Histoire de la Nation

La terrible erreur du Mont du Temple que nous payons aujourd’hui

Une double erreur, politique et psychologique, qui a plongé Israël dans le chaos du terrorisme palestinien débridé.

50 ans après la libération et la réunification de la ville par les parachutistes de Tsahal en juin 1967, le cri de Motta Gur, “Har habayit bé-yadénou” (le Mont est entre nos mains) reste encore lettre morte. Au-delà des raisons historiques et politiques qui ont engendré la situation actuelle sur le lieu le plus sacré du judaïsme, celle-ci résulte aussi d’un présupposé psychologique, largement erroné, qui est emblématique de l’attitude d’Israël envers l’islam.

L’erreur de Moshé Dayan et de ses successeurs

En remettant les clés du Mont du Temple au waqf jordanien, Moshé Dayan pensait éviter un conflit ouvert avec le monde musulman et désamorcer le “baril de poudre” que représentait à ses yeux ce lieu sacré. Cette conception est demeurée inchangée jusqu’à ce jour, et elle est partagée grosso modo par tous les dirigeants israéliens qui se sont succédés depuis 50 ans.

Or cette conception des rapports entre Israël et le monde musulman est fausse, car elle repose sur un présupposé erroné, qu’on pourrait résumer ainsi : si nous renonçons à asseoir notre souveraineté pleine et entière sur le Mont du Temple, les musulmans comprendront que nos intentions sont pacifiques et nous laisseront tranquilles. C’est un présupposé similaire qui est à la base de la (fausse) conception selon laquelle Israël pourrait parvenir à la paix avec les Arabes en leur “restituant” des territoires (“les territoires contre la paix”).

Or, l’expérience des 30 dernières années montre que c’est précisément le contraire qui s’est produit.

Le monde arabe et musulman n’a pas exprimé sa reconnaissance à Israël pour sa générosité (retraits du Sinaï, du Sud-Liban, de larges parties de la Cisjordanie et de Gaza) et pour la liberté de culte dont jouissent les fidèles musulmans sur le Mont du Temple. Bien au contraire, il a fait de la question de Jérusalem et des Lieux saints un point de discorde et un prétexte pour enflammer régulièrement la rue arabe, le slogan mensonger des Frères musulmans “Al-Aqsa est en danger” étant devenu un leitmotiv de la politique palestinienne * et un prétexte employé par de nombreux dirigeants arabes pour détourner la colère de leurs peuples des problèmes internes et la diriger contre Israël.

La haine que nourrissent de nombreux musulmans à l’encontre d’Israël et des Juifs n’est en effet pas nourrie, comme on l’entend souvent dire, par leur soi-disant humiliation, mais tout autant et plus encore par celle qu’ils infligent aux Juifs, qui alimente leur complexe de supériorité envers les “Infidèles”.

Le Coran est lui-même traversé par cette relation ambivalente de l’islam envers les non-musulmans **.

D’un côté, ils sont les représentants des religions qui persistent dans l’erreur, en refusant le message de Mahomet, et qu’il convient donc de rabaisser, pour les punir de leur obstination ; de l’autre, ils sont ceux qui “complotent contre l’islam” depuis ses débuts, et dont il faut se méfier. Ils sont à la fois méprisables et redoutables.

Les musulmans sont certes “la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes” (Coran 3-110), mais ce sentiment de supériorité (qui n’a rien à voir avec l’idée juive d’élection, entendue comme un supplément de responsabilité), s’accompagne toujours d’une peur maladive des infidèles et des sombres desseins qu’ils sont supposés nourrir envers l’islam.

Dans ce contexte, l’attitude d’Israël sur le Mont du Temple est une double erreur, psychologique et politique.


Psychologiquement, elle renforce les musulmans dans leur complexe de supériorité, en les confortant dans l’idée que l’islam est destiné à dominer les autres religions et que ces dernières ne peuvent exercer leur culte qu’avec l’autorisation et sous le contrôle des musulmans, c’est-à-dire en étant des “dhimmis”.

Politiquement, elle confirme le sentiment paranoïaque de menace existentielle que l’islam croit déceler dans toute manifestation d’indépendance et de liberté de ces mêmes dhimmis à l’intérieur du monde musulman.

Paradoxalement, la souveraineté juive à Jérusalem est perçue comme une menace pour l’islam précisément de par son caractère incomplet et partiel : les Juifs sont d’autant plus considérés comme des intrus sur le Mont du Temple, qu’ils n’y sont pas présents à demeure et qu’ils y viennent toujours sous bonne escorte, comme des envahisseurs potentiels.

L’alternative à cette situation inextricable et mortifère consisterait, comme l’avait bien vu l’écrivain et poète Ouri Zvi Greenberg, à asseoir notre souveraineté entière et sans partage sur le Mont du Temple, car “celui qui contrôle le Mont contrôle le pays”.

Ce faisant, Israël signifierait au monde musulman que sa présence sur sa terre est permanente et non pas provisoire, et que les Juifs revenus sur leur terre ne sont pas des “croisés”, destinés à être chassés à plus ou moins longue échéance : ils sont les maîtres et les souverains à Jérusalem, comme à Hébron et ailleurs, et ils sont là pour y rester. Une telle attitude pourrait libérer les musulmans de leur complexe d’infériorité-supériorité en leur signifiant que Jérusalem est hors de portée pour leurs aspirations de faire renaître un hypothétique Califat et que leur seul choix est d’accepter la coexistence pacifique avec un Israël fort et souverain.

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