable qu’il y ait eu un marché à Roxburgh [Écosse] pendant un laps de temps considérable. avant 1113…. Ce qui a engendré la conversion d’un marché local, en un centre de commerce international, de distribution de la laine et des peaux. Ce sont la Flandre et l’Italie du Nord, qui ont commencé à produire du tissu et de la maroquinerie en quantités industrielles, pour la réexportation ainsi que pour la consommation intérieure. Qui a créé cette demande pour la laine brute ? Ce n’était pas une nouvelle technologie, mais le premier déploiement efficace de capitaux marchands…..
La séquence était simple. Les marchands des villes de Bruges, de Gand et d’ailleurs. avait suffisamment de capital pour acheter en vrac des quantités de laine et de peaux en été et en automne, à Roxburgh, et les abbayes de Melrose et de Kelso pouvaient garantir que ces matières premières brutes seraient disponible…. Avec 5% du total du marché de la laine écossaise…., les Cisterciens de Melrose pouvaient agir comme une entreprise et exercer un pouvoir considérable sur le marché….
De l’autre côté de la mer du Nord, de retour en Flandre et dans le nord de l’Italie, les marchands ont introduit la laine dans leur réseau de production de tissus…….. La production s’est déroulée dans des centaines d’ateliers dans les villes. Le nombre d’employés pouvait être très important et, par exemple, à Douai au 13ème siècle, il y avait 150 entreprises marchandes employant chacune 100 personnes…..
Quinze maisons religieuses, toutes productrices de laine et de peaux, possédaient des propriétés dans les régions de Berwick, là où les marchands étrangers ont maintenu des lieux d’affaires. Elle ressemblaientt aux « usines » des commerçants anglais en Inde coloniale, où une sorte d’immunité diplomatique était permise, et où les étrangers pouvaient vivre en sécurité et de façon communautaire.
« La Salle Rouge » était le nom du centre commercial flamand de Berwick et pas moins de 30 marchands y opéraient à un moment donné. Les marchands allemands se trouvaient au « White Hall », et à Roxburgh, un endroit appelé « The Black Hall » est répertorié, mais aucune nationalité particulière n’y est attachée. Peut-être que tous les étrangers l’ont utilisé [pp. 169-71].
En 1212, le commerce lucratif de Berwick est passé entre les mains du secteur privé. Les prévôts et la Guilde administraient les opérations commerciales de la ville et la salle de la Guilde fut construit sur un terrain acheté à un certain Simon Maunsel (p. 17).
Cette même décennie, un homme que nous avons déjà mentionné, Michael l’Écossais, probablement de Melrose, était à l’université de Tolède, dans le nord de l’Espagne, traduisant en latin des manuscrits aristotéliciens écrits en arabe. Michael a également été traducteur multilingue en Sicile et à Palerme.
En 1378, un maître maçon, John Lewyn, a été engagé pour rénover les murs du château de Roxburgh. Autour 1400, un maître maçon parisien, Jean Moreau (« Moor »), a été chargé d’agrandir l’abbaye de Melrose (p. 224).
History of the Scottish People: 1560-1830, par T.C. Smout (1969/1985)
Le récit encyclopédique de Smout sur l’Écosse se concentre principalement sur la période postérieure à la Réforme. Ce qui nous intéresse, cependant, c’est sa discussion sur les raisons qui ont conduit au renversement du catholicisme par le protestantisme.
La plus importante d’entre elles, était la remarquable corruption de l’Église romaine en Écosse :
A partir du milieu du XIVe siècle, elle [l’Eglise catholique] a souffert de la dégradation croissante de sa vie spirituelle d’entreprise, comme partout ailleurs en Europe. Cela a été grandement accéléré en Écosse par l’érosion de sa propre liberté : les rois ont obtenu le droit de nommer des évêques et des abbés et en ont abusé en nommant leurs propres bâtards à de hautes fonctions cléricales alors qu’ils n’étaient encore que des enfants ; des nobles sont venus contrôler des monastères et des cathédrales, et ont pris possession des terres de l’église comme s’ils étaient les leurs. En 1560…. l’église était très largement à la merci des laïcs non spirituels, ses fondations corrompues et mondaines, ses églises paroissiales vides et ruinées, ses évêques connus pour leur immoralité, et ses congrégations souvent méprisantes de ses services.
Mais à cette sombre généralisation, il y avait plusieurs exceptions brillantes.
Mais pendant ce temps, il y eut aussi de grands clercs, comme l’évêque Wardlaw, qui a fondé la première université d’Écosse à St Andrews en 1410, l’évêque Turnbull, qui a fondé l’Université de Glasgow, et l’évêque Elphinstone, qui fonda le King’s College, à Aberdeen, en 1496, l’un des plus grands centres d’enseignement en l’Europe, et fut le premier mécène de l’imprimerie en Ecosse.
Comme nous le verrons plus loin, ces trois hommes d’église étaient probablement d’ascendance juive, et gouvernaient des paroisses avec des populations qui étaient en grande partie crypto-juives.
Aucune de ces trois grandes universités d’Ecosse, n’ont jamais exigé des étudiants qu’ils prêtent un serment religieux, un facteur qui a attiré des Juifs d’aussi loin que la Caroline du Sud. Alors que les non-chrétiens étaient exclus d’étudier à Oxford ou à Cambridge, ainsi que dans la plupart des universités anglaises et américaines. La période exigeait un serment sur le Nouveau Testament nommant Jésus-Christ (Collins 1990, p. 15). Smout poursuit sa description :
En 1559, les monastères écossais avaient cessé depuis longtemps d’être des véhicules de spiritualité. Ils n’était devenue rien de plus que des sociétés propriétaires.
Le contrôle de la propriété était fréquemment entre les mains de laïcs, ou parfois d’ecclésiastiques séculiers qui, par ricochet ou par voie de conséquence, un escroc avait obtenu le titre d’abbé ou de « commandataire » (littéralement « protecteur ») dans le but de détourner les revenus des terres monastiques dans leurs propres intérêts.
La couronne elle-même avait été le pire des délinquants. A cet égard, James V, avait obtenu du pape la permission de faire nommer ses trois fils illégitimes, comme abbés titulaires de Kelso et Melrose, Andrews et Pittenweem, et Holyrood… Plus tard, un quatrième fut fait abbé de Coldingham et un cinquième abbé de la Chartreuse……..
Les moniales, bien que peu nombreuses, étaient plus scandaleuses que les moines. Ils étaient habituellement trop illettrés pour écrire leur propre nom…. Et ils étaient souvent tellement indisciplinés qu’ils ne se donnaient même plus la peine de vivre dans l’enceinte du couvent……. Considérant l’état des moines, des frères et des moniales, que pouvait-on attendre du clergé séculier dans les paroisses?
Ils avaient pris cette habitude, à partir d’une hiérarchie où les nominations étaient faites pendant de nombreuses années pour des raisons purement politiques…. Jacques IV avait donné le ton en faisant de son fils illégitime l’Archevêque de St Andrews à l’âge de onze ans [p. 50].
Smout note ensuite que la Réforme protestante a été facilement adoptée par les marchands, les bourgeois et les membres éduqués de la société écossaise… Il attribue cela à l’accent mis par la nouvelle doctrine sur une relation directe avec Dieu. Il fait également allusion à la présence d’une « église secrète » parmi ce segment de la population :
Les chiffres du nombre de protestants ont fait boule de neige…. En 1559, il existait déjà une église alternative dans de nombreuses parties de l’Écosse, en attente d’un coup révolutionnaire pour l’amener au pouvoir.
Le protestantisme a réussi en prenant les bons bastions stratégiques dans la société. Il a réussi à faire en sorte de réunir les traditions du secret et de la coopération entre les membres des diverses corporations de métiers, d’artisans et les guildes marchandes, ainsi que s’assurer de la coopération entre les bourgades de différentes villes agissant dans leur intérêt commun.. Ce qui a fait de ces villes, un environnement idéal pour soutenir une organisation religieuse secrète et cellulaire. [p. 55].
Cependant, contrairement aux arguments de Smout,il n’y eut pas de développement dans le domaine financier ou dans le domaine de l’éducation. Les intérêts politiques de ces groupes ne concordaient pas avec l’idée de soutenir le renversement de l’Église catholique dominante et corruptible en tant qu’institution sociale. En effet, ce sont ces mêmes personnes qui bénéficiaient déjà de l’église romaine telle qu’elle fonctionnait à ce moment.
Ce que Smout oublie, comme presque tous les autres observateurs, c’est que la société crypto-juive était présente en Ecosse depuis 1100, et avait été énormément renforcée au cours de la guerre civile des cinq dernières décennies par l’arrivée de milliers de juifs convertis fuyant l’inquisition espagnole. Comme nous l’expliquerons, la pratique crypto-juive était maintenant prête à se transforme en protestantisme.
Smout décrit la robustesse de l’économie écossaise basée sur la bourgeoisie dans la période post-réforme. Chaque bourg agissant en tant qu’unité autonome, élisant ses propres bourgades, et le suivi des apprentissages pour les commerçants et les artisans… L’Ecosse était devenue un pays à part entière, avec un centre de commerce international actif. Et dans chaque bourg, un petit nombre de familles gouvernaient les villes à la fois politiquement et financièrement.
Depuis Aberdeen, l’Écosse a favorisé des échanges vers l’est, aussi loin que La Russie, la Pologne et la Baltique, tandis que de Glasgow et d’Edimbourg, elle a commercé au sud et à l’ouest jusqu’à l’Angleterre, la France, l’Espagne, les Amériques et les Caraïbes. Les principaux produits d’exportation étaient la laine, les peaux, le poisson, le papier, le charbon, le sel et le lin. Et dans chacune de ces industries, des familles spécifiques sont venues dominer le commerce, formant souvent des partenariats oligopolistiques avec des membres de la famille résidant dans des ports tels que Bordeaux, Rouen, Cadix, Lisbonne, Varsovie, Rotterdam, Londres, Barbade, Dantzig, Stockholm, Bergen, les îles Canaries et Riga.
Les spécialistes du judaïsme ont souvent souligné le phénomène des « Juifs de cour », figures principalement situées en Europe centrale, servant des rois et des princes en tant que banquiers, collecteurs d’impôts et fournisseurs de l’armée, mais ce n’est que dans les années 1980 et 1990 que les historiens ont commencé à réexaminer ce sujet et à se concentrer sur les Juifs qui se sont installés sur la côte atlantique (Cesarini 2004, pp. 1-11).
La désignation de « Port Jews » est née. Dans des villes allant de Trieste à Glasgow, de Salonique à Hambourg, le type social des Séfarades d’Espagne et du Portugal, auparavant négligés, a été mis en relief. Nous apprenons d’eux, par exemple, qu’« ils ont évité la communauté juive autonome traditionnelle et jouissent d’un statut juridique amélioré qui leur permet de s’affilier volontairement à la collectivité juive….. ». Ils ont remis en question la tradition religieuse juive, en s’en éloignant depuis si longtemps, et ont montré une forme d’identité juive ethnique » (pp. 2-3). Et : Le rôle distinctif des Séfarades en tant que précurseurs [des Lumières], qui ont vécu l’émancipation comme un développement graduel, a été [relativement parlant] ignoré » (p. 4).
Le système bourgeois écossais combinait à bien des égards le rôle des Juifs de cour et celui des Juifs du port.
Smout le décrit dans les termes suivants : Dans chaque bourg il y avait une division de base entre bourgeois et non-bourgeois, et à l’intérieur des groupes de bourgeois, entre marchands et artisans, organisés respectivement, en guilde marchande et guilde artisanale. Aux seuls bourgeois appartenaient les privilèges d’être membres d’un bourg, le reste des habitants n’avaient plus le droit d’habiter en ville. d’élire les magistrats, de commercer ou d’appartenir à un métier autre que paysan.
Un homme pouvait devenir un bourgeois de plusieurs façons : En principe, il devait payer une petite somme à la société et prouver que son nom figurait dans les livres d’apprentissage de la ville.
Aux seizième et dix-septième siècles, la plupart des nouveaux bourgeois étaient soit les fils, soit les les beaux-fils des bourgeois existants. Les fils pouvaient suivre leur père en payant une amende d’entrée moins élevée, et servir dans un apprentissage plus court que les étrangers. Ceux qui épousaient la fille d’une femme, ont obtenu la même concession, c’était un moyen de s’assurer que les filles des marchands et des artisans étaient dotée sur le marché du mariage.
D’autres, moins chanceux de naissance ou en amour, ont dû payer un droit d’entrée un peu plus élevé et attendre une période plus longue après qu’ils eut terminé leur apprentissage… Les étrangers, bien qu’ils soient déjà qualifiés en tant que marchands ou artisans dans d’autres pays devaient payer une lourde somme pour être admis parmi les habitants de la ville…
Le premier objectif de la guilde des marchands était de maintenir un monopole et de se préserver des artisans ambitieux et débridés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bourg. Le droit de la communauté au commerce extérieur dont seul un libre marchand bourgeois pouvait jouir, en était le prix.
Le deuxième but de la guilde était de fournir l’organisation par laquelle les marchands pouvaient dominer le conseil municipal : Lorsque l’ancien conseil a obtenu le droit d’élire le nouveau, une élite encore plus petite a pu émerger de la guilde marchande et se consolider dans des positions de pouvoir. Ainsi, Dundee, au début du XVIIe siècle, a été dominé par les Wedderburnes, les Goodman, les Haliburtons, les Clayhills, et la moitié une douzaine d’autres familles unies par les liens du mariage et d’intérêt mutuel [pp. 148-149].
Nous avons inclus ce passage de Smout pour montrer en détail comment le bourg fonctionnait exactement et attirer l’attention sur les possibilités de collaboration entre les familles patriciennes dans n’importe quelle ville écossaise.
En raison d’un modèle de mariage endogame sur plusieurs générations, une infrastructure économiquement et socialement cohésive a été mise en place.
Elle a été établie dans chaque bourg, pour chaque secteur : religion, fonction politique, capital financier, crédit et commerce, de façon sécuritaire et perpétuée de cette façon, sans qu’il n’y ait à peu près aucune supervision de l’extérieur. Ces conditions étaient idéales pour la présence et le maintien du crypto-judaïsme.
Comme le rapporte Smout, les jeunes Écossais de ces familles dirigeantes étaient les suivants non pas scolarisés dans une enclave protestante paroissiale, mais plutôt envoyés à l’étranger pour leur éducation – généralement dans des centres où les juifs conversos étaient présents et bien en vue dans les facultés universitaires. De nombreux Écossais fortunés ont fait leurs études à Rouen, Marseille, Bordeaux, Amsterdam, Lyon et Londres, ainsi qu’à Venise, Padoue, Rome et Livourne (Leghorn) en Italie.
Des esprits écossais brillants, comme celui de John Napier (1550-1617), l’inventeur des logarithmes, et James Gregory (1638-1675), astronome et mathématicien qui a mis au point le premier télescope à réflexion, sont nés de ces sources. L’orfèvrerie et la bijouterie, deux savoir-faire juifs de longue date, ont été pratiqués brillamment « dans la seconde moitié du XVIe siècle » par les artisans d’Edimbourg – exactement la période de temps que l’on anticipe pour les immigrants conversos arrivant de France, de Hollande, d’Italie et d’Angleterre.
A la frontière sud de l’Ecosse à Falkirk, les usines sidérurgiques de Carron ont été établies en 1759. Carron étant un nom de famille français conversos. En 1801, David Mushet (Moshe) avait identifié d’immenses gisements de minerai de fer de bande noire, qui fourniraient les ressources de la grande industrie sidérurgique écossaise du XIXe siècle. Et comme nous le verrons, les marchands de Glasgow se sont enrichis grâce à un commerce triangulaire du tabac avec les colonies américaines et les Caraïbes.
Vers la fin des années 1700, l’Écosse dirigeait un réseau lucratif d’import-export qui s’étendait de la Virginie et de la Caroline du Sud à la Jamaïque et à la Barbade, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, puis en Suède, en Pologne et en Russie – tous des endroits où les Juifs conversos s’étaient installés et avaient ouvert des banques, des sociétés de transport maritime et des usines de fabrication.
Ainsi, Smout s’interroge sur ces entrepreneurs écossais, « Il serait intéressant d’en savoir autant sur leur appartenance religieuse et leur enfance que sur leur filiation » (p. 364). Ce serait bien, en effet, et ainsi, nous passons maintenant à l’examen de la dernière monographie historique examinée dans ce chapitre.
The Forgotten Monarchy of Scotland par le Prince Michael Stewart (2000)
L’auteur de cette histoire écossaise est S.A.R. le Prince Michael Stewart d’Albany, chef de l’équipe d’Albany, de la maison royale écossaise de Stewart, un descendant des Stuart Prétendants au trône.
Le mot « prétendant » n’avait pas à l’origine un sens péjoratif. Ces rois sont les successeurs légaux du dernier monarque Stuart, la reine Anne, dont le trône est passé aux Hanovriens en 1714.
Un cadeau immédiat à l’histoire du Prince Michael est son inscription comme « Président honoraire de l’Association des étudiants juifs de l’Université de Glasgow » (d’autres titres de son nom incluent, par exemple, Prince Titulaire de France et de Pologne, et Duc de Normandie et d’Aquitaine).
Pourquoi l’héritier actuel de la dynastie Stewart de l’Écosse est également à la tête de l’association des étudiants juifs de l’Université de Glasgow? Parce qu’il est d’ascendance juive.
S.A.R.H. Michael Stewart présente les circonstances d’une manière assez simple, dans son récit : La lignée maternelle de la famille Stewart en France était descendue « de la famille Stuart de la Tribu de Juda ». Il croit que sa famille est d’ascendance davidique (c’est-à-dire juive).Il est donc un Juif par descendance du Roi David.
Les Stewart faisaient partie des familles françaises qui vinrent en Angleterre avec Guillaume le Conquérant et son armée normande en 1066.
D’abord nommée FitzAlan, la famille a pris le nom de Stewart après avoir servi en tant qu’intendants royaux de la dynastie Bruce d’Écosse. En épousant la femme héritière du roi Robert Bruce en 1315, Walter Stewart (qui à ce moment-là servait aussi comme régent) s’est assuré que son fils Robert II ait fini par accéder au trône d’Ecosse.
Il convient également de noter que S.A.R.H. Michael Stewart, donne foi à ll’histoire de la Pierre du destin, croyant qu’une princesse égyptienne nommée Scota est venue en Irlande et que les Pictes et les Gaëls sont tous les deux originaires de la mer Noire (Scythie) au sud de l’Europe de l’Est.
Comme il l’affirme, « De Tamar et Eochaid (Echad) sont descendues des lignées royales d’Irlande …. à travers lesquelles tous les rois d’Écosse ont tracé leur succession, à partir des rois bibliques de Juda » (p. 70).
Bien que S.A.R.H. Michael Stewart croit à cette explication de l’ancienne lignée juive des rois écossais, nous n’y croyons pas. Nous pouvons nous tromper et il pourrait avoir raison, mais l’histoire est trop tirée par les cheveux pour étayer des faits historiques aussi importants. De plus, nous n’avons pas besoin de ces origines lointaines, car la France de 1050 est une source immédiate – et prouvable – de l’ascendance juive de la royauté écossaise.
Ce que le récit de HRH Michael Stewart nous offre, cependant, est une description plus détaillée. et une version nuancée de l’histoire écossaise que nous n’en avons vu précédemment, avec plusieurs indices importants sur la présence juive, dans ce pays.
Tout d’abord, il note (p. 19) que l’église celtique a conservé plusieurs pratiques juives, tout en résistant délibérément à lse conformer au catholicisme romain. Le rituel de la Cène n’a été célébré qu’à partir de 906 à Pâques/Pesach, les baptêmes d’enfants n’étaient pas pratiqués, il n’y avait pas d’imagerie de crucifixion et les icônes n’étaient pas utilisés.
Stewart écrit également que l’Ancien et le Nouveau Testament ont été pondérés de façon égale à l’intérieur de l’Église celtique, et il précise : Contrairement à leurs homologues catholiques, les prêtres de l’Église celtique ont été autorisés à se marier, et leurs fonctions religieuses ont été transmises héréditairement, de père en fils…. Étant donné que Jésus était la base de la foi, la structure mosaïque de l’Ancien Testament en était la suivante, dûment constitué en société. Les lois judaïques sur le mariage ont été observées, ainsi que le sabbat et la Pâque. Pâques était correctement tenu comme étant le jour de fête traditionnel de l’année. Déesse du printemps, Eostre…… [p. 30].
Il décrit également avec précision, quoique de façon un peu condescendante, la fusion que fit l’Empereur Constantin. de la chrétienté avec des cultes païens préexistants au Moyen-Orient: Contrairement à la croyance traditionnelle, l’empereur Constantin le Grand (a.d. 274-337) n’a pas embrassé le christianisme en tant que religion de Rome, mais il a adapté le christianisme en un nouvelle forme qui était en fait liée au culte syrien Sol Invictus, le culte du soleil… Constantin a redéfini l’anniversaire de Jésus pour se conformer au Festival du Soleil le 25 décembre, et a remplacé le sabbat sacré (samedi) par le jour du Soleil… Les points culminants du christianisme judaïque ont été commodément fusionnés avec la tradition païenne, et le culte persan de Mithra, qui a souligné le concept de jugement final….. [p. 31].
Stewart nous offre une perspective différente sur l’arrivée des « outsiders » dans l’univers de l’entreprise en Écosse, notant que beaucoup de ces immigrants étaient flamands, plutôt que français en soi : » Bien que certains Normands se soient aventurés en Écosse à l’époque de Malcolm III…. il n’y a pas eu de pénétration effective jusqu’au règne du roi David Ier (1124-53)… La colonie qui en a résulté était beaucoup plus flamande que normande, même si certains membres de l’équipe étaient normands, ils faisaient parti des familles nobles de Flandre…. » (p. 32).
Stewart soutient que ces nouveaux venus flamands intéressaient David Ier, pour les raisons suivantes : leurs compétences dans les domaines de l’administration, du commerce international et des affaires. Ils étaient aussi de bons fermiers et d’excellents tisserands. Une fois les Flamands et les Normands arrivés, le Roi David Ier les a établi dans des Sheriffdoms et les a incorporés dans le système judiciaire écossais.
L’épouse du roi écossais David Ier était Maud de Lens de Boulogne, Flandre, la veuve de Simon de Senlis (St. Liz) (portant un prénom juif) et la femme la plus riche de Grande-Bretagne.
Stewart déclare : « Maud n’était pas seulement une cousine du comte de Flandre, elle était aussi une cousine de Godefroi de Bouillon, Gardienne du royaume de Jérusalem nouvellement créé. La politique de David Ier avait été de mettre en place une stratégie mercantile qui relierait L’Écosse à un empire commercial centré sur Bruges et géré par des familles flamandes. dans toute la chrétienté orientale et occidentale « (p. 43).
Accompagnant Maud en Ecosse, il y avait une foule de parents de Boulogne : Walter Fleming (maintenant Seton), Gilbert de Ghent (maintenant Lindsay), Robert de Commines (maintenant Comyn et Buchan), Arnulf de Hesdin (maintenant Graham), l’avocat de Bethune (maintenant Beaton).
Stewart déclare également que l’ascendance flamande caractérise les familles écossaises d’Abernethy, Anstruther, Baird, Balliol, Boswell, Brodie, Cameron, Campbell, Crawford, Douglas, Erskine, Fleming, Fraser, Hamilton, Hamilton, Hay, Innes, Leith, Leslie, Murray et Oliphant. (p. 34).
Ainsi, bon nombre des noms de famille que nous considérons comme typiquement écossais sont en fait flamands et français – tout comme les personnes qui les portent. Dans les chapitres suivants, nous allons documenter les mariages mixtes et la consanguinité chez les nobles normands, tant en Écosse que dans les familles qui leur sont liées en France et en Flandre. La cohésion de ces liens de parenté a fourni un réseau politique et économique unifié qui couvrait l’Europe de l’Ouest et la Terre Sainte.
La maison royale de Bruce a pris fin en 1371, lorsque le fils de Robert, David (47 ans). est mort après une maladie soudaine au château d’Edimbourg sans héritier mâle. La fille de Bruce, Marjorie, avait cependant épousé Walter, le 6e Grand Stewart d’Écosse (vers 1292-1326). Elle mourut en donnant naissance à un fils, Robert II, qui servit de régent pendant les absences fréquentes de David II et fut couronné à l’abbaye de Scone le 26 mars 1371, initiant ainsi la dynastie royale des Stuart.
Stewart décrit sa procédure d’installation, qui était celle d’un prêtre, sur le modèle de celles d’Israël.
Tout d’abord, le futur Roi passe par un rituel de purification pour devenir prêtre d’un peuple et ordonné. Il apparaîtra ensuite à l’abbaye de l’église de Scone, vêtu de blanc comme symbole d’intégrité….. Avec sa main sur la Pierre [de la Destinée], le Roi jurera son serment de fidélité en tant que champion du peuple. Il a été dûment oint, puis s’est assis sur la pierre de couronnement séparée et beaucoup plus grande…. Dans les premiers temps, la couronne n’était plus qu’une et son concept symbolique était d’attirer l’attention de Dieu….. A cette étape suivaitt la cérémonie religieuse, dirigée par l’évêque et les sept prêtres, avec la lecture des écritures de l’Ancien Testament, et des prières….. p. 75 à 76].
Aussi selon Stewart, si il est souvent présumé que Robert de Bruce était un Normand, ce n’est pas vrai. Les de Bruce possédaient des terres en Normandie, mais Robert portait le lion flamand azur de Louvain lorsqu’il arriva en Grande-Bretagne.
Conclusions du 1er chapitre
Alors, où nous mène cette recherche et cet examen de l’histoire écossaise?
Tout d’abord, nous avons trouvé un Écossais d’origine aristocratique qui revendique une ascendance juive. Certes, ce n’est pas un spectacle écrasant dans un pays de cinq millions d’habitants, mais au moins c’est un début.
Deuxièmement, nous espérons avoir convaincu le lecteur que l’Écosse, après 1100, n’était pas peuplée exclusivement ou même majoritairement par des Celtes. Avec les Vikings au nord et les Français, les Flamands et les Hongrois au sud et au centre, il restait peu de Celtes en possession de terres ou de titres au tournant du millénaire.
Un dialecte anglo-normand a remplacé l’ancienne langue gaélique et d’autres institutions du gouvernement local dès 1100. En effet, le point de vue de la plupart des historiens aujourd’hui, c’est que les clans n’étaient pas tant un vestige du sombre passé tribal de l’Ecosse mais une création de sa période féodale de développement.
Comme on nous le rappelle à maintes reprises, « les liens qui maintenait le clan ensemble étaient la terre et la propriété foncière, alors que les origines de l’Ecosse était autant à considérer avec les Normands francophones qu’avec les Celtes anciens » (Herman 2001, pp. 121 – 22 ).
Un livre de Elizabeth Caldwell Hirschman et Donald N. Yates.
Voir tous les chapitres du livre Quand l’Écosse était juive
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