La Pierre de Jacob et les rois Britanniques
Enquête sur la pierre de Jacob réputée, selon la Bible, pour avoir servi d’oreiller à Jacob au moment de sa vision d’une échelle entourée d’anges atteignant le ciel et Dieu…
Parmi les innombrables fictions que comptent les sagas des peuples, la légende de la pierre sacrée des îles britanniques connue sous le nom de Pierre de Jacob est l’un des plus étonnants récits légués à l’humanité. Ce mythe se trouve à la frontière de l’histoire réelle et de l’invraisemblable.
Inconnue des ouvrages hébraïques et écrits exégétiques, mais dont les conséquences directes liées à cette croyance furent durement ressenties par nos frères de l’époque. Et comme le raconte le récit, c’est sur celle-ci que seront couronnés plusieurs rois irlandais, écossais et ensuite anglais. Qu’en est-il ?
Cette pierre célèbre de nos versets bibliques, mais aussi à laquelle fait référence la légende, est celle qui servit d’oreiller au Patriarche Jacob lors de l’épisode du rêve de l’échelle à Béth-El, d’où son nom originel la « Pierre de Jacob » (Genèse 28-10).
Pour sa part, la tradition juive confirme l’existence de cette pierre ointe par Jacob qu’elle nomme « Even Chtya » : « Elle se situe au nombril du monde, là où il commença à se former. C’est là qu’est édifié le Saints des Saints au Temple de Jérusalem », Pirké dé rabbi Elihézer.
C’est sur cette pierre que le prophète Samuel et le roi David y déposèrent l’Arche d’Alliance et que suite à la destruction du premier Temple de Jérusalem celle-ci fut enfouie.
Pour la légende, cette pierre aurait voyagé d’Egypte en Espagne vers – 700 avant J-C, puis emportée en Irlande par un grec du nom de Gathélus le fils de Cecrops, pour être déposée sur la colline sacrée de Tara où elle resta de nombreuses années.
Elle aurait été ensuite emportée en Ecosse lors du règne de Fergus Mc Ere d’Ulster vers le début du VIème siècle avec l’aval de son frère Murtagh Mc Ere, roi de Tara de 512 à 533. Puis, transportée de nouveau en 843 par le fondateur du royaume d’Ecosse Kenneth Mac Alpin, roi des Pictes et des Scots, dans le futur monastère de Scone à Pertshire.
Ce dernier fera graver en latin ; « Si le destin est droit la pierre est bien placée, les écossais vont être couronnés d’une manière réelle ». Car, toujours selon cette légende écossaise, lorsque les rois s’asseyaient lors du couronnement, la pierre grinçait attestant que le nouveau roi était de descendance royale, sinon elle restait silencieuse. Cette pierre renommée Pierre de Scone, qui a séjourné pendant plus de sept siècles dans l’Abbaye de Westminster, et qui se trouve de nos jours en Ecosse, porte plusieurs noms.
La version celtique est : « Lia Fail ou la Pierre qui parle », car elle avait le don de nommer celui qui devait monter sur le trône, ou bien « Lia fall, la Pierre de la Destinée ».
D’autres légendes confondent l’ascendance tribale des peuples des iles britanniques avec celle des tribus Hébreux.
Certains pseudo-théologiens s’empressent d’y voir la marque des 10 tribus exilées d’Israël par les Assyriens. Par exemple les Danites, de la tribu de Dan et dont il est vrai qu’ils étaient d’excellents navigateurs et commerçants internationaux.
Les annales irlandaises utilisent un nom similaire, les Danaans ou les « Tuhata de Danaans » et le géographe Ptolémée nomme des lieux du nord-est de l’Ulster par les noms de « Dan Sowar », le lieu du repos de Dan et « Dan Shoairse », l’habitation de Dan.
Le mystère des origines de certains clans qui ont conquis l’Irlande et l’Ecosse, entre autres les Cruthins, les Ulaids, les Gaëls, les Pictes, les Scots, les Saxons etc, n’en est pas moins surprenant.
Aussi, les noms Brith-Isch, Ire-Isch et Scot-Isch sont le sujet de nombreuses controverses étymologiques. Le mot « Isch » désignant en hébreu l’homme en tant qu’être élevé et responsable, et le mot Brith signifiant l’Alliance de la circoncision…
De plus, au-delà d’une étude étymologique approfondie, il est difficile d’identifier les racines des noms ou des symboles tels qu’ils étaient perçus dans la haute antiquité. Celles-ci étant désormais altérées par les certitudes des théologiens chrétiens qui, au fil du temps, ont su adapter certains versets de la Bible et greffées à ces légendes. A qu’elle fin ?
Obtenir la divine alchimie nécessaire entre les traditions païennes de ces peuples et le message des Evangiles. Et ainsi justifier la sanctification de ces chefs de guerres convertis en monarques chrétiens respectés, fondateurs de royaumes naissant du néant, à la force unique de leurs glaives. Qu’en est-il ?
La capitale antique de la monarchie irlandaise d’’Ulster se trouvait à Tara, là où se réuniront plus tard les chevaliers de la branche rouge, sur qui on racontait que leur ancien signe héraldique était une main rouge, et/ ou, une main coupée par un fil rouge.
Une armoirie ancienne qui connaîtra de légères adaptations, mais reprise par tous les conquérants successifs. C’est sur cette base que l’Eglise s’appuiera pour greffer l’histoire biblique de Zarah (Genèse 38 -27).
La Bible relate que lors de l’accouchement des deux jumeaux Zarah et Pérets, les fils de Judah le fondateur de la lignée royale d’Israël, la main de Zarah sorti en premier. Puis, qu’immédiatement une sage femme y attacha un fil rouge à son poignet. Cependant, ce n’est pas lui qui sortit en premier mais son frère Pérets l’ancêtre du roi David.
Aussi, toujours selon des spéculateurs inventifs, ce serait des descendants de Zarah, qui, après avoir colonisé Milétus en Asie Mineure, Troie, la Bretagne, l’Egypte et l’Espagne, auraient émigré en Irlande. L’un des comptoirs des côtes méditerranéennes portait le nom de « Zarah Gassa » ou le Bastion de Zarah.
Mais pour l’Eglise, rien n’est trop parfait. Plus tardivement certains théologiens clameront avoir trouvé dans certains versets bibliques, notamment ceux du prophète Jérémie, que l’ascendance royale des rois d’Irlande est l’héritière naturelle de la monarchie davidique, voire antérieure à celle-ci.
Effectivement, suite à la destruction du Premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor et la fin du royaume d’Israël, Jérémie part en exil en Egypte avec le scribe Baroukh ben Néria, ils sont accompagnés des filles de la maison royale d’Israël.
Pour faire court, selon ces théologiens, Jérémie aurait marié l’une de ces filles nommée Scota ( ?) à l’un des princes Milésien, que l’on suppose être le Gathélus de notre paragraphe ci-dessus, d’où l’étymologie du nom Scottish.
C’est à ce moment qu’ils seraient partis en Espagne puis en Irlande célébrer leur couronnement sur la fameuse pierre sacrée, donnant naissance à Eibhear et à Eremon roi de Tara, l’ancêtre de Fergus Mc Ere.
Pour leur part, les annales irlandaises confirmeraient la venue d’un voyant saint et de son scribe connu sous le nom de « Ollham Fodia », le Jérémie supposé de la Bible selon l’Eglise. La boucle est bouclée, c’est ainsi que les rois écossais et irlandais deviennent de fait les monarques élus de droit divin, par l’union de l’un des descendants de Zarah à la fille du dernier roi de Judah et de Jérusalem, le célèbre Sédécias.
Depuis donc des temps immémoriaux et jusqu’en 1296, tous les rois écossais ont été couronnés sur la Pierre de Scone.
Année, lors de laquelle la pierre sera emportée à l’Abbaye de Westminster par le roi Edouard I suite à la conquête de l’Ecosse, devenant presque définitivement la propriété des rois anglais. A cette occasion, Edouard I fera construire un trône en chêne sous lequel sera posée la pierre.
Depuis, tous les monarques anglais à l’exception des rois Edouard V et Edouard VIII, ont été couronnés sur ce trône.
Le 2 juin 1953, la reine Elisabeth II est la dernière monarque à être couronnée sur le trône où se trouve la Pierre de la Destinée. A cette occasion, la couronne est sertie de 12 pierres précieuses, chacune représentant l’une des 12 tribus d’Israël. Telles qu’elles étaient placées sur le pectoral que portait le Grand Prêtre au Temple de Jérusalem. Encore une énigme.
Puis, le 15 novembre 1996, à la suite de plusieurs réclamations des écossais, la Pierre de la Destinée est transporté en Ecosse où elle a trouvé sa place dans un musée.
Des légendes étonnantes
Face à ces récits, les questions qui nous interpellent, si toutefois celles ci ont une réelle utilité et les réponses un sens pour l’homme moderne, sont de savoir, pourquoi la naissance de telles légendes insolites greffées sur la base de versets biblique ?
Qu’elle dimension surnaturelle possédait cette pierre pour ces populations des siècles d’antan avant que l’Eglise n’intervienne ? Conférait-elle une légitimité à ces rois, sur la base de quelle croyance ou justice ? Pourquoi eux principalement ? Quel rapport entre Jacob, cette partie du monde et l’authenticité d’une descendance royale ? Au regard de qui ? Ou encore, peut-on le vérifier aujourd’hui ? Autant de questions que la curiosité des hommes n’a de cesse de poser.
Le saviez-vous?
Pour la petite histoire, Edouard I règnera sur l’Angleterre de 1272 à 1307, et figure parmi les rois qui ont rendu amère la vie des Juifs. En 1275, Edouard I publie un nouveau statut concernant les Juifs, qui bien sur, étaient sa propriété. Soutenu par des ecclésiastiques qui ne cessent d’accuser les Juifs de comploter contre les chrétiens afin de s’emparer de leurs richesses, le roi porte un coup capital à la vie économique des Juifs en les rendant inaptes à plusieurs métiers, il réduit considérablement les taux d’intérêts, et les oblige à porter un signe distinctif contre une taxe ; « ..que chaque juif, une fois qu’il aura passé sept ans, porte une marque sur son vêtement de dessus, à savoir, une marque en forme de deux tables de feutre jaune assemblées, de la longueur de six pouces. Et que chacun, une fois qu’il aura passé douze ans, paie trois deniers par an de taille au Roi dont il est le serf, le jour de Pâque, et que cette mesure soit étendue aussi bien pour les hommes que pour les femmes ».
Afin de satisfaire l’Eglise, profitant pour remplir les caisses de l’Etat afin d’assouvir ses caprices hégémoniques, le mardi 25 juillet 1290 ou le 16 av, Edouard I ordonne l’expulsion des Juifs d’Angleterre et de Gascogne.
En ce siècle des Croisades, de multiples accusations de crime rituel et de déicide qui ont déjà coûté la vie à de nombreux juifs partout en Europe, des menaces répétées d’expulsion, des auditions de sermons sous la contrainte des Frères Prêcheurs et Franciscains qui n’ont de cesse d’obtenir la conversion des Juifs, ces derniers ont jusqu’au 1er novembre pour liquider leurs affaires et quitter le pays. Ils ont comme seul offre pour échapper à l’exil la possibilité d’abjurer leur foi et se convertir au christianisme.
Ce même mois, suite à une vague d’exactions qui frappent les Juifs de plusieurs villages, plus de 16 000 Juifs fuient Londres, certains parviennent en France et en Flandre à des coûts exorbitants. Lors de l’expulsion, sur ordre du roi, la majeure partie des livres hébraïques sont confisqués et emportés à la bibliothèque des franciscains d’Oxford.
Malgré l’intolérance des clercs et les dangers qui guettent les Juifs résidant sur les terres des rois de France, certains riches commerçants s’installent à Paris contre de lourdes taxes. Vers le mois d’octobre, un groupe de Juifs pauvres tentent de fuir Londres par bateaux, par la Tamise. Ils sont déposés à l’embouchure du fleuve sur ordre du capitaine, puis, lors de la marée montante, ils périssent tous noyés. Cette tragédie ne sera malheureusement pas l’exclusivité des Juifs d’Angleterre, celle-ci se renouvellera de nombreuses fois en Europe par d’autres rois très chrétiens.
A la lumière des évènements, c’est une évidence que la prétendue origine biblique et mythique de la Pierre de Jacob ne leur fut d’aucun secours. Bien au contraire, elle est décisive pour justifier leurs opprobres. La propagande d’un tel mythe se référant au divin ne pouvait que conforter les désirs hégémoniques des monarques anglo-saxons. Et par la même occasion, servir le message de l’Eglise auprès des masses chrétiennes ou des païens encore incrédules.
Les Chrétiens étaient dorénavant les élus de Dieu. Alors que les Juifs, certes les fils aînés de Dieu, étaient des êtres déchus de tous droits et perfides.
La providence qui avait fait en sorte que cette pierre, à ne pas en douter chargée de symboles pour ces peuples antiques, passent aux mains des rois anglais, justifiait l’alchimie que revendiquait l’Eglise. La grande « Conversion » révélée dans les Evangiles. D’où la célèbre controverse imposée par l’Eglise à la Synagogue ; « Verus Israël », qui est le vrai Israël ? Des discussions publiques dont l’enjeu était souvent l’humiliation ou la mort. Certaines coutèrent la vie à des milliers de nos frères et sœurs brûlés en martyrs ou égorgés lors d’exactions.
Si aucun des exégètes bibliques ou talmudiques n’évoquent ces récits et ne cautionnent ces interprétations, d’autres théoriciens chrétiens, évangélistes et laïques combattent farouchement ces certitudes émanant des âges obscurs.
Pour le peuple juif, la clameur des anciens à nos jour est la même, David est le roi d’Israël, il est le roi vivant d’Israël à tout jamais. Du point de vue des exégètes rabbiniques les temps messianiques seront accompagnés par la révélation des dix tribus perdues d’Israël.
Le Rambam précise que le « Machiah », le Messie, doit avoir les capacités de rassembler tous les exilés et les identifier :
« Après la venue du Machiah, lorsque sa royauté sera établie et que tout le peuple d’Israël sera venu se rassembler autour de lui, chacun pourra connaître sa filiation grâce à l’inspiration Divine…il dira alors, untel est de filiation sacerdotale, untel est un Lévy, untel appartient à telle tribu etc… », chapitre des Lois sur les Rois, 12-3.
Rabbi Don Isaac Abrabanel, célèbre exégète du XVème siècle, en déduit qu’elles mettront un terme aux conflits entre l’Islam et la Chrétienté, apportant ainsi la paix aux nations.
On entend déjà certains écossais proposer que la Pierre de Scone serve à la reconstruction du Troisième Temple de Jérusalem. Qu’en sera-t-il?
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