Mystique juive

La Tefila de Hanna à Chilo ou le secret de l’éternité d’Israel

Hanna est une des 7 prophétesses que la bible a retenu, avec (traité méguila 14a), Sarah, Myriam, Deborah, Avigail, Houlda et Esther. Hanna, comme Sarah et Rivka, est passé par la cruelle épreuve de la stérilité.

Or quoi de plus ironique lorsque l’on sait que Hanna représente l’essence de la femme juive? Les trois lettres qui composent son nom hébraïque formant un acrostiche réunissant les trois mitsvot concernant les femmes juives :

  • Hala (le pain de chabat),
  • Nida (les lois de la pureté familiale)
  • Hadlakat nerot (l’allumage des bougies)

Soit l’essence même de la féminité contenue en trois lettres englobant le Hessed, la générosité, la Bina, la réflexion et la divinité inhérente à sa lettre finale, le Hé.

Ces trois commandements regroupent également les trois besoins fondamentaux de l’Homme pour vivre :

  • la pâte à pain, autrement dit l’alimentation,
  • les bougies, soit la lumière,
  • les relations intimes, soit les engendrements.

La femme juive est alors la garante d’une vie sanctifiée par la présence divine sous tous ses aspects.

Le Zohar raconte que lorsque Sarah mourut, la nuée divine qui planait en permanence au dessus de la tente ouverte aux quatre coins d’Abraham disparue. La nuée divine ne revint que lorsque Rivka, femme d’Ytsrak, entra à son tour dans la tente. (La poétique du Zohar, Eliane Amado Lévy-valensi ) .

Hanna a cela de particulier qu’elle fut à la fois femme et mère de prophètes.

Son mari, Elkana, se rendait chaque année en pèlerinage au temple de Chilo où officiaient les deux fils du prophète Elie. Il y faisait son sacrifice rituel puis le partageait entre ses deux femmes : Pnina et Hanna. Pnina et tous ses enfants, fils et filles qu’elle avait eu d’Elkana, Hanna et sa stérilité… et pourtant Elkana l’aimait !

Il lui disait « Hanna pourquoi pleure-tu ? Pourquoi ne mange-tu point et pourquoi ton coeur est-il affligé ? Est-ce que je ne vaux pas pour toi plus que dix enfants ? »

Mais, à chaque sacrifice d’Elkana, Pnina se moquait de Hanna et exacerbait sa souffrance… il est significatif que le nom du mari des deux rivales soit Elkana, qui signifie traditionellement « Dieu a acquis » mais dans le nom duquel on peut aussi entendre le mot « kina », la jalousie.

La lettre qui change tout étant le Hé pour acquérir, le Aleph pour jalouser… le tout étant une sombre affaire de possession nous faisant vaguement penser à Caïn et à son histoire tragique…

Un jour de pèlerinage à Chilo, Hanna n’y tint plus et pénétra dans le sanctuaire afin d’épancher son cœur brisé devant l’éternel. Elle parlait en elle-même, ne faisant remuer que ses lèvres.

« Eternel Tsevaot ! Si tu daignes considérer l’affliction de ta servante, te souvenir d’elle et ne point l’oublier : si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le vouerai au Seigneur pour toute sa vie et pas un rasoir ne touchera sa tête ! »

Hanna est la première personne de la bible à employer ce nom divin pour s’adresser au créateur.

Interprétation du Pessiqta rabbathi : 

« Il existe, a prié Hanna, deux armées dans Ton univers, celle d’En-haut et celle d’En-bas. Si je devais appartenir à celle d’En-haut, je ne mangerai ni ne buverai ni n’enfanterai ni ne mourrais. Mais comme j’appartiens à l’armée d’En-bas, je dois non seulement manger et boire, mais aussi enfanter. Hachem a alors répondu à Hanna : Tu viens de rappeler la grandeur de Mes armées, Je proclame à Mon tour celle des tiennes, celles que constitueront tes descendants. » (Référence rapportée par Jacques Kohn z’l’)

Le prophète Elie crût qu’elle était ivre. Mais elle n’était qu’ivre de douleur… et c’est de Hanna qu’on instaurera ensuite cette nouvelle manière de prier : les lèvres forment chaque mot mais la voix résonne à l’intérieur de la personne en un dialogue secret et intime avec le créateur.

C’est la singularité de Hanna, cette propension à s’immerger en elle-même, à intérioriser jusqu’à atteindre l’origine de toute chose, à être à l’écoute de son âme et à se rattacher au créateur. Cette faculté demande a être travaillée, dirigée car, dans un premier temps, c’est cette facette d’elle-même qui la coupe de son mari et l’empêche d’enfanter : il n’y a que la jalousie qui règne dans le cœur de Hanna et Elkana, croyant consoler, ne fait qu’attiser en lui disant « l’amour te suffit ! Je te suffis ! ».

Le Aleph, l’unité, la symbiose ne correspondent pas à la personnalité de Hanna, dans laquelle elle étouffe. Elle a besoin du Hé, du divin, entre elle et lui, du souffle de liberté pour dévoiler le cœur de son âme.

C’est pourquoi ce n’est que lorsqu’elle pénètre dans le sanctuaire de Chilo, qu’elle déchire l’unité apparente et matérielle du monde-tel-qu’il-est et pénètre dans l’univers et le temps du Hé, la dimension au-delà des sens, là où les lettres, à elles seules, forment des mots qui eux-mêmes sont des actes véritables, des prières qui atteignent Dieu directement : l’éternel « tseva-ot », le dieu des armées mais aussi le dieu des lettres, le dieu de l’origine, de la création, du dévoilement, là où le multiple et l’unité ne font qu’un et où Hanna se rattache à la racine de son âme et libère enfin son potentiel de fécondité…

Alors Elie la renvoya chez elle en lui promettant l’accomplissement de sa demande à Dieu.

« Hanna dit « puisse ta servante trouver grâce à tes yeux ». Elle se remit en chemin, prit de la nourriture et sa physionomie ne fut plus la même. »

La barrière de Hanna entre l’intériorité et l’extériorité a cédé, quelque chose a changé en elle, le souffle bloqué, figé, circule à nouveau.

Dieu s’est « souvenu » d’elle, comme il s’est souvenu de Sarah. Hanna a perdu son égoïsme en se trouvant elle-même et a prié cette fois pour un enfant pour Dieu, et non pour elle-même. Le matériel et le spirituel sont enfin réunis, Hanna peut enfin manger car son corps est relié à son âme ! Et c’est alors seulement que les mots sortiront de sa bouche et retentiront, prophétie audible cette fois de tous, mouvement inverse du premier : le matériel comblé se transforme en spirituel, la matrice de Hanna s’est remise en route, la vie circule, le souffle passe et Dieu s’exprime par sa bouche.


La Tefila de Hanna n’est plus une demande issue de la souffrance, elle est à présent un chant de reconnaissance, de louange et de remerciement, né de l’épanouissement à la fois spirituel et charnel de la femme. Tout en elle fonctionne, elle est au diapason d’avec la création, elle devient la vie même :

« Mon cœur se délecte en l’éternel, mon front s’est relevé grâce au seigneur : je puis ouvrir la bouche en face de mes ennemis, car j’ai à me réjouir, seigneur, de ton assistance.

Nul n’est saint comme l’éternel, nul ne l’est que toi seul ! Aucune puissance n’égale notre dieu.

Cessez, cessez vos paroles arrogantes, les bravades qui s’exhalent de votre bouche, car il dispose de toute science, l’éternel, et toute œuvre lui est facile.

Par lui l’arc des forts est brisé et ceux qui faiblissent sont armés de vigueur :

Ceux qui vient dans l’abondance se font mercenaires et qui souffrait de la faim en est délivré, tandis que la femme stérile enfante sept fois, la mère féconde est humiliée.

L’éternel fait mourir et fait vivre, il précipite au tombeau et en retire.

L’éternel appauvrit et enrichit, abaisse et relève à son gré.

Il redresse l’humble couché dans la poussière, fait remonter le pauvre du sein de l’abjection, pour les placer côte à côte des grands et les installer sur le siège d’honneur, car les colonnes de la terre sont à l’éternel, c’est lui qui en a fait les supports du monde.

Il veille sur les pas de ses adorateurs, tandis que les impies périssent dans les ténèbres, car ce n’est pas la force qui fait le vainqueur.

L’éternel, ses agresseurs sont foudroyés, quand sur eux, du haut du ciel, il tonne, l’éternel juge les sommités de la terre et il donnera la puissance à son roi et il exaltera la gloire de son élu ! » (Samuel, chap 2, 1-10)

Selon le Targoum (traduction araméenne) de Yonathan ben Ouziel (qui révèle de nombreux secrets cachés dans l’Écriture), le premier verset de la prière de ‘Hannah contient la prophétie que son fils Samuel serait un prophète en Israël ; que du vivant de ce dernier le peuple d’Israël serait délivré des Philistins ; que Samuel opérerait plusieurs miracles ; enfin que son petit-fils Heyman, avec ses quatorze fils, chanterait, en s’accompagnant d’instruments de musique, des Psaumes dans le Beth Hamikdache en compagnie d’autres Lévites.

Dans le second verset, ‘Hannah prédit la défaite de Sennachérib aux portes de Jérusalem. Plus loin elle prédit à Nabuchodonosor et à d’autres ennemis d’Israël qu’ils paieraient pour leur méchanceté. Parmi ces derniers, les Macédoniens (Grecs) qui seraient vaincus par les Hasmonéens ; le méchant Haman et ses fils battus par Mardochée et Esther.

Enfin, ‘Hannah prophétise également la grande guerre mondiale où toutes les nations s’engouffreraient dans une furie d’anéantissement mutuel et après laquelle le Messie viendrait apportant la rédemption totale au peuple d’Israël.

Alors, ce serait l’avènement d’un monde nouveau dans lequel il n’y aurait ni le mal ni la destruction, car il serait d’un bout à l’autre plein de la sagesse de D.ieu. » (Référence rapportée par Nissim Mendel)

L’éternel féminin et la Sephira Malkhout

Hanna dérive du mot « Hen », la grâce divine et la miséricorde.

L’éternel féminin est représenté dans le système des sephirot par la séphira Malkhout :

« La Malkhout est l’expression et le dévoilement et de ce fait, la parole et l’action. Elle est l’ultime jugement et le dernier mot. Elle est d’une puissance phénoménale et peut transformer, révoquer, et entraîner la fin comme le recommencement. Elle est la confrontation avec la réalité physique qui occasionne dans l’âme un sentiment de chute, lequel se traduit par l’humilité à l’intérieur et par un désir de gouverner à l’extérieur. Elle est la naissance du nouvel enfant et du nouveau jour. Elle est le chabat. » (Comprendre son prénom hébraïque selon Hassidout et Kabbale, Y.Y. Corda )

L’Harmonie s’atteint lorsque les sephirot Malkhout, le féminin et Tiferet, le masculin, sont réunies.

La sitra atra, les forces du mal, interfèrent pour séparer les deux sephirot et causer l’exil de la chrina. Hanna symbolise cette sephira en quête de son pendant, souffrant de ne pouvoir réaliser l’unité divine.

D’ailleurs ce n’est pas anodin si Hanna passe par une longue période de stérilité avant de pouvoir enfanter le prophète Samuel. Une longue période de combat nourrie par la jalousie qu’elle ressent pour Pnina et qui la mènera après de nombreuses années de souffrances et d’incompréhension de ce qu’elle est réellement à se réaliser dans la prière.

Malkhout séparée de Tiferet… elle s’épanchera enfin, faisant résonner sa voix, atteignant enfin le Créateur dans un élan de vérité, de générosité et de rigueur, sous l’égide bienveillante et fécondatrice du prophète Elie. Dans cette courte scène se profile déjà l’avènement du messie et la rédemption finale. Même si ce n’est pas encore le bout du chemin, Hanna a déjà re-trouvé sa voix.

« Nos ancêtres furent libérés d’Egypte par le mérite des femmes vertueuses » Gemara Sota 11b. D’après le Ari z’l’, « la génération de la sortie d’Egypte se réincarnera dans la génération de la fin de l’Exil », donc, en déduis le Rabbi de Loubavitch, « c’est par le mérite des femmes vertueuses que viendra la Délivrance ».

Les femmes vertueuses de la génération de la sortie d’Egypte, représentées par Myriam, dont l’amertume contenue dans son nom, dit le Midrach, correspondait à l’amertume de l’exil, avaient emporté avec elles des tambourins qu’elles avaient elle-même confectionné en vue de chanter sur le chemin de la Délivrance.

La femme juive a en elle cette force de transformer l’amertume en douceur, la peine en joie et les plaintes de l’exil en chant de Délivrance.

Ruth Reichelberg aimait à répéter que, toujours, « les femmes jouent un rôle clef à chaque moment charnière de l’histoire d’Israël ».( Ruth- femme d’Israël, ed Elkana 2007) Catherine Chalier dira aussi, décrivant Sarah aux côtés d’Abraham, et citant le Zohar qui la décrit comme « une colonne », que « la femme est une ouverture sur l’Infini » qui porte en elle la vie, soit le secret de l’éternel renouvellement. (Les Matriarches, Catherine Chalier, cerf 2000)

La lune, le soleil et la fin des temps

« JE DORS MAIS MON CŒUR EST RÉVEILLÉ» (CHIR A CHIRIM)

« Chacun doit se considérer comme s’il était lui-même sorti d’Egypte » (Haggada de Pessah).

Seulement sortir d’Egypte ne signifie pas entrer directement en terre sainte. Sortir d’Egypte n’est que le tout premier pas du nourrisson en direction de l’accomplissement des prophéties. Il reste encore à tourner quarante ans dans le désert. Il reste encore neuf mois de grossesse avant d’enfanter un peuple mature et apte à appliquer les commandements divins sur la terre de la promesse.

« Il y a un temps pour tout, un temps pour vivre et un temps pour mourir ». Ce n’était pas encore le moment. La vie des prophètes, dit André Neher, est comme un psychodrame illustrant grandeur nature la relation entre Dieu et son peuple.( Prophètes et prophétie, André Neher, Calmann-Lévy, 1955)

Femme stérile inconsolable, jalousie, lamentation, aveuglement, amour: c’est la lutte entre Chilo et Jérusalem, entre les vrais et les faux prophètes, entre spiritualité et idolâtrie.

Lorsque le Mal envahi le monde et que les apparences éclatent, l’union du Masculin et du Féminin est empêchée et il faut d’abord un long travail de tikoun, de réparation, afin de ramener toutes les étincelles de lumière et de dévoiler le Nom dans son Unité. Il faut vivre la stérilité dans sa chaire, éprouver les souffrances de la shrina trahie, se casser l’échine sous le soleil implacable, afin de se purifier.

Le peuple juif, par son comportement, a le pouvoir de sauter les étapes, mais, bien trop souvent, le peuple a la nuque si raide qu’il doit passer par chacun des stades menant à la rédemption, aussi douloureux soient-ils, afin de se raffiner.

Manitou, le Rav Léon Ashkenazi, aime à rapporter le midrach de la lune et du soleil (talmud, Genèse, 1, 16) pour expliquer le rôle du peuple juif et le processus messianique que le monde doit accomplir depuis la création jusqu’à la fin des temps.

« L’Eternel a crée deux luminaires, le grand pour gouverner le jour et le petit pour gouverner la nuit. » or, à l’origine, raconte le midrach, les deux luminaires avaient la même taille.

La lune vint donc trouver le créateur et lui dit : « est-il possible que deux rois servent la même couronne ? » (appuyant sur le mot polysémique shav en hébreu qui veut aussi bien dire égaux que vain).

Dieu lui répondit : « tu as raison, vas et diminue toi ! » mais l’Eternel consola tout de même la lune qui se lamentait en rajoutant : « ta destinée sera de gouverner le jour et la nuit. » ce à quoi la lune, qui n’avait décidément pas la langue dans sa poche, rétorqua : « à quoi sert une lampe allumée en plein midi ? » alors, magnanime, le créateur lui fit cette dernière réponse : « va, commence l’histoire et Israël comptera d’après toi les jours et les années. ».

Le Zohar apprend du verset de chir a chirim « ahoti, yonati,tamati » qu’il ne faut pas lire « tamati » ma douce, mais « teomati » ma jumelle car, à la fin des temps « aharit a yamim », la lune et le soleil seront à nouveau égaux dans la lumière du créateur, dans un nouvel ordre où la présence de l’un n’effacera plus celle de l’autre…( La parole et l’écrit, I et II, Rav Léon Askénazi, ed Albin Michel, 2005) cela vient nous enseigner plusieurs choses : la lune et le soleil représente le féminin et le masculin, malhout et tiferet, mais aussi les nations du monde et Israël, Yaakov et Essav, les jumeaux originels, jamais égaux « quand l’un s’élèvera, l’autre s’effondrera ».


C’est aussi le sens du rêve prophétique de Yehezkiel qui contemple le trône divin sur lequel apparaissent un lion, un aigle, un homme et un taureau.

Le Maharal interprète ce rêve comme la succession des empires qui s’élèveront et s’effondreront (perse, babylone et rome) avant d’arriver à la fin des temps. (Ner Mitsva ou l’éclat de l’impératif, Rabbi Yehuda Loew, trad Y.Israel Rück, Jérusalem 2007)

Manitou explique que toute la gageur de l’humanité est d’arrivé à engendrer une humanité de frères et de soeurs comme dans la phrase d’Abraham « anachim ahim anahnou » pour faire régner le chalom autour d’Israël, pour établir un couple viable, afin que se dévoile l’unité du créateur dans l’harmonie d’Israël et des nations, dans la complémentarité de l’homme et de la femme, condition ultime à l’engendrement du messie.

Israël, comme Hanna, est comme la lune, comme le phénix, qui se renouvelle, qui renaît sans cesse de ses cendres.

Du mot « hidouch » et c’est par elle que commence la première mitsva de la Torah, celle du Roch Hodesch ou comment compter le temps et le maîtriser, comment s’élever au dessus du temps et avancer à chaque renouvellement.

Les nations sont le soleil qui instaure l’année, la chana, du mot cheni, chanot, la répétition à l’identique, l’éternel recommencement, le serpent qui se mord la queue, le cycle de la nature, les quatre coudées du monde matériel.


Le calendrier hébraïque, celui qui compte le temps depuis la création jusqu’à la fin des temps est basé sur un savant calcul qui allie le cycle du soleil et celui de la lune.

Lorsque l’harmonie sera trouvée entre les deux luminaires, la délivrance pourra s’accomplir. En attendant, la lune, rapetissée, tourne, éperdue, en exil de la lumière, ne récoltant que le reflet de la lumière par l’intermédiaire du soleil.

En attendant Israël est emprisonné dans ce monde de la dualité, du beth de béréchit, du olam haze en contradiction avec le olam aba, se languissant d’arriver à la plénitude perdue du aleph, de la lumière du commencement et de la réparation de l’âme d’adam a richon. « Israël est cet emtsa, cet intermédiaire dont la fonction, en dehors du Temps et de l’Espace, séparé de la matière, consiste à affirmer une vocation métaphysique, à unifier les valeurs et à tenter cette expérience impossible et toutefois nécessaire : à travers le monde du multiple et du fini, dégager l’un et l’infini. » (Le Messianisme Juif: « L’Éternité d’ Israël » du Maharal de Prague: 1512-1609, Benjamin Gross)

Hanna vit à cette époque de ténèbres et d’égarement, ou la lune petite, chétive et affaiblie, tourne, égarée. Ou Chilo et Jérusalem sont séparées, où la shrina n’est plus à sa place, dans son temple.

Chacune de ses actions, chacun de ses regards, chacun de ses mots sont comme autant de coups de boutoir qui vienne enfoncer les portes menant à la délivrance. Elle n’est qu’une étape sur le chemin mais comme Moise qui parcourt des yeux la terre d’Israël à la fois dans le temps et dans l’espace, comme Abraham qui parcourt de ses semelles la terre d’Israël, elle ouvre le chemin aux générations futures.

C’est ainsi que nous sommes tous une parcelle du Messie en route, pour paraphraser Rabbi Nahman : chaque mitsva a le même effet que chacune des contractions destinée à ouvrir le col de l’utérus afin de mettre au monde le nouvel enfant.


L’accouchement ne se fait pas sans souffrance mais ces souffrances sont celles de l’enfantement et proclament une nouvelle vie. Hanna accepte les souffrances comme une kapara, un juste sacrifice à Dieu afin d’expier ses péchés d’orgueil et de les dépasser afin d’accéder à la rédemption. La stérilité elle-même est alors vécue comme une expiation purificatrice qui grandi le peuple et le rapproche de Dieu et de l’avènement du messie.

« Cette analyse de la culpabilité d’Israël et de la notion de pardon reprend, en les plaçant dans l’éclairage de sa mission historique, toutes les différences entre Israël et les nations. C’est à cette capacité de retrouver à tout moment les nappes profondes qui assurent sa subsistance, qu’Israël doit d’avoir survécu à tous les avatars, et de demeurer aujourd’hui, comme au premier jour de la création, le témoin de l’absolu. » (Le Messianisme Juif: « L’Éternité d’ Israël » du Maharal de Prague: 1512-1609, p 155, Benjamin Gross, )


Aussi chacun doit se tenir prêt en son âme et conscience car cela peut arriver à tout moment. Cela ne dépend que de nous. « Israël est parmi les peuples comme le cœur parmi les organes, il est à la fois le plus sain et le plus malade d’entre eux. » (…)

« Comme la germination mystérieuse de la graine enfouie dans le sol : apparemment elle se transforme et se mélange à la glèbe, à l’eau et à la fange, jusqu’à disparaître totalement sans laisser de traces perceptibles. Cependant c’est elle qui transformera la terre et l’eau, et d’étapes en étapes les fera évoluer vers sa nature, en purifiant les éléments et en les intégrant à sa propre essence… ». (Le Kuzari, Rabi Yehouda Halevy, ed verdier 2001)

Exactement comme la lune que l’on croit avoir disparue entièrement dans le ciel et qui revient plus brillante encore, comme Hanna souffrante qui entre dans le temple et prie dans le silence douloureux de son âme puis laisse place à Hanna la prophétesse, armée pour le combat contre le Mal et dont la prophétie retentie à travers le temps, nous laissant sa Tefila en héritage. Hanna, qui, par ses qualités spirituelles, tel le messie, chevauche la matière (h’omer, h’amor), marquant le début d’une nouvelle ère.

« Il n’y a que la prédominance des empires qui différencie ce monde-tel-qu’il-nous apparaît de l’époque messianique. C’est pourquoi, le texte, en faisant état de ce monde-tel-qu’il-nous-apparaît, désigne dans le même mouvement l’époque messianique. Parce qu’en définitive, rien ne distingue ces deux périodes puisque, n’étant pas circonscrite dans le temps, il n’y a pas de temporalité propre à l’époque messianique, comme il est dit : « c’est aujourd’hui que j’arrive (…) si vous écoutez ma voix, aujourd’hui » (psaumes, 95, 7) (Traité Sanhédrine, 98a,

« Le Messie n’entre pas dans la catégorie du temps et sa venue est de chaque instant. C’est la raison pour laquelle, il est nécessaire que le réceptacle soit susceptible de l’accueillir » Netsah Israel, chap 28 et chap 60 : 

« Le Messie déclare : Je viens aujourd’hui ! Et ce, parce que la temporalité propre à la venue du Rédempteur, c’est la pure présence. ») c’est alors seulement que le Saint Nom retirera de notre cœur cette pierre, qu’Il déposera en nous Sa Torah et nous fera hériter de Sa Majesté, et qu’il nous enverra son rédempteur, notre justicier, Amen. Qu’il en soit ainsi, rapidement et de nos jours. » (Ner Mitsva ou l’éclat de l’impératif, p 133, Rabbi Yehuda Loew, trad Y.Israel Rück, Jérusalem 2007)

Hanna Serero

La couronne de lune

« Or, pour que l’espace du monde puisse apparaître ; un point de l’absolu s’est vidé de son âme. Entre Dieu et son Nom, en effet, où trouver la demeure du monde, dans l’infini de l’infini ? Mais de la tragédie de ce point primordial, à qui nous devons d’exister, personne n’ose parler.

Les savants disent que le néant avait précédé l’être. Les Sages révèlent que l’inverse était vrai. L’histoire du monde, avant son commencement, fut celle d’un sacrifice inouï, dont nul ne porte le deuil, tant il est grand : l’oubli du commencement.

De la mort d’un point de l’Être, était né l’Espace, sombre, vide, angoissé comme une tombe. Cependant, cet espace de solitude devint la matrice des mondes à venir : la tombe était berceau. Dès l’instant premier, le souffle qui soufflait sur la face de l’abîme, avait fait jaillir des profondeurs de la nuit le cri de l’âme absente : Qu’il y ait lumière ; Que je revienne à moi !

Au commencement était le cri. La voix qui brisa le silence éternel, était le cri de l’âme disparue. Et je l’entends parfois, les soirs où se cache la lune.

Plainte vraie, profonde et terrible ; elle fut donc exaucée. Mais la lumière ne revint qu’en traces d’étincelles et de lueurs atténuées. Il fallait que l’espace du vide préserve le vide de l’espace.

C’est depuis lors qu’un monde est nommé du nom de l’âme qui lui manque. Les savants disent qu’il s’agit de l’idéal, trace de vide de la vertu qui manque encore. Les vivants, eux, parlent de l’amour, appel éperdu de l’âme disparue. »

(Dernier poème Kabbalistique du Rav Léon Ashkénazi dit Manitou, écrit sur son lit d’hôpital, le 2 Janvier 1996)

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