Amalec

Les dispersions du peuple Juif

L’Antiquité

Le Royaume de David (-1300 à -586)

Les tribus (de retour d’Égypte ?) investissent progressivement le pays des Cananéens (XIIIe-XIe siècles).

3 souverains se succèdent selon la Bible : Saül (1030-1010), David (1010-970) qui prend Jérusalem pour capitale et Salomon (970-931) qui fait construire le premier temple (en -964).

Le premier temple de Jérusalem (-964 à -586)

En -931, un schisme se produit : Roboam, le fils de Salomon, refuse violemment une baisse des impôts. Les tribus du Nord font sécession, reconnaissent Jéroboam comme roi et gardent le nom de royaume d’Israël, centré sur Samarie. Roboam devient roi des tribus du Sud, constituant le royaume de Juda avec Jérusalem pour capitale ; ce royaume est beaucoup moins riche et moins peuplé que celui du Nord.

En -722, le royaume du Nord s’effondre : Samarie est détruite par le roi d’Assyrie, entrainant la déportation et la dilution des tribus. Beaucoup d’habitants se réfugient au sud dont la capitale Jérusalem connaît alors un développement important.

En -597, Nabuchodonosor II, souverain de Chaldée, lance une expédition punitive sur son protectorat du Royaume de Juda qui tentait de s’émanciper en se rapprochant de l’Égypte. Jérusalem se rend, et Nabuchodonosor déporte le jeune roi Joachin à Babylone, ainsi que toute l’élite de Jérusalem (noblesse et artisans, environ 10 000 personnes). Sédécias, le frère de Joachim, est installé sur le trône de Juda par le pouvoir babylonien, en raison de son caractère docile.

Cependant, après dix ans de règne, Sédécias décide de secouer le joug babylonien en concluant une nouvelle alliance avec le pharaon égyptien. Mais dès que Nabuchodonosor se met en campagne pour châtier les révoltés, ceux-ci se soumettent laissant seul Sedecias, le roi de Juda.

Après un siège de dix-huit mois, Nabuchodonosor prend la ville en -586. La cité est rasée et les trésors du Temple sont emportés à Babylone, avec une partie de la population. Une majorité du peuple juif, spécialement les plus riches, se trouve ainsi à Babylone. Le monothéisme juif s’y renforcera.

Jérusalem incendiée (parchemin du Moyen Âge)

La captivité de Juda

En -539, Cyrus, roi de Perse, vainqueur des Chaldéens, autorise le retour des exilés.

“36:17 Alors l’Éternel fit monter contre eux le roi des Chaldéens, et tua par l’épée leurs jeunes gens dans la maison de leur sanctuaire; il n’épargna ni le jeune homme, ni la jeune fille, ni le vieillard, ni l’homme aux cheveux blancs, il livra tout entre ses mains. […] 36:19 Ils brûlèrent la maison de Dieu, ils démolirent les murailles de Jérusalem, ils livrèrent au feu tous ses palais et détruisirent tous les objets précieux. 36:20 Nabuchodonosor emmena captifs à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée; et ils lui furent assujettis, à lui et à ses fils, jusqu’à la domination du royaume de Perse.” [Ancien testament, 2 chroniques, 36, 17-21]

L’empire romain (-586 à +70)

Le Second Temple de Jérusalem est reconstruit à Jérusalem en 516 av. J.-C sous Zorobabel.

Au IVe siècle, les Perses sont battus par Alexandre, qui conquiert la Palestine en -332. Elle est ensuite dominée aux IIIe et IIe siècle par les Ptolémée ; des colonies juives s’installent dans les villes côtières de Méditerranée orientale et tout particulièrement à Alexandrie.

Ainsi, dans l’Antiquité, le judaïsme a connu 3 grands centres : la Judée et Babylone, puis, à la période hellénistique, Alexandrie.

Au cours du IIe siècle, des colonies juives s’implantent dans tous les centres majeurs de l’empire romain, y compris à Rome.

En -63, Pompée s’empare de Jérusalem. Ceci entraîne l’envoi en esclavage de nombreux prisonniers à Rome : c’est l’élément fondateur de la Première Diaspora (“dispersion”) en Occident.

Hérode Ier le Grand procède à de gigantesques travaux d’aménagement, bâtissant « à la romaine » une immense esplanade: la colline d’origine est ceinturée d’un énorme mur de soutènement, la surface intérieure entièrement nivelée puis comblée avec du remblai. La construction commence en 19 av. J.-C. et dure environ 7 ans – 100 000 hommes furent employés.

L’extension du deuxième temple par Hérode

Vers +30 , Philon d’Alexandrie avance le chiffre de 1 000 000 de Juifs habitant en Égypte, soit un huitième de la population.

En +66, des troubles éclatent en Judée, contre la tutelle de Rome. En 70, après plusieurs mois de siège, Titus prend Jérusalem. La ville est rasée, et son Temple est incendié ; les Juifs sont, en masse, vendus comme esclaves. La destruction du Second Temple marque la fin de l’État hébreu à l’époque ancienne, et transfère de facto l’autorité religieuse des grands-prêtres du Temple aux rabbins.

La destruction du Temple en 70 ap. J.C.

Ces troubles marquent ainsi le début de la grande dispersion des Juifs à travers le monde – la Deuxième Diaspora.

Les Juifs se révoltent à nouveau vainement sous Trajan (vers 110) puis pendant le règne d’Hadrien en 133, sous la direction de Bar Kokhba.

En 135, l’empereur Hadrien, venu à Jérusalem en 130, décide de créer une cité païenne sur le site. Les Juifs se révoltent et la répression est encore pire qu’en 66 : de nouvelles déportations de Juifs, réduits en esclavage, s’ajoutent aux massacres.

En 212, les Juifs, comme les autres groupes, deviennent citoyens de l’Empire

Le Moyen Age

La situation de la diaspora juive dans l’empire romain se détériore fortement lorsque le christianisme devient religion d’État (IVe siècle) – l’intolérance y étant grande. La situation n’est guère meilleure à Byzance sous Justinien (VIe siècle).

La domination musulmane améliore au contraire la condition des Juifs tant à Alexandrie qu’en Afrique du Nord ou en Espagne. Babylone – où a été composée la version la plus importante du Talmud – reste le grand centre des Académies juives jusqu’au milieu du IXe siècle.

L’Espagne, avec l’Académie de Cordoue (950), prend ensuite le relais, devenant alors le centre juif le plus prospère de la Méditerranée aux Xe-XIe siècles – citons aussi Tolède ou Grenade. La situation se dégrade sous les Almonades, vers 1150 ; le Portugal accueille alors les Juifs.

Aux XIe-XIIe siècles dans un climat marqué par les croisades et la reconquête (Tolède est reprise en 1085) se développe un anti-judaïsme qui aboutit à des massacres en Europe occidentale. Le concile de Latran (1245) donne une base juridique à ce rejet et les Juifs sont désormais tenus de porter un signe distinctif (la rouelle, disque de couleur jaune ou rouge, symbolisant les 30 deniers de Judas).

Juif portant la rouelle

En 1290, le roi d’Angleterre expulse ses Juifs et confisque leurs biens. Ils trouvent refuge en France du Nord et en Allemagne.

Entre 1132 et 1321, les Juifs du royaume de France sont expulsés et rappelés quatre fois… L’expulsion de 1394 est la dernière et reste en vigueur dans nombre de provinces de France jusqu’à la Révolution.

Il n’y avait pas de limitations professionnelles aux activités économiques des Juifs à Rome, à Byzance ou dans les pays musulmans. Mais celles-ci apparaissent dans l’Occident médiéval. Les Juifs ne pouvaient ainsi pas posséder de terres ni devenir membres d’une guilde de marchands ou d’artisans chrétiens. Un certain nombre, quand ils le pourront, se feront donc prêteurs.

Aux XIIIe-XIVe siècles, les Juifs souffrent également de persécutions dans le monde musulman, de l’Egypte à l’Espagne.

Régions interdites aux juifs

Les Sépharades

En 1492, les Juifs sont expulsés d’Espagne, au moment de la prise de Grenade, marquant la fin de la reconquête catholique de l’Espagne.

Une partie de cette communauté – dite Sépharade (issus d’Espagne, parlant le judéo-espagnol) – passe par le Portugal pour finalement aboutir en Europe du Nord (Pays-Bas), mais la plupart se réfugient dans les pays méditerranéens : Afrique du Nord (particulièrement au Maroc), Tunisie, Avignon, Italie (Rome), Egypte, Grèce (Salonique), Constantinople.

Expulsion sépharade

Nombre d’entre eux sont bien accueillis dans un empire ottoman en expansion. Le XVIe siècle est un siècle particulièrement faste pour les Juifs de l’empire ottoman, obtenant d’emblée d’importantes situations dans la vie économique. Le déclin au XVIIe de la prospérité commerciale de l’empire ottoman entraine celle des Juifs.

Les Juifs sous les Ottomans et sous la domination musulmane en général sont exclus, comme les autres minorités religieuses, de certaines fonctions (comme celle des armes) et occupent un statut inférieur à celui des musulmans. Ils sont tenus de porter un turban jaune. Mais leur autonomie religieuse est respectée, et ils peuvent occuper de hautes fonctions.

La ville de Salonique devient une ville où les Juifs jouent un rôle considérable ; Au XVIIe siècle, les sépharades de Constantinople et Salonique sont un des jalons du commerce international entre la Méditerranée, Amsterdam et l’Orient.

Enfin, de nombreux Juifs expulsés gagnent également les Pays-Bas, où le statut des Juifs est relativement libéral en dépit de limitations économiques (interdiction du commerce de détail) et sociales. Le plus illustre des Juifs de Hollande est Spinoza (1632-1677). C’est depuis Amsterdam que de nombreux Juifs gagnent la Nouvelle-Amsterdam (1654) qui devient rapidement New-York.

A partir du XVIIe siècle, les Juifs d’Angleterre ne souffrent plus de restrictions dans leurs activités ni d’obligations particulières en matière de résidence ni de vêtement – ce qui développe la communauté anglaise.

Le grand évènement du XVIIIe siècle est la Révolution française qui accorde aux Juifs l’égalité politique et la citoyenneté pleine et entière (1791). Il faudra attendre près d’un siècle pour que l’égalité soit accordée dans la plupart des pays européens (Pays-Bas 1797, Royaume-Uni 1858, Autriche-Hongrie 1867, Italie 1870, Allemagne 1871, Suisse 1874…)

Les Ashkénazes

À partir du XIVe siècle, les Juifs de langue et d’origine germaniques, persécutés par les chrétiens d’Europe occidentale se déplacent vers l’Europe centrale : bohême, Moravie, Lituanie et Pologne – cette dernière étant au cœur du judaïsme ashkénaze. En effet, dès les années 1300, les Juifs jouissaient en Pologne d’une situation particulièrement favorable et de larges prérogatives. Au XVIIe siècle, c’est dans cette « grande Pologne » à son apogée, de Dantzig à l’Ouest de l’Ukraine actuelle, qu’ils bénéficiaient du meilleur statut au monde. La plupart venant d’Allemagne, le yiddish s’impose comme langue des Ashkénazes (Allemands).

Cependant, les massacres perpétrés par les Cosaques à partir de 1650 entrainent un reflux de l’Europe centrale vers l’Europe de l’Ouest, l’Angleterre et l’Amérique. Si le XVIIe siècle est en Europe celui des Sépharades, le XVIIIe siècle voit alors la montée des Ashkénazes, qui vont dominer le siècle suivant.

La situation est différente en Europe orientale. La Russie interdisait aux Juifs de pénétrer dans l’empire à l’est de Kiev. Mais avec le dépeçage et l’annexion d’une grande partie de la Pologne en 1795, la Russie hérite de la communauté juive la plus importante du monde à l’époque. La Russie cantonna obligatoirement les Juifs dans une « zone de résidence » allant de la Baltique à la Mer noire, comprenant la Pologne, les Lituanie, l’Ukraine, la Biélorussie et la Crimée.

Sous les tsars, et particulièrement sous Nicolas Ier, après 1825, la situation des Juifs de Russie est très mauvaise. Ce tsar ordonne que les enfants juifs mâles soient soustraits à leur famille à l’âge de douze ans, et passent une période de formation jusqu’à dix-huit ans avant d’être envoyés au service militaire.

La situation s’améliore avec le tsar Alexandre II (1855-1881) qui supprime la conscription des enfants juifs à partir de douze ans, et ramène le service militaire, pour l’ensemble des sujets, de 25 ans à 6 ans.

Mais c’est alors que commencera la période noire des pogroms…

Cette bien triste histoire du peuple juif aboutit ainsi en 1900 à une très forte concentration en Europe orientale – qui débouchera sur bien des malheurs…

Les Juifs d’Europe orientale

Le partage de la Pologne (1772, 1793 et 1795)

Après le partage de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, Catherine II crée dans l’ouest de l’Empire russe une « Zone de Résidence », où les Juifs sont cantonnés de 1791 à 1917, avec interdiction de vivre dans des communautés agricoles ou dans de grandes villes comme Kiev, Sébastopol ou Yalta ; ils sont forcés de s’installer dans de petites villes provinciales, où la vie est difficile et pénible en raison de la grande pauvreté. Point positif, cette concentration a permis de faciliter l’éducation des enfants – qui sont cependant soumis à de sévères quotas dans l’enseignement.

L’objet de l’étude (très simplifiée) que nous réalisons de l’histoire juive vise en fait à bien comprendre comment, à force de persécutions, on était arrivé à une énorme concentration des Juifs dans le centre et l’Est de l’Europe.

Les premiers pogroms russes

Dans la Russie tsariste, les Juifs ont donc interdiction d’acquérir des terres, d’intégrer la fonction publique ou d’atteindre un grade d’officier dans l’armée. L’immense majorité est donc cantonnée aux métiers traditionnels du commerce, des services, de l’artisanat et de l’industrie.

Pour le petit peuple orthodoxe, le Juif est donc vu comme « l’Autre », qui ne travaille pas la terre mais se livre à l’usure et au commerce – ce qui est souvent assimilé à la « spéculation » ou à « l’accaparement », surtout en période de crise ou de pénurie.

Plus fondamentalement, l’antijudaïsme populaire est nourri par la croyance que le peuple juif était « celui qui avait crucifié le Christ ». À intervalles réguliers, cet antijudaïsme, habilement instrumentalisé par les autorités, remontait à la surface.

L’assassinat du tsar Alexandre II entraîna une première vague de manifestations anti-juives appelées « pogroms » (« attaque » ou « émeute » en russe), sur une période allant de 1881 à 1884.

L’assassinat du tsar Alexandre II entraîna une première vague de manifestations anti-juives appelées « pogroms »

Alors que sur le groupe de 15 assassins, 1 seul était juif, les Juifs sont rendus responsables de cet assassinat.

La politique du gouvernement russe au sujet des Juifs tient dans ce programme : « Un tiers des Juifs sera converti, un tiers émigrera, un tiers périra ».

Lors des événements de 1881, la centaine de pogroms était principalement limités à la Russie, mais les pogroms se poursuivirent de façon intensive jusqu’en 1884. La passivité, voire la complicité des forces de l’ordre permit aux instincts de la populace de se déchaîner tout particulièrement à l’occasion des grandes fêtes religieuses (pogroms de Pâques de 1882, 1883 et 1884). Si les atteintes aux biens furent considérables (des dizaines de milliers de magasins pillés), le nombre de victimes ne dépassa pas quelques centaines.

Comme le souligne l’historien Léon Poliakov, il existait une grande différence entre l’antisémitisme qui sévissait en Europe occidentale et celui d’Europe orientale.

Alors qu’il s’étayait surtout sur des bases de nature théologique en Allemagne, l’antisémitisme s’enracinait principalement en Pologne sur des questions sociales – la différence venant du nombre.

Avant même les persécutions et les expulsions, le nombre de Juifs en Allemagne (et a fortiori en France, Espagne ou Italie) était relativement modeste (se comptant en milliers) ; les Juifs y jouaient le rôle de bouc émissaire sans être réellement en position de concurrence économique.

En revanche, en Pologne, Ukraine, Russie occidentale, leur nombre était considérable (se comptant en centaine de milliers puis millions) ; leurs voisins s’estimaient ainsi parfois pénalisés par cette situation, ce qui pouvait décuplait la rancœur, et donc la haine future.

Carte des pogroms russes

L’émigration et le retour des pogroms

Ces événements constituent un tournant dans l’histoire des Juifs de Pologne et à travers le monde, car ces persécutions entraînèrent une très importante vague d’immigration juive aux États-Unis (principalement) et dans l’Europe de l’Ouest.

L’émigration a été renforcée par l’expulsion des Juifs de Moscou en 1890, par la deuxième vague de pogroms de 1903-1906.

L’événement déclencheur est le meurtre en avril 1903 d’un garçonnet – aussitôt transformé en « meurtre rituel » – près de Kichinev.

Quelques jours plus tard, la foule, à l’occasion de la fête de Pâques, attaque, trois jours durant les Juifs, les forces de l’ordre restant passives. Les pogroms s’amplifient en 1904 et 1905, dans le sillage de la défaite russe dans la guerre russo-japonaise et la révolution avortée de 1905.

Les pires d’entre eux se déroulèrent sur le territoire polonais où la majorité des Juifs russes vivaient, en particulier le pogrom de Bialystok en 1906 durant lequel plus de 100 Juifs furent massacrés et de nombreux autres blessés. Les deux seuls derniers mois de 1905, on recense 650 pogroms, 3 000 victimes, 15 000 blessés.

Pogrom de Kishinev en 1903
Pogrom de Dnipropetrovsk en 1905

Pendant la Première Guerre mondiale, la Zone perd son emprise rigide sur la population juive quand une grande quantité de Juifs s’enfuient vers l’intérieur de la Russie pour échapper à l’invasion des troupes allemandes. 1,5 millions de Juifs ont été déplacés de force en 1915, parfois par convois ferroviaires dédiés, car ils étaient pour l’armée des espions ou des traîtres potentiels, puisqu’ils parlaient yiddish, une langue « proche de l’allemand ».

Ces expulsions préventives furent prétextes à une troisième vague de pogroms, les pillages étant cette fois plutôt le fait de la troupe, qui acquit alors un sentiment d’impunité quand il s’agissait de « casser du juif ».

Ils étaient attaqués dans des villages où plus aucune autorité n’était capable d’assurer l’ordre, au prétexte que, se livrant au commerce, ils spéculaient sur les pénuries. En réalité, l’occasion était trop belle de se livrer impunément aux pillages, viols et massacres.

La révolution bolchevique de février 1917 mit fin aux discriminations légales dont souffraient les Juifs.

Le 20 mars 1917, la Zone est abolie – une grande partie de la Zone deviendra plus tard une part de la Pologne. Le gouvernement provisoire ouvrit aux juifs l’accès aux postes à responsabilité, et des milliers de Juifs apparurent donc sur le devant de la nouvelle scène politique.

La guerre civile de 1918-1920 conduit à une troisième vague de pogroms et à des exactions militaires de grande ampleur.

Les années 1918-1921 des guerres civiles russes constituent la quatrième vague de pogroms de l’histoire de la Russie moderne, mais le contexte dans lequel ils ont été commis, leur ampleur sans précédent et leurs modalités les distinguent radicalement des précédents.

Peu étudiés, ils constituent pourtant les plus grands massacres de Juifs avant le génocide ; plus de 2 000 bourgades et petites villes furent touchées en Ukraine, Biélorussie et Russie, faisant au moins 100 000 tués, 200 000 blessés, des dizaines de milliers de femmes violées, 300 000 orphelins, plus de 500 000 réfugiés – dans une communauté de 5 millions de personnes…

80 % des 2 000 pogroms de ces années ont concerné l’Ukraine occidentale et 15 % la Biélorussie.

Assez rapidement se forme la « conjonction fatale » entre Juifs et bolchéviques ; pour l’opinion publique, seuls les Juifs ont tiré profit de la révolution, tous les autres n’en ont retiré que du malheur.

L’intensité du sentiment « Le pouvoir soviétique, ça pourrait encore aller s’il n’y avait pas des youpins partout » est telle que la police politique soviétique propose de remplacer d’urgence en Ukraine tous les communistes juifs ayant des responsabilités par des communistes russes, à défaut d’Ukrainiens…

Les pogroms perpétrés par l’Armée blanche en 1919 constituent pour beaucoup d’historiens un phénomène radicalement nouveau, fondé sur un antisémitisme doctrinal exacerbé, devenu « le point focal d’une vision du monde », faisant par cet aspect du mouvement blanc un mouvement « proto-nazi ».

Comme on le constate sur des affiches de propagande de l’Armée blanche contre Trotski (« Paix et liberté en Russie soviétique »).

Propagande de l’armée russe blanche contre Trotski
Affiche de propagande allemande en ukrainien contre les Juifs de 1942

En effet, dans la guerre à mort contre le bolchévisme, la profonde méfiance vis-à-vis des juifs, déjà enseignée dans les académies militaires avant 1914 se transforma chez de nombreux officiers blancs en un antisémitisme d’autant plus virulent qu’il était appelé à expliquer l’inexplicable : comment la Russie en était arrivée là où elle était, déchirée, affaiblie, vaincue, en proie au chaos, livrée à « une bande d’athées assassins et de juifs ».

Les prisonniers de guerre juifs étaient systématiquement exécutés par les Blancs ou les cosaques.

Les pogroms menés par les Russes blancs ont été les plus organisés, les plus efficaces, les plus motivés idéologiquement, menés comme des opérations militaires.

Par exemple, à Fastov, du 23 au 25 septembre 1919, la brigade cosaque du colonel Belogortsev massacra 1 300 à 1 500 juifs sur une population de 10 000 habitants.

Cependant, l’antisémitisme n’a jamais été une doctrine officielle du mouvement blanc ; ils devinrent une « habitude », un « réflexe », une « évidence » aussi limpide que l’égalité « juif=bolchévique ».

Ainsi, les commandants ukrainiens de l’Armée de la République populaire ukrainienne Nikifor Grigoriev ravagea par exemple Tcherkassy en 1919 (700 morts) et Nicolas Palienko Jitomir la même année. Celui-ci avait déclaré en arrivant que l’Ukraine était encerclée de tous côtés par des ennemis – les Juifs, les Polonais, les Russes, les bolcheviks, les Roumains, les représentants de l’Entente –, que le bolchevisme était « le fait des youpins », que « les youpins ne s’en tireraient pas indemnes », qu’il avait la mission de rétablir l’ordre à Jitomir, de punir la ville, et que cette punition serait terrible…

En 1939, Palienko rejoignit l’OUN et fut nommé major du bataillon « Nachtigall » jusqu’en 1942. En 1943, il s’engagea dans la Division SS Galicie, sous la bannière de laquelle il mourut en 1944.

Soulignons aussi que les Juifs furent aussi victimes des Ukrainiens – à Proskourof, le commandant Semosenko donna l’ordre « d’exterminer les youpins, l’ennemi le plus perfide et le plus dangereux du peuple ukrainien » ; 1 500 Juifs y furent massacrés à l’arme blanche, soit 20 % de la population.

Par groupes de 3 ou 4, les cosaques perquisitionnaient chaque maison, torturaient leurs victimes jusqu’à qu’elles leur donnent tous leurs biens précieux, puis tuaient tous les membres de la famille, contraignant certains à mettre le feu à leur maison et à périr dans les flammes – ce qui constituait donc une véritable « Aktion de type nazi ».

Ils furent aussi victimes des Polonais et même, dans une moindre mesure, de troupes de l’Armée Rouge – bref, tous les protagonistes se sont retournés vers eux.

Comme on le voit, un seuil qualitatif a été franchi, passant de pogroms limités commis en temps de paix par des voisins enhardis par la passivité des autorités, à des massacres massifs et systématiquement mis en œuvre par des unités armées, convaincues de la nécessité et de la légitimité d’exterminer, sur une base ethnique, des populations civiles considérées comme ennemies.

C’est pourquoi ces pogroms constituent pour beaucoup d’historiens le « chaînon manquant » qui relie l’antijudaïsme « traditionnel » des pogroms à la Shoah.

D’autant que les milieux antisémites russes blancs émigrés en Allemagne y ont été particulièrement influents ; citons notamment la forte influence qu’a eu l’officier Blanc Fedor Vinberg (qui a traduit en allemand Les Protocoles des sages de Sion) sur l’idéologue nazi Alfred Rosenberg.

L’historien Richard Pipes estime pour sa part que « la rationalité de l’extermination des juifs par les nazis leur a été apportée par les milieux de droite russes avec leur théorie qui liait les juifs au communisme. »

Après la guerre, les pogroms ne cessèrent jamais vraiment. Ainsi, en Pologne, encore entre 1935 et 1937, 79 Juifs furent tués et 500 blessés dans des incidents anti-Juifs.

À son apogée, la Zone a atteint en 1914 une population juive supérieure à 5 millions, ce qui représente à cette époque la plus grande concentration de Juifs au monde, avec près de 50 % de la population juive mondiale. Et ce malgré l’émigration de 1,5 millions de Juifs entre 1861 et 1914.

Au final, à la fin des années 1920, près de 2 millions de Juifs ont quitté la zone de résidence pour les États-Unis ; en France, la population juive passe de 60 000 en 1882 à 120 000 en 1914. On considère que les pogroms sont un des facteurs déterminants de l’émergence du sionisme.

La Seconde guerre mondiale et la Shoah

En 1930, les 15 millions de juifs se répartissent principalement en : 4 millions aux États-Unis, 3 à 3,5 en Pologne, 2,6 en URSS et 850 000 en Roumanie.

On connait la suite durant la guerre…

 

En 1945, 90 % des 3,3 M de Juifs polonais ont été exterminés, et 32 % des 3,1 millions de Juifs russes.

La même classé en fonction du nombre de victimes :

La naissance d’Israël

Au lendemain de cette tragédie, l’État d’Israël voit le jour le 14 mai 1948.

Très vite, un flot d’immigration soutient sa croissance démographique.

Entre 1948 et 2012, il y a ainsi eu plus de 3 millions d’immigrés, dont 1,2 million en provenance de l’ex-URSS, 0,6 de l’Europe, 0,5 de l’Afrique, 0,5 de l’Asie et 0,2 des Amériques.

L’immigration en provenance des pays arabes (1948-1975)

L’immigration en provenance d’Europe (1945-1970)

En 2012, soixante-cinq ans après la fin de la guerre, les conséquences démographiques sont encore sensibles : quand la population mondiale a quadruplé, la population juive mondiale n’atteint pas le niveau qu’elle avait en 1940.

Au lieu de 60 % de la population juive mondiale, 10 % seulement vivent en Europe (1,3 million) où la communauté la plus importante est celle de France.

Le cas de l’Ukraine

Histoire des Juifs de Galicie

La Galicie a une riche histoire multiculturelle, marquée au cours des siècles par, entre autres, les Juifs et les Arméniens.

Le nom de Galicie existait avant 1772, désignant des territoires situés dans la région du Dniestr, autour de la ville de Halytch, et au Moyen Âge, il a existé une principauté de Galicie-Volhynie.

La ville de Lviv, qui était la capitale de la Galicie autrichienne (sous le nom allemand de Lemberg) a d’ailleurs été fondée au XIIIe siècle par Daniel Ier de Galicie.

Aucune autre province autrichienne n’était habitée par autant de peuples que la Galicie : Ruthènes (Ukrainiens), Polonais, Allemands, Arméniens, Juifs, Moldaves, Hongrois, Tziganes etc. Les Polonais, Ruthènes et Juifs représentaient la majorité de la population.

Cependant, les Polonais habitaient très majoritairement l’Ouest de la province, tandis que les Ruthènes se trouvaient à l’Est.

Au début du XXe siècle, la Galicie orientale comptait 65 % de Ruthènes (Ukrainiens), 20 % de Polonais et près de 15 % de Juifs.

Ces Juifs de Galicie appartenaient en majorité aux Ashkénazes, immigrés d’Allemagne au Moyen Âge.

La plupart des Juifs en Galicie vivaient pauvrement, en travaillant principalement dans de petits ateliers et petites entreprises comme artisans. Ainsi, près de 80 % des tailleurs de Galicie étaient Juifs.

Toutefois, l’importance accordée par les Juifs aux études leur permettait de renverser les barrières sociales : les Juifs occupant des professions intellectuelles étaient proportionnellement beaucoup plus nombreux que les Polonais ou les Ukrainiens de Galicie.

Parmi les 1 700 médecins de Galicie, 1 150 étaient juifs ; 41 % des travailleurs de la culture, du théâtre et du cinéma, 43 % des dentistes, 45 % des infirmières étaient Juifs ; et il y avait 2 200 avocats juifs contre 450 avocats ukrainiens.

Quatre lauréats du prix Nobel et d’autres, comme des médecins aussi connus que Sigmund Freud et Léo Kanner, étaient d’origine galicienne.

En raison des possibilités d’éducation et de promotion sociale offertes par la monarchie autrichienne à l’ensemble de ses minorités, la renommée de la Galicie s’est aussi fondée sur le fait qu’elle fut le terreau fertile de la constitution d’une intelligentsia nationale (autrichienne, polonaise, ruthéno-ukrainienne ou juive) de premier plan.

La Galicie fut le laboratoire de mouvements nationaux modernes, polonais, ukrainiens et juifs.

Au regard des persécutions ultérieures, la période de l’Empire austro-hongrois fait figure d’ère de liberté.

À cette époque la seule université enseignant l’ukrainien et publiant des ouvrages dans cette langue était située à Lemberg (Lviv).

La Galicie devient polonaise

Quand la Galicie devient polonaise en 1920, les Juifs sont immédiatement victimes de discrimination.

Ainsi, ni les Juifs galiciens, ni les Ukrainiens n’ont été autorisés par le gouvernement polonais à travailler dans des entreprises d’État, des institutions, des compagnies de chemins de fer, aux PTT, etc. Ces mesures ont été appliquées strictement.

Les Juifs galiciens et les Ukrainiens subirent une discrimination ethnique, sous la forme d’une polonisation forcée (par exemple, en 1912, il y avait 2 420 écoles ukrainiennes en Galicie et en 1938 il n’en restait plus que 352).

Il faut également savoir que la Galicie a été depuis le milieu du XIXe siècle une terre d’émigration. Une proportion considérable des « Galiciens » se trouvent aujourd’hui hors de Galicie.

Près d’un million de Galiciens ukrainiens, dits « Ruthènes », ont émigré au début du siècle aux États-Unis, au Canada et en Europe occidentale, tout comme de nombreux Galiciens polonais. Des 800 000 Juifs galiciens d’avant la Première Guerre mondiale, 200 000 à 300 000 ont fui pogroms et guerres vers les capitales occidentales et les États-Unis entre 1880 et 1914.

En novembre 1918, les Juifs ont été victimes de violences et des vols perpétrés par des Polonais ; entre 50 et 150 Juifs ont été tués et des centaines ont été blessés ; 3 synagogues ont été brûlées.

En 1931, Lviv comprend 30 % de Juifs parmi ses 300 000 habitants.

En 1940, le nombre de Juifs passe d’environ 140 000 à 240 000, des dizaines de milliers de Juifs fuyant les parties de la Pologne occupées par les Nazis vers ce relatif (et temporaire) sanctuaire occupé par les soviétiques.

La plupart de ces Juifs galiciens ont été massacrés durant la Shoah. Les quelques survivants ont émigré en Israël ou aux États-Unis.

Les mouvements nationalistes ukrainiens

Les nationalistes ukrainiens acceptent très mal le transfert de la Galicie à la Pologne en 1919.

Un groupe d’anciens officiers créa à Lviv dès 1920 l‘Organisation Militaire Ukrainienne (UVO), mouvement révolutionnaire clandestin militaire, ayant mené de multiples opérations de sabotage en Pologne. Durant les années 1920, l’UVO livra une lutte acharnée contre les Polonais, et des violences eurent lieu de part et d’autre.

l’Organisation Militaire Ukrainienne : UVO

L’Organisation Militaire Ukrainienne, militant pour l’indépendance, organisa un certain nombre d’assassinats à l’encontre de politiciens polonais et de personnalités ukrainiennes (tentatives contre le représentant de la ville de Lviv, contre le président de Pologne et son vice-président, assassinat du ministre de l’Intérieur polonais ou du poète ukrainien Sydir Tverdohlib (considéré comme collaborant avec les Polonais).

À partir de 1923, les services secrets allemands (Abwehr) financèrent et équipèrent l’UVO en échange d’activités d’espionnage contre la Pologne.

Dès 1930, l’UVO prend contact avec les Sections d’Assaut nazies d’Ernst Röhm.

En 1933, les SA autorisent des détachements de l’UVO à recevoir une formation militaire.

En 1938 sont créés, par l’Abwehr, des centres d’entraînement, en vue de la création d’une cinquième colonne pour des actions futures sur les territoires de la Pologne et de l’URSS.

En 1939, sont formés près d’un millier de nouveaux volontaires ukrainiens.

L’Abwehr arme également illégalement des groupes ukrainiens en URSS. Mais la coopération resta limitée, en raison des préjugés raciaux d’Hitler contre les Ukrainiens. En effet, si ces nationalistes se voyaient comme des Européens à la différence des « russes semi-asiatiques », ils n’étaient pour les nazis que des slaves, une « race inférieure ».

Par ailleurs, en 1929 à Vienne est créée l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN), qui regroupe l’UVO et d’autres associations étudiantes nationalistes, qui est dirigée par Yevhen Konovalets. Son emblème issu de ces armoiries de l’Ukraine laisse peu de doute sur ses méthodes…

Au début des années 1930, l’UVO et l’OUN commirent des centaines d’actes de sabotage, avec de très nombreux attentats à la bombe, détruisant de multiples voies de chemin de fer, bâtiments de police et réseaux de télégraphe et de téléphone, et elles procédèrent à des braquages réguliers.

Les assassinats continuèrent : une centaine au total entre 1921 et 1939.

Plus la répression polonaise augmenta, plus des jeunes rejoignirent l’OUN, qui comptait environ 20 000 membres au début de la guerre.

Yevhen Konovalets, qui œuvra pour la reconnaissance internationale des aspirations des Ukrainiens, est finalement assassiné par le NKVD soviétique en 1938.

Or, il y eu toujours des tensions dans l’OUN entre les jeunes radicaux galiciens et les plus vieux vétérans militaires en exil, tensions que l’habileté politique de Konovalets arriva à gérer.

Les plus anciens avaient grandi dans une société stable et avaient servi dans l’armée régulière ; ils se considéraient comme une élite, disposant de grades militaires, adhéraient à un code de l’honneur et une discipline militaire, et étaient plus modérés politiquement ; ils admiraient certains aspects du fascisme italien de Mussolini, mais ils condamnaient fortement les méthodes nazies.

En revanche, les plus jeunes n’avaient connu que la répression polonaise et la lutte clandestine ; ils étaient plus impulsifs, violents et impitoyables ; ils admiraient le fascisme et les méthodes des Nazis, estimant que la fin justifie tous les moyens.

Konovalets est alors remplacé par Andriy Melnyk, 48 ans, ancien colonel de l’UVO. Calme et posé, sa nomination est vue comme une tentative de rapprocher l’OUN de l’Église et de modérer ses actions. Cela déplut fortement aux jeunes de Galicie, qui formaient la majorité du mouvement. L’OUN se scinde alors en 1940, entre la modérée OUN-M (Melnyk) et la radicale OUN-B, en référence à son nouveau Leader Stepan Bandera.

Celui-ci est un nationaliste galicien, d’abord condamné avec 11 personnes à mort en 1934 pour le meurtre du ministre de l’Intérieur polonais puis emprisonné à vie. Libéré en 1939 lors de l’invasion nazie.

Il participe à l’organisation de deux bataillons ukrainiens au sein de l’armée nazie en vue de l’opération Barbarossa : le bataillon Nachtigall (« Rossignol », 400 soldats) et le bataillon Roland (300 soldats), qui formèrent la Légion ukrainienne de la Wehrmacht.

le bataillon Nachtigall qui forma la Légion ukrainienne de la Wehrmacht

Au printemps 1941, l’OUN-B, soutenue par l’Abwehr, a reçu 2,5 millions de marks pour des activités subversives en URSS – soit autant que l’OUN-M, soutenue, elle, par le RSHA allemand.

Les pogroms de Lviv en 1941

Le 30 juin 1941, les Soviétiques abandonnent Lviv face à l’arrivée des troupes allemandes.

Le NKVD commet alors des assassinats de masse dans les 3 prisons de la ville, tuant environ 2 500 prisonniers (surtout Ukrainiens, de l’OUN, mais aussi des Polonais et des Juifs – prisonniers politiques comme droits communs).

exécution du nkvd

Les Juifs furent publiquement accusés par les Allemands d’avoir perpétré ce massacre des prisonniers ukrainiens de Lviv.

Ils enflammèrent la population avec une propagande antisémite et appuyèrent la création par l’OUN-B de la Milice Populaire Ukrainienne (UPM), dont les membres portaient des brassards blancs ou aux couleurs du drapeau ukrainien. Cette milice se lança alors dans un vaste pogrom. Cette milice était secondée par des jeunes gens ordinaires.

Des milliers de juifs furent battus, fréquemment à mort. Le nombre de juifs assassinés se situe autour de 4 000 morts.

Dès le 1er juillet, cette milice UPM de l’OUN fut subordonnée à la SS, et perdura jusqu’au 13 aout 1941, aidant les Allemands autant qu’elle pouvait.

Kurt Lewin, un survivant de ce pogrom, témoigne ainsi qu’il avait particulièrement peur: « d’un homme élégamment vêtu d’une belle chemise brodée [souvent porté par les membres de l’OUN], qui battait [les Juifs] avec une canne en métal. Au fur et à mesure, il ne frappait plus que les têtes. À chaque coup, il arrachait des bandes de peau. Il a fait sortir les yeux de certaines personnes, et arraché des oreilles. Lorsque sa canne a éclaté, il a immédiatement attrapé un gros morceau de bois carbonisé et fracassé le crâne de mon voisin. Le crâne a éclaté et le cerveau a éclaté, éclaboussant dans toutes les directions, y compris sur mon visage et mes vêtements. » [Kurt Lewin, J’ai survécu, Varsovie 2006, pp 58-59]

Un second pogrom a lieu durant trois jours fin 1941, tuant 2 000 Juifs et en battant 6 000 autres. À la même époque, quelques 3 000 personnes, en majorité juives furent exécutées dans le stade municipal par l’armée allemande.

Les pertes humaines

Au total, environ 20 000 juifs furent tués dans des pogroms en Ukraine occidentale en juillet 1941, et plusieurs milliers furent fusillés par les Einsatzkommandos.

Un ghetto de 120 000 Juifs est alors créé à Lviv fin 1941. Il sera entièrement liquidé en deux ans dans le camp d’extermination de Belzec.

Au retour des Soviétiques en juillet 1944, il ne restait environ que 800 Juifs survivants – dont le célèbre chasseur de nazis Simon Wiesenthal.

Selon un rapport du 30 juin 1943 de Fritz Katzmann, chef de la police et de la SS de Galicie, 434 329 Juifs avaient été assassinés dans son seul district.

À la fin de la guerre, environ 1,5 million de Juifs ukrainiens avaient été exterminés par les Nazis et leurs supplétifs locaux. Comme il est apparu à Nuremberg, les Allemands avaient de plus tué dans la région de Lvov 700 000 Soviétiques.

L’implication des nationalistes ukrainiens dans ces événements est accablante.

Les membres de l’OUN-B étaient des antisémites enthousiastes. Pour eux, l’ennemi principal était les Polonais et les Russes, mais les Juifs étaient un « problème » parce qu’ils n’étaient pas Ukrainiens et parce qu’ils estimaient qu’ils aidaient les Soviétiques à envahir le territoire ukrainien.

L’Organisation des nationalistes ukrainiens avait adopté en 1929 les Dix commandements des nationalistes ukrainiens, auxquels étaient censés adhérer tous les membres de l’Organisation. Ce Décalogue indiquait : « N’hésitez pas à effectuer les actes les plus dangereux » et « Traitez les ennemis de votre nation avec haine et cruauté. », ou “Aspirez à étendre les forces, richesses et la taille de l’État ukrainien et ce même en réduisant les étrangers en esclavage.” (Source : Timothy Snyder, The Reconstruction of Nations).

En mai 1941, lors d’une réunion à Cracovie la direction de l’OUN-B indiqua que : « Les Juifs en URSS constituent le soutien le plus fidèle du régime bolchevique, et l’avant-garde de l’impérialisme moscovite en Ukraine. Le gouvernement moscovito-bolchévique exploite les sentiments anti-juifs des masses ukrainiennes pour détourner leur attention de la véritable cause de leur malheur et de les canaliser dans un moment de frustration dans les pogroms contre les Juifs. L’OUN combats les Juifs en tant que pilier du régime moscovito-bolchévique et, simultanément, il rend les masses conscientes du fait que l’ennemi principal est Moscou. »

Lors de cette réunion, l’OUN a adopté le programme « Lutte et l’action de l’OUN pendant la guerre » qui décrit le plan d’action lors du début de l’invasion nazie de l’URSS.

Dans la section G de ce document – « Directives pour les premiers jours de l’organisation du nouvel État ukrainien », est dressée la liste des activités à mener durant l’été 1941.

Dans le paragraphe « Politique envers les minorités » l’OUN-B ordonne : « Les Moscovites, les Polonais et les Juifs nous sont hostiles et doivent être exterminés dans cette lutte, en en particulier ceux qui résisteraient à notre régime : il faut les reconduire dans leurs terres, surtout : détruire leur intelligentsia qui pourrait être dans des positions de pouvoir. […] Les soi-disant paysans polonais doivent être assimilés, et il faut détruire leurs leaders. […] Les Juifs doivent être isolés, relevés de leurs fonctions gouvernementales pour empêcher le sabotage, et ceux qui sont jugés nécessaires ne pourront travailler qu’avec un surveillant. […] L’assimilation des Juifs n’est pas possible. » (Source : Wikipédia)

Le 25 juin 1941, Yaroslav Stetsko – le futur « chef de l’État », donc -, dans un rapport à Bandera, écrivait déjà : « Nous créons une milice qui aidera à éliminer les Juifs et à protéger la population. ».

Stetsko après la guerre avec son nouveau maître : George Bush responsable de la CIA

En aout 1941, le même Stetsko écrivit son autobiographie, qui contenait plusieurs passages antisémites notoires, en particulier, il y déclarait qu’il considérait le marxisme comme un produit de la pensée juive, mise en pratique par le peuple moscovite-asiatique avec l’aide des Juifs ; que Moscou et le judaïsme sont les porteurs des idées internationales des bolcheviks. Il y déclare aussi : « Bien que je considère que c’est Moscou, qui en fait tient l’Ukraine en captivité, et non pas les Juifs, comme l’ennemi principal et décisif, je considère tout de même pleinement le rôle indéniablement nuisible et hostile des Juifs, qui aident Moscou à asservir Ukraine. Je soutiens donc la destruction des Juifs et la pertinence de l’apport des méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, plutôt que de tenter de les assimiler. »`

Au service de sécurité de l’OUN de Lvov, le père Tabinsky nous informe : « Notre milice procède maintenant à de nombreuses arrestations de juifs, avec les services allemands. Avant leur liquidation, les Juifs se défendent par tous les moyens, et, en premier lieu, par l’argent ».

Suivant les informations du père Tabinsky, il y a, parmi nos miliciens, certains qui, pour de l’or ou de l’argent, libèrent des juifs : ils doivent être arrêtés. Nous n’avons pas de données concrètes, mais nous vous transmettons ceci pour informations et utilisation ultérieure. Gloire à l’Ukraine ! Organisation des nationalistes ukrainiens OUN.»

Dans un rassemblement le 6 juillet 1941, les membres de l’OUN déclarèrent : « Les Juifs doivent être traités durement. […] Nous devons en finir avec eux. […] En ce qui concerne les Juifs, nous allons adopter des méthodes qui conduiront à leur destruction. »

Après l’emprisonnement de Bandera, les bataillons ukrainiens de la Wehrmacht Nachtigall et Roland furent alors dissous fin 1941, et les activistes volontaires de l’OUN-B furent affectés à l’Ukrainian Schutzmannschaften, une milice auxiliaire de police.

Cette milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants. Le leader militaire de l’OUN-B Roman Shukhevych devint commandant du 201st Schutzmannschaft Battalion, qui sévit jusqu’en Biélorussie.

milice auxiliaire de police , la milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants

Certains bataillons de police prennent directement part à l’extermination de citoyens soviétiques. Par exemple, la police du district de Raïon de Ratne, sous la direction de Logvinski et Seniok, détruit entièrement, le 23 septembre 1942, le village de Kortelisse. Il est entièrement incendié et 2 892 habitants pacifiques sont fusillés (dont 1 620 enfants). Les villages voisins de Birk, Sabaloty, Borisovka sont également détruits.

Le plus grand massacre

Le plus grand massacre par balle de Juifs de toute la guerre eut lieu à la fin du mois de septembre 1941, près de Kiev.

Le 19 septembre 1941, la Wehrmacht entra dans Kiev, qui comptait 900 000 habitants dont 120 000 à 130 000 Juifs. Le 26 septembre 1941, Kiev est prise et plus de 665 000 soldats russes sont faits prisonniers. Les forces spéciales du NKVD présentes à Kiev connaissant la tactique d’occupation des Allemands avaient préparé un gigantesque piège.

L’armée allemande avait pour habitude d’utiliser les installations officielles comme poste de commandements, symbolisant leur prise officielle de pouvoir en s’établissant dans les sièges locaux du gouvernement soviétique mais aussi dans les locaux du Parti Communiste.

Ce faisant, le NKVD avait dissimulé plus d’une dizaine de milliers de charges explosives et de mines dans la plupart des bâtiments publics et laissé un commando sur place chargé de les faire sauter une fois les Allemands en position dans l’espoir de décimer le commandement de la Wehrmacht de la zone et renouvelant la longue tradition russe de politique de la terre brûlée.

Les charges furent mises à feu le 24 septembre déclenchant un gigantesque incendie qui dura cinq jours et tua des milliers de soldats allemands.

Ce sont les Juifs qui furent tenus pour responsables de cette ruse de guerre. Le 28 septembre un communiqué ordonna à tous les Juifs de Kiev et des environs de se présenter le lendemain, jour de Yom Kippour :

« Tous les Juifs de Kiev et de ses environs devront se présenter le lundi 29 septembre 1941 à 8 heures du matin à l’angle des rues Melnikovskaïa et Dokhturovska (près des cimetières). Ils devront être munis de leurs papiers d’identité, d’argent, de leurs objets de valeurs, ainsi que de vêtements chauds, de linge, etc. Les Juifs qui ne se conformeront pas à cette ordonnance et seront trouvés dans un autre lieu seront fusillés. Les citoyens qui pénétreront dans les appartements abandonnés par les Juifs et s’empareront de leurs biens seront fusillés. »

En outre, pour renforcer la propagande, les Allemands répandirent la rumeur que les Juifs seraient réinstallés dans des camps de travail.

Des milliers de Juifs ont ainsi suivi cet ordre, bien plus que prévu.

Selon un rapport de Paul Blobel, commandant de l’Einsatzgruppe C (Unité mobile de tuerie), qui a préparé et conduit les exécutions :

« À l’origine, nous avons estimé l’arrivée de seulement 5 000 / 6 000 Juifs, mais, en fait, environ 30 000 Juifs se sont présentés d’eux-mêmes, croyant jusqu’au moment de leur liquidation qu’ils seraient réinstallés ailleurs, en raison de la grande efficacité de notre section de propagande. »

Les forces allemandes ont été largement aidées par l’utilisation de la milice auxiliaire de police, dont les forces rassemblèrent et conduisirent les Juifs par groupes de 100 à Babi Yar (« Ravin des bonnes femmes »), un ravin près de la ville, de 150 mètres de longueur, 30 mètres de largeur et 15 mètres de profondeur. Les environs entiers du ravin avaient été clôturé par des barbelés, et ont été bouclés par trois rangées de soldats: le cercle extérieur a été occupé par la police ukrainienne, le deuxième avec la police et les Allemands d’Ukraine, et le cercle intérieur avec des Allemands seulement.

Les colonnes de Juifs furent alors brutalisées dans le ravin, forcées à empiler leurs biens puis à se déshabiller, et enfin à s’allonger contre la paroi du ravin, où des soldats allemands les tuèrent par groupe de 10 à coups de mitrailleuses – c’est la tristement célèbre « Shoah par balles », qui causa tellement de dégâts psychologiques chez les soldats que les Nazis durent créer par la suite les camps d’extermination.

Parmi les 1 500 bourreaux du massacre de Babi Yar, il y avait 1 200 policiers de l’OUN et seulement 300 Allemands…

« C’était comme une migration de masse. […] Les Juifs chantaient des chants religieux en chemin. Sur le quai, on leur prenait leur nourriture et leurs biens. […] Alors les Allemands commençaient à pousser les Juifs pour former de nouvelles files, plus étroites. Ils se déplaçaient très lentement. Après une longue marche, ils arrivaient à un passage formé par des soldats allemands avec des massues et des chiens policiers. Les Juifs étaient fouettés sur leur passage. Les chiens se jetaient sur ceux qui tombaient mais la poussée des colonnes qui se pressaient derrière était irrésistible et les faibles et les blessés étaient piétinés. […]

Meurtris et ensanglantés, paralysés par le caractère incompréhensible de ce qui leur arrivait, les Juifs débouchaient sur une clairière d’herbe. Ils étaient arrivés à Babi Yar, devant eux se trouvait le ravin. Le sol était jonché de vêtements.

Des miliciens ukrainiens, surveillés par des Allemands, ordonnaient aux Juifs de se déshabiller. Ceux qui hésitaient, qui résistaient, étaient battus, leurs vêtements arrachés. Il y avait partout des personnes nues, ensanglantées. L’air était empli de cris et de rires convulsifs. » [Davidowicz, What is the use of Jewish History, p. 106-107]

Dans son Histoire de la Shoah, George Benssoussan retranscrit le témoignage d’un membre du commando spécial SK4a, Kurt Werner :

« Immédiatement après mon arrivée sur les lieux d’exécution, j’ai dû descendre au fond de ces gorges avec mes camarades. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que les premiers Juifs soient amenés et descendent la pente. Les Juifs devaient se coucher le visage contre la paroi du gouffre. Au fond du gouffre, les tireurs avaient été divisés en trois groupes d’environ douze hommes. Les Juifs étaient tous conduits en même temps aux pelotons d’exécution. Les suivants devaient s’allonger sur les corps de ceux qui venaient d’être exécutés.

Les tireurs se mettaient derrière eux et les abattaient d’une balle dans la nuque. Je me souviens encore aujourd’hui qu’ils étaient saisis d’épouvante dès qu’ils arrivaient au bord de la fosse, et apercevaient les cadavres. Beaucoup d’entre eux, terrifiés, ont commencé à crier. » [Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, Pour eux, « c’était le bon temps » la vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1990, p. 61]

En raison de leur nombre, les Allemands ne purent pas tuer tous les Juifs immédiatement.

L’historien Felix Levitas écrit: « Les bourreaux n’ont pas eu assez de temps pour terminer leur travail. Par conséquent, ils ont commencé à mettre deux personnes ensemble, tête contre tête, de sorte qu’une seule balle puisse tuer deux personnes. Les personnes blessées ont été achevées avec des pelles. Les enfants ont été jetés dans le Yar et enterrés vivants. »


Sergey Ivanovich Loutsenko, ancien gardien du cimetière Lukianovska avoisinant, a déclaré: « Ils ont tiré sur les gens du matin au soir. La nuit, les Allemands sont allés dormir. Le reste des victimes a été enfermé dans des garages vides. Cela a continué pendant cinq jours. Les Nazis ont amenés de plus en plus de personnes avec des camions, qui repartaient chargés des vêtements des victimes. »

Iryna Khoroshunova, habitante de Kiev, écrit indique dans son journal le 2 octobre 1941 : « Chacun dit maintenant que les Juifs sont assassinés. Non ; ils ont déjà été tués. Tous. Sans exception. Vieilles personnes, femmes, enfants. […] Les gens en parlent d’une telle façon qu’aucun doute n’est permis. Pas un seul train n’a quitté la gare de Bahnhof Lukianivka. Des gens ont vu des camions avec des foulards et d’autres objets partant de la gare. « Minutie » allemande ! Ils ont déjà trié leurs rapines !

Une jeune fille russe a accompagné son amie au cimetière et s’est glissée de l’autre côté de la clôture : elle a vu comment des gens nus ont été poussés vers Babi Yar et a entendu les rafales d’une mitrailleuse. Il y a de plus en plus de rumeurs et de nouvelles. Trop monstrueuses pour y croire. Mais nous sommes obligés d’y donner foi, car le massacre des Juifs est une réalité. Une réalité qui nous rend fous. […] Mes cheveux se dressent sur ma tête. […] Il est impossible de vivre en sachant cela. »

Selon le rapport de l’Einsatzgruppe C, en date du 7 octobre, 33 771 Juifs furent assassinés les 29 et 30 septembre 1941.

Il est également avéré que les services du SD et de la SIPO de Kiev reçurent des corbeilles entières de lettres de civils ukrainiens dénonçant des Juifs.

300 prisonniers de guerre soviétiques ont ensuite travaillé à stabiliser le sol au-dessus des fosses communes et à faire le tri des affaires.

En août 1943, face à l’avancée des Soviétiques, les restes des victimes furent exhumés et brulés.

Efim Vilkis, un des rares survivants, témoigne : « Mi-aout, la SS a mobilisé une centaine de prisonniers de guerre russes, qui ont été emmenés dans le ravin. Le 19 août, ces hommes ont reçu l’ordre d’exhumer tous les corps dans le ravin. Pendant ce temps, les Allemands en ont emmené une partie dans un cimetière juif à proximité, afin qu’ils portent des pierres tombales en marbre à Babi Yar pour former la base d’un énorme bûcher.

Au-dessus de ces pierres étaient entassés une couche de bois, puis une couche de corps, et ainsi de suite jusqu’à ce que le bûcher soit haut comme une maison de deux étages. Environ 1 500 corps ont ainsi été brûlés lors de chaque opération du four, chaque bûcher prennant deux nuits et un jour pour brûler complètement.

La crémation a duré 40 jours, puis les prisonniers, qui à cette époque comprenaient 341 hommes, ont reçu l’ordre de construire un autre four. Comme c’était le dernier four et qu’il n’y avait plus de corps à brûler, les prisonniers ont compris qu’il était pour eux. Ils ont alors tenté de s’évader le 29 septembre, mais seulement 14 ont survécu aux balles des mitraillettes nazies. » [NewsWeek, 6/12/1943] [Attention, violent]

Hermann Graebe, directeur d’une entreprise de construction au service de l’armée allemande en Ukraine, a décrit au procès de Nuremberg une tuerie à laquelle il a assisté : « J’entendis alors des coups de fusil se succéder rapidement, provenant de derrière un des monticules de terre. Les gens qui étaient descendus des camions – hommes, femmes et enfants de tous âges – devaient se dévêtir sur les ordres d’un SS qui avait un fouet de cheval ou de chien. Ils devaient poser leurs vêtements à des endroits déterminés. Je vis un tas de chaussures de 800 à 1 000 paires, d’immenses piles de linge de corps et de vêtements.

Sans crier, sans pleurer, ces personnes se déshabillaient, se groupaient par familles, s’embrassaient les unes les autres, se disaient adieu et attendaient le signe d’un autre SS qui se tenait près de la fosse, également un fouet à la main.


Pendant le quart d’heure que je restai là, je n’entendis ni plainte ni appel à la pitié. J’observais une famille d’environ 8 personnes, un homme et une femme d’une cinquantaine d’années avec leurs enfants d’environ 1, 8 et 10 ans et deux grandes filles de 20 et 24 ans environ (…). Le père tenait par la main un petit garçon d’une dizaine d’années et lui parlait doucement (…). À ce moment, le SS qui se trouvait près de la fosse cria quelque chose à son camarade. Ce dernier compta environ 20 personnes et leur dit d’aller derrière le monticule de terre. Parmi elles était la famille que j’ai mentionnée.

Je fis le tour du monticule et me trouvai en face d’une énorme fosse. Les gens étaient étroitement serrés les uns contre les autres et les uns sur les autres, de sorte que seules les têtes étaient visibles. Presque tous avaient du sang qui coulait de leur tête sur leurs épaules. Quelques-uns de ceux qui avaient été fusillés remuaient encore… »

En 1942, les services secrets allemands ont conclu que les nationalistes ukrainiens étaient indifférents au sort des Juifs, et étaient prêts soit à les tuer ou soit à les aider, en fonction de ce qui servirait le mieux leur cause (cas des médecins juifs ou des travailleurs qualifiés par exemple, mis à l’abri par l’UPA).

Moshe Maltz, un Juif vivant caché près de Lviv, a ainsi entendu un ami polonais lui raconter « qu’environ 40 Juifs se cachaient dans les bois près de chez lui, mais que les gangs de Bandera sont venus et les ont tous tués. ».

Maltz a indiqué que « Quand les gangs de Bandera trouvaient un Juif, ils considèrent que c’est une prise de haute valeur. Il en était de même pour les Ukrainiens de base. Ils voulaient tous participer à l’acte héroïque de tuer un Juif. Ils ont littéralement taillé les Juifs en pièces avec leurs machettes. »

Source : https://www.les-crises.fr/


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Un commentaire

  1. L HORREUR QUI APPORTERA LA FIN DE CES ASSASSINS DU MONDE DES VIVANTS EST PROCHE ….

    LES JUIFS NATION ETERNELLE A RECUPERE SA TERRE SION/ISRAEL/PALESTINE ( nom donné par la civilisation de l empire romain qui a disparu) ET LES BARBARES HAINEUX PERDRONS LA LEURE COMME LES ROMAINS.ou LES ASSYRIENS ETC..

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