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Royaume juif de Rouen: la résurgence d’une communauté disparue

Il y a trente ans a été découvert par hasard, sous la cour du palais de justice de Rouen, le plus ancien monument juif de France. La vocation de ce bel édifice roman, construit vers 1100, peut-être par le même architecte qui a bâti l’abbaye Saint-Georges de Boscherville, est restée longtemps nimbée de mystère. Synagogue, école rabbinique, résidence privée? On s’interrogeait …

Xe-XIIIe siècles : Le « royaume juif » de Rouen

Avant même la découverte du monument, le professeur Norman Golb, de l’université de Chicago, mondialement connu pour ses travaux sur les manuscrits de la mer Morte, avait indiqué qu’une école des hautes études rabbiniques avait existé au Moyen Âge à l’emplacement où, à la fin du XVe siècle, fut construit le palais de justice.

Ce lieu, appelé le clos aux Juifs, se situait sur la paroisse Saint-Lô, juste au nord de la rue aux Juifs.

L’école attirait les meilleurs étudiants, venus de toute la Normandie, les professeurs les plus réputés, comme Rashbam ou Menahem Vardimas, ainsi que d’éminents savants étrangers, tel l’andalou Ibn Ezra, qui a tant contribué à propager la connaissance de la culture arabe dans l’Europe médiévale.

Le grand théologien Maïmonide (1135-1204) soulignait qu’une école rabbinique est plus sacrée qu’une synagogue, parce qu’on y commente et on y transmet la Loi.

C’est dire l’importance considérable de la découverte archéologique faite à Rouen en 1976. Non seulement, l’École de Rouen serait un des plus anciens monuments juifs d’Europe mais elle serait, plus encore, l’unique école rabbinique d’époque médiévale dont les vestiges archéologiques aient été préservés à travers le monde.

Les recherches de Norman Golb nous apprennent aussi que l’implantation de la communauté juive rouennaise remonte à l’époque gallo-romaine, que le royaume juif de Rouen exerçait son magistère sur toutes les communautés du nord de la France et que Guillaume le Conquérant avait emmené ses responsables en Angleterre pour y créer une maison-soeur.

 

L’installation des juifs à Rouen remonte à la colonisation romaine, aux tout premiers siècles de notre ère.

Cette présence fort ancienne est attestée par la situation du quartier juif, en plein cœur du castrum romain, et par celle du cimetière juif, à proximité immédiate des sépultures romaines retrouvées au nord du mur d’enceinte. Cette installation était encouragée par le pouvoir romain, qui voulait conforter la conquête militaire de la Gaule par une implantation démographique.

Ce manuscrit hébraïque, provenant de la guenizah (= dépôt d’archives) du Caire, a permis au professeur Golb de retrouver la transcription exacte de Rodom (RDWM) et, à partir de là, de mettre peu à peu en lumière la riche culture juive associée à la ville de Rouen depuis le Moyen Âge.

Originaires d’Italie et, plus anciennement, de Palestine (qui faisait alors partie de l’empire romain), les juifs vivaient en communautés semi autonomes, disposant de leurs propres tribunaux, jouissant de leurs propres institutions sociales et pratiquant une religion reconnue par le pouvoir en place.

La présence à Rouen de cette communitas judaeorum s’est maintenue de manière continue pendant un millénaire, jusqu’à l’expulsion des juifs de France par Philippe le Bel en 1306, puis de manière discontinue ensuite.

Le premier événement notable dont l’histoire ait conservé une trace écrite ne remonte toutefois qu’à l’an 1007, quand Robert Le Pieux, le fils d’Hugues Capet, décida, trois siècles avant Philippe le Bel, d’extirper le judaïsme du royaume de France.

C’est grâce aux travaux de l’historien paléographe américain Norman Golb, mondialement connu, que l’on a découvert le rôle fondamental que les juifs de Rouen ont joué en Occident au Moyen Âge.

Spécialiste de l’étude des manuscrits hébraïques, il a montré que l’expulsion des juifs de France en 1306 avait rendu hasardeuses les traductions postérieures de français en hébreu et relevé les constantes erreurs de transcription que le nom de Rodom (= Rouen) avait subies dans les manuscrits et ouvrages hébreux ultérieurs.

L’expulsion des juifs de France en 1306 explique la déformation qu’allait subir la transcription hébraïque de Rodom (RDWM) et la confusion qui allait s’instaurer avec les villes de Dreux (DRWS), Rodez (RDWS) et Troyes (DRWYS).

Il a ainsi pu expliquer la complète occultation dont la communauté rouennaise avait été victime jusqu’à ce qu’il la ressuscite, d’abord dans un ouvrage en hébreu paru en 1976, puis dans Les Juifs de Rouen au Moyen Âge, portrait d’une culture oubliée paru en 1985. Travaillant à partir de nombreux manuscrits jusque là inexploités, il a fait resurgir de l’oubli l’histoire de la communauté juive rouennaise, particulièrement au cours des trois siècles qui vont du pogrom de 1007 à l’expulsion de 1306.

Ses recherches ont précédé puis coïncidé avec la mise à jour, lors de fouilles archéologiques, de deux édifices rouennais majeurs, l’un universitaire, l’autre privé, qui sont venus confirmer en tous points ses analyses.

Dès 1976, il a ainsi pu identifier comme une école des hautes études rabbiniques l’édifice monumental, datant du début du XIIe siècle, qui venait d’être découvert par hasard sous la cour du palais de justice, au nord de la rue aux Juifs, et qui constitue le plus ancien monument juif de France.

Puis, en 1982, était découvert au sud de cette même rue l’important hôtel de Bonnevie qui, au XIIe siècle, à la fin du règne des Plantagenêt, avait appartenu au juif probablement le plus puissant de Normandie. Là encore, c’est à Norman Golb que l’on doit l’identification du bâtiment.

Le quartier juif de Rouen

A l’époque romaine, le quartier juif (terra judaeorum) occupait un espace d’environ trois hectares, soit le douzième du Ratomagus qu’occupait alors la tribu gauloise des Véliocasses.

Situé dans le secteur nord-ouest de la ville romaine, il formait un rectangle de 300 mètres de long par 100 mètres de large, délimité au sud par le decumanus (l’actuelle rue du Gros-Horloge) et à l’est par le cardo (l’actuelle rue des Carmes), les deux axes qui partageaient la ville d’est en ouest et du nord au sud. Les murs qui entouraient le quartier n’impliquaient nulle restriction de résidence imposée aux juifs par les autorités romaines, mais constituaient au contraire un signe de l’autonomie dont jouissait la communauté.

La rue aux Juifs (vicus judaeorum) traversait le quartier juif d’est en ouest. Au nord de la rue se trouvaient l’école rabbinique et le clos aux Juifs, au sud l’hôtel de Bonnevie et la synagogue. La rue aux Juifs (vicus judaeorum) formait l’artère principale du quartier. Parallèle au decumanus, elle mesurait 210 mètres de long et, à l’époque médiévale, était bordée, tout comme les rues adjacentes, de maisons à trois ou quatre étages. On trouvait, au nord de la rue, une place appelée le clos-aux-Juifs ainsi que l’école rabbinique découverte en 1976, et au sud la synagogue principale (au n°55 de l’actuelle rue aux Juifs), l’abattoir rituel et l’hôtel de Bonnevie (au n°33).

Par la suite, au haut Moyen-Âge, les nouveaux habitants se sont installés plus à l’ouest, au-delà de la muraille romaine, sur l’emplacement du futur Marché neuf, puis en direction de l’actuelle place Cauchoise. Cela explique que la synagogue principale, étrangement située à l’extrémité ouest du vicus judaeorum, se trouvait en réalité, compte tenu de l’expansion démographique vers l’ouest, au centre du quartier juif médiéval.

Au XIIe siècle, le quartier juif de Rouen comptait entre 5000 et 6000 âmes, soit 15 à 20% de la population totale de la ville.

La synagogue, de style roman, avait la forme d’un grand pavillon presque carré, de 8 mètres de long par 6,70 mètres de large. Surmontée de deux étages voûtés, elle atteignait 13 mètres de haut, sans compter la tour qui la surmontait ; ce qui en faisait, conformément à la tradition juive, le plus haut bâtiment du quartier. La salle du rez-de-chaussée, haute de 6,43 mètres, était percée de deux grandes fenêtres, d’un mètre de large à l’extérieur et d’un mètre et demi à l’intérieur, qui laissaient entrer beaucoup de lumière, conformément aux vieilles règles rabbiniques de construction des synagogues. Du bas, on apercevait la voûte couverte de fresques qui surplombait l’édifice. Construite en pierre de taille, cette synagogue monumentale, réaffectée après le Moyen Âge à usage d’habitation, a subsisté jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Le cimetière juif se trouvait à l’extérieur de l’enceinte médiévale, à l’ouest de l’actuelle gare ferroviaire. La proximité de sépultures romaines permet d’en dater la construction de l’époque gallo-romaine.

Situé à 400 mètres au nord du castrum, à l’ouest de l’actuelle gare ferroviaire, se trouvait le mons judaeorum. Ce vaste espace de près de cinq acres carrés, situé entre les actuelles rue Verte et rue Saint-Maur (soit une longueur de 250 m), a servi depuis l’époque romaine de cimetière à la communauté juive. On peut penser que, lors des enterrements, les cortèges s’y rendaient depuis la rue aux Juifs, en empruntant successivement les actuels rue Cauchoise, place Cauchoise, boulevard de la Marne et rue Saint-Maur.

Soulignons qu’au Moyen Âge la présence juive à Rouen n’était pas un fait isolé.

Norman Golb a dénombré, à travers la Normandie, quelque 85 sites attestant d’une telle présence. Il a identifié des rues aux Juifs situées aussi bien en centre-ville, comme à Pont-Audemer et à Fécamp, ainsi qu’en pleine campagne, mais aussi des hameaux portant des noms comme Les Juifs ou La Juiverie.

Ce qui montre que les juifs n’étaient pas seulement des marchands, mais aussi des cultivateurs, encouragés par le pouvoir romain à venir peupler les provinces de l’empire.

Fecamp

Fécamp possède la plus longue rue aux Juifs de Normandie (1,2 km). Elle va de la mer au marché médiéval.

Pont Audemer

A la requête de Jacob bar Jequthiel, le pape interrompt la persécution de 1007

Longtemps, la cohabitation des juifs et des chrétiens s’était plutôt bien passée. La religion juive était reconnue et protégée par le pouvoir. Les juifs disposaient de droits économiques étendus, y compris celui de posséder des terres, même par héritage.

Les rois carolingiens avaient placé un haut dignitaire juif à la tête de chacune des grandes unités du royaume : un roi des juifs (rex judaeorum) à Narbonne pour la Septimanie et à Rouen pour la Neustrie ; un maître des juifs (magister judaeorum) à Mayence pour l’Austrasie. Ce roi ou maître des juifs dirigeait les affaires des communautés placées sous sa juridiction et les représentait dans leurs relations avec le roi et ses vassaux.

Après la conquête des Vikings, reconnus par le roi de France comme ses vassaux par le traité de Saint-Clair-sur-Epte conclu en 911, les premiers ducs de Normandie s’appuyèrent, eux aussi, sur les juifs pour assurer le développement de leur nouveau territoire.

La persécution de 1007 est relatée par une chronique hébraïque du XIIe siècle conservée à la Bibliothèque Palatine de Parme.

Consultés en secret par le roi, les nobles du royaume adressèrent à Robert le Pieux ce message : Un certain peuple est rassemblé dans tous les pays, et il ne nous obéit pas, ses statuts et ses lois sont différents de ceux de toutes les nations. Laissez-nous maintenant mettre fin à leur existence, afin que le nom d’Israël disparaisse à jamais des mémoires, car ils deviennent une menace pour nous.

Suivant leurs conseils, le roi convoqua des responsables juifs pour leur enjoindre de se convertir : Retournez à notre loi parce qu’elle est plus juste que la vôtre, dit-il. Si vous refusez, je vous massacrerai par l’épée. Refusant l’ordre de trahir la Torah de Moïse et de changer la religion du Seigneur, les juifs furent massacrés et leurs biens saisis. D’autres s’immolèrent plutôt que d’accepter le baptême. Le duc Richard II de Normandie participa activement à cette persécution, ayant le même besoin que le roi Robert d’asseoir son autorité. N’avait-il pas inauguré son accession au pouvoir en 996 par la répression d’une révolte paysanne?

Jacob bar Jequthiel de la ville de Rodom se rend à Rome en 1007 et obtient du pape qu’il arrête la persécution engagée par le roi Robert le Pieux contre les juifs de France.

Lorsqu’un certain Senior, l’un des saints hommes du pays, une personne très sage et très compréhensive, fut à son tour massacré, un certain homme de la ville de Rodom, du nom de Jacob bar (= fils de) Jequthiel, s’adressa aux meurtriers, pour leur dire qu’ils n’avaient aucune autorité sur le peuple d’Israël pour l’obliger à changer de religion, ou pour lui causer quelque [mal] que ce soit, à moins que ceci n’ait été prononcé par le pape de Rome. Et il se proposa d’aller solliciter l’avis du pape.

Sur quoi, le duc Richard s’empara de l’homme qui avait parlé pour le peuple d’Israël et le mit en prison avec sa femme et ses enfants. Il s’apprêtait à lui trancher la tête, quand il se blessa avec le fil de son épée et ce mauvais présage arrêta son bras.


Il s’exclama : (Maintenant) je sais que nous vous avons fait du mal pour rien, mais puisque la persécution a déjà commencé, je ne peux pas l’annuler, sauf sur ordre du chef des non juifs. Il accepta donc l’arbitrage du pape que lui proposait Jacob bar Jequthiel et le laissa partir à Rome avec sa famille, gardant seulement un de ses quatre fils en otage afin que vous ne vous moquiez pas de moi.

Itinéraire de Jacob bar Jequthiel

Jacob partit avec sa femme Hannah, ses trois autres fils, Jequthiel, Isaac et Joseph, ses quatre domestiques et ses douze chevaux.

Arrivé à Rome, le pape accepta de le recevoir en audience privée, et, bien qu’il refusât de s’agenouiller ou de se prosterner, il écouta sa requête : Ainsi je suis venu pour vous exprimer ma tristesse […] à cause des juifs qui résident dans votre domaine, car des hommes mauvais se sont élevés contre eux sans votre permission et ont massacré beaucoup d’entre eux, et converti d’autres par force. Maintenant, si cela semble bon à vos yeux, écrivez afin d’arrêter leurs mauvais agissements, et envoyez-leur votre sceau, votre émissaire et votre proclamation personnelle, afin qu’aucun non juif ne puisse massacrer un Israélite pour quelque sujet que ce soit, ou lui faire du mal ou lui saisir ses revenus ou le forcer à quitter sa religion.

Le pape se donna quinze jours de réflexion avant de lui donner réponse par l’intermédiaire de juifs qui me servent. Entre temps, il confia Jacob à trois dignitaires juifs de la cité, en leur demandant de le traiter avec beaucoup d’honneur. Le délai écoulé, le pape fit savoir à Jacob et aux trois dignitaires qu’il acceptait tout ce qu’ils avaient demandé. Il envoya un émissaire chargé de mettre un terme aux persécutions. Jacob resta à Rome quatre ans, à attendre que l’envoyé apostolique revienne des communautés, qu’il visita toutes sans exception. Quand Jacob prit congé du pape, celui-ci lui dit : Si vous avez jamais besoin de quelque chose dans votre pays, envoyez-moi votre messager ; mais ne vous faites plus de soucis, car je ferai tout ce que vous désirez.

Qui était ce Jacob dont parle la chronique?

Un homme d’une grande richesse incontestablement, capable d’offrir au pape une somme très importante (deux cent livres) pour appuyer sa requête, de financer seul le voyage de quatre ans que dura la mission -donnant à l’envoyé du pape sept marcs d’or et deux cents couronnes d’argent pour ses dépenses et douze chevaux pour son chariot- et de subvenir pendant toute cette période à ses propres besoins et à ceux de sa famille.

Un homme d’une grande influence aussi, dont l’autorité s’étendait bien au-delà des communautés juives de Normandie, comme en atteste la lettre avec son sceau qu’il confia à l’envoyé du pape, destinée à toutes les communautés juives afin que celles-ci l’honorent. Un homme enfin qui pouvait se permettre de dire au pape : Je resterai avec vous jusqu’à ce que votre envoyé revienne sain et sauf.

Dix ans après son retour de Rome, alors qu’il vivait avec sa famille en Lorraine, son aura ne s’était pas dissipée, comme le prouve l’invitation personnelle que lui adressa le comte de Flandres Baudouin IV à venir s’installer, avec trente de ses amis, dans son pays, où il le reçut avec beaucoup d’honneur.

Norman Golb conclut de cette période que Jacob bar Jéquthiel était de toute évidence le porte-parole ou le représentant des juifs du duché de Normandie, un des quatre dignitaires qui dirigeaient alors les quatre royaumes (Francie, Lorraine, Bourgogne et Normandie) d’où sort la Torah vers tout le peuple d’Israël.

Les mésaventures de Reuben bar Isaac (vers 1032)

La décision du pape arrêta pendant quelques décennies les persécutions contre les juifs de Normandie.

Cela n’empêcha toutefois pas que de mauvais traitements leur soient infligés, comme celui dont fut victime, vers 1032, un riche propriétaire juif de Rouen, Reuben bar Isaac.

Son histoire nous est connue par deux lettres manuscrites -l’une écrite par un scribe juif d’Arles, l’autre par un haut dignitaire de l’académie de Palestine- entreposées pendant des siècles dans l’antique synagogue palestinienne de Fostat (l’ancien Caire) en Égypte.


La première est aujourd’hui conservée à la British Library de Londres, la seconde à la Bibliothèque universitaire de Cambridge.

Reuben bar Isaac était l’un des membres importants de sa communauté et était fortuné. Veuf probablement, il habitait Rouen avec son fils unique. Propriétaire de biens fonciers qu’il possédait par héritage, il envoya un jour son fils travailler dans les champs avec ses serviteurs. Dans la forêt, ils furent attaqués et tués. Un tel crime relevait, à double titre, de la juridiction ducale : à la fois parce qu’il s’agissait d’un meurtre et parce qu’il avait été commis dans une forêt ducale, où la loi des forêts assurait une protection particulière à quiconque traversait une forêt royale.

Reuben bar Isaac alla donc porter sa plainte auprès du duc Robert le Magnifique (dit aussi le Diable), mais celui-ci refusa de l’écouter car les meurtriers étaient des gentils et il lui confisqua immédiatement tous ses biens, en lui disant tu es vieux et point n’a de fils ; à moi (donc) toutes ces richesses.

Le duc Robert le Magnifique (dit aussi le Diable)

En quoi le duc commettait une double injustice : en s’abstenant de poursuivre les coupables, au seul motif que le plaignant était juif et demandait que des non juifs soient châtiés ; en contrevenant aux lois féodales normandes, qui n’autorisaient de confiscation de propriété qu’en cas d’acte déloyal ou criminel de la part du vassal. Les biens féodaux concédés par le seigneur pouvaient certes être repris lorsqu’il n’y avait pas d’héritier mâle, mais seulement à la mort du propriétaire.

Victime d’un déni de justice commis par le duc Robert le Magnifique (dit aussi le Diable), Reuben bar Isaac est obligé en 1032 de quitter Rouen pour Jérusalem. Il mourra en Egypte sur le chemin du retour.

Chassé de Rouen, Reuben bar Isaac décida d’aller jusqu’au pays d’Israël pour mourir à Jérusalem. En chemin, il se fit remettre par la communauté juive d’Arles, qui jouissait alors d’un grand prestige intellectuel et religieux, une lettre de recommandation pour toutes les saintes communautés de l’autre côté de la mer.

Mais, quittant Damas, il fut attaqué par des brigands qui le dépouillèrent et le blessèrent.

Arrivé à Jérusalem en grande détresse, il décida finalement de retourner chez lui, en revenant par l’Égypte. C’est sans doute à Fostat qu’il est mort en 1034-1035, sans achever son voyage de retour.

LA MAISON SUBLIME de Jacques-Sylvain Klein – Préface de François Zimeray et Pierre Albertini

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