L’histoire sanglante de la Reine Athalie
Elle fut la première reine de Juda, et pourtant peu connaissent son histoire.
En 842 av. J.-C., un événement sans précédent se produit dans le royaume de Juda : une femme accède au trône. À une époque où les femmes détenaient rarement le pouvoir sans un homologue masculin, l’ascension d’Athalie fut extraordinaire, témoignant de son ambition et de sa détermination à s’emparer du trône.
Dès l’instant où elle reçut son nom, elle était destinée à devenir une « héroïne de Dieu ». Son nom, Athalie, dérive du mot akkadien signifiant « héros » associé à une référence à Dieu (« Yah » ou « Yahu »). Ces deux éléments – sa force et sa lutte pour la foi – définiraient sa vie jusqu’à la fin.
Athalie naquit princesse royale du royaume d’Israël, fille de la maison d’Achab. Cette lignée était composée de rois puissants et de reines encore plus redoutables. Devenue adulte, elle fut mariée à Joram, roi de Juda – une alliance politique probable entre familles royales de royaumes voisins, souvent rivaux.
Josaphat, roi de Juda, devint roi. Il avait trente-deux ans lorsqu’il devint roi, et il régna huit ans à Jérusalem. Il suivit la voie des rois d’Israël, comme l’avait fait la maison d’Achab, car une fille d’Achab devint sa femme ; et il fit ce qui est mal aux yeux de Dieu.
(2 Rois 8:16–18)

Dès le début, la Bible présente Athalie comme une femme méchante.
Le roi Joram suivit la voie de la maison d’Achab et ne conduisit pas Israël selon les voies de Dieu. La faute en incombe entièrement à sa femme. Joram ne régna que peu de temps avant de mourir jeune. Son fils Achazia, qui lui succéda, fut également considéré comme un roi mauvais. Et pourquoi ? Là encore, la faute en incombe à sa mère, une reine étrangère, issue du royaume voisin prétendument corrompu, qui ne suivit pas les voies du Dieu de Juda.
Sa mère s’appelait Athalie, fille d’Omri, roi d’Israël. Il suivit la voie de la maison d’Achab et fit ce qui déplaît à l’Éternel, comme la maison d’Achab, car il était gendre de la maison d’Achab.
(2 Rois 8:26–27)
Mais le règne d’Achazia fut également bref. Après ces successions rapides, Athalie finit par s’emparer du trône.
La Bible décrit comment Athalie prit le pouvoir après la mort de son fils.
Après avoir été reine consort aux côtés de son mari, puis reine mère aux côtés de son fils, elle gouverna désormais de plein droit. Mais à une époque où les femmes n’étaient pas jugées aptes à gouverner, ses prétentions au pouvoir furent contestées.
Ainsi, le premier acte de son règne, et presque le seul, rapporté dans la Bible, est sa tentative d’éliminer tous ses rivaux pour le trône. Elle a ainsi assuré la destruction de toute la lignée royale.
« Et Athalie, mère d’Achazia, vit que son fils était mort, et elle se leva et fit périr tous ceux de la race royale. »
(2 Rois 11:1)

Cela scella l’héritage d’Athalie : on se souvenait d’elle comme d’une reine maléfique, d’une meurtrière, d’une souveraine qui n’hésitait pas à exécuter quiconque contestait son règne. Elle était aussi la seule monarque de Juda à ne pas être issue de la maison de David – née non pas en Juda, mais dans son royaume rival, Israël.
Cependant, dans sa purge pour sécuriser son trône, Athalie a manqué un héritier.
« Jéhoshéba, fille du roi Joram et sœur d’Achazia, prit Joas, fils d’Achazia, et le déroba du milieu des enfants du roi tués. Elle le cacha, lui et sa nourrice, dans la chambre à coucher. Ils le dissimulèrent à Athalie, et il ne fut pas tué. Il se cacha avec elle dans la maison de l’Éternel pendant six ans, pendant qu’Athalie régnait sur le pays. »
(2 Rois 11:2–3)
Jéhoshéba, sœur du roi assassiné, parvint à sauver son jeune fils, Joas. Elle put le cacher en secret, alors même que d’autres enfants royaux étaient assassinés. Cette dissimulation rappelle l’histoire de Moïse, un enfant caché jusqu’à ce qu’il grandisse et guide son peuple, le libérant de l’oppression. Comme Moïse, Joas fut sauvé par une femme de la maison royale.
Les années passèrent, Joas grandit et était prêt à revendiquer le trône. Ses partisans surpassèrent Athalie et le proclamèrent roi. Ils restaurèrent la foi du peuple et vengèrent sa famille royale. Athalie fut exécutée.
« Et tout le peuple du pays se réjouit, et la ville devint tranquille, et ils firent périr Athalie par l’épée dans le palais royal. »
(2 Rois 11:20)

Au-delà de cela, la Bible ne nous dit rien des six années de règne d’Athalie. On ne trouve aucune trace de sa façon de gouverner, ni de ses actions guerrières, ni de sa gestion des affaires intérieures, ni de ses réformes. Le seul détail conservé est qu’elle s’est emparée du pouvoir et a éliminé ses rivaux masculins, y compris des enfants, pour maintenir son règne.
Est-ce pour cela que nous la mentionnons rarement ou la célébrons comme la première reine de Juda ?

L’histoire d’Athalie invite à la comparaison avec d’autres reines puissantes de cultures voisines. L’un des parallèles les plus fascinants est celui d’Hatchepsout, la pharaonne égyptienne qui régna vers 1507 av. J.-C.
Comme Athalie, Hatchepsout naquit princesse. Fille du pharaon Thoutmosis Ier, elle épousa son demi-frère, comme le voulait la coutume dans l’Égypte antique, devenant ainsi reine consort. Mais lorsque son mari mourut jeune, laissant un fils trop jeune pour régner, elle fut nommée régente.
En règle générale, l’épouse du roi n’assumait la régence que jusqu’à la majorité de l’héritier. Mais lorsque vint le moment pour le jeune pharaon de monter sur le trône, Hatchepsout refusa d’abandonner le pouvoir et continua de régner seule, sans mari.
Comme Athalie, elle s’empara du pouvoir. Et comme Athalie, elle fut finalement renversée pour laisser la place à l’héritier mâle légitime.
On peut constater les efforts déployés pour effacer les traces de ces reines et obscurcir leur règne. Dans le cas d’Hatchepsout, des inscriptions ont été effacées, ses exploits ont souvent été attribués à Thoutmosis III, des obélisques ont été détruits et des statues ont été brisées. Il est intéressant de noter que dans les représentations de son règne qui nous sont parvenues, elle était initialement représentée comme une femme, mais avec le temps, ses traits féminins ont disparu et elle a été représentée comme un pharaon, vêtu d’un costume masculin et coiffé d’une barbe de cérémonie.
En remontant plus loin dans l’histoire, la première femme à régner sur l’Angleterre, Lady Jane Grey, connut un sort similaire. Jane ne régna que neuf jours avant d’être déposée et exécutée à seulement seize ans.
Née dans la lignée royale, arrière-petite-fille d’Henri VII du côté maternel, l’accession au trône de Jeanne fut inattendue. Le roi Édouard VI, fils d’Henri VIII et cousin de Jeanne, était gravement malade. Sans héritier direct, il désigna Jeanne et ses descendants comme successeurs dans son testament. C’était la première fois dans l’histoire de l’Angleterre qu’une femme devenait reine de plein droit, plutôt qu’épouse d’un roi.
Mais son règne fut de courte durée. Neuf jours plus tard, Marie, fille d’Henri VIII, revendiquait le trône et le ravissait à Jeanne. Contrairement à Athalie, Jeanne ne chercha pas à éliminer ses rivales. Pourtant, malgré son absence de sang versé, elle fut accusée de trahison et exécutée.

Les histoires de ces trois femmes illustrent les immenses difficultés rencontrées par les femmes pour s’emparer du pouvoir et le conserver. Les souveraines étaient généralement d’abord consorts, et une fois veuves, elles étaient plongées dans de violentes batailles de succession – auxquelles elles survivaient rarement.
Il faudra attendre des siècles avant qu’une autre femme ne règne sur Juda : la reine Shlomtzion, également connue sous le nom de Salomé Alexandra. Comme Athalie, elle régna après la mort de son mari, et comme Athalie et Hatchepsout avant elle, elle fut dépeinte par les historiens comme une femme ayant renoncé à sa féminité pour conquérir le pouvoir.
Josèphe la décrit comme une souveraine qui, par son ambition insatiable, finit par ruiner la maison royale en tentant d’éliminer ceux qui s’opposaient à son règne ou en doutaient :
C’était une femme qui ne laissait transparaître aucun signe de faiblesse de son sexe. Car elle était d’une sagacité extrême dans son ambition de gouverner […] elle a conduit les affaires de sa maison à un tel déplorable état qu’elle a été à l’origine de la perte de cette autorité, […] et ce, par désir de ce qui n’appartient pas à une femme : tout cela par complaisance envers ceux qui nourrissent de mauvaises intentions envers leur famille ; et en laissant l’administration privée du soutien digne de grands hommes. Et de fait, sa gestion, de son vivant, fut telle qu’après sa mort, le palais fut rempli de calamités et de troubles.
( Josèphe, Antiquités juives, Livre XIII, Chapitre 16, Section 6 )

Le monde est-il différent aujourd’hui ? Une femme peut-elle accéder au pouvoir sans éliminer les hommes qui l’entourent, sinon littéralement, du moins symboliquement ?
Aujourd’hui encore, les actions des femmes ont-elles un poids différent de celles des hommes ? L’histoire recense de nombreux rois qui ont éliminé leurs rivaux pour s’assurer le trône, mais celui qui reste tristement célèbre pour sa cruauté est Athalie, la première reine de Juda.
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