Lieux saints

Jérusalem au XIXe siècle – 3ème partie

Le secteur protestant · Les Britanniques et les Allemands · Leur contribution au développement de la ville

Après avoir examiné le développement de la ville dans son ensemble, nous allons nous tourner vers les secteurs non juifs et leur contribution.

Nous commencerons par le secteur des protestants, essentiellement originaires d’Allemagne et de Grande-Bretagne.

Nous avons vu que des missionnaires protestants avaient commencé à arriver à Jérusalem dans les années 1820 et qu’ils avaient ouvert leurs premiers établissements pendant la période de la conquête égyptienne.

La société dont ils dépendaient était une société londonienne pour la promotion du christianisme parmi les Juifs du nom de The London Society fot Promoting Christianity Amongst the Jews. Les protestants anglais et allemands vont travailler de concert pendant des dizaines d’années à Jérusalem. Nous devons cependant faire une distinction entre leurs différentes activités.

L’activité des Britanniques

L’activité des Britanniques se manifeste par l’entremise de trois facteurs essentiels: le consulat, les sociétés missionnaires et les associations scientifiques.

Nous avons vu que le consul Finn avait beaucoup aidé les Juifs, mais son successeur, le consul Moore, a choisi au contraire d’intervenir le moins possible dans ce domaine.

Au début, le Consulat britannique était situé dans la Vieille Ville, près de Christ Church, la première église protestante de Jérusalem et de tout le Proche-Orient. Mais à son arrivée, Moore a fait transférer le siège du consulat dans le Quartier musulman, avant de construire un bâtiment, qui allait par la suite devenir le poste de police de Mahané Yehoudah, une des constructions les plus remarquables de la ville hors des murs.

Le consul Moore a été très actif à Jérusalem, tout comme son successeur, le consul Dixon. Pourtant, en ce qui concerne les Britanniques, ce ne sont pas les consuls qui jouent le rôle le plus important, mais les sociétés missionnaires.

Trois sociétés missionnaires britanniques opéraient à Jérusalem.

La première étant la société londonienne, essentiellement active auprès des Juifs. Elle avait ouvert un hôpital et des écoles dans la Vieille Ville, mais elle perd de sa primauté avec la fondation de l’évêché commun avec les Allemands. Elle a été supplantée par la Church Mission Society, qui a orienté l’essentiel de son activité vers les Arabes plutôt que vers les Juifs.

Une sorte de partage des responsabilités s’est établi entre les deux missions, la Société londonienne œuvrant auprès des Juifs, et la Church Mission, auprès des Arabes.

La Church Mission a construit la célèbre église Saint-Paul, également connue sous le nom de l’église protestante arabe, dans la rue Shivteï Israël (cette rue se nomme également la rue Saint-Paul), et a ouvert des écoles et des institutions médicales dans la ville et dans certains villages du pays.

Nous avons déjà dit que le premier évêque protestant – commun aux Britanniques et aux Allemands – était un Juif converti, nommé Alexandre.

Il était à vrai dire le représentant des Anglais et à sa mort, en 1845, l’évêque désigné pour le remplacer fut un Suisse du nom de Samuel Gobat, qui représentait les Allemands. Samuel Gobat a été évêque à Jérusalem pendant trente-trois ans, de 1846 à 1879, et a déployé une activité intense. À la mort de Gobat, les Anglais ont dit que c’était maintenant leur tour, et effectivement c’est le Révérend Barclay, un anglican, qui a été élu. Mais, au grand damne des Anglais, le Révérend Barclay meurt en 1881, deux ans seulement après son élection. Les anglicans ont alors exigé de diriger une nouvelle fois l’évêché, prétextant que leurs évêques n’avaient pas vécu longtemps alors que celui des Allemands, au contraire, avait eu un très long règne. Selon eux, le prochain évêque devait donc être un anglican, ce qui a entraîné un conflit au terme duquel, en 1886, l’évêché protestant s’est scindé en deux évêchés distincts.

À partir de cette date, les luthériens allemands et les anglicans vont opérer séparément.

En 1866, l’évêque Blyth arrive à Jérusalem pour y fonder une troisième société missionnaire, la Mission to Jerusalem and the Orient. Il entreprend ensuite un projet ambitieux, et construit l’ensemble des bâtiments de la cathédrale et de l’église Saint-Georges, près des Tombeaux des Rois, non loin de l’«American Colony». Son activité a été essentiellement orientée vers les Arabes. Sa fille, Estelle Blyth, a écrit un livre en anglais, dont le ton est fortement pro-arabe.

Autour de 1880, l’activité de la London Mission semble s’affaiblir. Son renouveau est lié aux débuts du Mouvement sioniste, qui encourage des réfugiés juifs fuyant la Russie à venir en Eretz-Israël, fournissant ainsi à l’activité missionnaire une nouvelle raison d’être. Les anglicans construisent alors dans la rue ha-Nevi’im un hôpital magnifique, l’Hôpital Anglais qui, après la Guerre d’Indépendance, deviendra l’Hôpital Hadassah.

Aujourd’hui encore, lorsque le visiteur pénètre dans l’ensemble hospitalier, il peut apercevoir, dans le jardin, au-dessus de la porte du bâtiment administratif, un panneau portant l’inscription: The London Society for Promoting Christianity among the Jews, suivie de deux versets de la Bible en hébreu. Les anglicans ont également construit une école de filles à proximité.

L’activité des sociétés missionnaires a suscité une violente opposition dans la communauté juive et des associations ont été créées pour lutter contre le phénomène. Nous avons vu que la fondation d’un hôpital juif dans la Vieille Ville était en partie une réponse à la fondation des hôpitaux des missionnaires anglais.

Les Britanniques avaient en effet ouvert leur première clinique en 1838 et, en réaction, Montefiore avait ouvert, en 1842, la première pharmacie juive, tenue et dirigée par le Docteur Shimon Frenkel. Puis, en 1854, Rothschild avait ouvert l’hôpital Rothschild. L’hôpital Sha’arei Tsedek avait ensuite été fondé et, en lieu et place de l’hôpital Rothschild qui s’était réinstallé hors des murs, l’hôpital «Misgav Ladach» s’était établi dans la Vieille Ville.

Les Britanniques ont également déployé une importante activité scientifique, essentiellement dans le domaine de l’archéologie.

Charles Wilson a établi une carte de Jérusalem et a mené des fouilles archéologiques (la célèbre Arche Wilson porte son nom). Son collègue et ami Charles Warren a également entrepris des fouilles archéologiques, surtout autour du Mont du Temple.

Tous ceux qui s’intéressent à l’archéologie de Jérusalem ne peuvent ignorer les travaux de Wilson et Warren. Les fouilles entreprises après la Guerre des Six Jours ont été en grande partie fondées sur les travaux de Warren. D’autres chercheurs anglais ont contribué à la recherche à Jérusalem. Le Palestine Exploration Fund avait même une publication trimestrielle, le Palestine Exploration Fund Quarterly, qui paraît régulièrement depuis 1869 et constitue une source de tout premier ordre pour l’étude et la connaissance de Jérusalem.

L’activité des Allemands à Jérusalem

Le secteur allemand n’est pas moins actif que le secteur britannique. Dans une certaine mesure, on peut même dire qu’il l’est davantage. Les consuls allemands étaient généralement de savants orientalistes, comme Rosen, Schultz et d’autres encore. Tout comme le consulat britannique, le consulat allemand a beaucoup aidé la communauté juive de Jérusalem et, si l’on s’intéresse à l’histoire de la communauté juive et au développement du Yishouv juif de Jérusalem, on ne peut ignorer l’aide qu’il a apportée.

L’activité religieuse des Allemands se partageait entre les protestants et les catholiques (le Sud de l’Allemagne est catholique.) Les protestants allemands opéraient dans le cadre de l’évêché protestant qu’ils partageaient avec les anglicans, cadre dans lequel ils ont ouvert une série d’institutions médicales, éducationnelles et d’assistance sociale.

L’Ordre des Religieuses Doyennes allemandes a fondé dans la Vieille Ville un hôpital allemand flanqué d’une auberge et d’une petite école. Par la suite, ces religieuses ont construit hors des murs la célèbre école de filles «Talitha Kumi», qui était située près de l’endroit où se dresse actuellement le grand magasin ha-Mashbir au centre de Jérusalem. Cette école a commencé par fonctionner dans la Vieille Ville. L’origine du nom est dans le Nouveau Testament: «Et il prit la jeune fille par la main, et il lui dit: “Talitha kumi”, ce qui signifie: Demoiselle, levez-vous.» (Marc 5:41)

Cette institution a existé pendant de nombreuses années. Sa directrice était Frau Charlotte Filtz, et les Arabes appelaient cette école la «Medrassat Charlotte» (l’école de Charlotte).

Les Allemands ont fondé la première léproserie de Jérusalem. Le spectacle pénible des lépreux avait conduit à l’établissement d’un quartier réservé, près de la Porte de Sion, où les maisons avaient grand besoin d’être remises en état. Avec l’aide de donations diverses, la première léproserie fut ouverte rue Mamillah, hors des murs. Cet hôpital fut ensuite nommé: «L’Aide de Jésus», et transféré au quartier de Talbieh, non loin de l’endroit où se dresse actuellement le Théâtre de Jérusalem. Le bâtiment existe encore et a toujours la même fonction, mais il est maintenant sous l’égide du Ministère de la Santé de l’Etat d’Israël.

Les Allemands ont également aidé à l’édification d’un hôpital pour enfants qui allait fermer dans les années 1890, après le suicide de son directeur, le Dr. Sandarski.

Nous avons déjà parlé de l’institution Schneller, qui allait croître et se développer jusqu’à devenir une véritable ville. Au fil des ans, on y a ouvert une école pour aveugles, une fabrique de tuiles, une boulangerie, des ateliers divers, etc. La superficie de l’institution allait atteindre 500 dunams (le dunam est une mesure turque, approximativement 1000 mètres carrés), presque autant que la Vieille Ville. Elle possédait également des terres à Bir Salim (Be’er Ya’akov) et, se vouant à l’éducation de centaines de garçons arabes, elle les initiait à la culture allemande.

Nous n’avons parlé jusqu’à présent que des protestants allemands, mais il y a eu également un groupe de catholiques allemands opérant à Jérusalem. Ils sont arrivés plus tard.

En règle générale, c’est la France qui soutenait les institutions catholiques et jusqu’en 1870, les catholiques allemands avaient travaillé en coopération avec les Français.

Mais à partir des années 1870, avec l’unification de l’Allemagne et le développement du nationalisme allemand, les catholiques allemands commencent à opérer seuls. Ils ouvrent dans la rue Shammaï une institution catholique allemande, qu’on appellera plus tard l’école Schmidt, à laquelle ils associeront par la suite une auberge et un dispensaire médical. Ils fondent également un Ordre de Religieuses catholiques allemandes près de la «Colonie allemande».

Les Templiers constituent un autre groupe allemand opérant en Eretz-Israël à la même époque.

Ils se rattachent d’une certaine manière aux protestants et forment une secte particulière, la Société du Temple, fondée au dix-neuvième siècle, bien qu’ayant des racines bien plus anciennes. Les Templiers ont fondé une série de colonies dans tout le pays – Sharona, Wilhelma, Bethléhem et Waldheim en Galilée, ainsi que les colonies allemandes de Haïfa, de Jaffa et de Jérusalem.

Le premier Templier, Matthias Frank, a acheté en 1873 un terrain à Jérusalem sur lequel il a construit une maison, qu’il a nommée Even Ha’ezer, parce que ce terrain était situé dans la vallée de Réphaïm (La Bible mentionne Even Ha’ezer en association avec la vallée de Réphaïm). Des dizaines de bâtiments se sont ajoutés par la suite, de sorte que vers la fin du dix-neuvième siècle, il y avait 44 familles résidant en cet endroit. C’est ainsi que s’est développé à Jérusalem le quartier que nous connaissons de nos jours sous le nom de «ha-Moshavah ha-Guermanit», la «Colonie allemande».

L’activité allemande à Jérusalem s’étale sur trois périodes essentielles: la première, celle l’activité protestante, de 1841 à 1871, l’année de l’unification de l’Allemagne. Au cours de la seconde période, entre 1871 et 1898, les protestants et les catholiques allemands œuvrent parallèlement. Puis, c’est avec la visite de l’Empereur Guillaume en 1898, que commence la troisième période.

La visite de l’Empereur Guillaume fait suite à celle du Prince de la Couronne prussien, en 1866, qui s’était rendu à Jérusalem à l’occasion des cérémonies de l’ouverture du Canal de Suez. Lors de cette visite, le Prince s’était vu offrir dans le Quartier chrétien un terrain sur lequel on avait construit par la suite une somptueuse église, l’Eglise Luthérienne de la Rédemption, dôtée d’une tour du haut de laquelle les visiteurs pouvaient jouir d’une magnifique vue de la ville.

Des vestiges de l’époque des Croisades avaient été également incorporés dans la construction. L’empereur allemand et son épouse Augusta ­Victoria arrivent donc en Eretz-Israël en 1898, en l’honneur de l’inauguration de cette église, qui allait être la cathédrale et le centre de la vie protestante allemande de l’ensemble du Proche-Orient.

La visite impériale a provoqué un regain d’activité de la part des Allemands.

Le Sultan turc a octroyé à l’Empereur un vaste terrain sur le Mont Sion, qui est sacré pour les chrétiens. Pour renforcer l’unité allemande, l’empereur a fait don de ce terrain à la Société catholique Allemande de Terre sainte qui, sur cet emplacement, a construit le Couvent de Sion et l’église de la Dormition.

Parallèlement et à la même époque, les catholiques allemands ont construit le magnifique bâtiment de l’hospice allemand de Saint-Paul face à la Porte de Damas. Le plus beau de tous les bâtiments construits par les Allemands, l’Augusta Victoria, date lui aussi de cette même époque. Les Britanniques ont alors prétendu que ce bâtiment était destiné à devenir la Résidence du gouverneur allemand, et que les Allemands se préparaient à conquérir Eretz-Israël. Nous ne pouvons savoir dans quelle mesure cette affirmation contient une part de vérité, mais il ne fait pas de doute que cet impressionnant monument représente le moment culminant de la pénétration allemande en Eretz-Israël et à Jérusalem, vers la fin de régime ottoman.

German Colony

Le secteur catholique français et le secteur russe · Leur contribution au développement de la ville

La France a représenté les catholiques à Jérusalem pendant des siècles.

Au dix-neuvième siècle cependant, elle devient beaucoup plus impliquée dans ce qui se passe dans la ville. C’est ainsi, par exemple que le renouveau de l’épiscopat chrétien autour de 1840 est dû en grande partie à l’influence française.

Le consulat français, qui s’ouvre en 1843 vient en aide aux différents ordres monastiques qui commencent à œuvrer dans la ville vers la même époque.

Il s’agit d’ordres religieux catholiques, français pour la plupart.

Les premiers à être présents à Jérusalem sont des ordres féminins.

L’ordre des Sœurs de Saint-Joseph établit un petit hospice dans le couvent franciscain du Saint-Sauveur et va, par la suite, participer à la construction de l’hôpital français Saint-Louis, face à la Porte Neuve. Cet établissement existe toujours et est actuellement un hôpital pour maladies chroniques.

L’école d’infirmières de Saint-Joseph va s’ouvrir par la suite, dans une bâtisse impressionnante dont la construction a commencé dans les années 1880 et qui, après la Guerre d’indépendance de 1948, a abrité pendant quelque temps plusieurs services de l’hôpital Hadassah. Le bâtiment a été restitué au couvent qui, depuis, l’utilise selon ses besoins.

L’ordre des Sœurs de la Charité, qui commence également à opérer à Jérusalem vers la même époque, fonde l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul pour malades chroniques, arriérés mentaux, orphelins, etc. entre la rue Mamillah et la rue du Roi Salomon.

Une autre institution catholique, de Rosarie (Les Sœurs du Rosaire), s’installe tout en haut de la rue Agron, près du quartier de Rekhaviah. Cet ordre a été fondé par un moine arabe de Nazareth et l’essentiel de son activité est dans le domaine de l’éducation.

Les Sœurs de Sainte-Claire (Les Clarisses) fondent leur couvent sur la route de Talpiot.

Le Carmel du Pater Noster à Jérusalem

L’ordre des Dames de Sion a construit une église et un couvent sur la Via Dolorosa. Cet ordre participe également à la construction du couvent de Ratisbonne, avant de s’établir définitivement dans son propre couvent de Eïn Kerem. Le couvent des Dames de Sion est donc associé à celui des Sœurs de Ratisbonne. Alphonse Ratisbonne est venu à Jérusalem et a fondé hors des murs, près de la synagogue «Yeshurun», le couvent qui porte son nom. Le but du Père Ratisbonne était d’ouvrir une école professionnelle pour des garçons arabes catholiques, mais cette école acceptait également des élèves d’autres confessions.

L’édifice le plus impressionnant est le Saint-Etienne, construit par les Dominicains sur la route de Naplouse.

La contribution des Dominicains mérite d’être mentionnée tout particulièrement, car ils ont été très actifs dans les domaines de l’archéologie et la géographie d’Eretz-Israël. Ce sont les fondateurs de l’Ecole Biblique, dont la bibliothèque est jusqu’à ce jour une importante source de documentation.

Les catholiques français sont également actifs dans le domaine du pèlerinage, qui s’intensifie dans les années 1880.

Ils édifient «Notre Dame de France» près de la Porte de Damas, un bâtiment énorme, comportant des centaines de chambres et en mesure d’héberger des milliers de pèlerins. Une sorte de quartier français se constitue ainsi dans la Vieille Ville, qui comprend également le consulat français et l’hôpital Saint-Louis, et qui, dans une certaine mesure, contrebalance l’Enclos russe.

D’autres nations catholiques opèrent dans la ville. L’action de l’Autriche, elle aussi catholique, se fait sentir dans les domaines de la communication. Elle met en service une ligne de paquebots Lloyds et un service postal extrêmement efficace.

L’activité russe à Jérusalem.

L’activité russe s’intensifie en Eretz-Israël à la suite de la Guerre de Crimée, aussi bien dans le domaine des pèlerinages que dans celui des autres activités religieuses.

Une délégation russe siégeait déjà à Jérusalem avant la guerre de Crimée, mais, contrainte de retourner en Russie, elle sera remplacée par une nouvelle délégation dès la fin de la guerre. Les Russes commencent par inaugurer une ligne maritime directe d’Odessa à Jaffa.

Ensuite, pour augmenter leur influence et leur emprise, le Ministère russe des Affaires Etrangères organise des convois de pèlerins. Ce sont essentiellement des femmes «Bogomiles», auxquelles il est nécessaire de fournir des lieux d’hébergement, et c’est ainsi que commence la construction de l’Enclos russe.

Le premier terrain avait déjà été acquis en 1857, mais au cours de sa visite à Jérusalem, en 1888-89, le Prince Constantin acquiert d’autres terrains. Une ville entière est ainsi édifiée hors des murs, que les Russes allaient nommer – Nova Yeruzaliema – La Nouvelle Jérusalem.

L’édifice central abritait la mission russe ou l’évêché russe. Jusqu’à ces dernières années, c’est là que siégeait la Cour Suprême de l’Etat d’Israël.

A côté se trouve la basilique de la Sainte Trinité, un très beau monument blanc aux dômes verts. Près de la basilique se dressent un hospice pour hommes, une auberge pour hommes (c’est actuellement une maison d’arrêt), et une auberge pour femmes.

A l’époque du Mandat britannique, l’hospice pour femmes a également servi de prison. Il abrite actuellement le Musée: Heikhal hagvoura [«Palais de la bravoure»].

Les Russes ont également construit un hôpital, devenu plus tard l’hôpital Avihaï et dont les locaux abritent actuellement l’Ecole de Pharmacie de l’Université Hébraïque. Les Russes avaient également leur propre prison. Ils ont ouvert des cantines et aménagé d’autres lieux d’hébergement dans l’enceinte de l’Enclos russe et dans ses environs.

Dans la Vieille Ville, tout près du Saint-Sépulcre, ils ont construit l’église Alexandre Nevsky ainsi que la magnifique église de Sainte-Marie-Madeleine à Gethsémani et, sur le Mont des Oliviers, l’église de a-Tor, l’église de l’Ascension, d’où il est possible d’apercevoir la Méditerranée à l’Ouest et la Mer Morte à l’Est.

église de Sainte-Marie-Madeleine à Gethsémani

Les Russes concurrencent les catholiques dans la construction dans la ville.

Les catholiques français avaient édifié sur le Mont des Oliviers l’église de Pater Noster (Notre Père qui êtes aux cieux). Pour ne pas être en reste, les Russes ont également construit sur le Mont des Oliviers, l’église de l’Ascension.

Les catholiques ont construit leur Gethsémani (A l’époque du Mandat britannique, ils ont également construit l’Eglise de toutes les Nations); et les Russes ont construit tout près leur propre église de Sainte-Marie-Madeleine.

Les Français ont construit à Eïn Kerem, et les Russes se sont empressés d’en faire autant. Des phénomènes semblables ont eu lieu autour du lac de Tibériade, à Jaffa et ailleurs.

Le nombre de pèlerins russes arrivant chaque année à Jérusalem s’élevait à des milliers et même des dizaines de milliers.

Le pèlerinage russe et plus généralement, le pèlerinage chrétien, a été une des raisons de l’établissement de la ligne de chemins de fer pour Jérusalem.

L’activité des Grecs, des Ethiopiens, des Autrichiens, des Américains et des Italiens.

Nous avons parlé de la contribution des grandes puissances – L’Angleterre, l’Allemagne, la France et la Russie – au développement de la ville.

Il nous faut cependant parler également de la contribution d’autres nations européennes et d’autres sectes chrétiennes et nous commencerons par une secte très liée aux Russes, celle des Grecs orthodoxes.

Nous avons vu que les moines grecs orthodoxes avaient grandement contribué au développement de l’agriculture hors des murs, mais ils ont beaucoup élargi leur champ d’activité.

Comme ils possédaient des terres et d’autres biens immobiliers, la situation de la secte grecque orthodoxe s’était beaucoup améliorée et, vers la fin du siècle, elle a entrepris la construction d’une série de monastères et d’autres bâtiments.

Qui ne connaît à Jérusalem le couvent de Saint-Simon dans le quartier de Katamon? Ce couvent, devenu célèbre au cours de la Guerre d’Indépendance, a été édifié dans les années 1880 et 1890 par les Grecs orthodoxes. Le visiteur peut même voir les dates d’inauguration sur les linteaux des portes.

Vers la même époque, les Grecs orthodoxes ont également construit le Couvent de Saint-Jean Baptiste à Eïn Kerem. Dans la vallée de Hinnom, au lieu-dit Haceldama (Le champ du sang), s’élève le couvent de Saint-Onuphre, également construit par les Grecs à la même époque. Ils ont également été très actifs dans la Vieille Ville, où ils ont bâti le long de la Route de Jaffa des magasins ainsi que d’autres entreprises commerciales.

Une autre secte très active à Jérusalem dans le domaine économique est celle des Arméniens.

Ils ont construit tout un ensemble de bâtiments en haut de la Route de Jaffa. En face du jardin Daniel Oster, on peut voir de nombreux immeubles, sur lesquels apparaissent des inscriptions et des symboles arméniens. La contribution des Arméniens se concentre cependant dans la Vieille Ville.

La communauté chrétienne orientale dont la contribution est la plus intéressante est celle des Ethiopiens.

C’était pourtant une secte peu nombreuse et fort pauvre. Mais il y a eu un réveil religieux dans la mère-patrie, l’Ethiopie, à la suite duquel les rois éthiopiens, l’empereur Ménélik II et, avant lui, Johannes IV, ont avancé des fonds pour l’achat de terrains et la construction de bâtiments hors des murs.

Ils ont édifié ce que nous connaissons comme l’église Ethiopienne, mais cette ravissante église n’est pas le seul bâtiment qu’ils ont construit dans la Ville Nouvelle. Elle est entourée d’un certain nombre d’immeubles, la Maison de l’Empereur Ménélik II, celle de l’Impératrice Taithi, et d’autres encore.

Le bâtiment abritant les services de Radiodiffusion, rue Queen Helena, a également été édifié par la reine d’Ethiopie. Dans la rue ha-Nevi’im se dresse un bâtiment qui a abrité les services consulaires éthiopiens et où l’Empereur Haïlé Salassié a résidé pendant un certain temps, lorsqu’il a dû s’exiler après la conquête de l’Ethiopie par les Italiens. Il a alors séjourné quelque temps à Jérusalem avant de repartir pour l’Angleterre.

Les rois éthiopiens ont vraisemblablement estimé que le meilleur moyen de venir en aide à leur communauté était de construire des maisons, dont les appartements étaient loués et dont le loyer était versé à la communauté éthiopienne de la ville.

Les chrétiens syriens ont également construit à Jérusalem.

Plusieurs des immeubles de la rue ha-Nevi’im appartiennent à la communauté syrienne. Mais ce compte-rendu de la contribution des puissances européennes et des différents groupes chrétiens au développement de la ville ne saurait être complet sans l’examen de l’œuvre de trois autres puissances qui ont joué un rôle non négligeable dans la Jérusalem du dix-neuvième siècle: les Autrichiens (dont nous avons déjà parlé), les Américains et les Italiens.

Un consulat américain existait déjà à Jérusalem dans les années 1840, et les consuls étaient très actifs.

Au cours des années 1880, arrive la famille Spafford qui, avec son groupe, fonde la «Colonie américaine». L’attitude du consulat envers ce groupe était ambivalente, parce qu’il suscitait une certaine aversion du fait de son mode de vie communautaire et prétendument immoral. Mais, par ailleurs, certains considèrent cette «American Colony» comme le premier kibboutz en Eretz-Israël. Elle s’est éteinte peu à peu et il n’en reste plus que l’hôtel, mais sa contribution au développement de la ville n’en demeure pas moins importante.

Ses membres – parmi lesquels on comptait quelques Suédois – ont introduit des cultures et des techniques agricoles nouvelles. Ils avaient une boulangerie et une officine photographique. (Notons que les Arméniens ont également contribué à l’activité dans le domaine de la photographie.) Des milliers de photos ont été prises par l’officine américaine – et elles se trouvent actuellement à La Librairie du Congrès à Washington.

Jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle, l’Italie n’existait pas en tant que nation constituée et il n’y avait à Jérusalem qu’un consulat sarde.

Avec l’unification de l’Italie vers la fin du dix-neuvième siècle et le début du vingtième, les Italiens commencent à intervenir à Jérusalem. Quelques années avant la Première Guerre mondiale, ils achètent un terrain sur la rue ha-Nevi’im et y construisent le fameux «Hôpital italien», qui n’a commencé à fonctionner qu’à l’époque du mandat britannique.

En règle générale, les Italiens se sont joints à l’activité des catholiques à la veille de la Première Guerre Mondiale et en outre, pendant l’époque du Mandat britannique, ils ont construit le bâtiment de la compagnie d’Assurances Generali au centre de Jérusalem, avec son célèbre lion.

Le régime ottoman et la communauté musulmane

La contribution directe du régime ottoman au développement de Jérusalem est relativement minime.

N’ayant pas de plan directeur pour le développement de la ville hors des murs, l’administration ottomane s’est retrouvée à la remorque de ce que faisaient les Européens.

Ainsi, lorsque les puissances européennes ont insisté pour la construction d’une voie ferrée, les Turcs ont fini par céder et ont autorisé la réalisation du projet.

Ils ont construit un hôpital municipal, après que les Anglais et les autres puissances eurent déjà construit les leurs. Cet hôpital a fonctionné aux alentours des années 1890 et le bâtiment, qui se trouve en face de celui qui servait de poste de police dans le quartier de Mahané Yehoudah, existe toujours.

Les pachas turcs qui sont arrivés à Jérusalem après 1840 avaient certes le titre de «Pacha», mais leur pouvoir était beaucoup moins étendu qu’avant la conquête égyptienne.

C’étaient plutôt des fonctionnaires de l’administration. Dans la mesure où ils n’étaient nommés que pour un an, ils n’avaient pas le temps d’accumuler un pouvoir qui aurait pu défier le pouvoir central et, par ailleurs, ces nominations étaient si courtes que les pachas ne manifestaient aucun intérêt pour l’essor de la ville et son développement.

Toutefois, si la contribution de l’administration ottomane au développement de la ville se manifeste indirectement, elle n’en est pas moins de très grande importance. Les Turcs ont accordé aux non-musulmans, puis aux sujets non ottomans, l’autorisation d’acquérir des terres et des biens immobiliers. Ils n’ont pas empêché la construction de bâtiments de toutes sortes et ont même parfois fourni une contribution financière, lorsqu’ils y trouvaient leur intérêt.

Les relations entre la Turquie et l’Allemagne s’étant resserrées vers la fin du dix-neuvième siècle, les Allemands se sont vu offrir un terrain à la Dormition. En revanche, les relations avec l’Angleterre se sont refroidies à la même époque, et les Anglais n’ont rien reçu.

Le rapprochement avec l’Allemagne a eu des répercussions sur l’ensemble de l’Empire ottoman et c’est dans ce contexte que nous pouvons mieux comprendre l’intérêt manifesté par les Allemands en Eretz-Israël et à Jérusalem.

La contribution de la communauté musulmane est malheureusement réduite.

Si les musulmans et les Turcs l’avaient voulu, ils auraient pu faire beaucoup pour le développement de la ville au cours des siècles précédents – le dix-septième et le dix-huitième – puisqu’ils étaient sur place.

Mais ils n’ont commencé à agir en ce sens qu’après avoir vu ce que faisaient les Européens et les Juifs. Ils ont alors rejoint le mouvement, lentement, tardivement et avec hésitation.

Il faut cependant dire quelques mots pour leur défense. Les protestants étaient soutenus par de grandes puissances, l’Angleterre et la Prusse (et plus tard l’Allemagne). La France – qui était également une puissance mondiale – soutenait les catholiques, et la Russie de l’époque soutenait les Grecs orthodoxes.

Les Arabes musulmans n’avaient que la Turquie, «L’Homme Malade du Bosphore», comme soutien politique.

Les Juifs eux-mêmes recevaient aide et assistance des communautés juives de l’étranger, en même temps que l’argent de la halukah. Ils bénéficiaient également de l’aide des consuls étrangers, parce que certaines puissances avaient intérêt à soutenir les Juifs.

Les Arabes n’avaient pas d’argent et les Turcs ne tenaient pas à leur venir en aide. C’est pourquoi l’accroissement de la population chez les Arabes est la plus faible.

Les chrétiens ont développé un énorme mouvement de pèlerinage et des dizaines de milliers de pèlerins venaient séjourner en Eretz-Israël.

Les Juifs encourageaient l’aliyah, et il y avait eu précédemment des Juifs qui étaient venus vivre en Eretz-Israël pour y étudier la Thora avec l’aide des fonds de la halukah.

Chez les Arabes, nous pouvons observer un déplacement de la population des campagnes venant travailler dans le bâtiment et trouver d’autres emplois dans la ville en développement. Ceux-ci, toutefois, retournaient ensuite souvent à Bethléhem ou dans d’autres villages du pays.

Il est vrai que les villages autour de la ville se sont un peu développés, et leur population a légèrement augmenté, mais l’activité musulmane est très réduite en comparaison avec celle des deux autres communautés, la chrétienne et la juive.

Il est cependant intéressant de noter que les Arabes ont également commencé à construire des maisons hors des murs, mais dans la communauté musulmane ce processus revêt un caractère différent, dans la mesure où il s’agit de construction de maisons de riches particuliers.

Les effendis arabes s’étaient en effet considérablement enrichis de la vente des terres, grâce au privilège dont ils jouissaient et qui leur permettaient de lever des impôts et différents paiements pour le compte de l’administration.

Ils avaient également réussi à envoyer leurs enfants étudier en Turquie.

La manifestation extérieure de la sortie des musulmans hors des murs est donc la construction de maisons somptueuses.

Le bâtiment dans lequel s’étaient installés les membres de la colonie américaine avait précédemment appartenu à un riche Arabe du nom de Rabbah Effendi, de la famille des Husseini. Cette maison, l’une des premières hors des murs, avait été construite dans les années 1870 et est mentionnée dans la seconde édition de la carte de Charles Wilson en 1876.

Tous les visiteurs de l’hôtel de l’«American Colony» ne peuvent manquer d’admirer la maison que Rabbah a édifiée pour lui et pour ses quatre épouses. Le plafond y est majestueux et il y a également un jardin magnifique. Rabbah a commencé par louer sa maison aux membres de la colonie américaine et a fini par la leur vendre.

Salim Bey, qui allait devenir par la suite le maire de Jérusalem, a construit sa maison à proximité de celle de Rabbah. C’était un édifice somptueux, qui servit par la suite d’école. La troisième maison de ce voisinage est celle d’Ismaïl Bey, qui était le président du comité d’éducation.

Dans son livre, Gertha Spafford nous propose une belle description de la réception faite en l’honneur de l’Empereur Guillaume dans la maison de cet Ismaïl Bey. Par la suite, il y a eu d’autres riches familles, appartenant généralement au clan (hamoula) des Husseini, qui ont construit leurs maisons dans le voisinage.

Un quartier de villas s’est ainsi constitué, connu sous le nom de «quartier des Husseini».

D’autres familles aisées ont également construit des maisons. La famille Nashashibi a édifié à Sheikh Jarrah une très belle demeure qui a été détruite par la suite et à l’emplacement de laquelle s’élève actuellement l’hôtel Ambassador.

La famille Jarallah, dont l’un des membres, Muhammad Jarallah, a été le Kaymakam de Beer-Sheva, a construit sa maison, qui existe encore, dans le même secteur.

C’est le début du quartier de Sheikh Jarrah.

Vue aérienne du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem Est, le 1er mars 2013.

D’autres maisons ont été construites à Wadi Joz ainsi qu’à Bab-a-Zara, en face de la sortie de la Porte d’Hérode, où un vaste quartier a été fondé par la famille Al-Alami et ses associés. Nous notons que dans la communauté arabe, l’habitat s’organise de préférence par clans (hamoulot).

Les cartes géographiques du début du Mandat britannique, tout comme les prises de vue aériennes des Allemands en 1917-18, nous montrent que le nombre de maisons dans le secteur musulman est réduit.

Entre 200 et 250 maisons seulement y ont été construites.

Si nous estimons que chaque famille comporte en moyenne cinq personnes, nous aurons entre 1000 et 2000 personnes vivant hors des murs, ce qui est peu, car seules les familles riches pouvaient se permettre de belles résidences, des villas entourées de jardins et de vignes.

Les moins favorisés continuaient à vivre dans la Vieille Ville, où les loyers n’étaient pas élevés. Il y avait même des maisons appartenant au waqf, où l’on pouvait habiter sans payer de loyer.

Contrairement aux Juifs, qui ont construit hors des murs des quartiers résidentiels pour une population peu fortunée, et contrairement aux chrétiens, qui ont construit des bâtiments sacrés, des auberges pour les pèlerins ainsi que des institutions médicales, éducatives et d’assistance sociale, les musulmans n’ont construit que des résidences privées.

L’essentiel du développement de la communauté musulmane se concentre autour du Quartier musulman, à l’Est et au Nord surtout, mais ils n’ont construit que très peu de bâtiments d’intérêt public.

C’est ainsi que pas une seule nouvelle mosquée n’a été construite.

Les mosquées existant hors des murs, à Sheikh -Jarrah et à Sa’ad Sa’id (près du Consulat américain), sont antérieures au dix-neuvième siècle. L’école Rashidiyyah, près de la Porte d’Hérode, date du début du vingtième siècle.

Au fil des ans, une séparation s’est établie entre les différents quartiers hors des murs.

Les quartiers arabes, au nord; les quartiers juifs à l’ouest et les quartiers chrétiens au sud.

Les Arabes chrétiens et les Grecs ont construit un petit nombre de maisons, surtout du côté de Bak’a.

Une concentration de chrétiens s’est ainsi constituée dans la région de Bak’a, la colonie allemande, la colonie grecque et Katamon.

Sur le plan communautaire, il y avait aussi des régions intermédiaires, des pâtés de maisons réservés au commerce et à l’artisanat sur la Route de Jaffa et la rue ha-Nevi’im, qui était surtout une rue d’institutions médicales, de consulats et de résidences cossues.

La municipalité de Jérusalem commence à intervenir dans les années 1860.

C’était alors une institution ottomane-arabe, au bon fonctionnement de laquelle des représentants juifs et chrétiens étaient autorisés à participer, le tout sous le contrôle du pacha turc.

Le Conseil municipal a assumé de nombreuses responsabilités, s’est occupé des drainages et des égouts, a construit des toilettes publics, tracé des routes, installé l’éclairage et mis en place des services de police et des pompiers.

Le premier jardin municipal a été planté dans les années 1890.

C’est l’actuel Jardin Daniel Oster, près de la Municipalité de Jérusalem. L’activité du Conseil municipal a reçu un nouvel élan en 1908-1909, après la révolution des Jeunes Turcs.

Au début du vingtième siècle, quand commencent les préparatifs pour les fêtes à l’occasion des vingt-cinq ans de règne du Sultan Abdul Hamid, la ville a été nettoyée et une fontaine a été construite à la porte de Jaffa ainsi qu’une tour avec horloge. Diverses institutions publiques se sont ouvertes à cette époque et les habitants ont commencé à parler de théâtre, de musée et d’institutions d’enseignement supérieur.

Nous avons déjà dit qu’un service postal efficace fonctionnait à Jérusalem.

Nous avons également mentionné le système des capitulations qui permettait aux différentes puissances de maintenir leurs propres services postaux.


Il y avait ainsi la Poste autrichienne, les Services Postaux russes – qui ont joué un rôle important – et le Service allemand. Il y avait également un service postal turc, qui était généralement plus lent que les autres, et les résidents de nationalité étrangère préféraient avoir recours aux services postaux des différentes grandes puissances.

Le télégraphe est arrivé à Jérusalem en 1865.

Notons en passant que c’était un des moyens de communication privilégiés de l’Empire ottoman. On pouvait même dire à l’époque que c’est grâce au télégraphe que le Sultan turc gouvernait son vaste empire.

Les moyens de transport ont également évolué, et l’on se déplaçait désormais en coches et en «diligences».

Un service de transport municipal a été mis en place à Jérusalem.

La station centrale était près de la Porte de Jaffa, et les coches partaient de là vers Mahané Yehoudah et vers Bethléhem.

Vers la fin du dix-neuvième siècle, les routes menant vers Bethléhem, Hébron et en direction de Jéricho ont été pavées.

L’ouverture de la route de Naplouse, vers le nord, a symbolisé le nouveau statut de la ville, devenue désormais un carrefour important.

Il est surprenant de découvrir l’ampleur des projets pour le développement de Jérusalem existant vers la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième.

Il y avait un projet pour prolonger la voie ferrée le long de la vallée de Hinnon, la Porte du Fumier et la vallée du Cédron en direction de la Mer Morte.

On parlait de construire un téléphérique entre Jérusalem et la Mer Morte qui servirait aux pèlerins.

On a étudié la possibilité de relier le chemin de fer de Jérusalem avec la voie ferrée du Hejaz, construire une voie qui, partant de Jérusalem, traverserait Naplouse, Jénine et Afoula.

Comme Notre Dame et Augusta Victoria reçoivent alors l’électricité, on propose de doter la ville d’un chemin de fer électrique.


Le rythme des transformations a donc été très rapide et a donné Jérusalem un véritable statut de métropole universelle.

Mais c’est alors qu’éclate la Première Guerre mondiale, mettant brutalement fin au processus de développement.

Avec la fin de la guerre, c’est une nouvelle ère qui s‘ouvre dans l’Histoire de la ville.

Géographie d’une renaissance par Yehoshua Ben-Arieh – Traduit de l’hébreu par Francine Lévy

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Source

Voir le dossier complet Jérusalem au XIXe siècle


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